Petites mouches dans nos semis et plantes d’intérieur
Photo: Akchamczuk, depositphotos
Par Larry Hodgson
Depuis quelques jours, je reçois beaucoup de questions sur les mouches du terreau ou sciarides, si vous préférez. C’est peut-être le bon moment pour republier cet article de 2018 au bénéfice de tous.
Vous êtes assis tranquillement dans votre salon et, subitement, une petite mouche noire – vraiment minuscule! – passe devant votre visage en zigzagant. Vous la chassez avec une main. Attirée par le CO2 que vous dégagez, elle revient. Vous finissez par l’avoir… mais bientôt une autre apparaît.
Quel est cet insecte? Et d’où vient-il?
Certains la prennent pour une mouche des fruits (Drosophila spp.), mais ce ne sont pas les fruits qui l’intéresse. Elle semble plutôt venir de vos plantes d’intérieur et de vos semis.
Il s’agit sans doute d’une mouche du terreau ou sciaride, un diptère de la famille des Sciaroidae. On estime qu’il en existe plus de 20 000 espèces à travers le monde, mais la plupart des espèces qui fréquentent les plantes d’intérieur se trouvent dans les genres Scatella, Bradysia, Orfelia et Sciara. Certaines d’entre elles peuvent facilement élire domicile dans nos demeures.
Une description
L’adulte est une très petite mouche, mesurant rarement plus de 4 mm de longueur, de couleur noire et aux ailes transparentes ou grisâtres. Elle se tient notamment près des tas de bois de chauffage et des plantes d’intérieur, mais vagabonde aussi partout dans la maison et, tel que mentionné, semble particulièrement intéressée par l’haleine des humains.
La larve, qui ressemble à un petit ver blanchâtre ou translucide à tête noire d’environ 5 mm de longueur, a besoin d’humidité pour survivre et on la trouvera alors dans tout milieu organique humide, comme le bois de chauffage fraîchement entré et le terreau des plantes d’intérieur et des semis.
L’été, les adultes peuvent entrer dans la maison au vol et débuter une infestation. Par contre, ce sont par les œufs que la plupart des infestations commencent. On les rentre par accident sur le bois de chauffage et aussi quand on achète de nouvelles plantes d’intérieur ou un sac de terreau contaminés.
En effet, les terreaux pour plantes d’intérieur et pour semis ne sont jamais tout à fait stériles comme les jardiniers le pensent (le fabricant ne veut pas tuer les organismes bénéfiques qui y vivent), et alors, malheureusement, contiennent parfois des œufs de sciarides. Habituellement, les fabricants de terreau font très attention de fournir un produit de qualité et alors les contrôlent assez bien à l’origine, mais même si le terreau sort de l’usine d’emballage libre d’œufs, les adultes peuvent en pondre en magasin (toute jardinerie a inévitablement au moins une petite population de sciarides) si le sac est le moindrement percé. Un trou de moins de 1 mm suffit pour leur donner accès au terreau!
Bonne nouvelle, mauvaises nouvelles
La bonne nouvelle est que les sciarides sont généralement assez anodines.
À part embêter les humains par leur simple présence (qui veut voir tante Mathilde dérangée par une nuée de moucherons quand elle nous rend visite!), les mouches adultes ne causent pas de dégâts. Elles ne mordent ni ne piquent les plantes, les humains ou les animaux. Dans la nature, elles agissent même parfois comme pollinisatrices!
Même les larves sont généralement peu dommageables: elles consomment d’abord et avant tout les matières végétales en décomposition dans le sol ainsi que de petits champignons, notamment ceux présents dans les sols toujours saturés en eau. Et là, elles peuvent être encore plus utiles que nuisibles, car en digérant ces produits, elles produisent des déjections riches en minéraux dont les plantes peuvent se nourrir.
Par contre, parfois, surtout quand il n’y a rien d’autre à manger, les larves de certaines espèces (mais pas toutes) s’attaquent aux radicelles (petites racines) des plantes, en commençant par celles qui sont en train de pourrir suite à un arrosage excessif. Sur une plante en santé, cela est rarement très nuisible. Même que la «taille» qu’elles font à ces petites racines a souvent comme conséquence de stimuler la plante à produire un système racinaire plus dense et plus efficace!
Leur effet sur les semis, par contre, peut être très sérieux, car les petits plants n’ont pas encore beaucoup de racines et ne sont pas assez robustes pour supporter leur perte. De plus, les mouches adultes peuvent transporter des spores de champignons nuisibles, comme la redoutable fonte des semis. Aussi, les petites blessures qu’elles laissent peuvent servir de porte d’entrée pour la pourriture, ce qui pourrait nuire aux plantules déjà mal en point.
Ainsi, même si les sciarides ne sont pas toujours très nuisibles, c’est toujours une bonne idée de les contrôler…. et très rapidement, de surcroît, quand vous remarquez que c’est un plateau de semis qu’elles infestent.
Connaître son ennemi
Les sciarides peuvent être présentes dans nos demeures en toute saison et produire plusieurs générations par année. L’adulte vit rarement plus de 8 jours, mais la femelle pond pendant ce temps entre 50 et 200 œufs dans un terreau humide ou des débris organiques, de préférence en présence de champignons dont l’odeur l’attire. Les œufs éclosent en environ 5 jours et les larves se nourrissent ensuite pendant plus ou moins 2 semaines. Par la suite, elles entrent en pupaison pendant 5 jours, puis les adultes émergent et le cycle recommence.
Il y a une génération aux 30 jours environ, moins par temps chaud et humide.
Astuce Placez toujours un petit piège collant jaune (disponible en jardinerie) près de vos plantes d’intérieur et semis. Comme l’insecte est attiré par le jaune, parfois la première qui entre dans votre maison y reste collée et alors l’invasion est déjà terminée. Sinon, au moins la présence de mini-mouches sur le piège peut vous indiquer très rapidement qu’un problème survient.
Comment les contrôler
Arroser correctement
La première clé de succès avec les sciarides est de comprendre qu’elles ont absolument besoin d’un terreau humide pour survivre pendant leur stade larvaire. Si vous prenez l’habitude de laisser sécher le terreau de vos plantes un peu plus longtemps, très souvent cela règle le problème complètement. D’ailleurs, plusieurs experts considèrent les sciarides davantage comme un symptôme d’arrosage excessif que comme un véritable problème en soi.
Apprenez à appliquer la règle d’or de l’arrosage: arrosez abondamment, assez pour humidifier toute la motte de racines, puis attendez que le terreau soit sec avant d’arroser de nouveau. Beaucoup de jardiniers découvrent qu’ils n’ont pas besoin de plus pour bien contrôler les sciarides.
Ne vous découragez pas si cela ne semble pas fonctionner au début, toutefois: il faut compter au moins un mois avant de dire que le traitement aura atteint tous les stades de l’insecte.
Une barrière en surface
Une autre possibilité est de rendre le terreau en surface impropre à leur développement. Les larves vivent près de la surface du terreau (à 3 cm ou moins de profondeur), car elles doivent monter régulièrement à la surface pour respirer et ont besoin d’un terreau organique constamment humide. Si vous couvrez le terreau d’une couche de 1 cm de sable ou de petits cailloux (il existe même des produits commerciaux développés spécialement à cet effet, comme le Gnat* Nix), les larves ne pourront plus y vivre… et d’ailleurs, les adultes ne pourront pas y pondre leurs œufs non plus.
*«Gnat», ou plutôt «fungus gnat», est le mot anglais pour sciaride.
Piéger les adultes
Pour contrôler les adultes, des pièges collants jaunes ou, mieux encore, un piège lumineux peuvent se montrer très efficaces.
Traitement insecticides
Il est aussi possible d’arroser le sol avec un insecticide, de préférence, j’espère, un ayant peu d’effets nuisibles sur l’environnement, comme un savon insecticide ou de l’huile de neem. On peut aussi rendre le terreau moins attirant pour les larves en y mélangeant de la terre de diatomées ou de la cannelle en poudre.
Des prédateurs à la rescousse
On peut utiliser des prédateurs pour contrôler les sciarides, comme des nématodes (le Steinernema feltiae, par exemple), ou des acariens prédateurs comme le Hypoaspis miles. On peut commander ces prédateurs sur Internet sur des sites comme Lady Bug Phytoprotection. Avec les nématodes, particulièrement efficaces, on arrive souvent à éliminer toutes les larves en 48 heures!
Vous pouvez aussi utiliser le larvicide biologique Bti** (Bacillus thuringensis israelensis), une bactérie utilisée habituellement pour contrôler les moustiques, qui contrôle bien les larves de sciarides. Faites-en une solution biologique et arrosez-en le terreau quand les larves sont actives. Il y a même des formulations développées expressément à cet effet, comme Knock-Out-Gnats et Gnatrol, sinon écrasez des pastilles de type MosquitoDunk pour en faire une solution. Consultez l’article Du BTI contre les mouches du terreau pour plus d’information.
**Il est inutile d’utiliser le Btk (Bacillus thuringensis kurstaki), conçu pour réprimer les larves de papillons, sur les mouches du terreau. Il faut le Bti, spécifique aux larves de diptères (mouches).
Il peut falloir répéter le traitement au Bti hebdomadairement pendant 3 ou 4 semaines.
Plantes carnivores à la rescousse!
Et enfin, vous pouvez également utiliser des plantes carnivores pour attraper les mouches du terreau. Vous en apprendrez plus à leur sujet dans l’article Cultivez un piège vivant collant! Personnellement, je trouve les grassettes (Pinguicula spp.) particulièrement efficaces à cet égard!
Les sciarides: souvent elles sont plus dérangeantes que vraiment nuisibles, mais, en utilisant les bons moyens de contrôle, il est relativement facile de les éliminer.
Vous voilà renseigné sur ce petit parasite ennuyant, mais pas si nuisible. Par contre, cet article était déjà là pour consultation sur le blogue jardinierparesseux.com.
Sachez alors que, si vous avez toute question, il vous suffit d’entrer un mot clé, comme «mouche du terreau» ou «sciaride», dans la case Recherche du site jardinierparesseux.com et qu’il y a de bonnes chances que vous y trouviez une réponse!
Merci mille fois !!! Je vais surveiller mon arrosage….
Les damnées ! Nous avons fait leur connaissance lorsqu’elles ont envahi notre vermicompost. Je les ai probablement ramenées du jardin quand l’idée m’est venue de nourrir mes vers de pourpier…:D Merci pour l’éclaircissement d’un jour sombre lorsqu’il a fallu se débarrasser de tous nos vers…
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Merci pour toutes ces infos qui nous sont très très utiles
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merci pour cet info. mais que fait-on pour les petites mouches blanches de l’hibiscus ?????
meri de me répondre
Un grand MERCI pour vos informations complètes ainsi que pour vos précieux conseils!
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en fait j’aurais dû préciser “pucerons blancs” en-dessous des feuilles de l’hibiscus.
merci de me répondre
Sans doute des cochenilles farineuses. Info: https://jardinierparesseux.com/2018/12/14/quand-les-cochenilles-farineuses-attaquent/
Il y a un article à ce sujet. Cherchez le mot aleurodes et vous trouverez l’article !
Posez la question dans le petit carré, et miracle, la réponse arrive comme par magie.
Bonne journée.
Des aleurodes ? Volent-elles ? Une bonne douche, toutes les semaines, dont sous les feuilles. C’est leur temps, avril …
Bonjour! J’ai ce problème de petites mouches, mais dans un aerogarden. Je ne gère donc pas l’arrosage, et je n’ai pas de terreau… Jai tout nettoyé, jeté la moitié des plants. Je pensais avoir gagné…. Mais elles commencent à revenir. Au secours!!
L’information donnée s’applique.
Quelle bonne idée le Gnat Nix fait de verre, sans produit chimique! Mais je ne vois pas où on peut en acheter??
https://www.canadiangardensupply.com/gnat-nix-42l.html et il y a d’autres sources.
J’ai ce problème depuis 2 ans. J’ai trouvé la solution au problème en allant sur le site de Anatis bioprotection et en achetant des prédateurs qui ont pu rapidement régler le problème. Plusieurs prédateurs sont proposés et en 2021 mon choix est allé vers les nématodes Sentry et les Galeolaelaps gillespiei achetés du même coup. Le résultat a été incroyable. Faut dire que j’avais un sérieux problème dans toutes mes plantes et mes semis. Le problème réglé j’ai sorti mes plantes au balcon et au bout de 3 mois le problème a recommencé et j’ai eu à traiter de nouveau.au moment de rentrer mes plantes j’ai commandé à nouveau mais seulement des nématodes. C’est un traitement qui est assez onéreux mais ça fait vraiment le travail. Il y a quelques mois j’ai recommencé à voir apparaître les sciarides mais en faible quantité. Récemment, il y a environ 3 semaines, j’ai commandé à nouveau mais cette fois-ci que les Galeolaelaps. Le résultat fut presque instantané. Je les suggère plus que les nématodes qui ne survivent pas si il n’y a plus de larves de sciarides à bouffer. Les Galeolaelaps survivent d’une saison à une autre et bouffent de la matière organique quand il n’y a plus de sciarides à bouffer.
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en fait c ne sont pas des mouches blanches mais des insectes volants qui se logent en-dessous des feuilles de l’hibiscus qui volent lorsque l’on bouge la plante et qui volent tout autour et les feuilles deviennent collantes !! merci de me répondre
https://jardinierparesseux.com/2020/03/02/attention-les-mouches-blanches-sont-de-retour/
Merci à Larry et à Luc pour toutes ces informations.
Maintenant, je convoite ces acariens (à 7 larves mangées par jour, ça va être la fiesta dans les pots 🙂
Bonne journée.
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