La violette africaine est parmi les plantes d’intérieur les plus populaires au monde. Photo: Pennsylvania State University
Peu de plantes d’intérieur sont aussi florifères que la violette africaine (Saintpaulia ionantha*), aussi appelée saintpaulia ou violette d’Usambara. Grâce à sa capacité de fleurir sous un éclairage moins que parfait, elle peut s’épanouir à tout moment de l’année. D’ailleurs, les bons cultivars peuvent être presque toujours en boutons ou en fleurs.
*En fait, le nom botanique de la violette africaine est maintenant Streptocarpus ionanthus. Lisez La violette africaine change de nom pour comprendre pourquoi.
Ses origines
Malgré son nom populaire, la violette africaine n’est pas une véritable violette (Viola, famille des Violacées), mais appartient plutôt aux Gesnériacées, famille qui comprend le gloxinia des fleuristes (Sinningia speciosa) et le streptocarpus (Streptocarpus spp.). Son nom commun vient de la forme et de la couleur des fleurs des saintpaulias sauvages: avec leurs cinq pétales — deux plus petits sur le dessus, trois plus importants vers le bas — et leur couleur violette, la fleur rappelait une violette sauvage (Viola odorata). D’ailleurs, l’épithète ionantha veut dire à «fleurs de violette».
Après plus de 100 ans d’hybridation, toutefois, la violette africaine moderne ressemble peu à une violette (Viola): ses pétales sont généralement symétriques et ses fleurs sont souvent doubles ou semi-doubles, aux marges parfois joliment ondulées. La gamme des couleurs s’est énormément étendue depuis ses origines aussi: toutes les teintes de bleu violet sont possibles, plus le rose, le rouge, le blanc et — oui! — même le jaune! Plusieurs variétés sont bicolores ou même tricolores.
Son port — originalement une rosette aplatie composée de feuilles en forme de spatule — a aussi subi des modifications et l’on voit maintenant de jolies violettes africaines rampantes aux tiges multiples. On trouve des violettes de 50 cm de diamètre tout comme des miniatures de moins de 15 cm de diamètre.
Il existe couramment plus de 40?000 variétés de violettes africaines.
Bien réussir votre saintpaulia
Sans vouloir dire que la violette africaine est de culture difficile, c’est vrai qu’elle peut être pointilleuse dans ses besoins. Voici alors quelques conseils pour bien la réussir.
Éclairage
Le secret principal d’une plante heureuse qui fleurit abondamment presque toute l’année demeure un éclairage adéquat: le plein soleil n’est pas trop entre novembre et mars, du moins dans les régions septentrionales, alors qu’une fenêtre à l’est, où le soleil est plus modéré, convient mieux l’été. Encore, on peut tirer un voilage entre la plante et le soleil brûlant d’un emplacement face au sud ou à l’ouest à cette saison ou placer la plante au centre de la pièce plutôt que sur le rebord de la fenêtre.
Cependant, pour assurer une floraison presque sans arrêt toute l’année, placez la plante à environ 15 à 30 cm sous une lampe fluorescente ou DEL et éclairez la plante 14 à 16 heures par jour. Ainsi, c’est toujours l’été et alors la floraison continue souvent sans s’arrêter.
Température
La violette africaine est une plante frileuse: il faut lui offrir des températures chaudes (16 °C et plus) toute l’année. Attention: un emplacement trop près d’une fenêtre froide peut provoquer la pourriture! Et trop de chaleur (plus de 27 °C) peut aussi nuire à la floraison.
Humidité
Aussi, l’humidité atmosphérique doit être élevée: au moins 55%. En fait, la plante préférait 75%, mais une telle humidité est un peu excessive dans la maison pour plusieurs raisons. Par contre, il peut être sage de la cultiver sur un plateau humidifiant, ce qui augmenterait l’humidité bien localement, améliorant la croissance et la floraison de la plante.
Arrosage
Le terreau doit rester relativement humide en tout temps. À cet effet, appliquez tout simplement la règle d’or de l’arrosage: arrosez abondamment, assez pour humidifier la motte de racines tout entière, puis attendez que le terreau soit sec au toucher avant d’arroser de nouveau. Ainsi, il n’y a pas de fréquence d’arrosage particulière à préconiser. Touchez au terreau aux 3 ou 4 jours et arrosez quand il vous paraît sec, tout simplement.
Le feuillage du saintpaulia est facilement taché par l’eau et ces taches sont difficiles à enlever. Ainsi, on suggère souvent de l’arroser par la soucoupe plutôt que par le haut, soit en remplissant la soucoupe d’eau tiède et en la laissant «boire» à sa soif. Après 15 à 30 minutes, jetez tout surplus.
C’est très bien, mais vous pouvez arroser la plante par le haut aussi. Il s’agit de lever le feuillage avec une main et de glisser le bec de l’arrosoir en dessous: ainsi vous arroserez le terreau sans mouiller le feuillage.
Fertilisation
Il existe des engrais conçus spécifiquement pour les violettes africaines, mais c’est une plante assez magnanime de ce point de vue: tout engrais dilué peut convenir.
Idéalement, pour une croissance très égale, vous ajouterez un engrais soluble dilué à un huitième de la dose mensuelle recommandée à l’eau d’arrosage et l’appliquerez chaque fois que vous arroserez.
Si votre plante manque de lumière l’hiver (souvent le cas des plantes cultivées sur le rebord d’une fenêtre à cette saison), mieux vaut s’abstenir de fertiliser la plante pendant cette saison.
Rempotage
Si on la laisse pousser à sa guise, votre violette africaine se dégarnira à la base avec le temps, car si de nouvelles feuilles ressortent constamment du centre de la rosette, les vieilles feuilles à la base de la rosette meurent et vous pouvez alors les enlever. Mais cela finit par dégager une tige nue qui s’allonge avec le temps. Prenez alors l’habitude de rempoter votre violette africaine annuellement en coupant une tranche au bas de la motte de racines.
Déposez alors la motte raccourcie au fond d’un pot propre, comblez tout autour avec du terreau et ajoutez-en aussi en haut: ainsi vous couvrirez la tige nue de terreau… et de nouvelles racines y pousseront pour remplacer celles coupées.
Tout terreau bien drainé pour plantes d’intérieur conviendra.
Multiplication
Il y a plusieurs façons de multiplier une violette africaine (semences, bouture de tige, culture in vitro, etc.), mais la plus connue est le bouturage de feuille.
Prélevez une feuille et insérez-la à l’étouffée dans un pot de terreau humide. Photo: Claire Tourigny, tiré du livre Les 1500 trucs du jardinier paresseux.
Prélevez une feuille en santé avec son pétiole et recoupez le pétiole au couteau pour que la coupe soit nette (on dit souvent qu’il faut le couper à un angle de 45°, mais 90° donnerait aussi un excellent résultat). Insérez le pétiole dans un pot de terreau humide. Il peut être utile de recouvrir la feuille d’une tasse de plastique transparent inversé ou d’un sac de plastique transparent pour assurer une culture à l’étouffée, maintenant ainsi une forte humidité pendant la période d’enracinement.
Plantez chaque petit plant dans son propre pot. Photo: Claire Tourigny, tiré du livre Les 1500 trucs du jardinier paresseux.
Après quelques semaines (le bouturage procède plus rapidement au printemps et en été), de petits plants paraîtront à la base de la feuille. Quand ils auront environ 5 cm de hauteur, divisez-les (très important, car, si vous permettez à toutes les plantules de pousser, elles se feront concurrence, ce qui nuira à la floraison à venir) et rempotez-les chacun dans un petit pot individuel.
Pour plus de renseignements
Il existe de nombreux clubs d’amateurs de violettes africaines en Amérique (si vous en connaissez en Europe francophone, veuillez me le laisser savoir), dont, au Québec, la Société des Saintpaulia de Montréal (www.saintpaulia-montreal.com). Ce sont d’excellentes sources d’information et de partage sur la culture des violettes africaines.
Texte adapté d’un article originalement publié dans ce blogue le 5 janvier 2016.