Tiques au jardin : quelques nuances, 1re partie

Le jardinage a beaucoup changé au Québec dans les 30 dernières années. On utilise plus de plantes vivaces et d’arbustes que d’annuelles. On fait de l’herbicyclage et du feuillicyclage en laissant les rognures de pelouse et les feuilles déchiquetées à même notre le sol pour nourrir notre gazon, qu’on tond moins régulièrement pour laisser fleurir les plantes qui nourrissent nos pollinisateurs. Plusieurs jardiniers installent des prés pour réduire radicalement la tonte ou utilisent des plantes indigènes pour créer des environnements favorables à la faune. Mais un défi de taille se pointe le bout du nez au Canada, traversant la frontière avec les États-Unis, et risque de réduire ce beau progrès: les tiques.
Les tiques
La tique du cerf ou tique à patte noire (Ixodes scapularis), trouvée dans l’Est et le Centre de l’Amérique du Nord) et la tique occidentale (I. pacificus), vivant plutôt en Amérique du Nord à l’ouest des Rocheuses, sont les principales sources de préoccupation au Canada et aux États-Unis. Leur cousine européenne, la tique du mouton (I. ricinus), joue un rôle similaire en Europe. Bien qu’il y ait plusieurs espèces de tiques, toute mention de celles-ci dans ce texte fera référence aux Ixodes, pour simplifier les choses,puisqu’ils sont les principaux vecteurs de la maladie de Lyme.

Le cycle de vie des tiques
Les tiques ont quatre stades de développement: œuf, larve, nymphe et adulte. Elles ne se nourrissent que trois fois durant leur vie, une fois par stade après l’éclosion.
- Au printemps, la femelle pond des œufs au sol.
- À l’été, l’œuf éclot pour donner naissance à une larve à six pattes. Elle se nourrit du sang de petits mammifères et d’oiseaux, principalement du sang de la souris à pattes blanches (Peromyscus leucopus), principal vecteur de la maladie de Lyme. À sa naissance, la larve de tique n’est pas infectée a priori par la bactérie Borrelia burgdorferi, mais elle peut l’acquérir de son premier hôte, la souris à pattes blanches.
- En sa deuxième année de vie, la larve se transforme en nymphe. Elle est plus active de mai à juillet. C’est à ce stade qu’une nymphe, infectée l’année précédente au stade larvaire, pourrait transmettre un pathogène à un être humain ou à un animal de compagnie. Les nymphes se nourrissent encore une fois du sang de petits mammifères et d’oiseaux, dont la souris à pattes blanches, et risquent une fois encore d’être infectées par ce deuxième hôte. À cause de leur petite taille (2 mm), qui les rend difficiles à détecter, il arrive que les nymphes transmettent des pathogènes aux humains plus souvent que les tiques adultes.
- À l’automne, les nymphes muent en adultes qui cherchent un troisième hôte plus grand pour se nourrir et sur lequel s’accoupler, principalement des cervidés, dont le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) ou le chevreuil européen (Capreolus capreolus). Quoique les cerfs de Virginie soient importants dans le transport des tiques, ils ne peuvent être infectés par la bactérie qui cause la maladie de Lyme et ne sont donc pas des vecteurs de transmission aux tiques.

Les tiques dans nos jardins
Les instances gouvernementales ont émis une variété de recommandations pour réduire la présence de tiques sur nos propriétés. Les principales sont:
- Éliminez les herbes hautes et les broussailles autour des maisons et en bordure des pelouses.
- Placez une barrière de copeaux de bois ou de gravier de 1 mètre ou plus de large entre les zones boisées et nos espaces récréatifs, patios et équipements de jeu.
- Tondez la pelouse régulièrement et ramassez les feuilles mortes.
- Placez le bois de chauffage soigneusement dans un endroit sec pour empêcher les animaux dont se nourrissent les tiques de s’y réfugier.
- Éloignez les équipements de jeux, les terrasses et les patios des espaces boisés, et placez-les dans un endroit ensoleillé, si possible.
- Gardez votre terrain propre en ramassant les vidanges qui pourraient s’y trouver, pour éviter de créer des habitats pour les petits rongeurs.
Dans les dernières années, les jardiniers et la population s’intéressent de plus en plus à la biodiversité, aux pollinisateurs et à la santé de nos écosystèmes en général. On recommande de laisser les pelouses pousser plus haut pour permettre aux fleurs de nourrir nos pollinisateurs, de laisser les feuilles et plantes fanées dans notre jardin pour nourrir le sol et les microorganismes lorsqu’ils se décomposent et d’inviter une diversité de faune et de flore dans nos espaces verts. Les recommandations gouvernementales semblent directement être en conflit avec une vision plus écologique de nos jardins.

Tiques ou biodiversité?
Comme c’est le cas pour plusieurs sujets, la réalité est beaucoup plus nuancée et, à mon avis, ce choc des idées est beaucoup moins grand qu’on ne le pense. Avant tout, bien que je sois fermement du côté de la biodiversité, je partage tout à fait les inquiétudes au sujet de la maladie de Lyme, une condition grave et sans remède, dont le sérieux ne peut être ignoré.
La maladie de Lyme est causée par des bactéries du complexe Borrelia burgdorferi sensu lato et peut causer des problèmes cutanés, neurologiques, articulaires, cardiaques et oculaires. Les manifestations varient selon le patient. La méconnaissance de cette maladie, même au niveau de la communauté médicale, rend sa détection complexe et son diagnostic difficile (Lire La maladie de Lyme: encore plus sournoise qu’on le pensait! de Paul Hetzler). Quoiqu’une infection soit habituellement traitée avec succès avec des antibiotiques si elle est détectée hâtivement, aucun traitement n’existe pour sa forme chronique.
Au Québec, en cas de morsure, essayez de conserver la tique, appelez Info-Santé 811 et on vous avisera si vous devez consulter un professionnel de la santé. Quoiqu’on suggère souvent que pour transmettre la maladie de Lyme, une tique doit rester accrochée au moins 24 heures, il n’y a pas de temps minimal établi et la transmission serait possible, mais improbable, en aussi peu que 6 heures. La probabilité augmenterait avec le temps. Pour plus d’information, visitez les sites du gouvernement du Québec ou de l’Association québécoise de la maladie de Lyme (AQML). En France, consultez le site de France Lyme.
Effet de dissolution
En fait, il semblerait qu’une augmentation de la biodiversité réduirait la présence de la maladie de Lyme chez les tiques, sans nécessairement réduire leur population. Lorsque ces acariens se nourrissent de plusieurs espèces, plutôt qu’uniquement de la souris à pattes blanches, qui est le principal réservoir de la maladie de Lyme, il y a un effet de dissolution et moins de tiques infectées. Certains animaux transmettent plus difficilement la bactérie qui cause la maladie. La présence de prédateurs de la souris, tels que les renards, les serpents et les oiseaux de proie, aiderait aussi à réduire son occurrence.
Pour l’instant, des études en Europe ne démontrent pas un effet aussi prononcé entre la biodiversité et la présence de la maladie de Lyme qu’en Amérique du Nord. Plus de recherches restent à faire.
Des solutions?
Alors, quoi faire dans notre jardin pour encourager la présence d’une faune et d’une flore diversifiée, tout en se protégeant de la présence de tiques? La semaine prochaine, nous aborderons le sujet de la fragmentation de la forêt et son effet sur la prévalence de la maladie de Lyme, ainsi que quelques précisions sur l’entretien des jardins dans les zones à risque. En attendant, vous pouvez consulter l’article très détaillé de Larry Hodgson, Comment éviter les tiques au jardin.
Le jardinage a changé partout au Canada. J’ai semé un St John Wort (millepertuis ce printemps) je vais semer un amélanchier (service berry) le printemps prochain et un sorbier. Les tiques sont un problèmes qui m’inquiète pour le humains
Attention avec l’amelanchier. J’ai dû enlever le mien car il était trop dévasté par les scarabées japonais.
Je suis à la jonction Québec Ontario et le fleuve. À chaque année mes chats en ramassent sur eux. Environ 3 par année que je trouve ! Combien peut il y en avoir ? Cet été pluvieux, avec parfois de l´eau à la cheville des jours durant sur certaines parties de pelouses, le sol plus boueux par endroits, en tant normal elles côtoient les zones d´eau, comme les abords des fossés. Cette année les fossés de drainage ont eu de l´eau une bonne partie de l´été au lieu de
s´assécher. Aussi certaines zones plus humides et broussailleuses ont sûrement permis l´agrandissement de leur territoire. Que faire ? S´habiller en cosmonautes ? à
30 degrés et plus ? Les chasses moustiques avec du DEET sont un bon répulsif contre ces vampires. On est à la mi septembre et les moustiques sont encore bien présent, tout comme l´herbe à puces que je combat avec du Round Up qui tout puissant et décrié soit il, n´empêche la plante de revenir l´année suivante. C´est une tenace celle là. Oubliez la recette sel/vinaigre. Vous allez faire rigoler la plante.. de plus pour les repérer, car ce sont des experts en mimétisme pour vous confondre, je dois me déplacer lentement, facilitant ainsi le passage d´ une tique sur moi. Ajoutons le désastre du verglas d´avril dernier avec des arbres matures déracinés, couchés, fracassés et des zones où la tondeuse n´est pas encore passée de tout l´été, et son terrain de jeu est plus merveilleux que jamais. Qui puis je ? Moustiques, herbe à puce et tique. Vive la biodiversité !
PS: À propos des herbes à puces, elles adorent se mêler aux fraisiers, framboisiers, « virginia creeper » et peuvent pousser contre votre maison., orée de boisée et zones de buissons. Jamais en plein milieu d´une pelouse. Une fois mortes les feuilles séchées tombent, les tiges deviennent rabougris et indiscernables des autres plantes. Les grosses grimpantes ressemblent à des chicots. À ne pas oublier à l´automne lors du grand ménage. Même mortes, elles sont là !!
Et leur cadavre peuvent vous contaminer pendant 5 ans !! Outils, gants, bas de pantalons, souliers deviennent des suspects à traiter avec précautions, Fido et Mimine inclus. J´ai passé la majorité de l´été avec des cloques sur le bas des jambes, cadeau des minous. Et les petits boutons sur les avants bras. C´est elles ou moi ! Et je ne vais pas partir.
Merci pour cet article très de saison.
Bonjour! On avait un problème semblable : on a fait la recette mais avec de eaux BOUILLANTE. Bang! Fini. Le round-up c’est de la marde. 🙂
Merci pour cet article détaillé! C’est vrai qu’il est un peu étourdissant de prendre en considération biodiversité et risque avec les tiques… J’ai hâte à la partie 2! En attendant, j’ai lu l’article de votre père. Vraiment instructif comme toujours!
Merci pour cet article, j’ai hâte de lire la suite.
Excellent article très instructif. J’attends avec impatiente la seconde partie. Merci beaucoup
Le round up contre l’herbe à puces à cause des tiques… Non. D’abord les tiques sont partout au jardin. Il suffit qu’on s’attarde pour désherber ou récolter pour risquer d’en ramasser une. En plus on attire automatiquement les aoûtats qui sévissent en Bretagne de juillet à octobre. La seule solution c’est un répulsif adéquat tel que le DEET sur toutes les surfaces corporelles à découvert.
Parfois, je suis négligent et immanquable
ment je me retrouve avec plusieurs brûlures d’aoûtats le lendemain et qui persistent plusieurs jours. Le se
ul remède efficace et peu connu, c’est de brûler la brûlure en appliquant une pointe métallique tre
mpée dans l’eau bouillante par exemple pendant une ou deux secondes: il faut que ça fasse mal. C’est incroyablement efficace, et ça ne coûte rien.
Quant aux tiques, il faut les extraire avec un petit outil vendu en pharmacie.
[…] entre les tenants de la pelouse parfaite et ceux de la pelouse écologique. Comme mentionné dans Tiques au jardin : quelques nuances, 1re partie, on recommande de garder notre pelouse courte pour se protéger contre les tiques, ce qui donne du […]
J’ai eu la maladie de Lyme il y a quelques années, ramassée probablement pendant mes vacances autour de Cape Cod. Je suis allée à l’urgence de l’hopital Sacré-Coeur à Montréal où un médecin averti a trouvé que mes symtomes annonçaient une maladie grave et m’a envoyé tout de suite en médecine interne. J’ai été soignée vite et bien, avant même que les résultats du test reviennent (car ca prend 3 semaines). et j’ai guéri rapidement sans aucune séquelle. Heureusement, cet hopital est vigilant et pro-actif. Evidemment, ce n’est pas une maladie qui laisse une immunité alors, il faut rester vigilant aux tiques bien sûr.