
Le bouturage est loin d’être une technique nouvelle. Depuis que les plantes existent, la plupart se reproduisent, du moins à l’occasion, par bouturage. Une branche tombe au sol et, si les conditions conviennent, produit des racines, et alors une nouvelle plante est née. Il n’est pas plus difficile de faire des boutures à la maison… si on sait comment s’y prendre.
D’abord, le bouturage consiste à sectionner une partie d’une plante et à la stimuler à produire des racines et de nouvelles tiges. Autrement dit, la partie sectionnée, la bouture, devient une nouvelle plante à part entière.
Plusieurs parties d’une plante peuvent se bouturer. Certaines plantes (notamment les mauvaises herbes comme le chiendent et la renouée japonaise) ont la capacité à se régénérer à partir d’une section de racine ou de rhizome dans le sol (on parle alors d’une bouture de racine), mais c’est plutôt rare. C’est la même chose pour les boutures de feuilles ou de sections de feuilles: seulement certaines plantes, comme les violettes africaines, les crassulas et les sansevières, s’y prêtent. Par contre, le bouturage des tiges réussit chez presque toute plante qui produit des tiges: plantes d’intérieur, arbustes, arbres, vivaces et beaucoup d’autres encore.
Concentrons-nous ici sur le bouturage des tiges de plantes d’intérieur, car ces plantes sont facilement disponibles en toute saison. La même technique peut toutefois s’appliquer aux plantes d’extérieur. Oui, vous pouvez suivre exactement les mêmes étapes avec les mêmes produits pour bouturer un rosier, un forsythia ou une échinacée, à la différence que vous le ferez quand les plantes sont en croissance, donc pendant l’été.
Quand faire des boutures?
Les boutures réussissent plus facilement quand la plante est en croissance. Les mois de mars, avril et mai, quand les plantes d’intérieur commencent à sortir de leur léthargie hivernale sous l’influence des jours de plus en plus longs, sont particulièrement propices au bouturage, mais on peut continuer de faire des boutures jusqu’au début de l’automne. D’ailleurs, c’est au mois de septembre que beaucoup de jardiniers bouturent les «annuelles récupérables» (pélargoniums, fuchsias, pétunias, bégonias, etc.) qu’ils vont conserver l’hiver pour replanter au jardin l’été suivant.
Étape par étape
1. Commencez par préparer le contenant qui recevra la bouture. Un pot de plastique classique convient parfaitement, mais on peut aussi improviser avec un pot de yogourt ou autre; il faut alors percer un trou de drainage dans le fond. Évitez les gros pots: les plantes s’enracinent mieux dans de petits pots de 5 à 7,5 cm (2 à 3 po) de diamètre ou dans des alvéoles. On peut par contre faire partager un pot ou un plateau plus large à plusieurs boutures.
3. Mouillez bien le terreau et laissez drainer tout surplus d’eau.
7. Pour les plantes qu’on veut voir se ramifier abondamment, comme les coléus et les hibiscus, pincez la bouture (c’est-à-dire, supprimez le bourgeon qui se trouve à l’extrémité de la tige). Cela la stimulera la production de plusieurs nouvelles tiges plutôt qu’une seule. Pour les plantes où une tige unique est la norme (dieffenbachias, dracaenas, philodendrons, etc.), il n’est pas nécessaire de pincer.
9. Glissez la bouture, partie inférieure vers le bas bien sûr, dans le trou préparé précédemment, jusqu’au deuxième ou troisième nœud. Tassez doucement le terreau pour que la bouture se tienne debout. (Pour une très grosse bouture, un tuteur peut être nécessaire pour la solidifier.)
11. Placez le pot dans un emplacement bien éclairé, mais à l’abri du soleil direct, et aussi relativement chaud (de 21 à 24?C).
12. Maintenant, patientez! En effet, certaines boutures reprennent très rapidement (le coléus en seulement quatre à sept jours!), mais d’autres peuvent prendre deux ou trois semaines, même plus d’un mois pour les boutures à tige ligneuse.
13. Vous saurez que le bouturage est réussi quand vous voyez de nouvelles feuilles sortir, signe que les racines commencent à faire leur travail. Enlevez alors la mini-serre et placez la plante (elle n’est plus une bouture) dans un endroit convenant à ses besoins.
Cactées et succulentes
Les cactées et succulentes n’ont pas besoin d’une forte humidité pour s’enraciner et peuvent même pourrir si on les fait à l’étouffée.
Pour ces plantes, donc, coupez la tige… et laissez-la sécher pendant quelques temps, soit jusqu’à ce que la blessure devienne calleuse, avant de la mettre en pot. Vous pouvez tout simplement déposer les boutures sur le côté dans une assiette ou sur une tablette en attendant. Cela prend 2 à 3 jours dans le cas de la plupart des succulentes, mais un mois ou plus pour certaines succulentes à tige très épaisse (de gros cactus et euphorbes, notamment).
Même après que vous aurez piqué la bouture dans un pot de terreau, n’arrosez pas tant que vous ne voyez pas des signes de croissance, ce qui peut parfois prendre encore un mois ou deux. Ces plantes produiront facilement des racines même dans un terreau sec.
À éviter: le bouturage dans l’eau
Le texte suivant surprendra bien des jardiniers, car il y a une longue tradition de faire des boutures dans un verre d’eau, mais je déconseille fortement cette technique. Je ne dis pas que cela ne fonctionne pas parfois, mais en général, ça finit mal.
Le problème, c’est que les racines produites sur une bouture placée dans un verre d’eau s’acclimatent à un milieu aquatique. Quand vous transplantez la bouture dans un pot plus tard (et très peu de végétaux peuvent passer toute leur vie dans un verre d’eau), les racines aquatiques pourrissent et la jeune plante doit recommencer à zéro en produisant un nouveau lot de racines. Souvent, elle n’a plus assez de réserves pour ce faire et meurt.
Donc, pour assurer un bon taux de succès, je suggère de toujours faire vos boutures directement dans un terreau.
Après le bouturage
Selon la taille de la plante bouturée, le petit pot dans laquelle elle s’est enracinée deviendra trop petit plus ou moins rapidement. N’hésitez pas à rempoter vos boutures dans un pot de taille appropriée aux dimensions de la plante.
Maintenant que vous savez comment faire, essayez le bouturage vous-même: votre pouce est plus vert que vous ne le pensez!