Categories

Recherche

Problème au jardin : regarder de plus près, si le problème persiste

Quand une plante ne va pas bien, on a parfois envie de tout essayer en même temps: arroser, tailler, fertiliser, pulvériser… ou même lui chanter une berceuse (ça ne changera peut-être rien pour elle, mais ça pourrait vous apaiser). Mais avant de poser un geste, mieux vaut s’arrêter un instant et examiner la situation avec méthode.

Photo: Getty Images

Comme un bon enquêteur, vous pouvez suivre quelques étapes simples pour mettre le doigt sur le bobo. Voici une façon logique d’aborder le problème sans paniquer.

  1. Observer les signes visibles (feuillage, tiges, sol, présence d’insectes, etc.)
  2. Vérifier les conditions de culture (lumière, sol, humidité, exposition, etc.)
  3. Identifier la cause probable (stress, ravageur, maladie, erreur de culture, etc.)
  4. Évaluer la gravité du problème (isolé ou récurrent, léger ou sévère)
  5. Choisir une intervention adaptée… ou ne rien faire si la situation peut se rétablir seule

Que faire maintenant?

Vous avez pris le temps d’observer la plante et son environnement, le constat demeure: elle dépérit. Pourtant, tout semble convenir – lumière, type de sol, humidité… En principe, elle est à la bonne place.

Alors, que faire maintenant?

C’est le moment d’enfiler votre imperméable et de sortir la loupe, d’observer de plus près: si les conditions de culture sont bonnes, il faut chercher ailleurs la cause du problème. Un stress environnemental? Un ravageur discret? Une maladie en développement? Une erreur de plantation?

Photo: Getty Images

Identifier la cause probable

Quand une plante montre des signes de faiblesse, il faut examiner plusieurs pistes. Voici les plus courantes, avec une explication et des indices pour les repérer.

Insectes ravageurs

Des insectes s’alimentent des feuilles, tiges, racines ou fleurs, causant des dommages visibles ou affaiblissant la plante.

Signes: feuilles percées ou grignotées, enroulées ou décolorées; tiges creuses ou percées; insectes visibles sous les feuilles ou autour des bourgeons; dépôt collant (miellat).

Le sphinx de la tomate. Photo: Getty Images

Champignons (maladies fongiques)

Les champignons microscopiques s’installent dans un milieu humide et étouffé, causant des taches et pourritures.

Signes: taches brunes, jaunes, noires ou blanches sur les feuilles; feutrage blanc (oïdium); moisissure grise (botrytis); pourriture au collet ou sur les racines.

Oïdium sur des feuilles de concombres. Photo: Getty Images

Bactéries

Les bactéries pathogènes provoquent des infections rapides, souvent liées à des blessures ou à l’humidité stagnante.

Signes: taches mouillées ou huileuses, flétrissement soudain, bords noirs ou ramollis, odeur désagréable.

Virus

Transportés par les insectes ou les outils, les virus ne tuent pas immédiatement, mais perturbent la croissance.

Signes: motifs en mosaïque sur les feuilles, croissance déformée, fleurs mal formées, feuilles crispées ou marbrées.

Photo: Getty Images

Arrosage inadéquat

Un excès ou un manque d’eau cause un stress majeur qui se manifeste souvent par les mêmes symptômes.

Signes: feuilles jaunes ou flétries malgré un sol humide (excès); feuilles ternes, enroulées ou cassantes (manque).

Photo: Getty Images

Stress physique

Le vent, le piétinement, une taille trop sévère ou une transplantation peuvent choquer la plante.

Signes: tiges cassées, feuillage tombant sans cause évidente, croissance ralentie ou arrêtée après une intervention.

Concurrence racinaire

Lorsqu’une plante est trop proche d’un arbre ou d’un gros arbuste, elle reçoit moins d’eau et de nutriments.

Signes: croissance lente, feuillage clairsemé, sol dur ou sec autour de la plante malgré les arrosages.

Photo: Getty Images

Erreurs à la plantation

Une plantation trop profonde, un sol mal ameubli ou une motte compacte peuvent freiner l’établissement de la plante.

Signes: plante peu vigoureuse dès le départ, collet enterré, stagnation de l’eau autour de la base.

Carences ou excès nutritifs

Un déséquilibre en nutriments peut causer des symptômes subtils, qui ressemblent parfois à une maladie.

Signes: feuillage pâle ou taché, nervures visibles, croissance anormale. Une analyse de sol peut confirmer le diagnostic.

Un manque ou un excès d’engrais peut causer des dommages aux plantes. Photo: Getty Images

Facteurs environnementaux

Même lorsque les conditions de culture sont bonnes, certains événements imprévus peuvent faire chavirer vos plantes. Ces stress passagers – froid, chaleur, vent, etc. – laissent des marques bien visibles. En apprenant à les reconnaître, on évite les mauvais diagnostics… et les traitements inutiles.

Gel tardif

Un retour du froid au printemps peut endommager les jeunes pousses ou les boutons floraux.

Signes: feuilles noircies ou translucides, extrémités des tiges molles.

Canicule ou soleil intense

Une chaleur soudaine entraîne une évaporation rapide et un stress hydrique.

Signes: feuilles flétries, recroquevillées ou brûlées par le soleil.

Photo: Getty Images

Froid prolongé

Un printemps anormalement frais ralentit la croissance sans causer de dommages directs.

Signes: floraison retardée, feuillage lent à se développer.

Vent desséchant

Le vent accélère la perte d’eau, même si le sol est humide.

Signes: bords des feuilles brunis, feuilles cassantes ou enroulées.

Pollution ou produits chimiques

L’air pollué ou les résidus de produits comme les déglaçants ou les herbicides affectent le feuillage.

Signes: taches jaunes ou brunes irrégulières, déformations étranges.

Les herbicides peuvent endommager le feuillage. Faites toujours un test avant d’arroser la plante complète. Photo: Getty Images

Compactage du sol

Un sol trop tassé limite l’oxygène disponible pour les racines.

Signes: croissance ralentie, stagnation d’eau en surface, jaunissement diffus.

Arrosage irrégulier

Les périodes de sécheresse suivies de pluies abondantes perturbent l’équilibre hydrique.

Signes: fruits fendus, feuilles qui jaunissent puis tombent soudainement.

Manque de neige l’hiver

Sans couverture isolante, les racines gèlent plus facilement.

Signes: reprise lente ou nulle au printemps, décoloration du collet.

Photo: Getty Images

Reflet de surfaces

Une surface claire (mur pâle, fenêtre) peut provoquer une surchauffe localisée.

Signes: brûlures sur les feuilles du côté exposé, séchage rapide du sol.

Évaluer la gravité du problème

Avant d’intervenir, il est important d’évaluer l’ampleur du problème. Est-ce un incident isolé ou un symptôme qui revient régulièrement? Une feuille jaunie ou une floraison ratée une année, ce n’est pas nécessairement inquiétant. Mais si le même problème revient chaque saison ou s’aggrave avec le temps, il peut s’agir d’un signe plus profond.

Il faut aussi considérer la sévérité des symptômes. Sont-ils légers – quelques feuilles abîmées, une croissance un peu lente – ou plus sérieux, comme une absence totale de floraison, une chute massive du feuillage ou une plante qui ne pousse plus du tout? Dans les cas les plus graves, la survie même de la plante peut être en jeu.

Photo: Getty Images

Enfin, demandez-vous si le problème affecte uniquement l’apparence ou s’il nuit au bon fonctionnement de la plante. Un feuillage un peu abîmé en fin de saison est souvent sans conséquence. En revanche, si la plante flétrit en permanence malgré un bon arrosage, si ses racines pourrissent, ou si elle ne redémarre pas au printemps, il faut agir.

Choisir une intervention adaptée

Maintenant que vous avez une meilleure idée de la nature et de la gravité du problème, il est temps de passer à l’action… ou pas. Avant de sortir l’artillerie lourde, prenez un moment pour réfléchir. Un problème au jardin n’appelle pas toujours une solution immédiate: parfois, il suffit d’un peu de patience, d’un ajustement mineur ou d’un changement d’emplacement. Mais dans certains cas, il faudra envisager des mesures plus draconiennes – et, oui, il se peut que vous deviez vous départir de la plante fautive.

Prendre un pas de recul

Tout est lié au jardin: conditions de culture, météo et ravageurs interagissent constamment. Une plante mal placée – trop à l’ombre ou dans un sol détrempé – devient plus vulnérable aux maladies et aux insectes. À l’inverse, un stress climatique (gel, canicule, pluies intenses) peut affaiblir même les plantes bien établies, rendant leur défense naturelle moins efficace. Souvent, un problème en entraîne un autre. D’où l’importance de prendre du recul et d’évaluer l’ensemble du contexte avant d’agir.

Photo: Getty Images

Ne rien faire

Parfois, le meilleur geste est… de ne rien faire. Lorsqu’une plante montre des signes de stress après un coup de chaleur, un excès de pluie ou un épisode de vent fort, il peut être tentant de vouloir intervenir immédiatement. Mais si les conditions de culture sont bonnes et qu’aucun ravageur n’est en cause, mieux vaut résister à l’envie de surcorriger. Beaucoup de symptômes disparaissent d’eux-mêmes lorsque la plante retrouve des conditions stables. En intervenant trop vite – avec un engrais, un fongicide ou une taille radicale – on risque plutôt d’aggraver la situation. Dans bien des cas, la patience est le meilleur remède, surtout au jardin, où tout évolue au rythme de la nature.

Changer de plante

Si une plante vous cause des ennuis année après année – maladies, insectes, port inadapté ou comportement envahissant – c’est peut-être qu’elle n’est tout simplement pas à sa place. Plutôt que de vous battre contre la nature, mieux vaut envisager de la remplacer. Certaines plantes posent problème chaque saison: les rosiers attirent les scarabées japonais, les lis et fritillaires sont dévorés par le criocère, et les roses trémières attrapent sans cesse la rouille. Beaucoup de jardiniers s’acharnent, espérant qu’un engrais ou une taille changera tout… mais bien souvent, le meilleur choix, c’est d’arracher la plante et de passer à autre chose. Le bénéfice est immense: moins de frustration, moins d’interventions, moins de produits. Quand on cultive des végétaux bien adaptés à son milieu et résistants aux insectes et maladies, le jardinage devient plus simple et agréable. Si une plante vous épuise saison après saison, posez-vous la question: en vaut-elle vraiment la peine?

Le criocère du lis. Photo: Getty Images

Miser sur des plantes résistantes

Certaines plantes sont naturellement plus résistantes que d’autres. Elles résistent mieux aux maladies, attirent peu les ravageurs et tolèrent la sécheresse, le vent et bien d’autres conditions. Il existe presque toujours une alternative plus facile à vivre: un phlox résistant au blanc, une pivoine à tiges solides, un hosta au feuillage épais que les limaces boudent. Remplacer une plante capricieuse par une variété robuste simplifie tout: moins de stress et plus de paresse. Ces plantes ne sont pas invincibles, mais elles offrent une bien plus grande marge de manœuvre.

Augmenter la biodiversité

Favoriser la biodiversité ne veut pas dire transformer ses plates-bandes en friche. Il s’agit plutôt d’inviter davantage d’espèces utiles – plantes, insectes, oiseaux, champignons, micro-organismes – à cohabiter dans un équilibre plus durable… et souvent plus esthétique. Et comme tout ce beau monde travaille pour vous, cela réduit à long terme les ravageurs, les maladies et rend le jardin plus résilient.

Photo: Getty Images

Comment y arriver? En diversifiant les végétaux: vivaces, graminées, arbustes, bulbes et annuelles attirent une faune variée. Les fleurs mellifères comme les monardes, échinacées, alliums et verges d’or soutiennent pollinisateurs et prédateurs naturels.

Accueillez aussi un peu d’imperfection: une bordure moins tondue, un coin laissé à la spontanéité, des tiges creuses en hiver… autant de refuges pour insectes utiles, grenouilles ou crapauds. Une petite source d’eau attire libellules et oiseaux, tandis que des arbustes fruitiers comme le sureau ou l’amélanchier nourrissent la faune tout en décorant.

Cela n’éliminera pas tous les problèmes, mais vous aidera à jardiner avec la nature plutôt que contre elle. Et souvent, ce sont les jardins les plus vivants qui demandent le moins d’efforts.

Ajuster les conditions

Avant de songer à un traitement, mieux vaut revoir ses pratiques culturales. Bien souvent, un simple ajustement suffit à atténuer – voire régler – un problème. L’arrosage est souvent en cause: un sol détrempé ou trop sec affaiblit les plantes. Améliorer le drainage (compost, plate-bande surélevée, pente douce) ou aérer un sol compacté à la fourche peut changer la donne.

Éclaircir le feuillage ou tailler légèrement améliore la circulation de l’air et limite l’humidité, freinant la propagation des maladies. Une plante mal placée (ombre dense, sol trop sec, concurrence racinaire) peut aussi bénéficier d’un déménagement. Espacer les plantations, ajouter un paillis, arroser le matin, fertiliser sans excès: autant de gestes simples qui renforcent naturellement les plantes.

Ces ajustements demandent parfois à être répétés, mais ils sont souvent plus efficaces qu’un traitement. Cela dit, ils ne remplacent pas la règle d’or: la bonne plante, à la bonne place.

Traiter de façon sécuritaire… pour vous et pour l’environnement

Parfois, un traitement s’impose pour régler un problème qui s’aggrave. Mais toute intervention – même douce – a un impact. Avant de traiter, il faut bien diagnostiquer la situation, en évaluer la gravité et réfléchir aux effets possibles sur la faune, la flore… et sur vous.

Parfois, un seul jet d’eau permet de déloger les pucerons. Photo: Getty Images

Les méthodes physiques ou mécaniques sont souvent les plus simples et les plus sécuritaires. Retirez à la main les insectes ou les parties malades ou utilisez un jet d’eau pour déloger les pucerons. Des filets anti-insectes protègent les plantes des ravageurs, tandis que les pièges collants attrapent une variété d’insectes (parfois trop!). Les pièges à phéromones ciblent certains insectes adultes, comme les scarabées japonais. Ramassez aussi les débris végétaux infectés tombés au sol pour limiter la propagation de maladies.

Si le problème persiste…

Si le problème persiste, tournez-vous vers des produits biologiques ou à faible impact. Le savon insecticide, l’huile horticole ou l’huile de neem étouffent les insectes en obstruant leurs voies respiratoires. Le bicarbonate de soude mélangé à de l’eau limite les champignons en prévention. Le soufre et le cuivre (bouillie bordelaise) sont efficaces contre plusieurs maladies, mais peuvent nuire à la microfaune. Le Bacillus thuringiensis (Bt) est une bactérie utilisée comme insecticide biologique. Chaque souche cible un groupe précis d’insectes (ex.: Btk pour les chenilles, Btg pour les coléoptères), mais peut aussi nuire à des espèces non nuisibles du même groupe. À utiliser avec précaution.

Le BTK, par exemple, peut être utilisé contre les chenilles.

 On peut aussi introduire des nématodes bénéfiques contre les vers blancs ou saupoudrer de la terre de diatomée (au sec) contre limaces, fourmis et perce-oreilles.

Par contre, même les traitements doux peuvent déranger l’équilibre du jardin ou nuire à d’autres animaux. Avant d’intervenir, posez-vous toujours la question: est-ce vraiment nécessaire? Et si oui, optez pour la méthode la plus sélective, appliquez-la avec soin et traitez seulement ce qui doit l’être. C’est le meilleur moyen de protéger vos plantes, votre santé… et toute la vie autour.

Observer, vérifier, identifier, évaluer, intervenir… ou pas

Cette méthode toute simple, vous l’avez maintenant en main pour faire face aux petits (et grands) bobos du jardin. En l’appliquant avec calme et curiosité, vous évitez les gestes inutiles, les traitements à l’aveugle, et surtout, bien des frustrations.

C’est en observant attentivement, sans se précipiter, qu’on pose les bons gestes au bon moment. Mais, il faut parfois prendre du recul pour mieux voir. Une observation de près révèle les détails… mais un pas en arrière remet le tout en perspective.

Photo: Getty Images

N’oubliez pas ce bon vieux conseil de Larry Hodgson: «Avant de traiter, reculez de 15 pas. Si le problème n’est pas évident à cette distance, ce n’est probablement pas un problème qu’il vaille la peine de traiter!»


  1. Merci pour ces bons conseils. Je suis du style, après examen de la situation, à ne pas trop intervenir. Par contre au début de l’été, mon magnifique Pimbina (viorne trilobée) de huit pieds de haut a subi une attaque en règle de la galéruque de la viorne. Je savais que cet insecte pouvait transformer un bel arbuste en squelette. C’était déjà bien parti ! J’ai commencé par couper les branches les plus atteintes et jour après jour, escabeau compris, j’ai soulevé les feuilles pour enlever les bestioles à la main heureusement apparentes. J’ai fini en traitant avec un savon insecticide. Ouf! il est sauvé avec toutes ses grappes de fruits rouge. que je verrai par la fenêtre de ma cuisine cet hiver avec un peu de neige dessus comme un glaçage. Je n’hésiterai pas à traiter les troncs au printemps car, apparemment, ces bibittes montent du sol. C’est la première fois que que mène un combat aussi intense, étant une bonne jardinière paresseuse et patiente…

    Merci pour ce blog toujours passionnant avec le quel je commence mes journées.

  2. Merci beaucoup pour tous ces conseils. Je vais les relire lentement et probablement trouver réponse à plusieurs petits problèmes que j’ai cette année, que je n’avais pas auparavant.

  3. La plante est-elle récemment sortie ou entrée Sprunki à l’intérieur, pouvant exposer à de nouveaux ravageurs ?

  4. Ce guide clair sur les signes à repérer et les causes possibles est très utile. Un peu comme dans Tunnel Rush, où chaque obstacle demande de l’attention et une réaction réfléchie sous pression, soigner une plante malade demande aussi d’observer attentivement et d’intervenir au bon moment sans précipitation. Je vais essayer de faire un diagnostic plus méthodique la prochaine fois avant de me précipiter sur l’arrosoir ou les pesticides.

  5. J’ai une question plutôt qu’un commentaire.
    Il y a 3 ans, j’ai trouvé une tige d’un érable sur mon terrain. Je l’ai transplanté ailleurs dans le but de le faire pousser.
    Tout allait bien jusqu’à ce printemps.
    En faisant le tour, j’ai vu que l’écorce était fendue sur ~25 cm à 3 endroits, tous du même côté.
    Que faire? L’abattre avant qu’il soit trop gros ou attendre et espérer que les fentes « guérissent » ?
    Merci de votre attention