Le blanc: pas toujours un gros problème!
Question: Mon magnifique érable fait des champignons blancs depuis 3 ans et j’ai consulté sans succès, tant les avis divergent. Je vous joins une photo! Avez-vous des suggestions?
Thérèse Reeves
Réponse: Il fait du blanc, tout simplement. On l’appelle aussi mildiou poudreux. Ou encore «oïdium», bien que la forme qui s’attaque aux érables de Norvège (Acer platanoides) n’appartienne pas au genre Oidium. En fait, il existe une vaste gamme de différents champignons de blanc dans les genres fongiques Erysiphe, Microsphaera, Phyllactinia, Podosphaera, Sawadaea, Sphaerotheca, Uncinula et autres. Pas évident de mettre le bon nom sur la maladie dans ce cas!
Chaque souche de blanc a sa plante préférée
Chaque souche de blanc a son hôte spécifique. Ainsi, le blanc trouvé sur votre lilas commun (Syringa vulgaris) n’est pas le même que celui qui paraît sur vos courges (Cucurbita pepo) et encore moins la souche qui s’attaque actuellement à votre érable (A. platanoides).
Ces divers champignons ont en commun une transmission par le vent, de préférence par temps chaud et sec. Contrairement à beaucoup de maladies ainsi transportées, les spores du blanc n’ont pas besoin d’une surface humide pour se fixer, mais plutôt de l’air humide.
Une fois que le champignon a trouvé un hôte compatible, il dirige de petits suçoirs dans les cellules supérieures de la feuille pour commencer à s’alimenter. Tout cela se fait de façon bien cachée, mais le stade final est plus visible.
En effet, quand les nuits deviennent plus fraîches et que l’humidité devient très haute, habituellement vers la fin de l’été quand il a beaucoup de rosée, un genre de poudre blanche se forme sur la feuille. En fait, c’est un mycélium blanc filamenteux qu’on peut, au début, enlever en frottant, mais qui devient incrusté avec le temps.
Vers la fin de l’été, les champignons forment, de plus, de petites fructifications noires qui donneront des spores hivernantes. La maladie peut passer l’hiver sur la plante, sur les feuilles tombées ou dans le sol.
La prévention sur un grand arbre est presque impossible. Comment atteindre les plus hauts rameaux avec une pulvérisation? Il est quand même possible de vaporiser les plantes de moindre taille de fongicides, même de fongicides maison, à base de soufre, de lait, de neem, de bicarbonate de soude, etc. et ainsi prévenir le pire.
Un cas 15 pas!
Par contre, est-ce même nécessaire d’agir?
Dans le cas des légumes qu’on veut consommer (courges, poivrons, haricots, etc.), peut-être bien que oui. Mais beaucoup de jardiniers finissent par accepter que, dans le cas des végétaux ornementaux, le «blanc de fin de saison» est un petit problème récurrent et variable, mais rarement très nuisible. On peut même, comme dans votre cas, le voir comme créant un effet ornemental!
Je considère que le blanc est, dans la plupart des situations, un cas où l’on devrait appliquer la règle des 15 pas. Reculez alors de 15 pas. Si le problème n’est pas visible à cette distance, ce n’est pas un problème digne de traitement, tout simplement. C’est sûrement la situation avec votre érable.
La prévention passe par un bon choix de plante
La seule façon vraiment logique de prévenir le blanc est de planter des variétés résistantes. Pour les légumes et plusieurs fleurs annuelles et vivaces, il y existe maintenant un très bon choix de variétés résistantes. Par contre, si vous avez planté un arbre naturellement sensible, il est peu probable que vous allez vouloir l’arracher pour le remplacer par cultivar plus résistant! Faites alors bien un peu de recherche avant d’acheter une plante reconnue sensible au blanc.
Trucs pour prévenir le pire
Une fois que la maladie est visible, on ne peut pas l’effacer… du moins, pas pendant la saison en cours. Mais on peut ralentir son développement et aussi, il y a des choses que l’on peut faire pour réduire sa portée au cours des années à venir:
- Vaporisation au bicarbonate de soude: mélangez 5 ml de bicarbonate de soude (trouvé dans le garde-manger) et 4 ou 5 gouttes de savon doux (savon insecticide) dans 1 litre d’eau et vaporisez cette solution toutes les 2 semaines sur les plantes sujettes à la maladie.
- Améliorez la circulation d’air.
- Stérilisez les outils de taille avec l’alcool à 70%.
- Enlevez les feuilles très atteintes.
- Arrosez le matin pour que le feuillage puisse avoir le temps de s’assécher avant l’arrivée de la nuit. Surtout, évitez d’arroser en fin de journée ou en soirée.
- Arrosez le sol, pas le feuillage. À cette fin, un tuyau suintant ou un système d’irrigation goutte à goutte serait bien pratique.
- Évitez les engrais riches en azote. Autrement dit, ceux dont le premier chiffre est le plus élevé, comme un engrais 15-10-10.
- Recherchez et plantez des variétés résistantes au blanc.
Et les feuilles mortes, elles?
Cet article paraît au début de l’automne. Ainsi, bientôt les feuilles atteintes de blanc seront au sol et en train de se décomposer. Doit-on éviter de les mettre dans le composteur?
Personnellement, je mets les feuilles atteintes dans le composteur (ou les incorporé dans mon paillis). D’autres sources d’information déconseillent le compostage des feuilles atteintes de blanc, car il est possible que le compost maison ne chauffe pas assez pour détruire le champignon ou ses spores. Mon raisonnement est que les spores de cette maladie sont déjà abondamment présentes partout dans notre environnement, surtout dans le cas d’un arbre comme l’érable. Si 2 ou 3 feuilles ne sont pas ramassées (et pensiez-vous vraiment que vous alliez récolter toutes les feuilles atteintes?), la maladie peut s’étendre facilement. Défendre le compostage, une ressource tellement utile, c’est comme refermer la porte de l’étable après que le cheval s’est échappé: le mal est dejà fait.
Mais si vous êtes très préoccupé par cette maladie, allez-y. Ramassez les feuilles malades et laissez votre municipalité s’occuper de les décomposer adéquatement. (Le compostage municipal chauffe assez pour les détruire.) Mais je doute que cela vous aide beaucoup!
Le blanc: un phytopathogène bien visible, mais pas toujours si nuisible. À vous de décider s’il vaut la peine de réagir à sa présence ou pas.
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Merci pour cette nouvelle réponse très détaillée !
J’ai fait le test des 15 pas et je vais aimer mon érable comme il est!
Un peu de blanc ne l’empêche pas d’être majestueux!!
Thérèse Reeves
Merci infiniment pour ce précieux article. J’ai une haie libre de caraganas et ils sont atteints depuis la 2e année de leur plantation . Le soufre est effectivement efficace pour arrêter la progression de la maladie,mais c’est fastidieux de le vaporiser aux 15 jours. Enfin, il n’y a rien de gratuit, même dans le jardinage. Vous êtes une personne compétente et inspirante Monsieur Hodgson.
Arrêtez de traiter ! Soyez paresseux ! Laissez faire la nature et son (dés)équilibre… J’ai appris ce matin que certaines coccinelles se nourrissent de “blanc”…. 😉