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Choisir les bonnes plantes pour un jardin en contenant

Presque toutes les plantes peuvent se prêter à la culture en pot ou en balconnière: annuelles colorées, fines herbes aromatiques, légumes savoureux, tropicales exotiques, vivaces robustes ou même quelques arbustes compacts. Le choix ne dépend pas uniquement des conditions de culture – soleil, vent, humidité – mais aussi de nos envies: veut-on un espace éclatant de couleurs, un coin gourmand ou un refuge pour la biodiversité?

Photo: Getty Images

En contenant, comme en pleine terre, chaque plante devrait idéalement jouer un rôle adapté à nos besoins et désirs: embellir l’espace, nourrir l’humain ou la faune, offrir de l’ombre ou parfumer l’air. Ce qui est petit doit être doublement utile! En réfléchissant à la fois à l’esthétique (formes, textures, ports variés) et à la fonction (nourricière, écologique, sensorielle), on peut transformer même les plus modestes pots en véritables mini-jardins vivants et pleins de sens.

Annuelles

Les annuelles sont les championnes de la floraison continue: elles offrent des fleurs abondantes, souvent parfumées, et de longue durée, du printemps jusqu’aux gelées. Leur incroyable diversité de couleurs – tant dans les fleurs que dans le feuillage – permet de créer des compositions éclatantes, qu’on peut renouveler chaque année. Elles jouent aussi un rôle important pour la biodiversité: plusieurs espèces attirent abeilles, papillons et colibris. Certaines plantes vendues comme annuelles sont en réalité des vivaces tendres, non rustiques au Québec, qu’on cultive en pot pour un été. Les principaux inconvénients? Elles ne survivent pas à l’hiver, nécessitent des achats annuels donc des coûts récurrents et une perte de ressources.

Le choix d'annuelles est presque infini! Photo: Getty Images

Annuelles florifères classiques: Pétunia, pélargonium, bégonia, impatiens, zinnia, capucine, œillet d’Inde, cosmos bipinnatus.

Annuelles au feuillage coloré: Basilic pourpre, bette à cardes, caladium, cinéraire maritime, coléus, géranium à feuillage décoratif, hélichrysum argenté, oxalide pourpre, patate douce ornementale, roselle rouge, strobilanthes.

Annuelles utiles pour la biodiversité: Cosmos, tournesol nain, verveine, salvia, tabac décoratif, calendula.

La verveine est utile pour la biodiversité. Photo: Pexels

Annuelles pour paniers suspendus: Lobélie, bidens, diascia, bacopa, calibrachoa, fuchsia, dichondra, lobulaire, némésia, verveine, ipomée, pétunia, scaevola, sanvitalia, lantana.

Plantes tropicales

Les plantes tropicales avec leur feuillage luxuriant et leur allure exotique, transforment rapidement un balcon ou une terrasse en petit paradis. Certaines, comme le dracéna ou le figuier, peuvent même être rentrées pour l’hiver et vivre plusieurs années. Elles demandent toutefois plus de soins, notamment en ce qui concerne l’arrosage et la gestion des écarts de température. Il est aussi possible de faire passer nos plantes d’intérieur à l’extérieur pendant l’été, à condition de bien les acclimater.

Un mandevilla ajoute une belle touche de couleur pour la saison estivale. Photo: Getty Images

Plantes tropicales pour contenants: bananier, canna, colocasia, alocasia, dracéna, figuier, hibiscus, mandevilla, palmier, papyrus, pothos, tradescantia.

Vivaces et arbustes

Dans un jardin en contenant, les vivaces et petits arbustes offrent une structure durable et un investissement à long terme. Ils demandent moins de renouvellement et peuvent, s’ils sont bien choisis, offrir une floraison annuelle. Le principal défi reste l’hivernage: en pot, leurs racines sont plus exposées au gel. Il faut donc opter pour des espèces rustiques ou prévoir une bonne protection. Les espèces indigènes, en particulier, sont très utiles pour renforcer la biodiversité urbaine.

Les hostas se cultivent aussi en contenant. Photo: Getty Images

Vivaces pour contenants: heuchère, hosta, carex, œillet, gaura, campanule, thym, alchémille, bergenia, fétuque bleue.

Arbustes nains ou compacts pour contenants: érable japonais nain, lavande, spirée, rosiers miniatures, genévrier rampant, saule nain, potentille, millepertuis arbustif.

Plantes potagères

Cultiver légumes, fines herbes et quelques fruits en contenants joint l’utile à l’agréable: on récolte tout en embellissant l’espace. C’est une solution idéale pour les balcons ou terrasses ensoleillés. Les annuelles potagères s’y prêtent bien, pourvu qu’on leur offre un bon terreau, des arrosages fréquents et assez de soleil. Les légumes-feuilles, racines et légumineuses se sèment facilement après le dernier gel, tandis que tomates, piments et aubergines exigent un semis hâtif ou des plants. Certaines espèces comme le maïs, les courges ou les melons sont peu adaptées, sauf en variétés compactes. Les variétés naines, sélectionnées pour la culture en pot, maximisent le rendement.

Les légumes grimpants, comme les haricots d’Espagne et tomates cerises, sont très productifs avec un bon tuteur. La pollinisation manuelle peut être utile en l’absence d’insectes. Les fines herbes, faciles et décoratives (thym, origan), réussissent bien en pot, même avec peu d’eau.

Culture de fraises en pot. Photo: Getty Images

Les fraisiers, décoratifs et productifs, conviennent bien à la culture en pot. Certains fruits tropicaux (agrumes, figuiers) peuvent aussi être cultivés en pot avec hivernage intérieur. En revanche, les fruitiers rustiques sont rarement adaptés, sauf en versions naines ou colonnaires.

Légumes pour contenants: Laitue, épinard, bette à carde, chou frisé, céleri, fenouil, poireau, carotte courte, radis, navet, oignon (à partir de bulbilles), pomme de terre, haricot nain, haricot grimpant, pois, tomate cerise, tomate retombante, poivron, piment, aubergine, concombre compact, courgette compacte, melon miniature.

Les petites tomates sont une belle option de culture en pot. Photo: Getty Images

Fines herbes pour contenants: Basilic, persil, ciboulette, coriandre, thym, origan, sauge, menthe (à isoler en pot), romarin.

Fruits pour contenants: fraisier, citronnier, figuier nain.

La bonne plante dans le bon contenant

Les plantes bien adaptées à la culture en pot partagent plusieurs qualités: racines peu profondes, port compact, buissonnant ou retombant, croissance lente ou modérée, tolérance au vent, aux écarts de température et parfois à la sécheresse. Elles sont aussi peu exigeantes en éléments nutritifs, ce qui simplifie leur entretien.

Adaptées à vos conditions

Commencez par choisir des plantes selon la lumière disponible (plein soleil, mi-ombre ou ombre). Ensuite, privilégiez celles qui tolèrent un sol bien drainé, car c’est le cas de la plupart des terreaux pour pots. Les plantes qui acceptent un sol sec ou moyennement humide s’en sortent mieux que celles qui exigent une humidité constante, difficile à maintenir en pot. De même, une certaine tolérance à la sécheresse est un atout en cas d’arrosages irréguliers. Enfin, les plantes peu gourmandes en nutriments sont mieux adaptées à la culture en contenant, car les éléments fertilisants s’y lessivent rapidement. Les plantes plus exigeantes demanderont des apports réguliers en compost ou en engrais.

Le brachyscome, par exemple, se cultive très bien dans les emplacements chauds et secs. Photo: Getty Imates

Plantes pour emplacements chauds et secs: Aéonium, agave, brachyscome, écheveria, ficoïde cordifoliée, joubarbe, lotier écarlate, orpin, pavot de Californie, pourpier, queue-d’âne.

Fleurs à l’ombre: Achimène, bégonia buissonnant, bégonia des plates-bandes, bégonia tubéreux, browallie, fuchsia, impatiente des jardins, lobélie érine, pensée, torénia.

Dimensions

Pour assurer stabilité, croissance et proportions harmonieuses, visez une hauteur de plante adulte équivalente à 2 à 3 fois la hauteur du pot. Par exemple, une plante de 60 à 90?cm convient à un pot d’environ 30?cm. La plante ne devrait pas excéder le double du diamètre du pot, sauf si son port est souple ou retombant. Lorsqu’il a plusieurs plantes dans un même contenant, pensez à la largeur totale des plantes à maturité pour éviter la surpopulation. Les arbustes et petits arbres, plus exigeants, requièrent des pots larges et profonds – idéalement au moins le tiers de la hauteur adulte de la plante. Pour une plante qu’on souhaite conserver plusieurs saisons, il vaut mieux choisir un grand pot dès le départ pour limiter les rempotages.

Un exemple d'arrangement dans un très grand contenant. Photo: Getty Images

Rusticité

L’hivernage est le principal défi des plantes en pot au Québec. Leurs racines, beaucoup plus exposées au froid qu’en pleine terre, sont particulièrement vulnérables. On estime généralement qu’une plante cultivée en pot perd l’équivalent de deux zones de rusticité, mais cette règle reste indicative. Même en respectant cette précaution, de nombreuses vivaces ou arbustes rustiques en pleine terre ne survivent pas à l’hiver en pot, même s’ils sont bien isolés avec du paillis, de la neige ou des protections. La survie demeure donc toujours incertaine. Mieux vaut considérer les plantes cultivées en contenant comme temporaires… et se réjouir lorsqu’elles passent l’hiver.

Arrangements

Un arrangement pour contenant n’a pas besoin d’être compliqué: quelques principes de base peuvent vous guider, que vous visiez un jardin décoratif, nourricier ou les deux à la fois. En jouant avec les formes, les couleurs et les hauteurs, on peut créer facilement des compositions aussi belles qu’utiles.

Laissez aller votre créativité! Photo: Getty Images

Combinaisons de couleurs

Le choix des couleurs en jardinière dépend avant tout des goûts personnels. On peut opter pour un aménagement polychrome, en mélangeant librement les teintes pour un effet joyeux et éclaté, ou préférer un agencement monochrome, en misant sur différentes nuances d’une même couleur pour un rendu élégant et apaisant. Une autre option consiste à utiliser des couleurs analogues – proches sur le cercle chromatique – comme le rouge, le rose et le pourpre, ou encore le jaune, l’orange et le rouge. Pour dynamiser une composition, les couleurs contrastantes (jaune et violet, bleu et orange) créent un impact visuel fort. Dans la nature, toutes les couleurs coexistent harmonieusement. Pour ma part, je ne m’en fais pas trop avec les théories: je choisis simplement les couleurs qui me plaisent.

Principe de la «sainte Trinité»

Un contenant selon le principale de la sainte Trinité. Photo: Getty Image

Dans les arrangements classiques en pot, on suit souvent la règle de la «sainte Trinité»: une plante vedette au centre pour donner de la hauteur et attirer l’attention, des plantes de remplissage autour de la plante vedette pour créer du volume, et des plantes retombantes en bordure pour adoucir la composition. Cette approche, simple mais efficace, assure un équilibre visuel agréable. La réussite repose sur le contraste des formes, hauteurs et textures, tout en respectant les conditions de culture communes à toutes les plantes choisies (ensoleillement, arrosage, type de sol). Ce montage fonctionne autant dans un pot rond qu’en jardinière rectiligne, à condition de bien planifier la disposition en fonction de la forme du contenant.

Photo: Getty Images

Plantes vedettes: Agapanthe, agrume, asclépiade de Curaçao, bambou, canne panachée, dracéna des jardins, érable de maison, figuier comestible, lantana, laurier-rose, lin de Nouvelle-Zélande, marguerite de Paris, mauve africaine, palmier, papyrus, pennisétum soyeux.

Plantes de remplissage: Agérate, astérisique maritime, cuphéa à feuilles d’hysope, félicie (ou marguerite bleue), géranium sud-africain, héliotrope, immortelle à bractées, marguerite de Dahlberg, melampodium, mouron, plante incendiaire.

Plantes retombantes: Bacopa, calibrachoa, dichondra, fuchsia, lobélie érine, lobulaire, lierre commun, pourpier, queue-d’âne, patate douce ornementale.

Mélanger potagères, fines herbes et fleurs

Associer légumes, fines herbes et fleurs dans un même contenant est non seulement possible, mais fortement recommandé! Ce type de culture mixte permet de maximiser l’espace tout en créant des arrangements esthétiques, colorés et vivants. Certaines fleurs comestibles, comme la capucine ou la bourrache, ajoutent une touche décorative tout en étant utiles en cuisine. D’autres, comme le souci ou l’œillet d’Inde, contribuent à éloigner certains insectes indésirables. De leur côté, plusieurs fines herbes – le basilic, la menthe, le thym, l’origan – dégagent des arômes qui peuvent repousser les insectes indésirables, et même certains petits mammifères trop gourmands. En plus d’attirer les pollinisateurs, ce mariage entre beauté, utilité et protection transforme chaque pot en un petit écosystème nourricier et résilient.

Du basilic pourpre dans un arrangement avec des fleurs. Photo: Getty Images

Plantation des contenants en 10 étapes

Suivez ces 10 étapes simples pour réussir vos plantations en contenants, que ce soit sur un balcon, sur une terrasse ou dans la cour.

1. Planifiez l’acclimatation

Si vos plants proviennent de l’intérieur ou d’une serre, habituez-les progressivement à l’extérieur. Placez-les à l’ombre pendant quelques jours, puis augmentez graduellement leur exposition au soleil. Attendez que les nuits soient au-dessus de 10?°C pour les laisser dehors en permanence.

2. Rassemblez le matériel

Assurez-vous d’avoir tout à portée de main: terreau, arrosoir, outils, engrais, gants, tuteurs, étiquettes, moustiquaire pour le drainage, et bien sûr, vos plants.

Photo: Getty Images

3. Humidifiez le terreau

Le terreau sec peut repousser l’eau. Versez-le dans un seau, ajoutez un peu d’eau et mélangez jusqu’à ce qu’il soit uniformément humide, sans être détrempé. C’est le bon moment pour y ajouter un engrais à libération lente si désiré.

4. Préparez les pots

Nettoyez les pots s’ils ont déjà servi. Recouvrez le trou de drainage d’un petit morceau de moustiquaire ou papier journal pour éviter la fuite du terreau. N’ajoutez pas de couche de drainage au fond – elle nuit plus qu’elle n’aide.

5. Remplissez partiellement les pots

Versez du terreau jusqu’aux trois quarts du contenant, ou ajustez la quantité selon la taille de la motte de votre plante. Tassez légèrement.

6. Dépotez les plants

Dépotez les plants en les tenant par la base et en tapotant le fond du pot. Pour les caissettes ou plateaux, séparez délicatement les racines. Retirez les feuilles jaunes ou abîmées, ainsi que les fleurs si nécessaire, afin que la plante puisse concentrer son énergie sur l’enracinement plutôt que sur la floraison.

7. Disposez les plantes

Avant de creuser, placez les plantes sur le terreau pour vérifier l’effet visuel. Pour une jardinière visible de tous les côtés: plante centrale au milieu, plantes de remplissage autour, et retombantes en bordure. Si vue d’un seul côté: plante vedette au fond, remplissage au centre, retombantes à l’avant.

8. Plantez

Creusez un trou pour chaque plant, insérez-le à la bonne profondeur, puis ajoutez du terreau pour combler et stabiliser. Tassez légèrement autour de chaque motte.

9. Arrosez abondamment

Arrosez à fond jusqu’à ce que l’eau s’écoule par le fond du pot. Cela assure que toute la motte est bien humidifiée.

10. Terminez avec quelques soins

Tuteurez si nécessaire, et placez la jardinière à la lumière – mais à l’abri du plein soleil pendant les premiers jours. Ensuite, installez-la à son emplacement final.


  1. Bravo pour cet article parfaitement synthétique : les choix à faire, puis les règles de réalisation.

  2. Quel bel article COMPLET !!!
    On y trouve que du BONHEUR !!
    MERCI ?

  3. Merci pour cet article complet et précis. Très inspirant !

  4. Article très intéressant. De toute façon, avec le Jardinier Paresseux et ses estimables successeurs, on apprend toujours des choses (qui d’ailleurs me serviront pour organiser ma jardinière de plantes aromatiques).
    Dans cette belle énumération de plantes décoratives, j’ai noté l’absence du muflier, ou gueule de loup (Anthirrhinum majus). Mais peut être cette plante bisannuelle et parfois vivace, est trop fragile pour les températures d’Amérique du Nord ? Elle est cependant assez rustique, dans mon jardin elles passent l’hiver sans protection et peut être au Canada, avec une couverture hivernale elles résisteraient. J’en ai planté quelques pieds dans un grand pot à l’abri sur la terrasse, et elle s’adapte très bien à l’intérieur, produisant des fleurs une grande partie de l’année.
    D’ailleurs notre regretté Lary avait écrit un article sur le sujet le 2 janvier 2019.
    https://jardinierparesseux.com/2019/01/02/2019-lannee-du-muflier/
    J’avais mis deux liens en oubliant que la modération ne laisserait pas passer.

  5. Vous mentionnez que le fait d’ajouter une couche de drainage c’est plutôt nuisible…
    Pourquoi est-ce nuisible!
    Merci