Préparer son jardin en contenant
Je me souviens de mon tout premier «jardin», dans une petite cour intérieure asphaltée, entourée de murs de briques. J’y avais placé une jardinière en plastique peu profonde, avec quelques plants de concombre. Sans le savoir, j’avais cumulé les erreurs: pas assez de soleil, contenant trop petit et arrosages irréguliers. Avec la chaleur, le terreau s’asséchait rapidement et mes pauvres concombres n’ont pas survécu assez longtemps pour produire un seul fruit.
Depuis, les choses ont bien changé. Après plusieurs déménagements, je vis maintenant en ville, dans un appartement avec une grande terrasse. Mon jardin est entièrement en pots. Bien que la pleine terre reste idéale, j’arrive à cultiver fines herbes, légumes et fleurs avec un bon rendement et relativement peu d’efforts.

Un jardin en contenants demande plus d’attention, c’est vrai… mais il est tout à fait possible d’en tirer de belles récoltes et beaucoup de plaisir. Voici quelques éléments qu’il est bon de connaître lorsqu’on souhaite créer un jardin en contenants – que ce soit sur un balcon, une terrasse ou toute autre surface pavée – et que j’aurais aimé savoir lorsque je préparais mon tout premier jardin.
Emplacement
Avant de commencer à planifier votre jardin en contenants, prenez le temps d’observer les caractéristiques de l’espace que vous souhaitez utiliser. Le choix des plantes dépend directement des conditions de cet emplacement et vous devrez peut-être l’adapter pour qu’il puisse bien accueillir des végétaux.
Luminosité
L’un des facteurs qui influencent le plus la croissance des plantes – et donc la réussite de vos cultures – est la quantité de lumière reçue. Il est essentiel d’observer l’emplacement choisi à différents moments de la journée et de noter le nombre d’heures de soleil direct. Ensuite, vous pouvez classer les zones selon trois catégories: plein soleil, mi-ombre ou ombre.
Les plantes de plein soleil ont besoin d’au moins 6 heures de soleil direct par jour pour bien se développer et fleurir pleinement. Les plantes de mi-ombre, quant à elles, préfèrent une exposition plus modérée, recevant entre 3 et 6 heures de soleil direct ou une lumière filtrée, comme celle qui passe à travers un feuillage léger ou une toile. Enfin, les plantes d’ombre tolèrent ou apprécient une luminosité plus faible, avec moins de 3 heures de soleil direct par jour, souvent en début ou en fin de journée.
Cela vous permettra d’adapter le choix des plantes aux conditions lumineuses réelles. N’oubliez pas que l’ensoleillement varie au fil des saisons en fonction de l’angle du soleil, de la présence d’obstacles comme les bâtiments voisins et même de la présence de feuilles dans les arbres environnants.

Vent
En hauteur, comme sur plusieurs balcons, le vent peut être particulièrement intense. Même au rez-de-chaussée, les bâtiments environnants peuvent créer des couloirs de vent ou provoquer des tourbillons. Le vent peut non seulement endommager vos plantes, mais aussi assécher plus rapidement le terreau dans les contenants.
Pour y faire face, vous pouvez choisir des plantes adaptées aux conditions venteuses, installer des dispositifs pour atténuer le vent comme une toile brise-vent, un treillis ou des panneaux ajourés, ou encore opter pour des pots plus lourds ou bien stabilisés afin d’éviter qu’ils ne basculent.
Eau
Toute plante a besoin d’eau. Contrairement à la pleine terre, où l’humidité peut remonter par capillarité, les contenants n’offrent pas cette réserve naturelle. Il faut donc surveiller de près l’humidité du terreau. Dans certains cas, le jardin en pot se trouve sous un autre balcon ou une structure qui bloque la pluie: il devient alors doublement important d’assurer un bon accès à l’eau.
Si vous êtes chanceux, il y aura une sortie d’eau directement sur place. Sinon, il faut penser à une méthode d’arrosage pratique. Pouvez-vous facilement remplir et transporter un arrosoir jusqu’à vos plantes? Devez-vous monter ou descendre des escaliers? Traverser un couloir étroit?
Il existe des boyaux d’arrosage souples avec un adaptateur pour robinet intérieur (cuisine ou salle de bain), ce qui peut grandement simplifier le travail. On peut aussi envisager un récupérateur d’eau, à condition que la source soit propre et sans éléments toxiques.
Dans tous les cas, comme l’arrosage doit être fréquent en culture en pot, il est important de bien réfléchir à la méthode utilisée. Cela peut même influencer l’emplacement de votre jardin… ou simplement limiter le nombre de pots que vous pourrez, de façon réaliste, entretenir sans vous décourager.
Un jardin poids lourd
Le poids total des pots, une fois remplis de terre et bien arrosés, peut être surprenant. Il est donc essentiel de vérifier la capacité de charge de votre balcon ou de votre terrasse, surtout si la structure est en bois ou si l’immeuble est ancien. Évitez de regrouper plusieurs bacs lourds au même endroit sans avoir évalué les risques et commencez petit: mieux vaut ajouter graduellement que devoir tout déplacer plus tard.
Contenants
Après l’emplacement du jardin, examinons de plus près le choix des contenants dans lesquels on va planter notre jardin. Que vous optiez pour des pots, bacs, jardinières, balconnières, caisses, barils, sacs de culture, contenants suspendus, tables potagères ou structures murales, le facteur le plus important pour le choix des contenants est la présence de drainage. Un contenant sans drainage peut facilement mener à une pourriture racinaire. Il est essentiel que le pot ait des trous de drainage pour éviter l’accumulation d’eau et la pourriture des racines.

Dimension
En ce qui concerne la taille, mieux vaut voir grand. J’utilise rarement des pots de moins de 30 cm de diamètre, ce qui équivaut à environ 20 litres de terreau (une chaudière de 5 gallons). Pour plusieurs cultures exigeantes comme les tomates, je privilégie plutôt des contenants de 40 litres ou plus. Il est généralement préférable de regrouper plusieurs plantes dans un grand pot que d’en disperser une multitude dans de petits contenants.
Plus un pot est grand, mieux il retient l’eau et plus il offre de stabilité thermique aux racines. Les petits pots, eux, ont tendance à surchauffer, à s’assécher rapidement et à limiter la croissance des végétaux, même si au total le volume des petits équivaut à celui des plus gros. Certaines vivaces, arbustes et même petits arbres s’adaptent très bien à la culture en pot, pourvu qu’on leur offre suffisamment d’espace pour croître. Le contenant devrait idéalement avoir un diamètre représentant environ la moitié de l’envergure à maturité de la plante.
Matériaux
Ensuite, on doit faire un choix sur les matériaux dont sont composés les contenants ainsi que leur couleur. Les contenants en plastique sont légers, peu coûteux et retiennent bien l’humidité, mais leur faible poids les rend moins stables en cas de vent. Il y a aussi des enjeux environnementaux. Les pots en terre cuite, très esthétiques, sont poreux, ce qui assèche le sol plus rapidement; ils sont aussi lourds et comme ils sont fragiles au gel, ils doivent être rentrés à l’intérieur l'hiver.
Les sacs de cultures en géotextile offrent une bonne aération et un excellent drainage, tout en étant très légers, mais ils s’assèchent vite et nécessitent un arrosage fréquent. Les bacs en bois, appréciés pour leur aspect naturel et leur pouvoir isolant, doivent être traités pour résister à la pourriture et peuvent subir des dommages pendant l’hiver. Enfin, les pots en métal sont très durables, mais ils ont tendance à surchauffer au soleil, ce qui peut nuire aux racines des plantes.
Couleur
La couleur des pots joue un rôle plus important qu’on ne le pense, surtout en extérieur. Les pots de couleur foncée, comme le noir ou le brun, absorbent davantage la chaleur du soleil, ce qui peut aider à réchauffer le sol plus rapidement au printemps ou dans les régions fraîches. Cependant, en plein été, cette chaleur accumulée peut devenir excessive et stresser les racines, surtout pour les plantes sensibles à la chaleur. À l’inverse, les pots de couleur pâle, comme le blanc, le gris clair ou le beige, réfléchissent la lumière et gardent le sol plus frais, ce qui est préférable pour les balcons très ensoleillés ou en période de canicule. Le choix de la couleur peut donc être un outil simple, mais efficace, pour mieux adapter vos contenants aux conditions climatiques de votre environnement.
Autres considérations
Plusieurs autres considérations sont importantes lorsqu’on choisit un contenant pour les plantes extérieures. La forme du contenant influence aussi sa stabilité: un pot évasé ou étroit à la base risque de basculer plus facilement au vent. Le poids du contenant doit être adapté à son emplacement: sur un balcon ou une terrasse en hauteur, des contenants trop lourds peuvent poser problème, tandis qu’en zone venteuse, un pot trop léger risque de se renverser. La mobilité est également à considérer: des poignées intégrées ou l’ajout de roulettes facilitent le déplacement de grands végétaux. Enfin, il ne faut pas négliger l’aspect esthétique!
Terreau
Puisque ce sont les racines qui vivent dans le terreau et qui fournissent eau et nutriments aux plantes, le choix du terreau est essentiel à leur santé.
Commençons par clarifier la différence entre terre et terreau: la terre de jardin, bien qu’adaptée aux plantations en pleine terre, est trop lourde et compacte pour les contenants. Elle draine mal et peut asphyxier les racines. En pot, on doit plutôt utiliser un terreau léger, aéré, capable de retenir l’humidité tout en assurant un bon drainage.
Recherchez un terreau contenant des matériaux comme la mousse de tourbe, la fibre de coco, la perlite ou la vermiculite. Ces composants améliorent la structure du terreau, favorisent l’aération et permettent une bonne rétention d’eau.

Assurez-vous de choisir un terreau spécialement conçu pour les contenants. Il peut être vendu sous différentes appellations: «terreau pour plantes en pot», «terreau pour bacs et balconnières» ou encore «terreau pour empotage».
Certains terreaux sont enrichis d’engrais à libération lente ou d’amendements organiques comme le compost. Cela dit, j’observe qu’en général, la quantité est insuffisante. J’ajoute donc systématiquement 5 à 10 % de compost (en volume) et je complète avec un engrais adapté, selon les besoins des plantes et les indications sur l’emballage.
Choisissez toujours un terreau de qualité: c’est la base d’un jardin en pot en santé!
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En contenant, les nutriments se délavent facilement à cause des arrosages fréquents et l’activité biologique du sol est réduite, ce qui rend l’ajout d’engrais important pour nourrir les plantes.
J’utilise le Bionik® 4-1-9 Fleurs annuelles et vivaces ou le Bionik® Fruits et légumes 4-1-9, selon ce que je cultive. Ces engrais biologiques québécois, à base de crabe, d’algues, de luzerne, et de minéraux marins, sont complets, efficaces et, dans la plupart des cas, ne nécessitent généralement qu’une seule application pour toute la saison.
(Et entre nous : si vous en manquez d’un, l’autre fera très bien l’affaire. Vos plantes ne lisent pas les étiquettes.)
Pour les plantes particulièrement gourmandes ou si je fais plusieurs semis successifs dans le même bac, j’ajoute une petite dose supplémentaire au bout de 6 à 8 semaines. Histoire de garder le terreau bien alimenté!
Treillis et support
En général, si l’on cultive en contenants, c’est qu’on dispose de peu d’espace. Pourquoi ne pas opter pour une plante grimpante? Cela permet de cultiver davantage dans un petit espace, tout en ajoutant un intérêt visuel vertical qui contraste joliment avec le reste des plantations. Certaines plantes peuvent s’agripper à des surfaces légèrement rugueuses, mais la majorité auront besoin d’un support adapté à leur mode de croissance.
Les plantes volubiles, comme la gloire du matin ou le haricot, s’enroulent d’elles-mêmes autour d’un support. Elles ont besoin d’un support de 4 cm de diamètre maximum, comme un petit poteau ou un treillis mince.

Les plantes à vrilles, comme les pois ou les concombres, développent de fins organes spécialisés qui cherchent à s’accrocher à des éléments minces. Elles grimpent mieux sur un treillis à mailles serrées ou un grillage, avec des montants d’un diamètre maximal de 4 mm, autour desquels elles peuvent facilement s’enrouler.
D’autres, comme la vigne vierge, s’accrochent seules à une surface verticale à l’aide de crampons ou de racines adhésives: elles n’ont pas besoin de treillis, mais exigent un mur rugueux comme du bois, de la brique ou du béton.
Enfin, les plantes sarmenteuses, comme la tomate, ne grimpent pas par elles-mêmes: elles produisent de longues tiges souples qu’il faut attacher manuellement à un support solide, comme un treillis robuste ou une cage à tomates.
Prêt à passer à l’action?
Avec toutes ces bases en main, vous êtes maintenant bien préparé à installer un jardin en contenants adapté à votre espace et à vos conditions. Mais la préparation ne fait pas tout.
Dans la deuxième partie, nous verrons ensemble comment mettre concrètement votre jardin en pots en action: du choix des plantes jusqu’à l’hivernage, en passant par l’arrosage, l’engrais, le rempotage et la rotation des cultures.
Merci Mathieu pour tes excellents conseils. Bien hâte de lire la suite!
Des informations fort pertinentes et très complètes.
J’adapte mes plans d’aménagement-balcon sur le champ!
Merci.
Merci pour les bons conseils,ça ne fait jamais de tort. Ça nous aide à raffiner nos habitudes de culture.
Très instructif, merci Mathieu! Bien hâte à la 2e partie aussi!
Belle description pratique.
Je viens de comprendre pourquoi mes pois mange-tout avaient du mal à grimper ces dernières années… supports trop gros! Comme les pousses viennent tout juste de se pointer le bour du nez (climat du bas-du-fleuve), je vais pouvoir rectifier le tir. Merci Mathieu!
J’avais besoin d’un petit incitatif pour m’y mettre, avec ces températures froides qui n’en finissaient plus (je suis à Mont-Tremblant) Vous m’avez redonné le goût! Merci