Le doryphore de la pomme de terre (Leptinotarsa decemlineata), communément appelée « bibitte à patates », est essentiellement spécifique à la pomme de terre (ou patate si vous préférez). On dit qu’il mangera, s’il faut, le feuillage des tomates, des poivrons, des daturas, des pétunias et d’autres plantes de la même famille, les solanacées, mais personnellement, en plus de 40 ans de jardinage, je n’ai jamais eu de problèmes de doryphore sur aucune autre plante.
C’est un insecte très facile à reconnaître: un coléoptère bombé ressemblant à une grosse coccinelle, de couleur jaune striée noire. Les larves sont orange marquées de points noires.
Il est très difficile à contrôler cet insecte sauf si… on élimine la pomme de terre de notre potager! C’est d’ailleurs ce que font certains jardins communautaires, aux prises avec des jardiniers qui traitent leurs pommes de terre avec tous les insecticides de la terre dans le but de s’en débarrasser, ce qui provoquent la courroux des voisins moins portés sur l’intoxication aux pesticides. Et c’est le conseil principal du jardinier paresseux: pas de patates, pas de doryphores. Cas réglé! Vous irez acheter vos pommes de terre au supermarché comme tout le monde.
Mais si vous tenez à tout prix à cultiver des pommes de terre malgré la nécessité de contrôler le doryphore, voici quelques trucs pour vous aider.
Mieux vaut prévenir que guérir
D’abord, si les doryphores ne sont pas encore arrivés dans vos plants, allez vite les couvrir d’une couverture flottante et fixez-la bien au sol. L’eau, l’air et le soleil peuvent pénétrer cette barrière, mais pas les doryphores.
Pour que cette technique fonctionne, il faut absolument que vous ayez fait une rotation de cultures, donc que vos pommes de terre poussent dans une section du potager où il n’y en avait pas l’an dernier, sinon, quand les doryphores sortent de terre (ils passent l’hiver dans le sol au pied de leur hôte de l’année précédente), ils se trouveront à l’intérieur de la barrière où ils pourront se délecter de vos plants de pomme de terre à l’abri de vos traitements!
Trop tard ?
Si les doryphores sont déjà arrivés, essayez l’un des traitements suivants :
- Ramassez à la main les adultes et les larves et écrasez-les ou déposez-les dans de l’eau savonneuse. Juste les faire tomber au sol suffit dans le cas des larves qui n’arrivent généralement pas à remonter sur la plante;
- Passez un aspirateur à main dans le feuillage pour ramasser les adultes et les larves;
- Cherchez et écrasez les œufs orange trouvés sous les feuilles;
- Libérez des larves de coccinelles prédatrices et espérez qu’elles ne s’envolent toutes;
- Traitez au Btt (si vous en trouvez!) Le Bacillus thuringiensis tenebrionis (Btt) est une souche de BT ciblant spécifiquement les larves de coléoptères comme le doryphore de la pomme de terre. Il ne faut pas le confondre avec le BTK (B. thuringiensis kurstaki), efficace contre les chenilles, ni avec le BTI (B. thuringiensis israelensis), utilisé contre les moustiques.
Le Btt a déjà été commercialisé, notamment dans les années 1990, mais sa courte durée d’efficacité, son coût élevé et l’arrivée d’insecticides chimiques plus pratiques ont mené à son retrait du marché. Aujourd’hui, bien qu’il soit toujours homologué au Canada, aucun produit à base de Btt n’est disponible pour les jardiniers amateurs. Il n’est accessible qu’à l’étranger, et encore là, difficilement.
- Enfin, le truc le deuxième plus «paresseux» (le premier étant de ne pas planter de pommes de terre): plantez vos pommes de terre non pas en rang, ce qui concentre l’odeur qui attire le doryphore, mais çà et là à travers les autres plantations. Souvent alors les doryphores n’arrivent même pas les trouver!
Ce texte a été publié pour la première fois sur ce blogue le 2 juin 2015. Il a été révisé et sa mise en page a été adaptée.