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Changements climatiques et arbustes résilients

Dans Changements climatiques et nos jardins, nous avons vu comment la matière organique aidait nos jardins à résister aux climats imprévisibles causés par les changements climatiques. Elle améliore la structure du sol, augmente sa porosité et sa capacité à retenir l’humidité, ce qui permet à nos plantes de mieux résister autant à la sécheresse qu’aux conditions excessivement humides. L’étape suivante pour protéger nos jardins contre le temps incertain est de choisir des plantes qui résistent à une variété de conditions et les arbustes sont particulièrement polyvalents en ce sens.

Particulièrement résilients

Les arbustes sont des champions de résilience! Contrairement aux vivaces, leurs racines profondes et étendues leur permettent de puiser l’eau en profondeur et de stabiliser le sol. Leur structure ligneuse les rend costauds face aux vents et aux tempêtes. Leur longévité les aide à survivre aux cycles de conditions difficiles et certains se multiplient efficacement par voie végétative, ce qui les rend excellents pour coloniser de nouvelles zones (parfois trop!).

Par exemple, la potentille frutescente est un arbuste populaire et résistant. Photo: Nahhan 

Comparés aux arbres, les arbustes ont l’avantage d’être plus petits et compacts, donc moins vulnérables aux dommages causés par les intempéries. Leur système racinaire est étendu, mais moins profond que celui des arbres, ce qui les aide à s’adapter rapidement aux variations de l’eau disponible. Ils se régénèrent plus facilement à partir de la base ou des racines. Les arbustes croissent plus vite et atteignent la maturité plus tôt, ce qui leur permet de se remettre et de se reproduire rapidement après des dommages.

Des arbustes qui s’adaptent à presque tout

Même si les arbustes sont généralement tolérants à une variété de conditions, certains le sont encore plus, comme ceux-ci qui tolèrent particulièrement bien la sécheresse ou un excès d’humidité. Bien sûr, ils ont chacun leurs préférences et il vaut toujours mieux choisir la bonne plante pour le bon endroit. Ces arbustes sont aussi très rustiques et adaptés au climat du Canada, tout en étant peu exigeants sur le plan de l’entretien.

Amélanchier à feuilles d’aulne (Amelanchier alnifolia)

L’amélanchier à feuilles d’aulne est un vrai champion de résilience et de polyvalence au jardin. Ses fleurs blanches à cinq pétales apparaissent très tôt au printemps, souvent avant même que les autres arbustes n’aient commencé à bourgeonner. La floraison est brève, mais spectaculaire: l’arbuste entier se couvre de petites fleurs blanches. Le feuillage, vert moyen, se pare de couleurs automnales éclatantes allant du jaune doré à l’orange et au rouille. Et n’oublions pas les baies! De petits fruits rouges qui virent au noir pourpré à maturité, délicieux et parfaits en cuisine, attirant aussi les oiseaux.

Les baies de l’amélanchier. Photo: Meggar

Pourquoi est-il plus résilient que les autres amélanchiers? Simple: il tolère une large gamme de sols, y compris les sols alcalins, et il s’adapte aux conditions climatiques variées. Que le sol soit humide ou qu’il y ait une petite sécheresse, pas de problème! Il supporte tout cela sans broncher. Et si vous optez pour des cultivars, vous aurez en plus une résistance accrue à la rouille, un problème courant chez cette espèce.

Côté entretien, rien de plus simple: la taille est peu nécessaire sauf pour favoriser une croissance plus dense. L’amélanchier à feuilles d’aulne atteint 2 à 3 mètres en hauteur comme en largeur, et s’adapte parfaitement au soleil ou à la mi-ombre.

Zone de rusticité: 2.

Comptonie voyageuse (Comptonia peregrina)

Photo: Fungus Guy

Si vous cherchez un arbuste polyvalent et facile à vivre, essayez la comptonie voyageuse. Cette plante indigène de l’est de l’Amérique du Nord est un véritable passe-partout, parfaite pour les jardiniers paresseux. Avec ses feuilles longues et étroites, profondément lobées et parfumées, elle ressemble plus à une fougère qu’à un arbuste traditionnel. En plus, son odeur balsamique se dégage même par temps chaud, ajoutant une note agréable à votre jardin.

La comptonie voyageuse s’adapte à presque tous les sols, qu’ils soient riches ou pauvres, humides ou secs, acides ou alcalins. Elle préfère les sols bien drainés, mais tolère également une certaine humidité, ce qui en fait une excellente option pour stabiliser les berges et les dunes. Résistante à la sécheresse et au sel, elle est idéale pour les zones côtières et le long des routes traitées au sel.

Cet arbuste forme un tapis dense grâce à ses rhizomes souterrains, parfait pour couvrir le sol et empêcher les mauvaises herbes. Cependant, il peut être envahissant, donc une barrière souterraine est recommandée pour contrôler son expansion. Avec peu de besoins côté entretien, la comptonie voyageuse est un choix idéal pour la naturalisation et comme couvre-sol dans les aménagements paysagers.

Zone de rusticité: 2a.

Cornouiller stolonifère (Cornus sericea)

Un jeune arbuste. Photo: Ryan Hodnett

Le cornouiller stolonifère est un arbuste nord-américain souvent utilisé pour la naturalisation et la stabilisation des berges, grâce à ses drageons abondants qui forment de vastes fourrés. Tenez-le-vous pour dit: le cornouiller stolonifère a tendance à se répandre. Avec son écorce rouge vif en hiver, il ajoute une touche de couleur aux paysages hivernaux.

Le cornouiller stolonifère pousse dans tous les types de sols, même les plus humides, et tolère les sols acides à alcalins. Cet arbuste est également résistant au sel et au compactage, ce qui en fait un excellent choix pour les bords de mer et les routes traitées avec des produits de déglaçage. Il peut atteindre 1,5 à 2 mètres de hauteur et jusqu’à 3 mètres de largeur, avec un port globulaire et irrégulier.

Il supporte très bien la sécheresse et l’humidité, prospérant dans des conditions variées sans demander beaucoup d’entretien. Une taille régulière des branches de plus de 3 ans est recommandée pour maintenir la couleur vive de ses jeunes rameaux. En plus, il attire les oiseaux et possède des fruits décoratifs.

Zone de rusticité: 2a.

Physocarpe à feuilles d’obier (Physocarpus opulifolius)

Photo: Eric Hunt

Le physocarpe à feuilles d’obier est un arbuste incroyablement résilient et polyvalent, parfait pour les jardiniers paresseux. Ce n’est peut-être pas la vedette du jardin, mais il sait se rendre indispensable. Avec une hauteur de 1,5 à 3 m et une largeur de 2 à 3 m, il s’adapte à presque toutes les conditions: soleil ou ombre, sol ordinaire ou riche, humide à sec, acide à alcalin, et il est même résistant au sel et au compactage. En gros, il pousse partout !

Cet arbuste produit de jolies fleurs blanches à la fin du printemps et des fruits colorés en automne. L’écorce exfoliante ajoute un intérêt hivernal, ce qui en fait un choix attrayant toute l’année. Côté entretien, c’est minimal: une taille occasionnelle des branches âgées de 4 à 5 ans après la floraison suffit, et une taille de rajeunissement peut être faite sur les vieux sujets. Il est parfait comme arrière-plan, haie, écran, ou dans des coins humides et plates-bandes.

L’espèce pousse presque partout en Amérique du Nord, mais on propose aussi des variantes voyantes à feuillage doré ou pourpré. C’est l’arbuste «sans problème» par excellence, robuste et adaptable, parfait pour ceux qui cherchent une plante facile et fiable.

Zone de rusticité: 2b.

Potentille arbustive (Potentilla fruticosa)

Photo: Jerzy Opio?a

La potentille frutescente, ou potentille arbustive, est un arbuste populaire, atteignant 0,3 à 1,5 m de hauteur selon les variétés, qui se distingue par sa floraison durant tout l’été, au soleil ou à la mi-ombre.

Ce qui rend la potentille frutescente encore plus intéressante, c’est sa tolérance aux conditions variées. Elle pousse aussi bien dans des sols bien drainés que dans des sols légèrement humides, résistant à la sécheresse et au compactage. Cette robustesse en fait un excellent choix pour les bordures, les couvre-sols, les haies, ou même les plantations en bord de mer.

Côté entretien, elle est très peu exigeante. Une taille occasionnelle pour enlever les branches âgées ou endommagées est suffisante. De plus, elle se multiplie facilement par boutures herbacées. Ses petites fleurs, souvent jaunes, mais parfois roses, orange ou rouges ajoutent une touche de couleur prolongée dans le jardin, même si elles peuvent pâlir au soleil intense.

Zone de rusticité: 2a.

Sureau du Canada (Sambucus canadensis)

Photo: Chase D’animulls

Le sureau du Canada, ou American Elder, est un arbuste robuste et adaptable. Avec une hauteur et un diamètre de 2,5 à 4 m, il pousse bien du soleil à l’ombre et s’adapte à presque tous les types de sols, bien qu’il préfère les sols humides. Il tolère aussi les sols secs, ce qui le rend très polyvalent.

En été, il produit de grandes cymes de fleurs blanches qui deviennent des baies noir pourpré en automne, attirant les oiseaux. Ces baies sont délicieuses cuites et utilisées dans les tartes, sirops, gelées, et même des vins et liqueurs. Cependant, un autre sureau à proximité est nécessaire pour une bonne pollinisation croisée.

Les baies de sureau sont délicieuses. Photo: Wikipedia

Le sureau du Canada est facile à entretenir. Une taille après la floraison favorise une croissance plus dense et permet de maintenir un arbuste compact. Il tolère bien une taille sévère, car il fleurit sur le bois de l’année.

Zone de rusticité: 3.

Viorne lentago (Viburnum lentago)

Photo: Keith Kanoti, Maine Forest Service, USA. Source: Wikipedia

La viorne lentago, ou alisier, est un arbuste indigène robuste et parfait pour des haies de bonne taille ou des écrans avec une hauteur de 2 à 6 mètres et une largeur de 2 à 3 mètres. Totalement résistant aux pucerons et aux galéruques, il est un choix sans souci pour votre jardin. Ses feuilles simples et elliptiques passent du vert pâle au vert foncé luisant en été, puis au rouge pourpré à l’automne, ajoutant une touche de couleur saisonnière.

Au printemps, la viorne lentago se pare de corymbes aplatis de petites fleurs blanc crème qui attirent abeilles et papillons. En automne, elle produit des fruits comestibles qui changent de couleur, passant du vert au jaune, au rose, puis au noir. Ces fruits, encore meilleurs après un gel, persistent souvent tout l’hiver, apportant un intérêt visuel supplémentaire.

La viorne lentago est très tolérante aux conditions de culture. Elle peut s’épanouir dans une gamme variée de sols, qu’ils soient humides ou secs, et pousse aussi bien au soleil qu’à l’ombre partielle. Sa capacité à tolérer la sécheresse et l’humidité en fait une plante extrêmement adaptable.

Zone de rusticité: 2a.


commentaire sur "Changements climatiques et arbustes résilients"

  1. Merci pour rendre disponible tous ces précieux conseils. Nous en avons grand besoin. Au plaisir!

  2. Vous lire est mon rituel matinal..,
    La comptonie voyageuse m’intéresse pour naturaliser une pente abrupte. À quelle profondeur devrait-t-on placer une barrière souterraine pour la contenir?
    Merci!

  3. Merci beaucoup pour vos conseils et j’aimerais savoir si l’amélanchier est résistant aux scarabées japonais

  4. Super c info..mais comment bien faire un contrôle racinaire pour les envahissantes en les plantant.merci

  5. Il y a bien longtemps, j’avais dans mon jardin une magnifique viorne Onondaga. Je ne connaissais pas grand chose à l’époque et j’ai eu bien du chagrin quand elle a été détruite par la galéruque. La viorne lentago pourrait-elle subir le même sort? Merci Mathieu pour toutes vos chroniques.

    • La viorne Onondaga (Viburnum plicatum ‘Onondaga’) et la viorne lentago (Viburnum lentago) sont toutes deux vulnérables à la galéruque de la viorn

  6. Merci, je vous lis religieusement chaque matin.
    Aujourd’hui, dans votre liste d’arbustes, vous ne parlez pas du Salix? Pas un bon arbuste?

    Louise

  7. Merci pour ces bons conseils Mathieu!

  8. Bonjour,
    J’ai un amélanchier d’environ 20 ans, qui depuis 6 ans perd énormément de feuilles au printemps. Les feuilles deviennent oranges et tombent. J’imagine que c’est la rouille.
    Comment faire pour l’éviter, cela est-il possible?
    Merci de continuer à nous inspirer à tous les jours.
    Claire

    • Pour prévenir et contrôler la rouille sur votre amélanchier, enlevez et détruisez les feuilles tombées et taillez les branches infectées pour améliorer la circulation de l’air.

  9. Besoin toujours de renseignements

  10. Bonjour , pour acheter un de ces merveilleux arbustes à l avance , j imagine que ce n est pas dans toutes les pépinières , qu on peut les retrouver ,, j aimerais en planter plusieurs le long de la route sur mon terrain ,, avez vous une liste de fournisseur ,,?
    Merci