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Inviter les oiseaux au jardin avec les plantes indigènes

Par Julie Boudreau

Je fais l’essentiel de la rédaction pour ce blogue, confortablement installée devant ma grande table de cuisine en bois. C’est qu’elle donne, via la porte patio, sur mon beau jardin fouillis, tout vert et inspirant. Il me suffit de tomber en contemplation quelques minutes pour voir passer de nombreux oiseaux. Ils s’arrêtent, pour se nourrir à même les arbres et arbustes de mon jardin.

Un jaseur d’Amérique impatient de voir mûrir les fruits de cet amélanchier. Photo: Pixabay

Un jardin, ce n’est pas qu’une histoire de plantes! Quel spectacle me donnent à voir les oiseaux!

Fait intéressant, les deux plantes de mon jardin qui sont les plus visitées par les oiseaux sont des plantes indigènes. Ce n’est pas étonnant. Si certains oiseaux ont choisi de s’installer dans le nord de l’Amérique du Nord pour leurs vacances d’été, c’est que notre flore leur procure une quantité suffisante de nourriture qu’ils apprécient.

Mes deux aimants à oiseaux

Dans mon jardin, c’est le sumac vinaigrier (Rhus typhina) qui est le grand favori. Dès que les fruits commencent à rougir, ce petit arbre est visité tant par les oiseaux fructivores que les oiseaux insectivores. C’est que les grappes denses de petits fruits rouges et poilus attirent aussi de nombreuses larves et insectes. Ainsi, le merle d’Amérique et la petite mésange à tête noire le visitent régulièrement. Tous les petits oiseaux bruns, comme les bruants et les moineaux (de plus en plus rares chez moi) sont aussi des visiteurs occasionnels. À l’automne, ce sont les colonies d’étourneaux sansonnets et de quiscales bronzés qui viennent faire le plein, les uns pour se préparer à l’hiver, les autres en vue de leur grande migration.

Les fruits du sumac vinaigrier sont appréciés par de nombreux oiseaux. Photo: Daniel Fuchs

L’autre petit arbre très convoité des oiseaux est le cornouiller à feuilles alternes (Cornus alternifolia). Dès qu’elles virent au bleu foncé, presque noir, les baies sont dévorées par les jaseurs boréaux. Leur sifflement caractéristique me fait tendre l’oreille et tout de suite, je sais que c’est dans le cornouiller que je les trouverai. En quelques jours, ils engloutissent tout ce qu’il y a à manger. Puis, on ne les revoit plus! Mais le spectacle de ces oiseaux magnifiques mérite d’être savouré!

Les amélanchiers, plantes aux mille qualités

Ces mêmes oiseaux vont aussi se faire un plaisir de dévorer toutes les baies des amélanchiers (Amelanchier spp.), que ce soit les espèces sous forme d’arbres (Amelanchier canadensis) ou d’arbuste (A. alnifolia). Pour notre plus grand malheur, les oiseaux aiment ces baies comestibles juste un peu moins mûres que nous. Combien de fois ai-je vu un bel amélanchier rempli de fruits, en me disant «demain, je récolte!», pour me retrouver devant un arbre dénudé à l’heure convenue? Ils, les oiseaux, font ça aussi avec les cerises…

Les amélanchiers sont devenus, avec le temps, la plante favorite de bien de jardiniers, en raison de leur grande rusticité (jusqu’en zone 2) et de leur beauté en toute saison. La plante produit de belles fleurs blanches, très tôt au printemps, suivies des baies consommées par les oiseaux. À l’automne, le feuillage prend une belle coloration orangée et, l’hiver, on profite de la belle écorce grise des troncs. Sous forme d’arbre à tronc unique, on optera pour l’amélanchier du Canada ou l’amélanchier glabre (Amelanchier laevis), aussi indigène au Québec. L’amélanchier à feuilles d’aulne (A. alnifolia) quant à lui, est un gros arbuste d’environ 2 mètres de hauteur qu’on installera comme arrière-plan au reste de l’aménagement.

Les viornes, mais pas celles qu’on penserait

On met souvent l’accent sur le pimbina (Viburnum trilobum) comme étant une plante très intéressante dans l’alimentation des oiseaux, mais à ma connaissance, les oiseaux ne mangent ces fruits qu’en dernier recours. En effet, les fruits du pimbina, au «bon goût» de fromage de chèvre, persistent sur la plante jusque tard en hiver. C’est donc dans le marasme d’un hiver particulièrement frigorifique que les fruits de cette viorne formeront l’essentiel de l’alimentation de survie. Toutefois, les autres viornes, notamment la viorne flexible (Viburnum lentago), sont plus populaires devant la gent ailée, et ce, en fin d’été quand les fruits sont frais et sucrés.

Dans l’aménagement, les viornes sont intéressantes lorsqu’elles sont en fleurs ou lors de la fructification. La plupart ont aussi de très belles colorations d’automne. Toutefois, le feuillage est souvent attaqué par les insectes. C’est pourquoi on les installe un peu en retrait ou en arrière-plan dans les plates-bandes.

Les sureaux attirent de beaux oiseaux!

Les petites baies des sureaux, que ce soit le sureau blanc (Sambucus canadensis) ou le sureau à grappes (Sambucus racemosa) vont aussi attirer des dizaines d’espèces d’oiseaux. Ils nourrissent notamment des oiseaux peu communs, comme le piranga écarlate, le cardinal à poitrine rose, la grive fauve ou le viréo aux yeux rouges. C’est donc un must pour les birders aguerris! Bien sûr, le merle d’Amérique et le cardinal rouge sont aussi des visiteurs assidus des buissons de sureaux.

Les sureaux étant de grands arbustes, ils sont intéressants, adossés à la maison ou à une clôture. On prendra soin de cultiver les espèces indigènes, beaucoup plus fiables que les cultivars élégants. Vive la simplicité!

Le sureau du Canada produit des baies minuscules et très décoratives… qui disparaissent vite! Photo: Gilles Ayotte – Wikimedia Commons

Enfin, on ne peut passer sous silence l’importance des larges massifs de framboisiers et de mûriers (Rubus spp.). Ces petits fruits vont aussi attirer de nombreux oiseaux (et des humains aussi!). Les arbres et arbustes à fruits «juteux» ne sont qu’un des groupes de plantes indigènes capables d’attirer les oiseaux dans la cour. D’autres plantes, produisant des fruits secs, seront plus intéressantes pour les oiseaux granivores. Puis il y a toutes celles qui fournissent des abris et des matériaux pour construire des nids.

L’observation des oiseaux est une extension naturelle au jardinage tout comme l’est la connaissance des insectes ou des papillons. Les plantes indigènes contribuent à la création de microhabitats convoités par cette vie que l’on veut contempler encore et encore!

Étiquettes + Plantes indigènes, Nourrir les oiseaux


commentaire sur "Inviter les oiseaux au jardin avec les plantes indigènes"

  1. Bel article, nous avons planté dans notre cour un amélanchier…nous avons partagé les fruits avec papa et maman merle qui allaient et venaient de leur nid qui était dans la haie de chèvrefeuille à l’amélanchier. Pour compléter le tout nous avons mis un bain d’oiseau. Quel spectacle !

    • Merci Juluie¸surtout à cette période de nos plus belles couleurs de fleurs et nos chants d`oiseaux¸quoi de mieux¸merci à toutes ces références¸pour ces nouveaux jours¸encore plus Merveilleux “Merci”

  2. Bonjour Julie , ici aussi plein d arbuste et de petit arbre pour nourrir les oiseaux . Peut être pourras tu répondre à ma question , j ai un sureau noir , très gros , depuis plusieurs année il fleurit, mais ne fait aucun fruit , pourquoi ? Merci

  3. J’apprécie beaucoup vos explications sur tout ce qui concerne notre belle nature,qu’elle soit végétale ou animale,merci beaucoup?

  4. J’apprécie beaucoup vos explications sur tout ce qui concerne notre belle nature,qu’elle soit végétale ou animale,merci beaucoup?

  5. Il y a quatre ans, j’ai planté un Amélanchier pour célébrer la naissance de mon petit fils!
    Quelle bonne idée!

  6. Merci beaucoup pour toutes ces informations intéressantes. Après avoir consacré des années à garnir mon terrain de fleurs et vivaces, mon intérêt est maintenant vers les oiseaux. J’ai commencé à planter plusieurs variétés d’arbres qui attirent les oiseaux. Un pur bonheur! J’ajouterai avec plaisir certains arbres mentionnés dans cet article.

  7. Merci encore pour ces articles si intéressants.
    L observation d’un jardin rempli d oiseaux est la meilleure thérapie qui soit !!!

  8. Merci pour ce bel article qui me donne des envies d’arbres et arbustes à fruits et à oiseaux! Mais je n’ai qu’une grande terrasse. Y aurait-il de petits arbustes “à oiseaux” qui puissent survivre à l’hiver en pot? Merci!

  9. ?????????

  10. Désolé, j’avais mis des dessins de petits oiseaux et c’est le ? qui est apparu.
    Magnifique blogue

  11. Et que dire de l’odeur des fleurs du sureau blanc. Une odeur douce vanillé qui embaume l’espace.

  12. Très intéressant comme tu nous as habitué… Dans le cornus alternifolia, j’y ai vu des viréos aux yeux rouges venir s’y nourrir des baies… Amélanchier, un must ! Merci et bonne fin d’été !

  13. Je ne savais pas que les vinaigriers étaient si intéressants pr les oiseaux!
    Merci et bonne journée avec vos oiseaux.

  14. Merci Julie pour cet article au sujet des arbustes et des oiseaux. Belle observation, contemplation même.
    Oasis de calme chez soi. Au plaisir Passe un bel été.

  15. Merci pour un autre article intéressant. Je tente moi aussi de privilégier les plantes indigènes chez moi ! Comme plusieurs j’ai planté un amélanchier dont je peux que rarement goûté à ses fruits. Mais ce n’est pas grave 🙂

    J’aime aussi mes sumacs vinaigrier qui se sont invités chez moi. Je les trouve si beaux… mais c’est l’enfer à quel point ils se répandent que je suis à regretter d’avoir voulu les garder. Je suis déchirée et ne sais plus comment faire. Je fais attention pour ne pas couper les racines pour ne pas leur donner envie de ne pas se répandre d’avance, mais ça ne semble pas faire une grande différence. Ils s’invitent à présent dans mon potager dont je crains les répercussions ne sachant pas comment freiner sa course. Tout un casse-tête 🙁

  16. SVP quelles plantes cultiver pour attirer les oiseaux qui consomment graines et fruits secs???

  17. “Combien de fois ai-je vu un bel amélanchier rempli de fruits, en me disant «demain, je récolte!», pour me retrouver devant un arbre dénudé à l’heure convenue?”
    On se demande même s’ils ne lisent pas dans nos pensées : un matin au jardin j’avais constaté que les groseilles étaient à point pour les cueillir. Comme l’heure du repas approchait et que je n’avais pas de récipients pour loger ma cueillette, j’ai décidée de revenir l’après midi. Quand je suis arrivé les étourneaux m’avaient devancé de peu : plus une seule baie sur les groseillers. J’étais “colère ” !

  18. Mon voisin a un vinaigrier donc de ce côté la tout va bien
    Nous avons des mangeoirs pour les oiseaux ,ainsi qu’un plat d’eau essentiel
    Depuis 2 ans j’achète les sacs de semences pour jardins pollonisateur…une belle arnaque pour ce qui est de cette année,très peu de fleurs ,des tiges enormes avec ce quiressemblerait a de l’aneth géantes et des plantes inconnus…alors je dirais qu’au regard du prix ca fait chère pour de la mauvaise herbe ou du moi s des herbes sans fleurs,