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Dischidia: origine, variétés et conseils de culture

Photo par Plantofsingapore.

On parle souvent des hoyas, qui sont des plantes d’intérieur attrayantes, parfois fleuries et de culture facile. À vrai dire, on en parle tellement qu’on oublie parfois de parler à sa cousine, que dis-je, de sa sœur, le dischidia, de culture presque aussi facile. C’est donc aujourd’hui qu’on met en lumière cette plante d’intérieur méconnue.

Origine

On retrouve les dischidias dans la nature en Asie du Sud-Est, dans les régions tropicales, et certaines espèces se retrouvent aussi en Océanie. Cette plante de petite stature, appartenant au genre des Apocynacées, demeure relativement inconnue et est encore peu étudiée. Des Apocynacées, on cultive dans nos intérieurs, évidemment, les hoyas, mais également les Laurier-rose (Nerium oleander).

Ici, D. bengalensis. Photo par Tubifex.

Description

Si j’ai commencé cet article par une comparaison avec les hoyas, c’est que les dischidias leur ressemblent vraiment beaucoup, et cela sur plusieurs aspects. De nature épiphyte (c’est-à-dire que la plante pousse sur l’écorce d’un autre arbre ou au creux d’une branche, sans pour autant parasiter son hôte), le dischidia peut être grimpant ou retombant. Les feuilles sont succulentes, ovales ou cordiformes et opposées sur les tiges.

À la différence des fleurs des hoyas, les fleurs blanches, crème ou roses des dischidias qui poussent à l’aisselle des feuilles sont de petite taille: elles sont généralement décrites comme étant plutôt insignifiantes.

On peut voir les discrètes fleurs blanches de ce D. nummularia, photo par Krzysztof Ziarnek.

En revanche, là où les dischidias se distinguent positivement des hoyas, c’est par l’asymétrie de certaines feuilles: en effet, chez plusieurs espèces, il pousse une fois de temps en temps une feuille beaucoup plus grosse et creuse, dont la fonction dans la nature est de former un genre de poche où peuvent se réfugier les fourmis. En échange, les fourmis peuvent défendre la plante contre les parasites, la nettoyer ou la nourrir de leurs excréments. On dit de ces dischidias qu’ils sont myrmécophytes, c’est-à-dire qu’ils ont une relation symbiotique, mutuellement positive, avec les fourmis (ce qui, pour la culture des plantes d’intérieur, est un sujet passionnant de discussion avec les invités, mais qui a relativement peu d’usage. Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai personnellement pas trop envie d’avoir une relation myrmécophile avec des fourmis dans mon salon!).

Un bel exemple des deux types de feuilles de D. vidalii sur cette photo de Steve Fitzgerald. Pour plus d’informations sur les plantes à fourmis, découvrez l’article Plantes à fourmis dans votre salon!.

Variétés

Les principales variétés qui sont myrmécophytes sont D. major, D. vidalii, D. platyphylla, D. complex, D. imbricata et D. astephana. Elles tendent toutes à former ces feuilles plus grosses évoquées plus haut, sauf D. complex, dont les feuilles poussent normalement si elles sont retombantes et collées contre l’écorce d’un arbre et si elles disposent d’un support; à ce moment, les feuilles de D. complex deviennent bombées et servent d’abris aux fourmis. C’est la même chose pour D. imbricata qui pousse, comme son nom l’indique, imbriquée sur l’écorce d’un arbre. Quant à D. platyphylla, elle ne s’embête pas avec ces détails et peut faire à la fois des abris gonflés en suspension ou des abris bombés collés sur le support. Finalement, les racines de D. astephana poussent à l’intérieur de fourmilières, où elles peuvent à leur guise avoir accès à des nutriments.

C’est de cette manière que les feuilles de D. imbricata ou de D. platyphylla se collent à l’écorce pour former de petites maisons à fourmis. Photo de D. platyphylla par Beah Vega.

Cela étant dit, il est plutôt rare de trouver ces plantes si particulières dans les centres du jardin, surtout au Québec. On voit parfois D. vidalii apparaître, avec ses feuilles légèrement pointues et les boutons roses de ses fleurs (qui ne s’ouvrent jamais). On la retrouve aussi sous le nom D. pectinoides et, à ce jour, il semble que les botanistes n’aient pas encore déterminé quel nom est celui à garder. Elle est de culture aisée.On peut aussi chercher D. major, mais elle est plus délicate que la précédente. Ses feuilles sont plus allongées et épaisses.

Les feuilles de D. major me font un peu penser à des piments qui ne sont pas encore tout à fait fermes. Photo par Krzysztof Ziarnek.

D. ruscifolia

Il existe d’autres dischidias qu’on peut dénicher de temps en temps; cependant, les plantes présentées ci-dessus sont prisées pour leurs fonctions esthétiques uniquement, car elles ne sont pas myrmécophytes. Ma préférée est D. ruscifolia, qu’on appelle aussi «plante aux mille cœurs» (Million Hearts ou String of Hearts, en anglais). Les fleurs cordiformes poussent densément sur les pétioles très courts de cette plante miniature. On la voit entièrement d’un vert brillant ou panaché avec du blanc.

Photo du feuillage dense de D. ruscifolia variegata par Kai Yan – Joseph Wong.

D. oinantha est une variété de culture aisée au feuillage ovoïde. On la retrouve souvent en version panachée, avec des feuilles d’un vert blanchâtre au pourtour blanc, pour un effet lumineux. Même chose pour D. nummularia, avec ses feuilles plus petites et son port bien dense, qu’on retrouve vert ou panaché de blanc. Un cultivar vaut la peine d’être mentionné: sous une belle lumière, les feuilles presque rondes de D. nummularia ‘Dragon Jade’ couvriront complètement la tige tant elles seront serrées.

D. oiantha par Yercaud-elango.

Encore plus rares, on peut chercher D. ovata, dont les petites feuilles pointues sont garnies de veines blanches qui font un peu penser à la peau d’une pastèque – ou D. hirsuta, dont les feuilles texturées sont parfois couvertes de petits poils (en fait, l’apparence de cette plante est décrite comme très variable selon les conditions de culture, donc les poils ne sont pas garantis malgré le nom). Finalement, mention d’honneur pour D. albida, dont le Jardinier paresseux vantait les mérites en 2017.

Photo de D. hirsuta, par Steven Walling.

Conseils de culture

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Lumière

Si les hoyas acceptent bien la lumière faible, ce n’est pas tout à fait le cas pour les dischidias. Idéalement, la plante pousserait en lumière vive avec un peu de soleil direct le matin ou en fin de journée. On peut la sortir dehors l’été et elle s’en portera très bien. Par contre, elle peut s’étioler en situation de lumière moyenne.

Arrosage

Cette plante strictement succulente demande que le terreau s’assèche avant qu’on ne l’arrose. À part pour les variétés à petites feuilles (notamment ma très chère D. ruscifolia), on peut même attendre que les feuilles se rident un peu avant d’arroser. Tous les dischidias sont très sujets à la pourriture du terreau.

Une plante qui pousse densément dans un petit pot peut gagner à être arrosée par bassinage.

Humidité atmosphérique

À la différence d’autres succulentes, les dischidias poussent beaucoup mieux sous une humidité ambiante élevée – ils sont, après tout, d’origine tropicale. Les variétés à culture plus délicate (D. major, D. ruscifolia, D. hirsuta) peuvent souffrir du manque d’humidité, particulièrement l’hiver. Cela étant dit, ces plantes restent très faciles à cultiver et ne se plaignent pas trop de la sécheresse de l’air.

Terreau et rempotage

Un terreau très drainant est absolument nécessaire pour cultiver ces plantes épiphytes. Les mélanges pour orchidées sont très appropriés, ou tout terreau additionné de perlite, de vermiculite ou de morceaux d’écorce.

Les dischidias ne poussent pas très vite et n’ont pas un système racinaire très développé. Il est rarement nécessaire de les rempoter, sauf si les racines dépassent amplement par les trous de drainage ou qu’on n’arrive plus à arroser suffisamment (ce qui est relativement rare). Photo de D. oiantha ‘Geri’ par Epiforums.

Engrais

Les dischidias peuvent être fertilisés par le terreau ou sur le feuillage directement, un peu comme on le ferait avec des orchidées. Il n’est pas clair si ce sont des plantes gourmandes: les épiphytes demandent généralement peu de fertilisation, on donnera par exemple la moitié de la dose recommandée, mais le fait que les plantes myrmécophytes produisent des feuilles pour attirer les fourmis suggère qu’elles apprécient une fertilisation régulière. Dans tous les cas, il faut fertiliser uniquement les plantes qui sont en croissance active.

Température

Des températures chaudes d’au moins 15 °C sont nécessaires pour rappeler ses origines tropicales.

Entretien

Les dischidias demandent peu d’entretien. Les feuilles sont très tenaces sur la tige et peuvent faire pour une potée bien garnie pour qui a la patience de les laisser pousser à leur rythme. On peut raccourcir les tiges trop longues et encourager la plante à développer des ramifications pour un port plus dense. Attention: les tiges coupées produisent une quantité copieuse de sève laiteuse qui peut être irritante. Arroser la blessure à l’eau froide permet de réduire la coulée.

Les plantes qui poussent contre un mur peuvent tenter d’y adhérer à l’aide de leurs racines adventives. C’est un problème surtout en condition d’humidité élevée, comme avec un humidificateur constant ou à l’extérieur. Les dischidias peuvent être difficiles à décoller et laisser une trace sur leur support, le cas échéant.

Un entretien plus particulier est réservé aux plantes panachées: il s’agit tout simplement de retirer les tiges entièrement vertes, plus entreprenantes et qui peuvent finir par dominer la plante. Cet effort n’est nécessaire que si vous désirez conserver une plante entièrement panachée (personnellement, j’aime bien bouturer les plantes vertes et ainsi avoir une plante traditionnelle dans un pot séparé de la plante panachée). L’autre revers de cet entretien est de supprimer les tiges entièrement blanches, qui ne peuvent produire de photosynthèse et deviennent donc des tiges parasitant leur hôte.

Selon certains témoignages, c’est D. ovata qui est le dischidia le plus facile à l’intérieur. Il pardonne apparemment très bien les écarts de culture. Photo par Krzysztof Ziarnek.

Multiplication

Les dischidias se multiplient facilement par boutures de tiges. On peut faire des boutures dans l’eau comme dans le terreau, ce qui est généralement la technique préconisée. Pour les boutures dans la terre, il est nécessaire de garder le terreau légèrement humide, mais surtout l’humidité ambiante élevée en recouvrant la bouture d’un sac de plastique transparent.

Problèmes

  • Peu de problèmes affectent les dischidias bien traités.
  • Les plantes trop arrosées tendent à rapidement pourrir. La parcimonie est de mise!
  • Les plantes stressées peuvent perdre leurs nouvelles feuilles: surtout lors d’arrosages trop espacés ou d’humidité ambiante très basse. Mise à part cette perte, ils reprennent bien de ces écarts, pourvu que les conditions de culture soient rectifiées.
  • Les dischidias pourraient être attaqués par des insectes ravageurs généralistes, tels les cochenilles et les thrips – mais ils ne semblent pas être leur plat de prédilection. 

Toxicité

Mis à part leur sève parfois irritante, les dischidias ne sont pas toxiques. Certaines espèces, tout au plus, peuvent causer des inconforts gastrointestinaux brefs.

Conseils de présentation

Les dischidias peuvent grimper le long d’un morceau d’écorce, surtout en condition bien humide, mais sont plus souvent présentés en suspension. Ils font de bonnes plantes pour des kokedama.

Conclusion

Si cet article vous a donné envie de cultiver cette plante facile, je vous souhaite surtout bonne chance pour en dénicher une dans un centre du jardin. Une fois que vous l’aurez trouvée, si vous ne l’arrosez pas trop, vous pourrez probablement la cultiver pour de nombreuses années à venir, sans la rempoter une seule fois. Vive les dischidias pour les jardiniers paresseux!

D. ruscifolia, ma préférée, par Krzysztof Ziarnek.

Étiquettes + Dischidia


  1. Merci Colin de nous faire découvrir de  »nouvelles  » plantes de ce genre.
    Je ne connaissais que le hoya qui fait de grosses fleurs et s’étend en longueur.

  2. Une plante méconnue dont certaines variétés rappellent le Peperomia Hope avec ses feuilles succulentes. Je dirais que pour apprécier les variétés retombantes chez soi, il faut avoir beaucoup d’espace et aimer l’aspect jungle.
    Merci pour cette découverte!

  3. Lors d’un échange de boutures de hoyas une collègue m’a offert D. Ovata et D. Hirsuta. Mignonnes à souhait ces plantes sont de petits bijoux qui prennent peu de place. Vos conseils de culture tombent à point!

  4. Super article
    Où peux t on trouver ces petites merveilles ou une de ces petites merveilles ?
    Merci de bien vouloir me répondre

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