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Entretenir son jardin en contenant en toute saison

Votre jardin en pots est maintenant aménagé, et vous avez choisi et planté vos végétaux. Mais comme tout jardin cultivé en contenants est un milieu plus artificiel qu’un jardin en pleine terre, il demande un peu plus d’attention. Cela dit, rassurez-vous: il existe plusieurs astuces pour vous simplifier la vie. Je peux vous l’assurer, on peut très bien paresser dans un jardin en pots!

Arrosage

La règle de base pour l’arrosage en pot est simple: arrosez abondamment jusqu’à ce que toute la motte soit bien imbibée, puis attendez que le terreau soit presque sec avant de recommencer. Malheureusement, il n’existe pas de fréquence universelle: tout dépend de la météo, de l’exposition, du type de pot, du terreau et des plantes.

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Par temps chaud et sec, un arrosage quelques fois par semaine – voire tous les jours pour les paniers suspendus – peut être nécessaire. Mais lorsqu’il pleut souvent, il se peut que vous n’ayez pas besoin d’arroser du tout. Vérifiez l’état du terreau régulièrement, sauf en cas de pluie abondante.

Quelques méthodes peuvent vous aider: toucher le terreau avec le doigt, peser le pot (utile surtout pour les petits formats), utiliser un humidimètre (avec prudence, car il peut donner de faux résultats en sol minéralisé), ou observer les feuilles. Si elles pâlissent ou flétrissent, la plante est très assoiffée – mais il est parfois trop tard. En cas d’urgence, plongez le pot dans un seau d’eau pour réhydrater complètement la motte. Avec un peu d’expérience, vous apprendrez à reconnaître les signes annonciateurs et à adapter votre routine d’arrosage aux conditions du moment.

Méthodes d’arrosage

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Plusieurs options s’offrent à vous pour arroser vos plantes en contenants:

  • Arrosoir: idéal pour un petit nombre de pots. Pratique pour ajouter de l’engrais soluble, mais rapidement contraignant si les contenants sont nombreux ou difficiles d’accès (paniers suspendus, étagères élevées).
  • Boyau d’arrosage: pratique et polyvalent, il permet d’arroser facilement une grande surface ou plusieurs pots à la fois. Pour les balcons ou terrasses sans robinet extérieur, on peut installer un adaptateur sur le robinet de cuisine. En y ajoutant une lance d’arrosage, on évite de se pencher et on facilite l’arrosage des pots suspendus.
  • Irrigation au goutte-à-goutte: c’est un système d’arrosage composé d’un boyau principal auquel sont branchés de petits tuyaux («tuyaux-spaghettis») menant à chaque pot. À l’extrémité de ces tuyaux, des goutteurs libèrent l’eau une goutte à la fois directement au pied de chaque plante. Ce système peut être relié à une minuterie pour automatiser les arrosages. Idéal pour les grandes collections de pots ou les jardiniers paresseux!

Économiser l’eau

Pour arroser nos pots et jardinières, on utilise généralement de l’eau potable – une ressource précieuse que plusieurs municipalités cherchent à encadrer. Heureusement, plusieurs stratégies permettent de réduire la consommation d'eau sans nuire à la santé des plantes.

L’irrigation au goutte-à-goutte, combinée à une minuterie réglée tôt le matin, arrose lentement et directement à la base des plantes, limitant ainsi l’évaporation et le ruissellement. Le paillis (feuilles, BRF, compost) protège la surface du terreau, tandis que le double empotage — qui consiste à placer un pot plus petit à l’intérieur d’un pot plus grand — offre une meilleure isolation contre les écarts de température, ralentissant le dessèchement.

Système d'irrigation au goutte-à-goutte. Source: Lee Valley

Des gestes simples peuvent aussi aider: regrouper les pots pour créer un microclimat, les placer à la mi-ombre en période de canicule (même pour les plantes «de plein soleil»), ou utiliser des pots plus grands pour offrir un volume de terreau accru, qui retiendra mieux l’eau.

Enfin, pensez à récupérer l’eau de pluie avec un baril sous une gouttière. Cette eau non chlorée est souvent mieux tolérée par les plantes, mais attention: elle peut contenir des contaminants. Évitez de l’utiliser sur les feuilles ou sur les légumes consommés crus.

En cas d’absence prolongée

Partir en vacances peut être stressant pour les jardiniers, surtout en été. Pour éviter que vos plantes ne souffrent de la sécheresse en votre absence, commencez par regrouper vos pots dans un endroit ombragé: cela réduit l’évaporation et simplifie l’arrosage pour la personne qui vous remplace. Si personne ne peut passer, installez un système d’irrigation au goutte-à-goutte, bien programmé et testé quelques jours avant le départ. Vous pouvez aussi utiliser des mèches capillaires (comme de vieux lacets humidifiés) qui relient le terreau à un seau d’eau: l’humidité remonte graduellement vers les racines. Une autre option consiste à transformer une bouteille de 2 litres en mini-réservoir: percez un petit trou dans le bouchon, retournez-la et plantez le goulot dans le terreau. Dans tous les cas, testez vos systèmes à l’avance – il vaut mieux faire quelques ajustements que trouver des plantes mortes à votre retour!

Engrais

Les plantes en contenants ont des besoins nutritifs accrus, notamment à cause du lessivage des minéraux par la pluie et les arrosages fréquents. Pour soutenir leur vigueur et favoriser une floraison abondante, une fertilisation régulière est essentielle.

Deux options s’offrent à vous:

  • Les engrais solubles (poudre ou liquide) à diluer dans l’eau d’arrosage. Mieux vaut les utiliser à faible dose à chaque arrosage, plutôt qu’en grande quantité une fois par mois. On peut les appliquer à l’aide d’un arrosoir, d’une lance avec chambre d’engrais ou d’un injecteur branché à un système goutte-à-goutte.
  • Les engrais à libération lente, sous forme de granules ou de poudre, se mélangent au terreau à la plantation. Ils diffusent les nutriments sur plusieurs mois, réduisant ainsi la fréquence des apports. En cas de plantes exigeantes ou de semis successifs, un apport supplémentaire en mi-saison peut être utile. C’est la méthode que je privilégie, car elle simplifie grandement l’entretien.

En complément, les engrais foliaires, appliqués à très faible concentration sur le feuillage, offrent un coup de pouce rapide en cas de carence (ex.: jaunissement). Les extraits d’algues sont particulièrement intéressants pour leurs oligo-éléments.

Évitez les engrais trop concentrés, comme les formules 30-30-30 ou 20-20-20, qui peuvent entraîner une accumulation de sels minéraux et brûler les racines. Je recommande plutôt des engrais biologiques à libération lente, avec un NPK autour de 3-1-2, ou une variante comme 6-2-4, convenant aussi bien au potager qu’aux plantes à fleurs. Choisissez un engrais qui contient également des oligo-éléments: les plantes en ont besoin pour rester en pleine santé.

La transition automnale des plantes en pots

Beaucoup de jardiniers font un grand ménage d’automne. Pour ma part, je préfère laisser la nature suivre son cours, en pleine terre comme en pot. Les plantes annuelles se décomposent naturellement, tandis que les tiges et feuilles mortes offrent un abri précieux aux insectes bénéfiques. Je n’ai qu’à retirer les quelques tiges qui restent au printemps.

Ma tâche principale: récolter les feuilles tombées, les déchiqueter, puis les utiliser comme paillis sur mes pots. Cela protège partiellement les vivaces et arbustes, réduit l’érosion et favorise la vie microbienne.

Photo: Getty Images

Les plantes tropicales doivent généralement être rentrées tôt (dès que les nuits descendent sous 15°C). D’autres, comme les cactus, tolèrent quelques nuits fraîches. Avant de les rentrer, lavez les feuilles à l’eau savonneuse et trempez les pots pour éliminer les parasites.

Quant aux vivaces tendres non rustiques ici (mais vivaces ailleurs), elles peuvent être conservées à l’intérieur pendant l’hiver. Personnellement, je préfère prendre des boutures de vivaces tendres à la fin de l’été, les garder à l’intérieur, puis en faire de nouvelles boutures au printemps.

Les plantes qui restent actives l’hiver ont besoin de lumière et d’arrosages réguliers. Un éclairage artificiel peut compenser le manque de soleil. Une fois à l’intérieur, les plantes peuvent réagir: perte de feuilles, floraison stoppée… mais elles s’adaptent. Maintenez une bonne humidité, évitez de fertiliser, taillez si nécessaire et surveillez les insectes.

Les plantes qui entrent en dormance, comme les dahlias et caladiums, se conservent au sec et à l’abri du gel, dans leur pot ou dans une boîte remplie de tourbe ou de vermiculite.

Bien conserver ses pots et jardinières pour l’hiver

À l’approche de l’hiver, il est temps de penser à protéger vos pots. Tous ne réagissent pas de la même façon au gel: certains doivent être rentrés, d’autres vidés, et quelques-uns peuvent rester dehors sans souci.

Les plus fragiles

Les pots en terre cuite sont esthétiques, mais très vulnérables: leur porosité laisse entrer l’eau, qui gèle et provoque des fissures. Même vidés, ils peuvent éclater. Les pots en céramique vernissée posent un risque similaire: la moindre fêlure peut les briser. Mieux vaut rentrer ces deux types de pots à l’abri du gel.

Photo: Pixabay

Moyennement résistants

Les pots en plastique tolèrent le gel, mais les UV les fragilisent avec le temps. Les rentrer prolonge leur durée de vie. Les pots en métal (zinc, acier, fonte) peuvent rouiller: il vaut mieux les vider, nettoyer et huiler. Les pots en bois supportent le gel grâce à leur souplesse, mais risquent de pourrir. On peut les laisser dehors, idéalement vidés ou protégés par un vernis. Quant aux pots en béton, ils sont solides s’ils restent secs, mais l’humidité interne peut faire éclater le contenant en gelant: mieux vaut les vider avant l’hiver.

Très résistants

Les pots en fibre de verre et en résine sont solides, durables et insensibles au gel, bien qu’ils soient plus chers. Les pots en géotextile, comme les Smart Pots, sont souples, résistants au gel/dégel, aux UV et à l’humidité. Ils sont pratiques, bien qu’un peu moins esthétiques.

Un pot en géotextile est très résistant. Source: Jardin2m

Comme plusieurs jardiniers en contenants, je manque d’espace pour entreposer mes pots, et rentrer chaque contenant à l’automne est trop de travail pour moi. Je privilégie donc des modèles plus résistants, surtout en géotextile, plastique et bois. C’est un peu la loi du plus fort: les pots qui ne survivent pas sont remplacés par des modèles plus durables. Aujourd’hui, je n’ai plus qu’à faire quelques réparations occasionnelles à mes bacs de bois.

Reconditionner son terreau au printemps

Contrairement au sol naturel, le terreau en pot est un substrat artificiel, souvent appauvri en vie biologique, qui se compacte, perd ses nutriments et devient acide avec le temps. D’où l’importance de le reconditionner chaque printemps.

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Le reconditionnement débute par une inspection du terreau: on vérifie la compaction, le drainage et les accumulations de sels (croûte blanchâtre en surface). Au besoin, on retire 10 à 30 % du vieux terreau, qu’on peut composter ou étaler au jardin, puis on ajoute du compost, un peu de terreau neuf, et un engrais biologique à libération lente.

Inutile de jeter tout le terreau et de recommencer à neuf chaque année: avec un peu de soin, votre terreau peut rester productif pendant plusieurs saisons.

Le jardin en contenants, une solution accessible

Étant donné la difficulté d’accès à un terrain, le jardin en contenants est souvent la seule façon de jardiner pour les jeunes adultes, les étudiants ou toute personne vivant dans un logement sans cour. Quant aux moins jeunes, plusieurs ont quitté leur maison, n’ayant plus les capacités pour entretenir maison et terrain, et se retrouvent dans une situation similaire.

Photo: Jari Hindstrom

Heureusement, le jardin en pots ouvre de belles possibilités: on peut y cultiver des plantes d’intérieur, des fines herbes, des plantes ornementales, et même – dans de bonnes conditions – des légumes et des petits fruits.

Ne laissez pas l’absence de terrain vous décourager. Faites plutôt partie de celles et ceux qui contribuent à verdir nos villes… et vos assiettes!


  1. Le tussilage a été apporté dans notre coin quand la municipale a asphalté le chemin il y a 3 ans. Il y en a maintenant partout et cela s’introduit sur nos terrains et jardins. Est-ce considéré comme une plante envahissante? Comment s’en débarrasser?
    Un exemple: des pousses apparaissent même dans des plants compacts d’astilbes! Leur reproduction se fait par les racines et les semences n’est-ce pas? J’ai dû mettre une bâche noire durant un an sur une section en voie d’être aménagée qui avait été envahie par le tussilage. L’arrachage des plants de tussilage n’est pas suffisant. Je l’ai fait et ça revient! À certains endroits il a fallu retourner la terre et enlever tous les résidus de racines, sans savoir si l’an prochain ça reviendra à cause d’un peut bout de racine oublié ou d’une semence qui aura atterri là par inadvertance! Pouvez-vous me donner des conseils pour m’en débarrasser. Merci à l’avance.

    • Pour répondre à Rachel
      Pourquoi se débarrasser d’une plante alliée..
      C’est une excellente plante comestible..
      Utiliser en tisane ou en sirop contre la toux

  2. Étant un modèle d’avarice, je récupère toutes les eaux de lavage des légumes, ou l’eau des vases (quand elle ne commence pas à croupir en été) pour arroser mes contenants de fleurs, de fines herbes ou de semis. Quand je n’ai pas tout utilisé, je conserve l’eau restante dans des bidons en plastique. Et évidemment, si mes réserves ne sont pas suffisantes, j’ai recours au robinet de la cuisine. En réalité, j’ai pris des habitudes d’économie dès mon enfance, quand je devais participer à la corvée d’eau parfois exténuante (les jours de lessive…) . L’eau courante n’était pas installée dans toutes les rues ou dans toutes les maisons, il fallait avoir recours à la fontaine publique ou à la bonne volonté des voisins qui possédaient un puits.

  3. Intéressant, J.J.
    Merci du partage de votre expérience! 🙂

  4. Marie-Lyse Firlotte

    J’ai acheté 3 plants d’hydrangés rose en pot, à Pâques. Ce sont de petits hydrangés et non les arbustes. Est-ce que je peux les garder en pot tout l’hiver? Dois-je enrouler du plastique avec bulles autour? Je suis en Estrie.