Il faut que je vous avoue quelque chose. Pendant des années, j’ai prétendu être une jardinière paresseuse, mais en réalité… j’étais juste une jardinière qui se trouvait des excuses! Vous savez, le genre d’excuses qu’on se raconte pour justifier qu’on ne fait pas quelque chose qu’on sait très bien qu’on devrait faire?
Ça fait des années que je lis et que j’écris sur les bienfaits du paillage. Comme le dit si bien Larry, «le paillage est l’un des éléments de base du jardinage en paresseux». Je SAIS que ça empêche les mauvaises herbes, que ça garde le sol humide, que ça nourrit la terre… Bref, je connais la théorie par cœur. Mais entre le savoir et le faire, il y a parfois un monde…
Je l’avoue: non, mon jardin N’EST PAS PAILLÉ!
Mes excuses créatives (mais oh combien réelles!)
Première excuse: ma tondeuse n’a pas de sac collecteur. Une année, on a relevé nos manches et ratissé au râteau une énorme quantité de feuilles. On les a déchiquetées et étendues dans le jardin.
Quelle frustration quand, au prix d’une longue journée de travail, le vent de campagne a tout dispersé! Mon terrain est très exposé, alors ma première expérience de ramasser, hacher, étendre… s’est conclue par regarder la moitié de mon travail s’envoler chez le voisin. Une belle perte de temps…
Deuxième excuse: le paillis commercial, ce n’est pas si cher… jusqu’à ce qu’on calcule pour un énorme jardin! Avec ma superficie, on parle facilement de 200$ et plus par année. Et moi, l’idée de PAYER pour quelque chose que je pourrais techniquement fabriquer moi-même… ça me fait mal au portefeuille ET à l’orgueil!
Troisième excuse (la plus gênante): Mes plantes poussent quand même très bien sans paillis.
Oui, mais à quel prix? À force d’arroser deux fois plus et de désherber constamment tout l’été… mais ça, d’habitude, je ne m’en vante pas trop…
L’héritage qui a tout changé
Et puis, les circonstances ont fait que nous avons hérité des outils de jardin de mon beau-père. Et là, mes amis, j’ai découvert MON NOUVEAU MEILLEUR AMI: le hache-branches!
Ce n’est pas n’importe quel hache-branches, c’est LE hache-branches! Vous savez, le genre d’outil qui ressemble à un petit broyeur industriel et qui transforme vos branches en copeaux parfaits en quelques secondes? Celui qui fait un bruit d’enfer, mais qui vous donne l’impression d’être une superhéroïne du jardinage? Et que TOUT le monde vous regarde (vous entend) et vous envie! (Ou a hâte que vous finissiez votre tapage…)
Bonus non négligeable: nous avons aussi eu son tracteur à gazon avec une poche pour récolter les rognures et feuilles mortes! Et c’est TOUT un tracteur, mes amis! Fini les excuses! La vie vient de me retirer tous mes arguments pour ne pas pailler. (En plus, ma serre est finalement prête à planter, du coup, j’ai deux fois plus de surface à pailler.)
De «déchets» à trésor en quelques secondes
La première fois que j’ai utilisé le hache-branches, j’ai eu une révélation digne d’un film. Avec la petite musique, le halo de lumière divine, pis toute! Je lévitais littéralement!
Toutes ces branches, tous ces résidus de taille que je laissais sur place pour se décomposer… POUF! En quelques minutes, j’ai eu des montagnes de copeaux magnifiques.
Le bois raméal fragmenté (BRF), c’est exactement ce que produit mon nouveau jouet. Et contrairement à ce que certains croient, on peut utiliser presque tout «déchet» naturel comme paillis, il s’agit de l’employer en tenant compte de leurs qualités.
Je me suis mise à voir mon terrain différemment. Les branches cassées par le vent? Du paillis! Ces tailles de ronces? Du paillis! Ces élagages d’arbustes? Encore du paillis! J’ai eu l’impression d’avoir découvert une mine d’or dans ma propre cour! Et je n’ai même pas encore vraiment commencé à tout pailler, juste une petite partie parce que, soyons honnêtes, il n’arrête pas de pleuvoir et il fait beau juste quand j’ai des conférences à donner!
Ma conversion spectaculaire
Les premiers essais ont été… comment dire? MAGIQUES! J’ai commencé par pailler ma boîte la plus problématique, celle qui est sur le côté sud de la maison et qui sèche plus vite que je ne peux l’arroser. Ensuite, il a plu pendant une semaine. Puis j’ai attendu une autre semaine. Et mes trois plants de kiwis n’ont pas réclamé d’eau! En plus, pas une seule mauvaise herbe en vue! Attendez que je mette des belles fleurs là-dedans, ça n’aura jamais été beau d’même!
Comme le disait Larry, le paillis empêche la germination de la plupart des mauvaises herbes et garde le sol plus humide en été, ce qui réduit énormément les besoins en arrosage. J’y croyais, je le savais, mais maintenant, je le vois de mes propres yeux. (Sentez-vous mon excitation entre les lignes?)
Le plus beau dans tout ça? Mon jardin se nourrit littéralement de lui-même! Mon compost maison est généralement très riche en azote, alors ce beau paillage carboné va venir tout équilibrer. Tada!
Voici ce que j’ai appris depuis ma conversion (il y a deux semaines):
- Variété = qualité: Je mélange différents types de branches et feuilles (feuillus, conifères, arbustes) pour un paillis plus équilibré. Comme ça, je suis certaine d’avoir plein de nutriments différents.
- L’épaisseur compte: Une bonne couche de 7 à 10 cm, ça fait vraiment la différence! Comparé à 1 cm de feuilles qui partent au vent en tout cas!
- Patience = récompense: Le paillis maison met un peu de temps à être fabriqué (mais moins que de ramasser les feuilles au râteau quand même!). Il faut ramasser, couper les gros morceaux, déchiqueter, acheminer au jardin… mais une fois que c’est parti, c’est parti! Ça se décompose lentement et rajouter un peu de paillage chaque année sera suffisant pour entretenir ma belle couche protectrice.
Mon nouveau badge d’honneur
Je peux maintenant affirmer haut et fort: JE SUIS UNE VRAIE JARDINIÈRE PARESSEUSE! Plus d’excuses bidons, plus de justifications gênantes. Mon jardin travaille pour moi, et moi, je travaille intelligemment avec lui.
Si vous êtes comme moi, si vous avez passé des années à trouver des raisons de ne pas pailler (pas d’argent, pas de temps, pas d’outils, pas pratique…), sachez qu’il y a peut-être une solution plus simple que vous pensez.
Regardez autour de vous: avez-vous un voisin avec un hache-branches qu’il pourrait vous prêter? Y a-t-il un service municipal qui broie les branches? Pouvez-vous vous associer avec d’autres jardiniers pour investir dans un outil commun? Parfois les scieries et émondeurs peuvent même offrir leurs «déchets»!
Croyez-moi, une fois que vous aurez goûté aux joies du paillage maison, vous ne pourrez plus vous en passer! Votre dos, votre portefeuille ET vos plantes vous diront merci.
Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai des branches à hacher… Mon nouveau meilleur ami m’attend dans le garage, et nous avons encore beaucoup de paillis à fabriquer!