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Le paillis, un incontournable pour le jardinier paresseux

J’ai découvert les vertus du paillis il y a plusieurs décennies, grâce à un livre de Ruth Stout: How to Have a Green Thumb Without a Aching Back, c’est-à-dire: «Comment avoir le pouce vert sans avoir mal au dos». Cela tombait bien, car je venais d’avoir une horrible sciatique et je me demandais comment j’allais pouvoir continuer à jardiner.

Les avantages du paillis

J’ai aussitôt entrepris d’accumuler des provisions de feuilles mortes en automne pour avoir amplement de paillis l’année suivante et j’ai vite compris à quel point le sol et les plantes profitent de cet apport de matières organiques, gratuites par surcroît. Les vers de terre et autres décomposeurs restent actifs sous la litière de feuilles qui se décompose pour enrichir le sol comme dans une forêt. La terre reste humide, même lors des canicules. Les plantes adventices (c’est-à-dire les mauvaises herbes) n’ont plus de lumière pour germer et celles qui se pointent à travers le paillis sont faciles à arracher. Les légumes et les fleurs restent propres, même après une pluie battante.

Les légumes restent propres sur le paillis.

Un sol nu sèche en surface et forme une croûte. Des fissures se forment et l’eau des couches inférieures atteint la surface puis s’évapore. C’est pourquoi il est recommandé de sarcler, mais c’est beaucoup mieux d’appliquer du paillis. Dans la nature, dès que le sol est dégarni, des plantes le recouvrent aussitôt pour le protéger. C’est le rôle des adventices, ces plantes opportunistes qui s’installent très rapidement dans les moindres espaces vacants. Elles produisent en général beaucoup de semences et celles-ci peuvent rester en dormance dans la terre pendant des décennies, attendant l’occasion de couvrir le sol. Bien sûr, quand on fait du jardinage, on ne veut pas d’adventices et beaucoup de jardiniers sarclent régulièrement entre leurs légumes pour avoir un sol bien «propre». On dit qu’un sarclage vaut deux arrosages, mais le paillis vaut au moins cinq à dix arrosages en fonction de son épaisseur et de son renouvellement. Personnellement, je n’ai pas besoin d’arroser les fleurs et les légumes bien établis durant l’été.

Les types de paillis à éviter

Plusieurs types de paillis sont disponibles dans le commerce, mais certains sont à éviter. Entre autres les paillis inorganiques comme les galets ou les pierres volcaniques qui n’améliorent pas le sol. Après quelques années, ces paillis deviennent sales, accumulant les feuilles et autres résidus végétaux et se couvrent d’adventices. Il faut alors passer l’aspirateur et du désherbant pour que cela reste acceptable!

Les types de paillis à utiliser

Mais il y a une foule de matériaux gratuits qu’on peut utiliser comme paillis:

  • Le gazon coupé: il n’est pas très esthétique et se décompose très rapidement, mais il est facile à étaler entre les petits semis de légumes. On le laissera un peu sécher sur la pelouse avant de l’utiliser.
  • Les feuilles mortes: disponibles en abondance en automne, mais il faut veiller à les récolter sèches et à les entreposer à l’abri des intempéries. Il vaut mieux les déchiqueter pour qu’elles ne s’envolent pas au vent. L’idéal est de les récolter avec une tondeuse à gazon (avec le sac) ou un aspirateur à feuilles qui les déchiquette en même temps. Elles se décomposent en 6 mois environ et on attendra donc au printemps avant de les étaler.
  • Le foin: disponible à peu de frais à la campagne, il est utile dans le potager près des plants déjà bien établis. Le foin est constitué d’une foule de plantes sauvages, pleines de semences et peut contenir des adventices très désagréables. Si vous avez toujours du paillis au sol, elles n’auront pas l’occasion de s’établir, mais c’est à surveiller. Le foin se décompose entre six mois et un an.
  • La paille: constituée du chaume des céréales, elle est facile à trouver gratuitement en ballots après l’Halloween. Elle ne devrait pas contenir beaucoup d’adventices et est une bonne option dans le potager. Elle se décompose en un an.
Le paillis de BRF reste mon favori, car il est incomparable pour améliorer les sols.

Mon préféré

  • Le BRF (le bois raméal fragmenté) dont j’ai déjà parlé dans un autre article et qui est disponible à profusion en appelant des émondeurs ou parfois même votre municipalité. C’est pour moi le meilleur paillis, gratuit ou peu coûteux, qui constitue aussi un excellent amendement pour le sol et qui dure au moins un an. Je l’utilise surtout dans les parterres de vivaces et autour des arbustes ou des jeunes arbres. J’en mets aussi en automne sur le potager pour couvrir le sol durant l’hiver. C’est un paillis très esthétique à condition d’être bien déchiqueté: ce qui dépend de l’appareil utilisé et de son aiguisage. Il faut éviter le BRF de conifères (pas plus de 20% dans le tas) qui a un effet négatif sur le sol… sauf à la base des conifères! Il faut donc «magasiner» un peu les compagnies d’émondage de votre région.
Il est facile d’obtenir du BRF à peu de frais.
  • Les retailles de haies: laissez-les donc à la base de vos haies plutôt que d’acheter un paillis commercial. Vous pouvez aussi passer la tondeuse par-dessus, avec le sac, et utiliser ce beau matériel là où vous en avez besoin.

Quelle épaisseur faut-il mettre?

La façon d’utiliser les paillis sera différente selon les situations. Ainsi, autour des arbres et arbustes, on peut appliquer 7 à 10 cm d’un paillis à décomposition lente en veillant à l’éloigner du tronc pour éviter les dégâts causés par les rongeurs. Vous pouvez même en mettre 10 à 15 cm si vous avez un approvisionnement facile et peu coûteux. Pour ce qui est des vivaces, des annuelles et dans le potager, on pourra mettre de 3 à 5 centimètres de paillis pas trop grossier.

Autour des semis, il faut être prudent et attendre que les jeunes plantules soient assez robustes avant d’approcher le paillis petit à petit. Car si le paillis empêche la germination des adventices, il fait de même avec nos semis de fleurs et de légumes. Une mince couche de gazon coupé est idéale dès que les semis ont levé et cela s’étale facilement.


commentaire sur "Le paillis, un incontournable pour le jardinier paresseux"

  1. Il y a deux mois, nous avons fait émonder des arbres sur notre terrain et en avons fait abattre deux autres rendus irrécupérables suite au verglas d’avril. Je ne connaissais alors pas le BRF. Ni son utilité. Il était juste sous mes yeux.
    Si je vous avais lu avant, je ne l’aurais pas laisser partir avec l’émondeur.

  2. Merci beaucoup. Article très intéressant et bien utile.

  3. Bonjour, je vais essayer de trouver du brf mais pour l’instant je mets du paillies de cèdres. Est-ce qu’il est efficace ce produit ?
    Merci.

    • Bien sûr, le paillis de cèdre, tout comme les copeaux de bois ou même de l’écorce broyée, fait un bon paillis. Ce type de matériel se décompose par contre plus lentement et stimule moins les micro-organisme du sol que le BRF, mais fini par se décomposer et améliorer le sol. Le paillis de cèdre est plus coûteux est c’est probablement sont point faible.

      Le BRF doit être fait de branches fraichement coupées de moins de 3-4 po de diamètre et appliqué rapidement pour aller chercher le maximum de bienfait. Si le “BRF” matériel provient de branches séchées ou de grosses branches/tronc, on se rapproche plus des copeaux de bois.

  4. J’étais déjà au courant de l’importance du paillis, mais j’ai apprécié les nuances que vous avez apportées. Pour le potager, est-ce que n’importe quelles feuilles de feuillus peut fonctionner? Il me semble que j’avais déjà lu d’éviter les feuilles de chêne… L’an dernier c’est ce que j’ai utilisé, mais je me suis demandé s’il y avait un lien avec le fait que mes tomates ont étés attaquées par une maladie?

  5. Je sui un inconditionnel du paillis depuis très longtemps. Cependant ce procédé a des limites : une entreprise nous a installé dans les pelouses de la résidence des lauriers roses et des sauges “Red lips” avec une belle épaisseur de broyat de taille d’arbres. Malgré cela, les liserons ‘(Convolvulus arvensis) sont passés à travers et forment maintenant un tapis vert orné de petites fleurs roses. Mais ce n’était pas le but recherché et je ne sais comment on pourra venir à bout de cet envahisseur (il ne craint ni les géotextiles, ni les plastiques noirs occultants et traverse sans problème un paillis de cailloux bien épais).

  6. J’ai toujours cru aux bienfaits du paiilis. Cette année, il me restait un petit bout de plate-bande avec quelques vivaces (hostas, etc), spirée japonais, saule arctique, et un lilas commun quadragénère. Ne voilà t-il pas que le lilas n’apprécie pas du tout son couvre-sol; les feuilles sont tranquillement en train de faner! Je le surveille de près, et je considère une coupe de rajeunissement pour lui permettre de s’acclimater. Avez-vous d’autres suggestions?

  7. Bonjour, est-ce que les retailles de cèdre peuvent être laissées sous les cèdres sans les déchiqueter? J’aimerais bien utiliser un paillis pou mon potager: est-ce que les retailles de cèdre non déchiquetées peuvent être utilisées? Si on utilise un paillis pour le potager, qu’en est -il de celui-ci pour l’année suivante? On le retire et on recommence ou on le laisse mélangé à la terre (aura-t-il le temps de se décomposer)et on en remets du nouveau. Merci beaucoup pour vos précieux conseils!

    • Les retailles de cèdres (thuyas) sous les thuyas sans les déchiqueter: OK. Mais dans le potager cela pose problème, d’abord pcq c’est un peu encombrant si ce n’est pas déchiqueté, ensuite pcq le thuya frais contient des huiles essentielles qui pourraient être néfaste à d’autres espèces, surtout herbacées. Mais le thuya n’acidifie pas le sol contrairement à d’autres conifères.

  8. Maintenant, j’utilise le BRF comme paillis uniquement dans mon potager et non plus dans mes plate-bandes. Les petits rongeurs semblent préférer le BRF au paillis de cèdre pour s’y abriter. Étant grossièrement fragmenté, le BRF est en effet plus facile à transporter que le paillis de cèdre par les petits rongeurs vers leur tanière. Après avoir déjà étendu du BRF dans mes plate-bandes à l’automne, j’ai retrouvé au printemps suivant mes plate-bandes rasées à la grandeur. Et sous le BRF il y avait plein de trous. Curieuse de savoir qui avaient fait de tels dégâts pendant l’hiver, j’ai mis des pièges à l’entrée des trous pour découvrir qu’il s’agissait de mignons mais redoutables petits rongeurs qui restent actifs tout l’hiver : des mulots sylvestre et des petites musaraignes. Devant la rareté de végétaux à cette période de l’année, ils se nourrissent donc d’écorce et de racines. Ma plate-bande leur a donc servi de buffet pendant l’hiver. Ils ont rongé toute l’écorce au complet de mon juniperus bleu et de grandes parties de mes genévriers, rasé mes rudbeckias, mon avoine, mes phlox bleus rampants, mes œillets et gypsophile roses rampants, mes grands phlox roses, ainsi que mes liatris roses et mes hostas. Ils ont l’air d’avoir une prédilection pour le rose et bleu ! Résultat : une vraie dévastation. Devant un tel désastre, ne sachant plus que faire, j’ai tout bonnement décidé de ne rien faire en attendant une solution. Et fort heureusement !!! Car l’été suivant, ma plate-bande s’est remise à fleurir de plus belle, avec les mêmes plantes (sauf mon juniperus bleu que j’ai dû jeter) qui ont repoussées ici et là, un peu éparpillées à la grandeur de la plate-bande. La nature avait repris le dessus à mon plus grand soulagement. Comme ces petites bêtes sévissent en hiver quand la nourriture est rare, le BRF n’est donc pas un problème dans un potager. Par contre, le BRF de mes plate-bandes finira ses jours dans le potager !

  9. Très nourrissant le BRF. Et effectivement, les petits rongeurs semblent apprécier ce couvre-sol, de même que les limaces. J’ai appliqué du fumier de poulet avant de l’épandre, question d’azote si ma mémoire est bonne et selon les recommandations de la cie Ramea à l’époque. C’est un paillis dispendieux si on ne connaît personne pour s’en défaire. Il est très utilisé par la communauté urbaine de Montréal. On l’achète en vrac ou en sac.

  10. Quand je coupe des branches de plantes, je les laisse là où elles tombent. Elles finissent par sécher et éventuellement se décomposent.

  11. Certains paillis achetés dans les commerces sont colorés. Noir, brun, orangé, etc. Est- ce que le colorant qui est ajouté aux paillis peux être nuisible. Est-il préférable d’acheter le paillis naturel, sans colorant ?

  12. Les colorants utilisés pour teinter le paillis sont non toxiques d’après les Cies qui en vendent et je constate que les plantes s’en accommodent très bien.

  13. J’ai bcp d’hémérocalles et, au printemps j’arrache leur feuillage séché pour le mettre sur le sol autour de d’autres vivaces. Bien entendu j’en laisse pour protéger mes hémérocalles. Est-ce bien?

  14. J’ai fait une platebande en juillet 2023 avec du papier journal + terre de jardin & composte et le tout recouvert d’un paillis de cèdre naturel. Dès la fin août beaucoup de mauvaises sont sorties, quoi faire ? ajouter du paillis ou autre ?