La goutte de neige qui fit déborder le pot de grès
La semaine dernière, je suis revenue chez moi, à Montréal, après quelques semaines d’absence. Même si j’aime voyager, il est toujours réconfortant de se retrouver à la maison, dans ses affaires! En plus, à mon grand bonheur, la ville était recouverte d’une bonne couche de neige. C’est l’hiver mes mignons! Ça sent le ski de fond et la pêche blanche!
L’état de mon jardin
J’ai mis mes bottes (qui sont, pour vrai, doublées de mouton!) et je suis sorti voir l’état de mon jardin, qui n’est, en fait, qu’une terrasse au deuxième d’un petit immeuble : le chou kale avait gelé (pas grave c’est beau quand même!); le persil était encore vivant sous une couche de neige; et des tiges sèches pointaient par-ci par-là, signe d’un potager urbain bien rempli. Je n’avais pas tout à fait fini mon ménage d’automne.
Bien sûr, lorsque possible, je laisse les plantes mourir dans leurs pots, où elles restent tout l’hiver, question d’offrir un sanctuaire aux insectes indigènes pendant la saison morte. J’avais eu le temps de ramasser les feuilles mortes et d’en déchiqueter presque la moitié avant l’arrivée de la neige. Mais j’avais manqué de temps pour une étape cruciale : vider les pots de terre cuite (aussi appelés pots de grès) qui eux, contrairement à d’autres types de contenants, résistent mal au froid.
« Pour quossé faire tu fais ça, man? » (Traduction française : « Mais pourquoi donc fais-tu cela, mon brave? ») Une très bonne question que je me suis moi-même souvent posée. Pourquoi vider des pots à l’automne et les remplir au printemps quand ce serait plus facile de ne rien faire du tout? PARCE QUE C’EST BEAU, DES POTS EN GRÈS!!!
La débandade des pots de grès
Il y a deux ans, quand on a déménagé ici ma blonde et moi, la priorité était bien sûr d’aménager le jardin (en tout cas, c’était la mienne!). Après tout, la grande terrasse à l’arrière est une des raisons qui nous a poussés à acheter cet appartement. Ceux qui me connaissent comprendront qu’un espace extérieur constitue une nécessité absolue.
Alors, j’ai fait un tour des magasins à grande surface à la recherche de pots et de jardinières pour planter mon potager urbain, ainsi que quelques vivaces et arbustes (un petit arbre avec ça?). Armé de mon cellulaire, j’étais accompagné virtuellement par ma blonde. Pas gênant du tout : « Peux-tu me montrer celui-là en haut à gauche, non l’autre gauche… laisse faire, c’est laid». J’ai arpenté de long en large les allées des magasins à la chercher de contenants attrayants pour mes plantes. De toute évidence, j’ai échoué (sinon je ne serais pas ici aujourd’hui à vous raconter la débandade des pots de grès) et je suis reparti bredouille.
Toutefois, en faisant des courses dans le magasin général à deux pâtés de maisons de chez nous, j’ai aperçu des pots de grès qui me faisaient de l’œil. Ils étaient beaux et quand même plutôt grands, de 30 à 40 cm. Ce n’est pas tout à fait assez pour un plant de tomates, mais ils étaient si mignons que je leur ai donné une chance. J’en ai acheté une douzaine, que j’ai transportés deux à la fois tellement ils étaient lourds (ça commençait déjà mal!).
Ce n’est qu’un bonheur qui passe
Pendant un temps, nous avons été heureux ensemble mes pots, ma blonde et moi. Une fois qu’ils ont été remplis de terreau et de plantes, on aurait dit que ma terrasse sortait d’un site web full-tendance-genre-californien (du moins c’est ce que je m’imaginais). Le jardin débordait de verdure et même mes tomates semblaient pardonner l’étroitesse de leurs contenants.
Outre leur grande beauté, les pots de terre cuite ont quand même une autre qualité : ils sont poreux et donc ils « respirent » mieux. Ils perdent de l’eau un peu plus vite, mais ça empêche le sol de rester humide trop longtemps et de provoquer de la pourriture dans les racines des végétaux par manque d’oxygène dans le sol. Hélas, la neige a neigé et mes illusions sont tombées comme des flocons sur mes pots de terre cuite…
Et l’hiver fut
Aujourd’hui, revenu à la maison, je découvre que le terreau a gelé dans mes pots! Pourtant, il est essentiel de les vider avant l’hiver. Vous voyez, la terre, étant remplie d’eau, elle prend de l’expansion en gelant, et…CRAC! Un pot de cassé! Mais maintenant que le sol est gelé, c’est beaucoup plus compliqué à vider. Je dois rentrer les pots à l’intérieur, en m’assurant de protéger le beau plancher en bois franc, pour les laisser dégeler. Ensuite, j’entrepose leur contenu dans un bac à vidange sur ma terrasse.
Ce n’est pas fini! Les pots de terre cuite doivent aussi être protégés de la neige, alors je recouvre les miens de sacs à ordure. La porosité du grès, un avantage en été, le rend sensible au gel. L’humidité qu’il contient fait qu’il se désagrège avec le cycle de gel et de dégel. Si j’avais un espace de rangement chauffé, je m’épargnerais de la peine, mais si peu! Je vous comprends de trouver mon récit mortellement ennuyeux! Je m’ennuie moi-même! Et dire que j’aurais pu acheter des pots qui passent leurs hivers dehors! Comme quoi le cordonnier est parfois le plus mal chaussé!
Quelles sortes de pots on devrait utiliser alors, M. Mathieu?
Je n’ai pas encore trouvé la solution parfaite. Les pots de plastique résistent moyennement au gel, mais leur problème majeur est qu’ils sont laids. Ils peuvent parfois être recyclés, c’est vrai, mais on retrouve de plus en plus de particules de plastique dans notre environnement, un désastre écologique.
Les pots en géotextiles (smart pots) sont ceux qui résistent le mieux au froid, encore plus que le plastique, mais ce sont aussi les plus affreux.
Les contenants en métal, eux, gardent leur forme l’hiver tout en étant flexibles, mais ils peuvent rouiller. De plus, ils sont terriblement dispendieux.
Les jardinières en fibre de verre proposent une quasi-infinité de finitions et de couleurs et elles ont la réputation d’être les plus résistantes aux effets du gel. Mais ce sont aussi les plus chères. Et je peux vous confirmer que, malgré leur résistance au gel, elles sont fragiles et peuvent facilement être endommagées ou égratignées.
Le bois? Pourquoi pas!
Personnellement, je me suis tourné vers le bois même si ce n’est pas le matériau le plus résistant au gel : il est assez élastique pour résister au mouvement du gel, mais il a tendance à pourrir ou à s’effriter avec le temps. Même le cèdre, qui a la réputation d’être imputrescible, n’est pas très durable puisque c’est un bois mou. Mais j’aime bien le fait que le bois soit décomposable. Dans ce sens, c’est peut-être le matériau le plus écologique. En outre, il se travaille bien et on peut lui donner la forme que l’on veut, et donc l’adapter à notre environnement. Par contre, le bois est dispendieux, surtout de nos jours! Alors, comme vous le voyez, aucune option ne se démarque. Il faut choisir celle qui nous convient le mieux.
Sauf vous, mes &?%$# »$*%?& de pots de grès! Vous et moi, c’est fini pour la vie! (Mais, ils sont quand même mignons, non?)
Mouarf! Je me retrouve en vous et ça me fait bien rire. Vous avez un petit côté Brusseleir (bruxellois) du Canada qui met de bonne humeur! Merci Mathieu.
j’ai beaucoup de pots en terre cuite mais il faut dire que sa casse facilement , même vide , je me suis tournée vers le bois pour y mettre mes grandes plantes et mes petits arbustes j’ai également placé a coté un banc avec 2 gros pots de chaque coté et je trouve cela très jolie ( a chacun ses gouts )
Merci M.Mathieu!
Jadore vos écrits qui sont drôles et rafraichissants!
Quelle belle façon de commencer la journée!
Super sympa comme récit – et non, ce n’était pas du tout rnnuyrux!
Tel père tel fils, j’aime beaucoup la manière dont vous traitez votre chronique. Comme Nancy plus haut, vous êtes drôle et rafraichissant. Continuez vous nous faites vraiment du bien.
J’en ai fait l’expérience!! Un pot de grès dehors en hiver, ça casse!!!
Merci Mathieu, vous êtes un digne fils d’un père que nous avons beaucoup aimé. Votre père nous a laissé un bel héritage en votre présence et vos connaissances. J’adore vous lire. J’espère que vous allez continuer longtemps à nous instruire et nous divertir en même temps.
À mesure que mes plantes intérieures ont besoin d’un nouveau peau, elles vont justement dans des pots de terre cuite – oui, ils sont si joli. Et le printemps venu, ils déménagent dehors. Rendus à l’automne, il me reste simplement à entrer ces plantes à l’intérieur, toutes gorgées de soleil qu’elles sont. Même les géraniums continuent à vivre à l’intérieur, en rêvant à l’été.
*jolis
Merci de vos histoires de jardinier qui font sourire , vous mettez du Soleil dans la grisaille !
Bonjour, votre raisonnement ressemble étrangement au mien! Par contre, cette année, j’ai eu la brillante idée de le « ramassage » assez tôt et mon conjoint a eu la brillante idée de les hiverner sous une grosse toile à l’extérieur. Bien attachée, mes pots seront extrêmement bien protégés! Ayant repris la maladie des plantes intérieures me voilà maintenant en manque de pots! Vais-je en acheter d’autres où…. .? Voilà la question! Merci pour vos textes, c’est ma première lecture du matin. Dites-moi, quelle est la bouteille à droite de votre plante? Est-ce pour apporter des soins à votre plante? Merci et bonne continuation.
La diversité dans les pots que vous expliquez nous permet de mieux choisir les nôtres à présent. Et il est très beau votre oiseau du paradis dans son pot en grès.
Très beau texte. Instructif et humoristique. Merci par ce dimanche matin nuageux d’avoir mis du soleil. Bonne journée M Mathieu ?
Mais je les aime quand même!!!
Merci Mathieu
C’est très plaisant de te lire…
Tu contribues à mon petit bonheur du matin.
Moi qui lis jamais jusqu’au bout, bien les vôtres, j’en redemande.
Oui très bel article rempli d’humour sarcastique très drôle je et rafraîchissant merci!
C’est toujours un plaisir de vous lire, merci de continuer. Vos conseils sont appréciés et j’adore votre sens de l’humour.
Merci Mathieu
J’ose te proposer la pruche qui résiste beaucoup mieux pour faire tes bacs.
Quel dilemme. Hilarant et instructif. Merci
Toujours un très grand plaisir de lire vos chroniques.
Merci.
Hyper intéressant votre témoignage. En plus, ça l’ajoute de l’humour à votre article. Merci bien!
Je suis bien d’accord avec vous concernant la laideur des smart pots que j’utilise malgré tout.
Mais, à cet effet, j’ai effectué quelques recherches sur internet et j’ai découvert que peut être, il serait possible de recouvrir les smart pots avec des cache-pots en tissu de la dimension appropriée.
Si cela n’existe pas celui qui aurait l’idée d’en fabriquer ferait peut être un beau profit au passage. C’est une idée comme ça….
Ça se recolle tu
J’ai des pots de grès que je laisse dehors l’hiver et ils ne brisent pas. Je les place à l’envers…
Belle référence à Nelligan! Finalement on apprends de nos erreurs. Ici j’ai des pots de plastique depuis plusieurs années. Ils sont moins beaux qu’au premier jour, mais ça fait la job.
Merci pour ce partage Mathieu. Très bonne idée de passer au bois. Je fais mes bacs avec du contreplaqué pour l’extérieur que je peins aux couleurs de la maison. J’y laisse la terre en tout temps et mes plants de reviennent au printemps. Pas de dégradation après trois hivers
Bon matin Mathieu! Un réel plaisir de vous lire chaque matin.
Je suis d’accord…les pots en grès sont tellement plus jolis et offerts en plusieurs grandeurs. Chaque printemps on a la piqûre de fleurir notre terrasse pis on les sors du garage pour les remplir d’annuelles et de graminées…pis chaque automne c’est la corvée de tout vider …alors on se dit que c’est bien la dernière fois…LOL
Encore une belle lecture agréable à lire, merci de partager vos expériences
J’aime bien aussi que vous nous fassiez entrer sans l’intimité de votre terrasse. Et j’apprécie beaucoup vos vidéos.
Moi aussi c’est ce que je fais. Je laisse le terreau dedans mais les mets sur le côté ou à l’envers. Jamais eu des problèmes
Horreur! J’étais toute fière d’avoir réussi à vider la terre de mes gros pots de grès avant la neige. Sauf que… une fois que ça a été fait, j’ai viré les pots à l’envers et je les ai laissés dehors à côté de la remise. Voilà que j’apprends en lisant votre billet qu’ils n’apprécient pas la neige dont ils sont maintenant recouverts, même sans être pleins de terre. Je ne puis qu’espérer un redoux d’ici le vrai hiver, juste assez longtemps pour me permette de les mettre à l’abri. Merci de nous faire profiter de vos apprentissages!
C’est toujours un plaisir de vous lire. Évidemment les pots de grès cassent et finissent par coûter chers, mais ils sont plus jolis.
Bonne journée !
J’avais déjà «recousu» un pot en terre cuite qui avait craqué, en faisant des trous de chaque côté des craques, avec une perceuse puis en passant un fil de laiton pour recoudre. Puis, je les ai utilisé par la suite comme cache-pot de pots de plastique «laids». Je ne me souviens plus du nom de cet art japonais mais ils font cela avec de l’or sur des pièces de vaisselle cassées, magnifique!
Ah! Ah! Trop drôle. J’adore vous lire.
Merci pour l’histoire des pots pas sots du tout. Et pourtant, ils tiennent la vie dans leurs parois.
Très intéressant de vous lire Mathieu ! Je demeure donc un fidèle abonné heureux ! Depuis quelques années, je vide mes pots de grès et je les laisse dehors sous la neige en les disposant à l’envers…. Et ben surprise, j’en ai aucun de cassé… malgré nos hivers alternant entre la neige et la pluie en Estrie !! La chance peut-être? Qu’en dites-vous ?
Merci encore Mathieu pour votre grand soutien à ce blog si cher à nos cœurs !!
René
Cher Mathieu, j’adore votre spontanéité, votre humilité et surtout votre humour! Vous faites ma journée!
Ou plutôt, comment parler d’hiver et de pots sans être trop ennuyant. Ce fût une bonne lecture de fin de soirée! Merci!
Bon, moi, je remplace gentiment tous mes pots en résine ou en plastique par des growbags, parce que ma région est très froide en hiver, très chaude en été et que je suis une pive en arrosage. Comme ça, je peux déplacer les plantes au gré des saisons: les mettre à l’ombre en été, en terrasse à l’abri du vent en hiver, éviter de creuser (et oui, jardinière paresseuse ici aussi), amendement plus simple (j’ai un sol beaucoup trop tassé et riche en azote – nouveau lotissement sorti de terre il y a moins de 4 ans), les laisser prendre la pluie à répétition sans craindre la pourriture des racines.
En attendant que mon sol se reprenne grâce aux aventices et à la biodiversité. Et pour ce qui longe la séparation avec les jardins des voisins, des bacs en bois (qui m’ont bien effrayée cet été: canicule + restrictions d’eau + soleil qui brûle les cannes des bambous qui poussent dans des containers en bois = gros risque d’incendie)
Moi, j’ai une immense jardinière en grès. J’avais un pied d’éléphant dedans, il y a quelques années, alors me suis trouvée un pot de plastique de la même grandeur, que j’insère dedans. Je rajoute un restant de pavées unis pour monter le fond, une petite fontaine ( ce qu’il y a de plus simple) et je remplie d’eau. Je mets quelques plantes aquatiques. Les oiseaux viennent se déposer sur le pavé ou sur le bord du vase et ils sont heureux et moi aussi. Mon pot de grès a une autre vie.
Personnellement je les couche sur le côté emplis de terre et ainsi l’expansion se fait différemment…je ne les vide jamais et ils n’ont jamais brisé
Moi, j’ai adoré lire ta péripétie.
Chez moi, j’ai une vingtaine de pots en terre cuite. Même technique, je les vide avant l’hiver, pas le choix! C’est que… c’est tellement plus jolie. Ça vaut tout le trouble!
Vous avez une belle plume avec votre touche d’humour ! J’ai un vrai plaisir a te lire comme c’était le cas avec votre paternel. Merci de nous faire se cadeau en continuant se superbe blogue.
Comment bien laver les pots en terre cuite? Avec le temps, ils restent tachés, et j’ai essayé le vinaigre, sans grand succès.