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Guide d’entretien d’une plante inconnue 3: la question de l’arrosage

Vous revenez du magasin de plantes, détour imprévu, mais agréable, après une petite journée de magasinage. Sur un coup de tête, vous achetez une plante que vous n’avez jamais vue auparavant, mais qui vous plaît décidément beaucoup. Comble de malchance, elle n’est pas identifiée par le magasin. Comment alors connaître les soins à lui prodiguer?

Cet article est la suite des autres guides d’entretien d’une plante inconnue:

  1. Le type de plante et la lumière
  2. La couleur des feuilles et la lumière

Préface

Maintenant que nous comprenons mieux les besoins en lumière de nos plantes, ce troisième guide touche la question délicate de l’arrosage. Nous aborderons d’abord quelques considérations de base, pour ensuite explorer ce que l’observation d’une plante suggère sur ses besoins en eau.

Le dernier article traitera de tous les autres soins à apporter aux plantes (rempotage, terreau, fertilisation, températures, propagation, etc.).

Pour illustrer les objectifs de l’article, nous observerons cette nouvelle plante-mystère et nous en tirerons, selon les informations mentionnées dans l’article, certaines conclusions qui nous aideront à comprendre ses besoins en arrosage.

Grâce à sa croissance en rosette et ses feuilles de deux teintes de vert, nous pouvons supposer que cette plante-mystère tolère une lumière moyenne pour survivre, mais demande une lumière vive pour faire des fleurs. Photo par l’auteur

Réponses à l’exercice pratique (guide 2)

À la fin du deuxième guide, ces trois photos étaient présentées et on vous demandait ce que l’observation des plantes suggérait sur leurs besoins en lumière.

1) Bien que les feuilles contiennent du vert, la plante est prisée pour la multitude d’autres teintes qu’elles adoptent, ce qui suggère un besoin plus élevé en lumière que si la plante était entièrement verte.

Nom de la plante: Codiaeum variegatum (en effet, ils tolèrent jusqu’à des lumières moyennes, mais revêtent leurs plus belles couleurs sous une lumière intense avec beaucoup de soleil direct).

2) Avec sa croissance en hauteur, un tronc qui se dessine et ses feuilles présentant en alternance des bandes vertes et des bandes jaunes (qui ne peuvent pas faire de photosynthèse), on a deux indicateurs d’un besoin élevé de lumière.

Nom de la plante: Dracaena reflexa ‘Song of India’.

3) Cette plante pousse en rosette et ses feuilles sont entièrement vertes. Elle devrait survivre sous une lumière moyenne. En revanche, il faudrait lui donner plus de lumière pour qu’elle produise sa jolie floraison aux bractées rouges.

Nom de la plante: Anthurium.

L’arrosage et les besoins en eau: quelques principes de base

L’arrosage est beaucoup plus simple que les besoins en lumière. On pourrait même résumer toute cette section par la règle d’or de l’arrosage des plantes d’intérieur, en sachant que les plantes se remettent beaucoup mieux d’un manque d’eau que d’un excès.

Quelques considérations diverses s’imposent avant de s’attarder à ce que l’observation de la plante nous indique.

Tout d’abord, on cherche à arroser la plante selon l’état de la terre. Il existe plusieurs manières d’en connaître le degré de sécheresse: tout d’abord, la plus facile et l’une des plus fiables, c’est de mettre son doigt dans la terre. Il ne s’agit pas d’effleurer le dessus du pot, mais bien de creuser jusqu’à la deuxième phalange si possible (en plus, ça aère le sol).

Ce n’est pas toujours possible pour tous les terreaux (surtout ceux qui sont compacts) ni pour toutes les plantes (je n’ai pas prévu de plonger mon avant-bras dans mon Radermachera sinica de deux mètres); on peut alors soupeser le pot, sachant qu’un sol gorgé d’eau est beaucoup plus lourd qu’un sol sec. Avec la pratique et en connaissant ses plantes, on arrive à un certain degré de précision, surtout en combinant avec la première méthode.

On peut aussi essayer de regarder par les trous du cache-pot pour avoir une idée de l’état du terreau au fond du pot. Ce n’est pas toujours faisable, mais parfois ça renseigne.

Ensuite, pour les jardiniers qui, comme moi, observent tendrement et fréquemment leurs plantes, plusieurs signes trahissent un besoin en eau: des feuilles enroulées, des pétioles mous qui pendent tristement, le jaunissement des feuilles basales, etc. Avec un peu d’attention dans les premiers mois de soins, on peut facilement comprendre le rythme d’arrosage de la plante.

Un mot sur les humidimètre

On vend un outil dont l’objectif est précisément de mesurer l’humidité dans le sol de nos plantes. Je ne pourrais vous suggérer un modèle, puisque leur fiabilité laisse généralement à désirer. Mon conseil: ne pas se fier uniquement à son humidimètre!

Finalement, le niveau de lumière a une influence directe sur la quantité d’eau dont une plante a besoin: une plante sous un soleil ardent perd beaucoup plus d’eau en évapotranspiration qu’une plante cachée dans un sous-sol sombre et humide. C’est, évidemment, une dimension dont il faut tenir compte.

D’ailleurs, il est bien plus difficile de trop arroser une plante sous une belle lumière. Photo par Dan Jones.

Les observations qui renseignent

Réfléchissons aux caractéristiques des plantes qui sont facilement observables et ce qu’elles nous disent sur leurs besoins en eau. C’est principalement le degré de succulence des plantes qui nous informe. Rappelons que la succulence désigne les adaptations des plantes pour survivre aux milieux arides.

On regarde donc:

  1. Les tiges enflées, gorgées d’eau, comme celles des cactus ou des plantes à caudex. 
  2. Les feuilles très clairement charnues, comme celles du Crassula ovata, des feuilles épaisses et plutôt solides, comme celles du Hoya carnosa, et des feuilles minces, mais peu flexibles, comme celles de Ficus elastica; plus les feuilles sont épaisses, bien sûr, mieux elles conservent l’eau.
  3. Les organes sousterrains: les rhizomes de Dracaena trifasciata (anciennement Sansevieria) ou les racines tubéreuses de Chlorophytum comosum.

Tous ces organes qui conservent l’eau, et la combinaison de ceux-ci aident la plante à tolérer la sécheresse. Jusqu’à un certain point, le type de croissance de la plante est aussi intéressant: les plantes grimpantes et épiphytes sont habituées à avoir un système racinaire peu étendu, dans un espace restreint. Elles sont donc forcées de mieux tolérer la sécheresse. 

Photo de gauche: voici un bel exemple d’une plante, un Beaucarnea recurvata, dont la tige caudiciforme lui permet de résister à la sécheresse. Photo de Maja Dumat.

La photo du milieu, en plus de ses belles couleurs, montre les feuilles charnues de petites succulentes. Photo gracieusement offerte sur le site Pickpik.

La photo de droite montre les racines tubéreuses (et en grand besoin de rempotage!) d’un Chlorophytum comosum. De tels organes souterrains sont moins faciles à voir, mais contribuent à la longévité d’une plante en cas de manque d’eau. Photo de Keith Williamson.

Diverses plantes, divers besoins en eau

Après avoir observé le degré de succulence des plantes, on pourrait les diviser en trois sous-groupes pour mieux organiser nos observations:

  1. Les plantes qui n’ont presque aucune manière de survivre en milieu aride. C’est le cas de toutes les plantes aux feuilles minces, flexibles, à texture de papier. Mentionnons par exemple les frondes délicates des fougères, les minces feuilles de Syngonium podophyllum ou celles hautement ornementales et flexibles des cultivars de Calathea. On doit alors garder leur terreau constamment humide.
  2. Les plantes qui ont au moins un organe pour conserver l’eau, comme Scindapsus (feuilles légèrement coriaces sur une plante grimpante) ou Tradescantia (tiges enflées). Même si on ne remarque aucun organe apparent, il est mieux de considérer toutes les plantes comme faisant partie de cette catégorie jusqu’à preuve du contraire. Par exemple, Epipremnum aureum ne paraît pas très solide, mais conserve très bien l’eau dans ses tiges et ses feuilles. On arrose ces plantes selon la règle d’or évoquée plus haut, quand le terreau commence à s’assécher.
  3. Les plantes qui ont plusieurs organes de conversion d’eau, les plantes clairement succulentes et les cactus. Par exemple, Zamioculcas zamiifolia a des feuilles épaisses et peu flexibles, des tiges enflées et il pousse à l’aide de rhizomes: ça lui en fait du stock pour résister aux oublis! On arrose cette plante quand leur terreau est sec en profondeur (on peut être un peu plus généreux en période de croissance).

Qu’en est-il de l’humidité?

Il est difficile de brosser un portrait homogène des besoins en humidité des plantes d’intérieur. À vrai dire, la plupart des plantes qu’on retrouve habituellement dans le commerce tolèrent bien l’humidité dans nos maisons, à quelques exceptions près (mentionnons ici les Calatheas, qui nous séduisent avec leurs magnifiques feuilles pour rapidement nous trahir avec leurs besoins démesurés en humidité).

Dès qu’on s’éloigne des plantes communes, les besoins varient: certaines ont des feuilles minces et besoin de beaucoup d’humidité (ex: Strobilanthes, Begonias rex, fougères), certaines ont des feuilles minces et un peu besoin d’humidité (ex.: Radermarchera sinica, Hibiscus), certaines ont des organes de conservation d’eau et quand même besoin d’humidité (ex.: Cordilyne fructicosa, malgré ses troncs épais)…

Bref, la règle générale, c’est que les plantes des climats désertiques n’aiment pas l’humidité, toutes les autres en bénéficient. Alors, il n’y a rien de mal à augmenter l’humidité.

Le manque d’humidité se constate généralement par deux signes: la sécheresse à la pointe des feuilles (qui peut être causée par d’autres choses, voir l’article Pourquoi la pointe des feuilles des plantes d’intérieur brunit-elle? et la présence de tétranyques.

Exemple appliqué: la plante-mystère

Selon les informations dont on dispose sur le type de plante, que peut-on dire sur les besoins en eau de cette plante? Comment bien prévoir l’arrosage?

L’observation de la plante-mystère fait remarquer des feuilles légèrement charnues, inflexibles, surmontées sur des pétioles épais. Elle devrait être arrosée quand le terreau commence à s’assécher. En l’observant bien les premiers mois pour déceler des signes de manque d’eau, on peut vérifier si elle a besoin d’arrosages plus fréquents. De tels signes seraient l’affaissement des pétioles généralement coriaces.

Exercice pratique

Nous parlerons, lors du prochain article, des autres aspects liés au soin des plantes (rempotage, terreau, fertilisation, températures, propagation, etc.). En attendant, que pouvez-vous dire sur le besoin en eau des plantes suivantes en observant leurs caractéristiques? N’hésitez pas à écrire vos réponses dans les commentaires. Les réponses apparaîtront lors du prochain article.


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  1. Toujours super intéressants et pratico pratiques tes articles ! Merci beaucoup Colin et Joyeux Noël !!

  2. Merci pour cet article très éclairant.
    Je vous souhaite un très Joyeux Noël !!!

  3. puisque je quitte pour l hiver au soleil, une voisine vient arroser mes plantes je lui ai indiqué la quantité d eau que je leur donne chaque demaine. Par contre j abaisse la température dans la maison, Mes plantes ont elle besoin de moins d eau?

  4. Concernant les humidimètres, qu’est-ce qui justifie ce scepticisme ?
    Je suis curieux car j’ai moi-même fait l’acquisition d’un humidimètre classique comme on peut en trouver des centaines en tapant “humidimètre” sur google, et j’en suis jusqu’à présent très satisfait. Ça m’évite de défoncer le terreau de mes petites plantes avec mon gros doigt, et ça me permet aussi de tester l’humidité en profondeur pour les plantes à grand pot et dont je sais que les racines sont profondes. Ça m’évite aussi de me retrouver avec plein de terre sous les ongles, et ça me donne une approximation du taux d’humidité (si je vois que l’aiguille tombe à droite du cadran alors que je mesure un pot de crassula, je sais qu’il y a un problème et que je dois changer le terreau si je ne veux pas perdre ma plante).
    Cependant je reconnais que la mesure n’est pas parfaitement fiable puisqu’il suffit de laisser l’appareil dans le terreau pour que l’aiguille retombe progressivement vers la gauche. J’ai donc compris de manière empirique que je ne devais me fier qu’aux premières secondes de mesure : je plante l’appareil, j’attends une seconde que ça se stabilise et je retiens la position de l’aiguille à ce moment-là.
    Si vous avez d’autres arguments contraires à l’utilisation des humidimètres, je suis curieux 🙂

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