L’ABC du compostage domestique, 1re partie
Vous songez à vous initier au compostage domestique ou vous en faites déjà, mais cela ne donne pas les résultats escomptés? Je vous invite à lire ce petit guide du compostage domestique. Ainsi, vous saurez tout au sujet de cette pratique éconologique (économique et écologique), comme je les aime. Et si vous cherchez des arguments pour convaincre les membres de votre clan, lisez mon article précédent Choisir le compostage domestique.
Qu’est-ce que le compost?
Le compost est le résultat de la décomposition contrôlée de la matière organique.
En nature, la matière organique se décompose naturellement. Dans un boisé naturel par exemple, les feuilles tombent au sol, elles se mélangent avec les végétaux en place, les animaux morts et leurs excréments. Qu’on le veuille ou non, toute cette matière organique se décompose grâce à la participation d’un ensemble de petites bestioles, dont les micro-organismes et les vers de terre. Il en résulte un humus (une belle terre noire qui sent bon) qui à son tour sert à alimenter les végétaux en place.
Lorsque l’on fait du compostage, on imite la nature en optant pour des stratégies dont l’objectif est d’accélérer le processus de décomposition naturel, afin d’utiliser le compost qui en résulte et que l’on surnomme avec raison «l’or brun du jardinier». Il s’agit en fait d’offrir de bonnes conditions de travail aux petites bestioles que j’aime appeler «nos petits employés bénévoles».
Les matériaux compostables
Les matériaux qu’il est possible d’utiliser en compostage domestique sont des matériaux organiques d’origine végétale. Il ne faut pas les confondre avec ceux qui sont acceptés à la collecte municipale. Ces derniers sont destinés à être valorisés par le compostage de gros volume ou encore grâce à la biométhanisation.
Pour faciliter la gestion du compostage domestique, on classe les matériaux compostables en deux catégories, soit les matériaux riches en azote que l’on appelle couramment les matériaux verts et les matériaux riches en carbone ou les matériaux bruns. Sachez que les matériaux verts ne sont pas toujours verts et que les matériaux bruns… ne sont pas toujours bruns.
Les matériaux verts | Les matériaux bruns |
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• Résidus de fruits et de légumes (crus ou cuits) • Restes de pains, de pâtes alimentaires, de céréales et de légumineuses (incluant le tofu) • Résidus de café (y compris les filtres en papier) • Résidus de thé et de tisane (y compris les sachets en papier) • Résidus verts du jardin: fleurs fanées, débris de la taille des arbres et arbustes, plantes adventices (sauf exception) • Poils d’animaux | • Feuilles mortes (pensez à faire des réserves à l’automne) • Brindilles • Branches coupées finement ou déchiquetées • Copeaux et sciure de bois • Aiguilles de conifères • Papier journal • Paille • Tissus de fibres naturelles non colorés |
Les matériaux à éviter en compostage domestique
En compostage domestique, on ne veut surtout pas attirer la vermine ni générer des problèmes d’odeur, c’est ce qui explique que certains matériaux sont à proscrire. D’autres matériaux sont à éviter parce qu’ils ralentissent le processus de décomposition ou parce qu’ils contaminent notre «or brun».
Les matériaux à éviter sont:
- Viandes et os
- Poissons, crustacés et coquillages
- Produits laitiers (lait, yogourt, fromage)
- Huiles et gras
- Plantes traitées avec des pesticides
- Plantes adventices envahissantes et nuisibles pour l’environnement ou l’humain (herbe à poux, herbe à puce, renouée japonaise, roseau commun, Berce du Caucase)
- Feuilles de rhubarbe
- Cendres de bois
- Contenu du sac de l’aspirateur
- Charpie de la sécheuse
- Excréments et litière des animaux domestiques
- Excréments humains
Les matériaux à composter avec discernement
Les plantes malades, les plantes en graines, les plantes à rhizomes et les rognures de gazon doivent être compostées avec discernement.
Dans le processus de compostage, la température s’élève peu, ainsi les organismes pathogènes responsables des maladies des plantes peuvent ne pas être détruits. Il faudra donc porter une attention spéciale aux plantes qui ont été très malades durant la saison, comme c’est le cas pour la tomate par exemple. Par contre, je n’ai pas de scrupule à composter les feuilles d’érable qui sont atteintes de la tache goudronneuse. Dans un premier temps, cette maladie ne risque pas d’affecter d’autres végétaux que les érables. De plus, la maladie est tellement présente dans l’environnement que cela ne fera pas de différence que l’on utilise ou non les feuilles qui sont en sont affectées.
Qu’il s’agisse de plantes adventices (mauvaises herbes) ou de plantes cultivées, lorsqu’elles comportent des graines, ces dernières peuvent survivre au compostage domestique si vos pratiques ne sont pas adéquates. Par contre, si vous avez une bonne gestion de votre compost, c’est-à-dire que vous maintenez le compost constamment humide (il en sera question plus loin), les graines qui sont potentiellement viables vont germer dans le compost et les jeunes plantules qui en résultent vont se décomposer avec le reste de la matière.
Si vous rencontrez des plantes à rhizomes en désherbant, une bonne stratégie consiste à les faire sécher sur le couvercle du composteur avant de les y intégrer. Ainsi, les rhizomes ne risqueront pas de proliférer dans le composteur.
Les rognures de gazon qui sont compostées en grande quantité sont souvent responsables des problèmes d’odeur qui en résultent. La meilleure stratégie concernant les rognures de gazon consiste à les laisser sur place lorsqu’on fait la tonte. C’est ce que l’on appelle l’herbicyclage.
Le contenant récupérateur de la cuisine
Vous avez sans doute déjà deux poubelles dans votre cuisine. Une première pour les déchets ultimes (un déchet qu’il n’est pas possible de valoriser, de recycler ou de réutiliser) et une autre pour le recyclage. Si ce n’est pas déjà fait, c’est le moment d’ajouter un troisième contenant qui sera dédié au compostage domestique.
Ce contenant que l’on appelle le contenant de récupération des résidus de cuisine peut être en plastique (pensez à récupérer les contenants de nourriture à animaux domestiques) ou en acier inoxydable. Il devrait avoir une capacité de 4 à 8 litres et être muni d’un couvercle et d’une anse.
Choisir un composteur
Le type de composteur que je recommande est relativement simple. Il s’agit d’un contenant en plastique ou en bois qui ne comporte pas de fond (c’est important que le compost soit en contact avec les organismes vivants du sol), des côtés rigides, mais aérés (le compostage doit se faire en présence d’air), un couvercle relativement étanche (pour contrôler les aléas de la météo) et un système à l’avant pour faciliter la récolte du compost.
Les composteurs en plastique sont davantage disponibles sur le marché. On peut en trouver dans les quincailleries et les jardiniers. Mieux encore, jetez un coup d’œil dans les petites annonces, vous pourrez sans doute dénicher des composteurs usagés en bon état.
Les composteurs en plastique sont légers, ils se transportent et s’installent facilement, souvent sans outils. De plus, ils résistent à la décomposition.
Mais cette dernière caractéristique est souvent vue comme négative sachant que cette décomposition s’étale sur des centaines d’années et même plus. D’autre part, le plastique est fabriqué avec du pétrole. Malgré ces désavantages, je suis convaincue qu’il vaut mieux composter dans des composteurs en plastique que de ne pas composter du tout.
Les composteurs en bois
Les composteurs en bois sont un bon choix pour l’environnement du fait qu’ils sont fabriqués de matériaux renouvelables. Malheureusement, ils sont plus difficiles à trouver sur le marché. Ils sont habituellement fabriqués et commercialisés par des entreprises d’économie sociale locales. Mais encore faut-il les dénicher.
Si vous avez des talents de bricoleurs, pensez à fabriquer votre propre composteur en bois. De surcroît, si vous utilisez du bois que vous avez déjà en main, ça sera un avantage supplémentaire pour l’environnement.
Bien sûr, les composteurs en bois sont exposés à la décomposition puisqu’il s’agit de matière organique. Heureusement, voici des stratégies qui permettent de prolonger la durée d’un composteur en bois.
- Opter pour des composteurs dont le bois est davantage imputrescible comme le cèdre ou le mélèze.
- Poser quatre briques ou quatre pierres plates aux quatre coins du composteur. Enfoncez-les de façon à ce qu’elles dépassent de 1 à 2 centimètres avant de déposer le composteur dessus. Ainsi, le contenu sera en contact avec le sol, mais le composteur ne reposera pas directement dessus. Il sera donc moins exposé à l’humidité.
- Laisser le composteur ouvert (dessus et ouverture à l’avant) durant au moins 24 heures à la suite de la récolte, ceci pour que le bois puisse sécher.
Un composteur c’est bien, deux c’est vraiment mieux!
Il est beaucoup plus facile de faire du compost avec deux composteurs. Bien sûr, vous pouvez commencer avec un seul composteur, mais il viendra un moment où il sera plein, alors que ce ne sera pas encore le temps de récolter le compost. C’est à ce moment que le deuxième composteur devrait entrer en scène.
Demain, découvrez les méthodes, l’entretien essentiel et les stratégies saisonnières pour maîtriser l’art du compostage avec succès.
Pourquoi ne pas mettre de cendres de bois dans le compost?
Et la cendre de granules de bois ?
La cendre est un alcalinisant puissant, c’est-à-dire qu’elle augmente le pH de façon brutale, ce qui rend le milieu défavorable aux micro-organismes responsables de la décomposition. Pour plus de détails, je vous suggère de consulter mon livre Le compost pourquoi comment.
Merci beaucoup. C’est exactement ce que j’avais besoin de savoir et en plus, vraiment bien expliqué et simplement. J’attends avec impatience la deuxième partie. Je vais demander à ma fille qu’elle m’en construise un comme cadeau de Noel en juillet 😉
D’autres sites recommandent la cendre de bois, bien sûr en mélange avec tout le reste et en proportion. Toujours décevant de se faire dire de ne pas faire quelque chose (comme pour la cendre de bois) mais de ne pas se faire expliquer le pourquoi. Merci!
La cendre possède un pouvoir alcalinisant important, c’est-à-dire qu’elle augmente le pH de façon brutale et radicale, rendant ainsi le milieu défavorable aux micro-organismes responsables de la décomposition. Pour plus de détails, je vous suggère de consulter mon livre Le compost pourquoi comment.
Merci!
Un texte très intéressant qui démystifie l’art de faire un bon compost sans problème. Une recette gagnante. Merci !
Il y a malheureusement des mythes qui perdurent. L’acide oxalique contenu dans les feuilles de rhubarbe est décomposé lors du compostage et le compost obtenu est sans danger pour utilisation au jardin. https://jardinierparesseux.com/2021/05/11/mythe-horticole-il-ne-faut-pas-composter-les-feuilles-de-rhubarbe/
Daniel Leclerc
Suggestion: il serait judicieux de mentionner que les feuilles de rhubarbe peuvent être mises au compost sans problème.
Daniel Leclerc
Y a-t-il des odeurs désagréables qui proviennent des composteurs? Si oui, à quelles distance devrait on placer le composteur d’un endroit où on ne veut pas s’en préoccuper?
Dans ses vidéos, Larry lui même dit qu’on peut mettre les feuilles de rhubarbes au compost…
https://tele-mag.tv/emission/dans-mon-jardin-avec-larry-hodgson/Les-legumes-vivaces
Ah, il y a longtemps que je pense au compostage, mais n’étant pas jardinière, je n’y voyait pas l’utilité. Par contre, depuis que j’ai commencé mes cours avec Mathieu et Tisanji, j’ai commencé à vouloir composter. Merci beaucoup pour ces explications simples et importantes! Je vais maintenant pouvoir m’y mettre!
Qu’en est-il du compostage l’hiver? Vaut-il la peine d’y déposer les épluchures et autres? Ou si je devrais plutôt attendre au printemps que la terre se réchauffe?
Bonjour Madame
J’ai réglé le problème en ayant un deuxième bac qui sert à l’arrivée des premières gelées
Le printemps venu je récupère le compost du premier pour y transférer celui qui est resté gelé tout l’hiver et ainsi recommencer le cycle
J’ai ainsi d’excellents résultats
Un rat se régale dans mon compost. Je n’y mets pourtant aucun reste de viande, fromage , pain etc..
Uniquement des épluchures et il adore ça.
Comment puis-je l’éloigner sans le tuer ?
Merci pour vos suggestions
Protéger votre compost en utilisant un bac fermé ou en ajoutant un grillage sous et autour du tas. Cela empêchera les rongeurs d’y accéder tout en laissant l’air circuler pour le bon fonctionnement du processus de décomposition.