Choisir le compostage domestique!
J’ai commencé à offrir des formations sur le compostage domestique au début des années 1990. Depuis, j’ai formé plusieurs milliers de personnes à cette pratique qui me fascine toujours autant.
Mes débuts ont été modestes, car le sujet était alors marginal. Je me rappelle avoir donné une formation devant une seule personne au site de démonstration en compostage domestique du Jardin Roger Van den Hende.
Progressivement, de plus en plus de citoyens se sont intéressés à cette pratique. Au début des années 2000, le compostage domestique a connu ses heures de gloire. Il m’est arrivé alors de recevoir plus de 150 participants à certaines de mes formations. Si aujourd’hui, mon nom est parfois associé à la tomate, à cette époque c’est le compost qui prenait le plus de place dans ma carrière. Pas étonnant que plusieurs me surnommaient «Madame compost».
Malheureusement, la popularité du compostage domestique est en baisse depuis que la collecte des matières organiques est installée dans plusieurs municipalités. Dommage, si l’on considère les nombreux avantages du compostage domestique, et ce, principalement pour les jardiniers.
Faire du compost… pour vrai!
Aujourd’hui, il m’arrive de rencontrer des gens qui me disent faire du compost, alors qu’en fait, ils participent à la collecte des matières organiques. Si je me réjouis du fait que ceux qui habitent en multilogements peuvent enfin poser un geste concret pour l’environnement en valorisant leurs résidus de cuisine, je suis tout de même contrariée lorsque je constate que tous ceux qui ont un petit carré de verdure choisissent de ne pas gérer eux-mêmes leurs matières organiques.
Personnellement, il ne me viendrait pas à l’idée de confier ces matières à ma municipalité, car je suis trop consciente des nombreux avantages que m’offre le fait de les gérer à la maison.
Faire son compost… le meilleur choix pour l’environnement
En matière de pratiques écologiques, c’est toujours le cycle le plus court qui est le meilleur choix.
Lorsque l’on fait son compost à la maison, on gère sur place les résidus organiques que l’on produit. Ainsi, on évite le transport de ces matières. Au Québec, 43 % de nos émissions de gaz à effet de serre (GES) proviennent des transports.

Peu importe la façon dont les matières organiques sont gérées à grande échelle (habituellement par compostage ou par biométhanisation), cela implique de l’énergie et des matières premières. Et ces dernières ne sont souvent pas renouvelables.
Si la plupart des municipalités ont opté pour le bac brun (ou vert) dont le contenu est destiné à être composté en gros volume, d’autres ont choisi de valoriser les résidus organiques par biométhanisation. C’est le cas de ma municipalité qui collecte essentiellement les résidus de cuisine (et non les résidus de jardin) dans des sacs de plastique mauve.

Depuis que le service a été implanté dans ma municipalité, j’ai utilisé quatre sacs pour y mettre des os de poulet ou des résidus de poissons… rare matière organique que j’accepte de «donner» à ma municipalité. Car bien sûr, je conserve aussi mes feuilles mortes à l’automne comme je l’ai présenté dans un article récent.

Autre effet positif du compostage domestique. Puisque le compost que l’on produit n’a pas à être ensaché, on évite l’utilisation des sacs de plastique.
Faire son compost pour en contrôler la qualité
Même si je suis agronome, je trouve souvent difficile d’évaluer la qualité des composts qui sont vendus sur le marché. En fait, il faut savoir lire entre les lignes.
Ce n’est pas le cas lorsque l’on fait son propre compost, puisqu’on en contrôle la qualité. À partir du moment où l’on respecte les règles de base, on contrôle la qualité du produit fini. Je n’ai pas de scrupules à mettre mon compost au pied de mes plants de tomates, car bien sûr, je sais qu’il ne contient pas de contaminants ou d’autres intrants que je désapprouve.
Lorsque vous participez à la collecte des matières organiques de votre municipalité, vous n’avez pas de contrôle sur le contenu du bac brun de votre voisin. Et par conséquent, sur la qualité du compost qui en résulte.
Faire son compost pour économiser
Le compost est à la base de la fertilisation pour la majorité des plantes. Il est même essentiel pour la culture des légumes. Que vous jardiniez en pleine terre, en pots ou en bacs, vous avez tout avantage à amender votre terre (ou votre terreau) avec du compost.
Si vous ne produisez pas de compost, vous devrez en acheter. Il faudra éviter les composts vendus à deux dollars. Un compost commercial de qualité acceptable se vend entre six et quinze dollars le sac.
Selon la quantité que vous produirez (il ne faut pas avoir des attentes trop élevées au début), vous pourrez économiser plusieurs dizaines de dollars par année.
Faire son compost pour avoir du compost sous la main
Lorsque vient le temps d’effectuer une nouvelle plantation, j’apprécie le fait d’avoir toujours du compost sous la main. Je n’ai pas à utiliser mon auto pour me rendre à la jardinerie ou à la quincaillerie… un autre bon geste pour l’environnement.
Faire son compost pour éviter les odeurs du bac brun
Le compostage domestique traîne à tort une mauvaise réputation en matière d’odeur nauséabonde. Pourtant, le bac brun risque davantage de générer de mauvaises odeurs durant les chaudes journées de l’été.
Les matières organiques qui s’entassent dans un milieu fermé comme le bac brun produisent des biogaz du fait qu’elles sont privées d’air. À l’opposé, lorsque les matières organiques sont gérées adéquatement dans un composteur aéré, elles se décomposent progressivement par l’action des micro-organismes pour finalement produire un amendement qui sent la bonne terre.
D’après mon expérience, la mauvaise réputation du compostage domestique est associée au compostage des rognures de gazon. Ces dernières dégagent des odeurs d’ammoniac nauséabondes. Une bonne raison de pratiquer plutôt l’herbicyclage, c’est-à-dire de laisser les rognures sur place lors de la tonte.
Faire son compost, pour donner l’exemple
Faire son compost à la maison est une excellente façon d’enseigner à nos enfants et petits-enfants comment devenir des citoyens écoresponsables. On gère soi-même les déchets que l’on produit.
Par la même occasion, pourquoi ne pas leur enseigner à jardiner? Ce sont deux héritages qui valent leur pesant d’or.
Faire son compost, pour la satisfaction
Lorsque vient le moment de la récolte, je suis toujours fascinée par le résultat… sachant que j’ai participé à ce «miracle»… qui n’en est pas un.
Voir se transformer sous nos yeux des choses que l’on considérait au départ comme des déchets en un véritable «or brun» est vraiment satisfaisant. C’est là que le terme «valoriser» prend tout son sens.

Faire son compost… parce qu’il n’y a pas de service de collecte de matière organique
Si vous résidez dans une municipalité ou la collecte des matières organiques n’est pas offerte ou encore si la collecte est réservée essentiellement aux résidus de la cuisine (c’est le cas pour ma municipalité), faire son compost est un choix plus que sensé lorsque vous profitez d’un petit coin de terrain. Pour les autres qui habitent en multilogements, il y a toujours le vermicompostage ou le balcompost… mais ça c’est une autre histoire.
Faire du compost ça peut être simple
Il y a plusieurs façons de faire du compost. Si vous êtes très motivé et avez beaucoup de temps à mettre sur le projet, vous pourrez faire du compost en quelques mois. À l’opposé, si vous êtes plutôt comme je l’imagine, un disciple du Jardinier paresseux, sachez qu’il est très possible de faire du compost en y consacrant seulement quelques minutes par semaine. Vous devrez toutefois être plus patient pour en voir le résultat. De toute façon, retenez que tout ce qui est matière organique se décompose qu’on le veuille ou non.
Apprendre à faire du compost
Vous avez le goût d’apprendre ou de réapprendre à faire votre propre compost, surveillez ma publication du mois prochain ou consultez mon livre Le compost, pourquoi, comment?
Note: sauf indication, les photos sont de l’autrice.
Dans ma ville Bécancour, il n’y a pas encore de collecte pour les résidus compostables et chez-moi, même si c’est un petit terrain, je fais mon compost. C’est gratififiant et gratuit bien sûr, et j’en ai eu assez pour ma plantation et fournir à mes plants établis, un apport nutritif.
Pourquoi faut-il éviter les sacs de compost à deux dollars ? Moi je composte tout, mais parfois je dois en acheter et je le mélange avec mon composte maison.
Parlez-nous du fumier en sacs que l’on vend dans les Rona et Home Dépot.
Merci
Merci pour votre article.
Bien que notre municipalité offre la collecte, nous faisons aussi notre composte.
C’est effectivement toujours merveilleux de voir des résidus se transformer en terraux.
Pour ma part, j’utilise note composte que dans les plates-bandes. Pour le potager, j’achète en vrac un composte biologique de compagnie telle que Fafard. Leur composte me semble plus équilibré que le nôtre.
Cela fait des années que je vis sur un grand terrain hors de la ville et j’ai toujours fait mon compost. Malgré tout depuis deux ans j’ai modifié mes habitudes pour tout donner à la municipalité. Et le résultat ne s’est pas fait attendre, je n’ai plus de ratons laveurs, de mouffettes, et autres qui viennent fouiller les poubelles et faire leurs terriers près de la maison. A près de 80 ans, je suis heureuse de n’avoir plus à m’en occuper.
Drôle de hasard, je pensais justement à me lancer dans le compostage maison cette semaine. J’y ai songé plusieurs fois mais en bonne paresseuse que je suis, ça me semblait toujours un peu compliqué. J’ai bien hâte de voir ce que vous nous proposerez le mois prochain. Merci!
Bravo Lili de continuer cette belle mission de sensibilisation et c’ets tellement gratifiant de faire son compost!
Si vous avez lu les articles de Larry Hodgson sur le contenu du compost vendu dans les commerces, vous ne douterez plus de la valeur du compost maison. Personnellement, je compost depuis des années. Au début, il était réservé pour mes fleurs, maintenant c’est le potager qui passe en premier.
J’habite à Montréal, dans Villeray. J’ai la chance d,avoir une grande cour. Je fais du compost depuis mon arrivée dans ce quartier il y a 23 ans. Je ne connaissais rien au début et mon compost puait. Avec le temps, les lectures, les vidéos, j’ai appris à faire un bon compost… et à utiliser les feuilles qui abondent dans ma cour et mon quartier. J’adore faire et utiliser mon compost. C’est très réjouissant… et économique. Merci beaucoup pour votre article.
J’avais opté pour la facilité mais je pourrais comme vous mettre que les os, viande etc dans le sac mauve sur le balcon pour éviter les odeurs et transférer le reste au balcon lorsque le petit bac est plein. Ça demande plus de discipline…
Peut-être pourriez-vous faire quelques suggestions lors de votre prochaine publication. Merci.
Il n’y a pas de collecte de déchets de table dans mon immeuble. Je ramasse les déchets végétaux et je les apporte au jardin communautaire. À la fin de la saison, je les enterre plutôt dans mon propre jardinet. Je vais essayer de faire du compost sur mon balcon. Vos conseils seraient bienvenus. Merci
Est il possible de tester mon compost pour connaitre ses valeurs et sa qualité d’une année a l’autre ? Je composte depuis 20 ans et j’en suis rendu a tamiser mon composte j’avoue que j’ai même un peu de réticence a le mettre sous les plantes et sur ma pelouse tellement je le trouve agréable .Une vraie merveille , couleur , odeur , texture il est super
Je fais toujours mon compost depuis mes cours de compostage en 1992.Je participe au bac brun pour les os et restes de gras animal.Les rognures de gazon reste sur place et les feuilles d’arbres mr sont données par une voisine car j’ai pas beaucoup d’arbres sur mon terrain.Je continue de composter ,je ndbpaye pas pour celui-là. Merci de continuer à en parler.
La famille de ma mère était des agriculteurs chevronnés et tous les résidus de table se faisaient enfouir directement dans le jardin, entre les plantes. L’hiver, on mettait tout ça dans un baril et le printemps venu, le tout était déversé dans le jardin et enfoui.
Le secret pour qu’il n’y ait pas d’odeur dans le bac de cueillette qu’on avait dans la cuisine? Ne pas le couvrir. Ça devient comme un bol de fruit ou de légumes sur le comptoir.
J’ai fait ça longtemps – c’est-à-dire enfouir directement ce que j’avais accumulé dans mon petit bol pendant quelques jours et ça fonctionnait très bien.
Dernièrement, parce que j’ai mis du paillis dans les plate-bandes et que je ne veux pas le contaminer de terre en le déplaçant pour enfouir les résidus végétaux, je coupe en petits morceaux pelures, feuilles, fanned ou cœurs de pommes ou autre et je les place ‘discrètement’ à la base de mes plantes. Discrètement car les voisins sont tout près.
Je confirme que ça n’attire pas les animaux et que ça se décompose rapidement.
Bref, ça peut être une autre solution pour qui n’a pas l’espace pour faire du compost.
Plus on est à gérer soi-même ses résidus, mieux la planète (et le sol) se porte.
Heureux compostage à tous, quelque soit la méthode employée et merci pour cet article bien informatif.
Bonsoir,
Je ne suis plus intéressé à recevoir vos messages par internet. Veuillez me désinscrire de votre liste.
Merci!
Suis totalement d’accord avec vous, il est beaucoup plus facile de faire son compost domestique que d’utiliser le bac brun. Je prends le bac brun juste pour les restes de viandes et poissons que je congèle dans du papier journal et mets dans le bac la journée même de la collecte.