Vivre sans pesticides
Le monde du jardinage est divisé en 2 parties: les gens qui sont très heureux des interdictions sur les pesticides protégeant la santé des citoyens en bannissant des produits chimiques dangereux de nos terrains et ceux qui sont en maudit de voir leurs pesticides préférés mis au ban. Mais peu importe de quel côté de la clôture vous vous situez, il faut néanmoins se plier aux règlements ou risquer de fortes amendes. Donc…
Si, dans la majorité des cas, il existe des «solutions écologiques» essentiellement équivalentes, certaines personnes seront étonnées de découvrir que ce n’est pas toujours le cas.
Le syndrome de la pelouse parfaite
Sont surtout «en maudit» les propriétaires pris avec des pelouses infestées de pissenlits, mais qui ne trouvent plus aucun «traitement» pour leur problème. En fait, les herbicides, comme le glyphosate, interdits dans de plus en plus de municipalités, et les herbicides au savon ou aux acides quoique non chimiques (jus de citron et vinaigre) sont tous des herbicides totaux, c’est-à-dire qu’ils tuent toutes les plantes vertes et non pas seulement les plantes à feuilles larges. Si vous les vaporisez sur votre gazon, les graminées aussi vont mourir, vous laissant avec une pelouse morte.

Il y a bien un herbicide pour le gazon, le gluten de maïs, mais il ne tue pas les pissenlits vivants. Son rôle est d’empêcher la germination des plantes, dont les pissenlits. On peut donc les prévenir, mais il n’est pas aussi facile de les éliminer.
L’arrachage: une solution partielle
On peut toujours arracher les pissenlits à la main, mais si vous ne faites que cela, les résultats ne seront que mitigés. En effet, vous venez de laisser des dizaines de trous dans le gazon où de nouveaux pissenlits peuvent germer! Ainsi, pour compléter l’arrachage, il faut toujours terreauter (poser une mince couche de terre) et réensemencer avec des graines de gazon. Ainsi ce sont les graminées qui pousseront dans les trous, non pas des pissenlits.

Les insectes dans la pelouse
On peut traiter assez facilement les punaises et les pyrales dans le gazon avec des insecticides biologiques (savon insecticide, etc.). Mieux encore, semez du gazon à entretien minimal et vous n’aurez pas de problèmes de punaises et de pyrales (ce gazon contient des endophytes, des champignons bénéfiques pour les graminées, mais qui rendent leurs feuilles indigestes). Mais que faire des vers blancs? Ces vers dodus vivent en profondeur, hors de la portée des insecticides… et ils mangent les racines des graminées, où les endophytes sont absents. On peut les traiter avec des nématodes (suivez très précisément le mode d’emploi) ou un produit qui contient la bactérie Bacillus thuringiensis subsp. galleriae.
Les insectes sur les plantes
Encore, les insecticides biologiques habituels (savon insecticide, etc.) sont bien efficaces.
Les insectes dans les plantes
Il n’existe aucun insecticide biologique systémique, donc qui pénètre dans la plante pour la rendre toxique aux insectes en toutes ses parties. Les perceurs et les mineuses, qui vivent à l’intérieur des tissus, ne seront donc pas faciles à contrôler. On peut toujours arracher les feuilles atteintes de mineuses, mais quand une tige ou un tronc est atteint d’insectes perceurs, comme l’agrile du bouleau, quoi faire? Le mieux qu’on peut faire est de bien entretenir l’arbre en l’arrosant et le fertilisant au besoin pour augmenter sa vitalité, mais cela est surtout efficace quand l’arbre est jeune et encore libre d’infestation. Les vieux arbres infestés risquent de mourir.

Faut-il en pleurer? Pas vraiment. Les bouleaux sont naturellement des arbres de courte vie et le rôle de l’agrile est de mettre fin aux bouleaux faibles. Si vous devez planter un bouleau, par contre, mieux vaut choisir une espèce qui est naturellement résistante, comme le bouleau noir (Betula nigra) et le bouleau jaune (B. alleghaniensis), et surtout éviter le bouleau d’Europe (B. pendula).
Une solution pour les paresseux
Débarrassez-vous des plantes à problèmes! Cela vaut pour la pelouse aussi pour ceux qui ne peuvent tolérer les mauvaises herbes. Si une plante est régulièrement la proie de maladies ou d’insectes, il vaut mieux la remplacer par une autre plus adaptée. Avec le large choix de plantes disponibles, il n’y a aucune raison de tolérer des plantes qui causent des soucis année après année. Bref, si une plante ne vous convient pas, compostez-la et trouvez-en une autre qui répondra mieux à vos attentes.
Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte sur les pesticides a été publié à l’origine le 10 juin 2006 dans le journal Le Soleil.
Merci pour ce super document.
Cependant est ce
L´ARGILE ou L´AGRILE du bouleau ?
Agrile. Merci de l’avoir signalé!
C’est corrigé, merci. C’était passé sous le radar.
Auriez vous un bon livre à me suggérer sur les insectes, nuisibles ou utiles, que l’on retrouve dans nos potagers?
@françois boulet: Des bestioles et des plantes par Daniel Gingras et Albert Mondor.
Les insectes d’intérêt agricole, éditions Berger ou Insectes du Québec de Yves Dubuc
D’où vient cette haine pour les pissenlits? Je ne vois que du bénéfique dans cette plante alors je ne comprend pas!
Question: j’ai deux cerisiers de 20 ans j’ai dû couper plusieurs branches sèches ils perdent leurs feuilles présentement en juin p-e une maladie fongique est-ce que ça vaut la peine de mettre un savon pour les traiter vu leurs âges. merci de me répondre
Cela ressemble à une maladie fongique. Un arbre mature peut généralement survire la perte de ses feuilles. On utilise la bouillie soufrée ou chaux soufrée plutôt que le savon pour combattre ses maladies, au printemps. Ramasser les feuilles mortes et élaguer des branches pour aérer peut aider à réduire l’infestation.