Québec serre la vis sur les pesticides
La ville de Québec a annoncé, le 21 juin 2023, l’adoption du Règlement sur l’enregistrement des entrepreneurs offrant un service d’application de pesticides, R.V.Q. 3186.
Le règlement oblige les entrepreneurs qui appliquent des pesticides pour d’autres à s’inscrire à l’avance auprès de la ville. Il énonce certaines exigences que ces entrepreneurs sont censés respecter et les droits d’inspection ainsi que les sanctions en cas de non-conformité.
Entre outres, les entrepreneurs ayant un permis devront fournir les informations sur les pesticides utilisés à leurs clients et leurs voisins qui en feront la demande. Ils devront aussi tenir un registre de leur achat, vente et utilisation.
À noter que l’adoption d’un règlement visant à réduire l’utilisation des pesticides est l’une des 24 mesures requises pour atteindre le statut Or de Ville amie des monarques de la Fondation David Suzuki, et l’une des 15 actions requises pour se conformer à l’Engagement de Montréal auquel s’est jointe la ville de Québec lors de la COP15 en décembre dernier.
Qu’est-ce qu’un pesticide?
Le terme pesticide est utilisé pour décrire une substance ou un mélange qui détruit les parasites ou prévient ou réduit les dommages qu’ils peuvent causer. Ces parasites peuvent être des insectes ou d’autres animaux, des plantes indésirables, des champignons, des bactéries ou des virus. Ils peuvent être composés de produits chimiques ou de matières naturelles et incluent les insecticides, les herbicides, les fongicides et les rodenticides.
Glyphosate
Au début juin, la Ville de Québec a aussi fait savoir qu’elle interdira, sur son territoire, la vente du glyphosate d’usage domestique à partir de 2024. Cet herbicide est l’ingrédient actif de l’herbicide Roundup de Monsanto qui est largement utilisé pour contrer les plantes adventices en agriculture. Le glyphosate est un herbicide très répandu utilisé pour lutter contre les plantes à feuilles larges et les graminées.
En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’OMS, a classé le glyphosate comme «probablement cancérogène», mais des études subséquentes ont trouvé qu’il est peu probable que les quantités trouvées dans nos aliments causent le cancer. Cependant, des études menées à l’Université McGill suggèrent que des écosystèmes marins, exposés au glyphosate via ruissellement, subissent des pertes de biodiversité et que d’autres animaux et leur chaîne alimentaire seraient indirectement affectés.
Selon Madame Marie-Josée Asselin, vice-présidente du comité exécutif responsable du développement durable et de l’environnement, «l’engagement des citoyens de Québec est grandissant lorsqu’il s’agit de protéger la biodiversité et d’agir pour des milieux de vie plus sains et plus durables. Nous emboîtons le pas à d’autres municipalités et nous souhaitons agir pour limiter les impacts néfastes de cet herbicide sur notre santé. Nos connaissances sont en constante évolution et nous devons continuer d’avancer dans la bonne direction pour offrir à tous des milieux plus sécuritaires et plus verts où il fait bon vivre!»
Des consultations publiques ont été tenues cet hiver et la modification au règlement serait issue de demandes des citoyens de Québec.
Montréal
En vigueur depuis le 1er janvier 2022, le Règlement sur la vente et l’utilisation des pesticides de la ville de Montréal exige également des entrepreneurs utilisant les pesticides de s’enregistrer. Il interdit aussi la vente et l’utilisation de plusieurs des pesticides, dont le glyphosate, le chlorpyrifos et certains néonicotinoïdes. Montréal est la première ville canadienne à interdire complètement la vente de ces pesticides domestiques.
A-t-on vraiment besoin de pesticides?
En ce qui me concerne, l’usage de pesticides n’est pas nécessaire pour des usages résidentiels à part dans des cas d’infestation majeure de parasites non indigènes ou nuisibles pour la santé. Dans ces cas, il serait préférable de faire appel à des spécialistes qui pourront évaluer la situation et utiliser les produits appropriés de façon sécuritaire. Il est aussi important de contacter les instances gouvernementales concernées.
En général, on peut éviter l’utilisation de pesticides en faisant de bons choix de plantes adaptées à nos conditions. Des plantes placées au bon endroit seront plus en santé et résisteront mieux aux parasites. Il y a aussi plusieurs variétés de plantes qui sont résistantes aux maladies. L’utilisation de compost et d’un paillis organique biodégradable nourrira les prédateurs naturels des parasites ainsi que les plantes. Favoriser la diversité dans notre jardin aidera aussi. S’il n’y a qu’une sorte de plante et qu’elle tombe malade, on perd tout. Mais s’il y a une grande variété de plantes et qu’un ravageur en élimine une, vous en avez d’autres pour la remplacer. Fait non négligeable: les parasites peuvent avoir de la difficulté à trouver leurs proies quand il y a une diversité de plantes qui cachent leur odeur. N’hésitez donc pas à mélanger des fleurs à vos légumes dans votre potager.
Et les insecticides à faible impact?
Un insecticide à faible impact, tel le savon insecticide, peut être utilisé au besoin. Mais n’oubliez pas, si un insecticide tue un insecte, il tuera probablement d’autres espèces aussi. Malgré vous, vous pouvez dérégler l’écosystème de votre jardin en tuant le prédateur naturel du parasite que vous souhaitiez éliminer. Essayez de limiter l’usage des pesticides et surtout utilisez-les seulement dans la zone infectée.
Si vous choisissez de demander à une entreprise de faire l’application de pesticides, assurez-vous qu’elle ait les bons permis en main pour ce type de travail, pour vous assurer qu’ils utilisent ces produits de façon sécuritaire pour la santé humaine, animale et pour l’environnement.
Et n’oubliez surtout pas, en général, la nature trouve réponse à tout. Il vaut parfois mieux la laisser faire!
Merci de cette information Mathieu. Je suis sidérée de constater qu’on est en seulement au début des interdictions compte tenu de toutes les connaissances disponibles. Les réglementations municipales diffèrent d’une ville à l’autre; c’est parfois difficile de s’y retrouver. Par exemple, chez moi, il serait interdit d’épandre des pesticides mais les commerces continuent à en vendre… Ton article me motive à m’informer et à faire pression au niveau de ma ville afin d’arriver à augmenter la sévérité de la règlementation. Merci!
je suis situé dans une zone interdite de traitement de pesticide car situé dans le bassin versant de la ville de québec…il est strictement interdit de traiter pourtant on y retrouve pleins de compagnie…même après de nombreuses plaintes à la ville, rien ne bouge…un vrai désastre…
Bonjour, qu’en est-il de la réglementation concernant la vitesse maximale du vent autorisée lors de l’application de produits vaporisés ? Et ce autant pour les engrais chimiques, les herbicides et même les pesticides. Je ne désire pas avoir les produits de mes voisins sur mon terrain et encore moins dans mes poumons …
normalement les compagnies de pesticides ne devraient pas faire des applications avec des vents au delà de 10-15 km /h. cependant ce n’est pas du tout respecté…rare sont les journées parfaites pour traiter, alors les compagnies traitent en tout temps…et s’il y a des voisins dehors, on les invitent a entrer…consigne de la compagnie pour laquelle je travaillais..
Très en accord avec tout ça, beaucoup de contradictions dans tous nos systèmes, particulièrement tout ce qui touche l’environnement.
Bonjour, Merci pour cette information qui est une excellente nouvelle pour la biodiversité et pour notre santé. Le lobbyisme exercé auprès des gouvernements est tellement puissant de la part des compagnies (idem pour les engrais chimiques dans le milieu agricole), qu’il y a toujours une bonne raison pour en retarder la mise en application de la réglementation. Heureusement qu’il y a des conventions internationales qui incitent les gouvernements, villes et municipalités à passer à l’action, et ainsi contrer le lobbyisme. C’est puissant l’appel de l’$$$$$…….
Désolé Mathieu, mais le plyphosate va demeurer pour combattre les herbes à puces. Depuis plusieurs années je mène une lutte sans merci contre cette plante redoutable. Oubliez le mélange vinaigre sel. C´est inefficace car les racines ne sont pas atteintes. Arrachage et bâchage ? J´en ai une belle sur pousse sur un chêne que je dois abattre ayant poussé contre la fondation de la maison et qui heurté la gouttière. La plante est rendue à faire des lianes ligneuses qui se transforment en bois. Son système racinaire est bien implanté. Bâcher jusqu’au toit….sur plus d´une année ?
Même une fois morte elle reste toujours aussi venimeuse. Comment distinguer ses sarments à l´automne ? Dans 2 ou 3 ans, même morte et sèche elle demeure intouchable, ni brulable ou compostable. Sachez que les cas d´allergies cutanées sévères peuvent mener à des hospitalisations. C´est une plante que les gouvernements du Québec et de l´Ontario demandent d´éradiquer. Désolé, mais même le puissant glyphosate qui détruit tout, peut nécessiter des applications sur plusieurs années afin d´en venir à bout.
Bonjour Daniel! La seule exception que je ferais à l’utilisation de herbicides est pour les espèces exotiques envahissantes et les plantes nuisibles telle l’herbe à puce. Je crois tout de même qu’il doit y avoir un contrôle très serré sur ces produits, sinon leur utilisation irresponsable continuera.
C’est super qu’enfin les villes prennent des mesures, cependant un citoyen qui tente de faire disparaître quelques pissenlits( malheureusement il y en a encore) a beaucoup moins d’impact qu’un immense terrain de golf! Terrain de golf où tout ce qui n’est pas un brin d’herbe n’a pas sa place et où il y a des traitements contre les insectes piqueurs. Je connais quelqu’un qui habite près du terrain de golf à Laval; son labrador a perpétuellement des maladies de peau car il va pateauger dans l’eau du fossé. Le vétérinaire lui a dit que très probablement ça dépendait des pesticides dans l’eau du fossé. Mais ça on en parle jamais.
Depuis il existe un logo, déposé sur la pelouse, lors de l’application de pesticides à faibles impacts, il est jaune au lieu d’être rouge.
Est ce mieux? L’idéal serait celui qui est vert, sans pesticides.
En ce qui concerne l’application de la loi, les supers lobbys comme Mosento, Bayer, pousseront les gouvernements à retarder l’adoption des nouveaux règlements aussi longtemps que possible. C’est long longtemps ça !
Tout-à-fait d’accord! On sait bien que les gens qui veulent en mettre vont le faire, un ‘vertdure’ osait écrire que sa formule détruisait sans nuire…. Comme si un litre de poison dans une piscine c’est mieux que 2. 🙁 Tout n’est que temporisation pour calmer ceux qui pensent à la santé phys. et environnementale. Je crois plus Pinocchio que Lego, au moins le nez allonge pour l’un. N’oublions jamais que Lego a affirmé avant même d’être réélu: “L’environnement oui, mais pas au prix de l’industrie.”.
Anyway ça demeure entre les mains des gens et on a du chemin à faire avec ceux qui arrosent leur gazon de pesticides tout en arrosant d’eau leur asphalte !
Je demeure tout près de Québec, où l’utilisation des pesticides est encore permise: je n’ai JAMAIS voulu de ces produits chez moi, ayant longtemps été “le mouton noir” de ma rue & fière de l’être ! Heureusement, de plus en plus de gens abandonnent cette pratique, laissent les pissenlits fleurir & ne tondent plus en juin. Mais c’est loin d’être acquis: ces compagnies continuent de tuer les insectes qui faisaient si bien le travail depuis toujours. J’ai ainsi récolté plusieurs plantes indigènes que j’apprends à identifier. Trop de gens s’imaginent encore habiter sur un terrain de golf !
J’ai plus de 70 ans, j’ai déjà eu une ferme comme havre de paix il y a 40 ans. Je m’amuse avec les plantes depuis l’âge de 8 ans. Il vaudrait la peine de mentionner qu’on peut utiliser des insectes prédateurs sélectifs, des nématodes, plusieurs variétés de bacillus thurigencis (begon par exemple pour les pelouses) pour lutter contre les nuisibles. J’ai maintenant une petite serre et sans ces produits je ne réussirais pas. Ils sont disponibles chez Natural Insect Control par livraison, et en plus petite quantité par Lady Bug, avec des points de chute dans plusieurs villes (c’est une agronome qui a décidé de les rendre plus accessibles).
Je n’en reviens pas qu’on en soit encore à voter des lois visant à réduire l’utilisation des pesticides. Ces poisons devraient tout simplement être interdits pour un usage résidentiel. Les dangers pour la santé et l’environnement sont archi-connus et bien documentés. Il n’y a aucun bénéfice à répendre ces produits juste pour avoir une pelouse uniforme d’un vert « synthétique ». Même si c’est interdit, il y a quelques années, mon gros cave de voisin n’a rien trouvé de mieux que d’arroser ma plate-bande avec de l’herbicide parce qu’il y avait des plantes qui poussaient près de sa clôture. Pas besoin de dire que tout est mort raide. Même si nous avions 2 enfants en bas âge qui jouaient dehors, et auraient pu être en contact avec les produits, ça ne l’a pas empêché. Contre le manque de jugement, il n’y a que l’interdiction qui marche.