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À chaque mois sa plante, novembre 2023 : le Syngonium

Photo par Omegatron.

Lorsqu’on parle de plantes à quelqu’un qui dit ne pas avoir le pouce vert, neuf fois sur dix, cette personne dira qu’elle doit trouver des plantes qui tolèrent les oublis d’arrosage. C’est vraiment la fréquence d’arrosage qui inquiète le plus les gens. Ainsi, presque toutes les plantes qu’on conseille aux débutants sont des plantes qui tolèrent bien la sécheresse (entre autres).

Cependant, la plupart des plantes meurent d’un excès d’arrosage lorsqu’elles sont dans des conditions lumineuses restreintes. Alors qu’en est-il des gens qui ont la main trop généreuse? Quelle plante leur offrir, quand on sait que l’indestructible sansevière qu’ils placeront à l’ombre se transformera inévitablement en carton mou après seulement quelques mois de leurs soins?

La réponse – très surprenante puisque c’est écrit juste en haut – c’est le Syngonium!

Origine

Bien qu’on la nomme souvent seulement syngonium (ce que je vais faire dans l’entièreté de cet article), cette plante cultivée dans nos maisons depuis l’époque victorienne est la plupart du temps le Syngonium podophyllum. C’est une plante issue du genre Syngonium, composé lui-même d’une trentaine d’espèces, appartenant à la famille des Aracées. Les syngoniums se retrouvent naturellement dans les forêts tropicales d’Amérique, du Mexique au Brésil, mais ils ont été introduits comme plantes ornementales en Afrique et en Océanie, où ils ont tôt fait de devenir invasifs. (C’est sans surprise. La plupart des plantes «faciles» le sont parce qu’elles survivent à presque tout, et donc à nos mauvais traitements. Cette particularité les rend très difficiles à exterminer à l’extérieur où elles profitent d’une abondance de lumière et d’humidité, des conditions toujours gagnantes pour les plantes tropicales.)

Chaque section de la tige peut produire une plante complète, et ce, assez rapidement. Dans les climats tropicaux où cette plante ornementale s’est naturalisée, elle a tendance à rapidement se répandre comme grimpante et comme couvre-sol, si bien qu’elle fait maintenant partie de plusieurs listes de plantes invasives. Photo par Forest & Kim Starr.

Les autres noms du syngonium sont patte-d’oie, et en anglais goosefoot plant ou arrowhead vine (tête de flèche). On l’appelle aussi arrowhead philodendron, bien qu’il ne soit pas un philodendron (un cousin de la même famille, les Aracées), ou encore Nephthytis, une plante africaine avec lequel on le confondait avant de l’isoler dans le genre Syngonium. De tous ces noms, Nephthytis est encore très souvent utilisé.

Existe-t-il d’authentiques Nephthytis sur le marché des plantes d’intérieur?

C’est possible. On comprend la confusion: tant Syngonium que Nephthytis présentent des feuilles en forme de flèche, du moins en forme juvénile, même si celles des cousins africains paraissant légèrement plus arrondies. En revanche, Nephthytisest un genre beaucoup plus restreint que Syngonium, ne comptant que six espèces reconnues. Bien qu’il soit donc en effet possible que les Nephthytis soient cultivés et vendus au Québec comme plante ornementale, il y a beaucoup plus de chances que ce soit véritablement un syngonium mal identifié.

Description

Le syngonium est une plante de forme changeante, selon son stade de vie. Il pousse d’abord en touffe, sous sa forme juvénile, ressemblant à une rosette dont les tiges sont camouflées par les nombreuses feuilles charnues, vernissées, en forme de flèche. Cette forme est celle qui est la plus souvent cultivée à l’intérieur. Les plantes habituellement produites à grande échelle (surtout issues de culture artificielle de tissus) arrivent même avec quelques rejets à la base, lui donnant une jolie apparence touffue.

Croissance et floraison

Alors qu’il grandit, développant un bon lot de racines grises s’il en a l’espace, le syngonium commence à prendre une forme grimpante: les feuilles sont de plus en plus grosses, mais de plus en plus espacées et elles dévoilent une tige aux nœuds apparents, auxquels poussent de petites racines aériennes charnues dont la plante se sert pour grimper. Chaque nœud produit une seule feuille en forme de flèche et a la possibilité de produire un nouveau système de racines pour supporter la plante.

Le syngonium va alors tenter de grimper ou il retombera, à la recherche d’un support. La plante retombante produit des tiges de plus en plus longues et des feuilles de plus en plus espacées, cette nouvelle forme contrastant avec son apparence lorsqu’elle était juvénile. En revanche, si elle trouve un support, elle va s’y agripper et prendre sa forme adulte. Le syngonium produira alors des feuilles à trois puis à cinq lobes, espacées, qui deviennent digitées à sept ou à neuf folioles avec l’âge. Les plantes adultes sont rarement cultivées à l’intérieur, car il leur faudrait grimper sur plusieurs mètres.

Dans les conditions de nos maisons, le syngonium ne fleurit pas. Dans la nature, les fleurs ne sont d’ailleurs pas tellement attrayantes, ressemblant à celles typiquement produites par les autres Aracées.

Donc oui, le Syngonium, un peu comme un Pokémon, évolue: il commence par une forme juvénile adorable (à gauche), puis prend une forme adolescente un peu disproportionnée (l’âge ingrat) et, même si on ne le voit pas vraiment à moins de le faire grimper, il prend une forme mature aux feuilles singulièrement différentes de sa forme juvénile. Photos, de gauche à droite, par Elena Tkacheva, Jerzy Opiola et Forest & Kim Starr.

Fait intéressant

On considère les syngoniums comme «hémiépiphytes». En effet, bien qu’ils poussent habituellement dans le sol, il arrive que leurs tiges, flexibles et un peu fragiles, se brisent alors qu’elles commencent à devenir grimpantes et certaines plantes parviendront quand même à survivre en poussant sur l’écorce de l’arbre, devenant ainsi techniquement épiphytes.

Variétés

Syngonium podophyllum ‘White Butterfly’ est le plus facile à trouver. Photo par l’auteur.

Le syngonium est une plante d’intérieur qu’on trouve facilement et de nouveaux cultivars ou hybrides sont sans cesse proposés sur le marché. C’est en partie la facilité de sa culture, tant pour l’acheteur que pour le producteur, et la rapidité avec laquelle les plantes arrivent à une forme attrayante pour le commerce, qui la rendent populaire.

Quelques différences entre les syngoniums

Les hybrideurs travaillent donc sur différents aspects pour proposer de nouveaux syngoniums qui diffèrent sur les aspects suivants:

  • La couleur de leurs feuilles: au-delà des feuilles vertes, on voit aussi des feuilles vert pâle presque blanc, des feuilles chartreuses (vert lime), des feuilles rougeâtres et des feuilles rosâtres. Le dessous des feuilles peut également prendre une teinte différente;
  • La couleur de leurs veines: certains syngoniums se distinguent, car les veines au cœur de leurs feuilles ont des teintes rougeâtres ou rosâtres, ce qui peut faire un contraste séduisant avec les couleurs évoquées plus haut;
  • La forme de leurs feuilles: les feuilles en forme de flèche sont courantes, mais il existe aussi des syngoniums dont les feuilles sont naturellement à trois lobes ou plus, même lorsque le plant est juvénile ou légèrement grimpant;
  • Le type de croissance: puisque c’est surtout (mais pas toujours) la forme juvénile des syngoniums que l’on cherche à cultiver, les cultivars modernes visent souvent à offrir une plante naturellement compacte le plus longtemps possible, pour s’éloigner de la forme grimpante, considérée comme plus disgracieuse. On voit donc des syngoniums qui prennent plusieurs années avant de commencer à grimper, et des syngoniums grimpants dont l’espace internodal est naturellement petit même lorsqu’ils grimpent. Enfin, il existe aussi des variétés naines dont les feuilles restent toujours de petite taille, même lorsque la plante atteint sa maturité;
  • La panachure: il existe des syngoniums aux feuilles bicolores et même tricolores, dont chacune apparaît avec plus ou moins de panachures blanches ou roses. Certains syngoniums sont aussi picotés de points roses.
Les nouvelles feuilles sont vraiment roses et, pourtant, même une lumière modeste suffira pour ce syngonium (probablement ‘Pink Allusion’). Photo par Mokkie.

Des combinaisons gagnantes

Puisque les cultivars sont souvent des hybrides complexes (et présentent parfois, de belles caractéristiques surprises!), ils allient souvent plus qu’une des caractéristiques mentionnées ci-haut.

La plupart sont d’ailleurs compacts, un mot que je pourrais utiliser environ 56 fois dans le prochain paragraphe. À moins qu’il s’agisse d’un vieux syngonium hérité de l’époque victorienne, on peut considérer la majorité des syngoniums suivants comme étant compacts et je vais donc éviter de le mentionner pour chaque variété.

Des exemples intéressants

Voici quelques exemples notables:

‘White Butterfly’

Ses feuilles, plutôt variées, sont vertes ou vert pâle, avec une vernation blanche plus ou moins proéminente. Bien qu’il commence rapidement à grimper comparativement à d’autres cultivars, il est quand même réputé avoir une forme compacte. C’est la variété la plus souvent cultivée, car il est très rare de trouver un syngonium de base sur le commerce de nos jours;

‘Pink Allusion’

Syngonium aux feuilles entièrement roses, particulièrement les nouvelles feuilles, qui virent ensuite vers un vert rosâtre pâle;

‘Moonlight’

Les feuilles sont d’un vert tellement pâle qu’elles paraissent entièrement blanches;

‘Glo Go’

Ce sont les nervures blanches très apparentes de ce syngonium qui font son charme;

‘Gold Allusion’

Les feuilles sont néon avec des nervures rosâtres. Ce syngonium garde une forme juvénile quelque temps avant de grimper paresseusement. C’est une bonne chose, car les feuilles adultes perdent la nervation qui fait leur charme (ou plutôt, leur nervation devient beaucoup moins apparente);

‘Maria’

Syngonium dont les feuilles d’un vert foncé sont subtilement rehaussées de nervures rouges;

‘Neon Robusta’

Syngonium de taille moyenne, dont les feuilles vertes sont fortement nervurées d’une couleur rougeâtre, ce qui les teint en quelque sorte d’un ton chaleureux, presque métallique;

‘Pixie’

Comme son nom l’indique (les «Pixie» sont une sorte de petite fée dans la mythologie anglaise), est un syngonium nain dont les feuilles sont semblables à celles du ‘White Butterfly’ mais de taille moindre, guère plus que la taille d’un deux dollars. De croissance rapide, il demeure dense même s’il commence à grimper;

Wendlandii

Ce syngonium vert foncé se distingue par ses veines blanches très prononcées et la texture veloutée de ses feuilles. Fait intéressant: c’est le seul syngonium de cette liste à ne pas être un Syngonium podophyllum, mais plutôt un S. wendlandii, du genre Syngonium;

‘Trileaf Wonder’

Syngonium aux feuilles vert foncé à trois lobes. Il existe également une version à cinq lobes nommée ‘Five Fingers’, dont les feuilles sont légèrement picotées;

‘Confetti’

Syngonium de petite taille, presque nain, aux feuilles vert pâle picotées de points roses;

Albo / variegata

Syngonium aux feuilles vertes variables, panachées de blanc. La panachure étant une malformation (une partie de la feuille est albinos, ne produisant pas ou que peu de photosynthèse), il est généralement plus cher et un soin tout particulier doit lui être accordé pour éviter qu’il ne redevienne entièrement vert ou au contraire, entièrement blanc, auquel cas la plante ne pourrait produire de photosynthèse et en mourrait;

‘Pink Splash’

Cette fois-ci, la panachure est rose, formant des taches grossières et variables sur un feuillage vert. Les feuilles ont trois lobes, ajoutant au charme;

‘Red Spot Tricolor’

Nouveau syngonium qui semble être un mélange des deux précédents. Il est panaché d’un alliage de blanc et de rose, pour des couleurs toujours changeantes sur ses feuilles à trois lobes.

Cette liste est loin d’être exhaustive!

On reconnaît S. Wendlandii à ses feuilles veloutées. Il se cultive bien comme plante d’intérieur (ici, grimpant sur un arbre). Photo par Ping an Chang.

Conseils de culture

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Lumière

Les syngoniums sont des plantes très tolérantes en situation de faible luminosité qui illuminent les coins sombres de nos maisons mieux que beaucoup d’autres plantes. Comme toutes les plantes, les syngoniums préfèrent une luminosité moyenne à vive. En revanche, le soleil direct peut rapidement brûler leur feuillage, notamment les cultivars à feuillage pâle.

Les variétés vert et vert foncé vont mieux tolérer les situations de faible luminosité que les variétés au feuillage coloré, dont la coloration peut s’atténuer ou redevenir verte si on les laisse à l’ombre. En revanche, les variétés aux feuilles presque blanches (ici S. podophyllum ‘Holly’) brûlent très rapidement sous les rayons directs du soleil. Photo de l’auteur.

Astuces! Il y a dans votre maison cet endroit où il ne manque qu’une plante, mais où toutes meurent en raison d’une trop faible luminosité? Une solution existe! Il s’agit de faire une rotation de plantes pour qu’aucune ne reste plus que 2 ou 3 semaines à cet endroit hostile avant de retourner à une situation plus clémente. Découvrez l’article Salle de bain sans fenêtre. Je le mentionne, car le syngonium, si tolérant aux abus et maladresses, supportera très bien ce mauvais traitement de quelques semaines! 

Arrosage

Idéalement, le syngonium voudrait que son terreau commence légèrement à sécher avant d’être arrosé à nouveau.

Les Aracées sont des plantes d’intérieur intéressantes, car beaucoup tolèrent le «combo de la mort» dans les maisons: luminosité réduite, oublis d’arrosage et sécheresse atmosphérique. Mais là où la plupart craignent les arrosages trop abondants (Aglaonema, Epipremnum aureum, Zamioculcas zamiifolia) et que certaines craignent la sécheresse (Spathiphyllum, Schismatoglottis), Syngonium podophyllum, lui, se distingue en tolérant plutôt bien ces deux extrêmes.

C’est pourquoi je le conseille vivement aux jardiniers débutants, débordant d’amour, mais aux soins parfois maladroits.
En situation de sécheresse, les pétioles du Syngonium podophyllum s’affaissent sous le poids de ses feuilles, un peu comme le font celles du Spathiphyllum, mais de manière moins dramatique. Un coup d’eau et elles reprennent leur forme sans trop de dommages. Comme le syngonium développe rapidement des racines, il reprend mieux de cet oubli que le lys de la paix.

En revanche, en situation d’arrosage trop abondant, il en faut beaucoup pour que le Syngonium succombe à la pourriture. Même qu’en lumière abondante, un terreau uniformément humide ne lui ferait pas de tort, car ses feuilles minces perdent beaucoup d’eau par évapotranspiration. La pourriture des racines n’est pas impossible, mais bien moins fréquente que chez les autres Aracées mentionnées plus haut.

Photo par Leon Brooks.

Humidité atmosphérique

Le syngonium tolère plutôt bien l’air sec, mais préfère une atmosphère humide.

On recommande pour le terrarium les cultivars miniatures, ici S. podophyllum ‘Pixie’, qui profiteront de l’humidité pouvant parfois frôler les 100%. On peut aussi mettre des boutures en terrarium, mais leur croissance abondante en situation de haute humidité les amène souvent à dominer le paysage. Photo par Mokkie.

Terreau et rempotage

Bien que les syngoniums tolèrent de rester longtemps à l’étroit dans leur pot, leur croissance est plutôt rapide et un rempotage peut être nécessaire quand le jardinier n’arrive plus à suivre leur fréquence d’arrosage. Un terreau pour plantes d’intérieur bien ordinaire leur convient très bien.

Engrais

On peut leur donner un engrais à la dose normale en période de croissance. Cela étant dit, comme on vise plutôt à ralentir leur croissance qu’à l’accélérer, pour garder le plant compact, il peut être sage de les fertiliser avec parcimonie.

Température

Les syngoniums sont des plantes tropicales qui ne supportent pas bien les températures en dessous de 16 °C l’hiver et 18 °C l’été. Attention à bien les protéger, même pour un court transport à des températures inférieures: leurs minces feuilles sont très gélives.

Entretien

Pour rester beau, le syngonium demande un entretien simple, mais régulier.

Il est normal de devoir enlever les plus vieilles feuilles. Avec le temps, celles-ci jaunissent et s’assèchent. Il convient de les enlever lorsque le pétiole se détache facilement de la tige de la plante.

Pour maintenir une forme juvénile plus longtemps, il est possible de pincer les nouvelles feuilles, c’est-à-dire de supprimer la feuille la plus récente (avec le pétiole si possible, c’est plus esthétique). La plante réagira en réveillant un bourgeon secondaire, souvent deux (la ramification est presque systématique chez les syngoniums), qui reprendront au moins temporairement une croissance compacte, retardant l’apparition de la forme grimpante.

Comment dompter la croissance?

Une autre manière de dompter la croissance du syngonium est de le faire grimper sur un tuteur, par exemple un tuteur en mousse. Par souci esthétique, on peut créer une potée avec plusieurs plantes à différents stades (certaines grimpantes, certaines juvéniles) et les agencer sur un treillis. Les syngoniums grimpants vont le couvrir pour produire un mur de végétation et les syngoniums juvéniles vont cacher les tiges dénudées, plus disgracieuses. Il conviendra alors de fixer les boutures sur le tuteur à l’aide d’attaches, car les racines aériennes des syngoniums ne s’attachent pas d’elles-mêmes sans une importante humidité atmosphérique.

Les syngoniums sont souvent présentés en suspension. Ils resteront jolis quelques années, mais finiront par adopter une croissance de tiges tordues et de touffes de feuilles de plus en plus petites, avec un grand espace internodal (ce qui peut aussi être charmant, à sa manière). C’est que les grimpantes aiment grimper!

Pour un entretien moindre, choisir les cultivars qui se targuent d’être compacts, et de le rester. Mais il faut accepter que tous les syngoniums finiront par être légèrement chaotiques et qu’après plusieurs années, il peut être bon les recommencer à zéro l’aide de boutures.

S. Podophyllum ‘Neon Robusta’, avec ses feuilles vertes et ses veines roses, commencera dans quelques mois à être trop haut pour garder une forme verticale. On peut alors le faire grandir sur un tuteur, le présenter en suspension ou encore le bouturer. Photo par l’auteur.

Multiplication

Heureusement, le bouturage des syngoniums est très aisé. On peut faire des boutures de tige dans l’eau ou dans le sol directement – à ce moment, une serre est suggérée, car le syngonium perd rapidement de l’eau en raison de ses feuilles minces. Généralement, les boutures font des racines rapidement et ont un bon taux de succès, toutes catégories confondues.

Chaque section de tige produit des racines aériennes pour grimper, qui peuvent également devenir un système racinaire complet lorsqu’elles tombent au sol. Pour multiplier le syngonium, il doit y avoir au moins un nœud et préférablement une feuille. Photo par Filo gèn’.

Problèmes

  • Des feuilles de plus en plus petites peuvent être le signe d’une lumière insuffisante, mais sont normales en culture en suspension;
  • Des tiges de plus en plus à découvert, avec des feuilles de plus en plus espacées sont également normales avec le temps; c’est la forme grimpante qui montre le bout de son nez. On verra alors les tiges finir par retomber sous leur propre poids, si elles ne sont pas accrochées à un tuteur;
  • Des tiges molles: si elles deviennent de plus en plus prostrées graduellement, c’est tout à fait naturel. Si elles retombent toutes paresseusement en même temps et que le terreau est plutôt sec, c’est signe qu’il faut arroser. À noter que cet affaissement peut survenir en situation de terreau encore légèrement humide; un arrosage peut régler la situation (les syngoniums ont souvent soif), mais il sera important de surveiller la situation, car si les tiges ne reprennent pas après quelques heures, on a plutôt à faire à une plus rare, mais très possible, pourriture des racines;
  • Des taches pâles ou plus foncées sur le feuillage après un arrosage: chez certains cultivars (notamment ‘White Butterfly’, selon mes observations), on verra rapidement des œdèmes bénins, cette tâche translucide sur le feuillage, même en situation d’arrosage adéquat. Les œdèmes disparaissent après quelques heures sans plus de dommage;
  • Insectes: cochenilles des racines, farineuses ou à carapace. Mention spéciale pour les thrips, notamment les echinothrips (Echinothrips americanus), qui sont particulièrement friands de syngoniums. Il est nécessaire de très bien inspecter les dessous des feuilles à l’achat d’une nouvelle plante (cette astuce est valable notamment pour les syngoniums, mais une bonne habitude à prendre en général). Des parties de feuillage argentées, couvertes de petits points noirs, trahissent des dégâts causés par les thrips.

Toxicité

Les syngoniums sont toxiques pour les humains et les animaux, comme toutes les Aracées, en raison des cristaux d’oxalate de calcium qu’elles produisent. La sève des syngoniums peut aussi être irritante (brûlure, démangeaison, ampoules), surtout pour la muqueuse des yeux et de la bouche. L’ingestion est également une mauvaise idée – en général, évitons de manger les Aracées, d’accord?

Conclusion sur le Syngonium

Vous avez un ami qui aime les plantes, mais ne sait pas comment s’y prendre? Le Syngonium podophyllum serait une bonne plante de débutant pour lui: il pardonnera le manque d’eau, l’excès d’eau et se place presque partout dans la maison. Enseignant dans l’âme, le syngonium permet d’apprendre à pincer, à fixer sur un treillis et à bouturer – tout en étant de formes et de couleurs variées.

Le parfait cadeau, quoi! Photo par Ix Kimiaranda.

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commentaire sur "À chaque mois sa plante, novembre 2023 : le Syngonium"

  1. Encore un article bien écrit et intéressant. Merci monsieur Colin de nous communiquer votre savoir. Et je vous promet de ne pas me faire un sandwich au Syngonium ?

  2. Encore un article bien écrit et intéressant. Merci monsieur Colin de nous communiquer votre savoir. Et je vous promet de ne pas me faire un sandwich au Syngonium ?

  3. Quel article bien documenté et tellement complet!
    Je trouve intéressant de savoir comment une plante évolue naturellement. Lorsqu’elles sont petites, elles sont toutes mignonnes et on a envie de les acheter toutes. Mais savoir qu’elles ont naturellement tendance à vouloir s’accrocher et pousser en hauteur est une info essentielle pour les personnes qui aiment garder leurs plantes longtemps. BRAVO Colin !

  4. Est-ce que quelqu’un connaît un appareil mesurant le taux d’humidité des plantes, fiable, merci.

  5. bonjour ou bonsoir : quand tu parles de terreau est ce dû par décomposition des feuilles ou d’un substrat dit “terreau” de jardinerie à base de broyat de sphaignes un peu de terre et engrais écorces de pins ou feuillus broyés .Dans l’hexagone pas de pouce vert , seulement main verte

  6. Merci Colin, le Syngonium est une plante que j’ affectionne. Votre article m’ en apprend beaucoup sur la croissance et les soins à lui apporter.Je comprend bien maintenant que sa phase “Adolescent”
    est normale. Vous êtes une vraie encyclopédie !

  7. Que de travail, de recherche et de temps cet article a dû vous prendre pour le rédigé. Mille fois mercis de partager vos connaissances.

  8. J’ai donné cette plante à mon beau père âgé alors de 85 ans. Lui qui n’avait jamais eu d’intérêt pour les plantes d’intérieures . Elle était magnifique après quelques moi seulement de ses bons soins..