Le thrips: ennemi sournois de nos plantes
Thrips de l’oignon (Thrips tabaci) ci-dessus et thrips des petits fruits (Frankliniella occidentalis). Photo: gardentech.com
Le thrips (thrips est singulier et pluriel) est un minuscule insecte surtout actif la nuit, ce qui fait qu’on voit généralement les dommages qu’il fait bien avant de voir l’insecte lui-même.
Comme il s’attaque aux fleurs et aux feuilles en râpant la surface extérieure, on remarque souvent sa présence quand la partie atteinte grisonne, blanchit ou se décolore irrégulièrement. On peut aussi voir de petits points noirs sur les parties atteintes: ses excréments.
Le thrips des fleurs se dévoile aussi quand il épand du pollen sur les fleurs qu’il infeste.
En plus d’endommager les végétaux, les thrips peuvent leur transmettre des virus.
Selon l’espèce (il y a plus de 6000 espèces de thrips, dont le thrips des petits fruits [Frankliniella occidentalis], le thrips des fleurs [Frankliniella tritici], le thrips de l’oignon [Thrips tabaci] et le thrips du glaïeul [Taeniothrips simplex] sont les plus courants dans nos cultures), les thrips peuvent s’attaquer surtout au feuillage et surtout aux fleurs ou boutons floraux, parfois même aux bulbes.
Il existe également des thrips bénéfiques qui sont des prédateurs d’autres insectes, bien que les thrips ravageurs soient beaucoup plus nombreux et mieux connus.
Habituellement, les thrips causent plus de dégâts quand les plantes sont déjà stressées par un manque d’eau chronique, une humidité atmosphérique faible, des températures chaudes, etc. Par contre, un été pluvieux peut sérieusement réduire leur nombre.
Identifier le coupable
L’insecte lui-même est d’environ la taille d’un trait d’union et est noir, brun ou jaune avec 2 paires d’ailes frangées souvent repliées (un détail qu’on ne peut remarquer qu’à la loupe). Malgré ses ailes, il ne vole que faiblement, souvent de plante en plante. Par contre, il peut être transporté sur de grandes distances par le vent.
La larve, de couleur pâle, ressemble aux adultes, mais ne vole pas. Comme il y a plusieurs générations par année, le thrips est présent tout au long de la saison de croissance dans le jardin extérieur. Il est particulièrement problématique dans les plantes d’intérieur, d’abord parce qu’il s’attaque indifféremment à une vaste gamme de plantes, mais surtout parce qu’il est actif toute l’année.
Il faut normalement être très assidu pour voir les thrips… et avoir de bons yeux!
? Truc pratique: Pour voir s’il y a des thrips sur une plante, soufflez sur la partie que vous pensez infestée. Pourquoi cela arrive est un mystère (trouvent-ils que les humains ont mauvaise haleine?), mais cela fait bouger les thrips et leur mouvement devrait attirer votre regard.
Cycle de vie des thrips
Le cycle de vie dépend de l’espèce de thrips ainsi que de l’emplacement de la plante hôte ainsi que d’autres facteurs. À l’extérieur, les thrips adultes hivernent dans les débris végétaux, l’écorce ou d’autres matières. Ils deviennent actifs au début du printemps et pondent de 60 à 300 œufs dans les tissus végétaux.
Ces œufs éclosent au bout de 3 à 5 jours, et les nymphes se nourrissent ensuite pendant 1 à 3 semaines avant de descendre dans le sol ou dans la litière où elles muent et deviennent des prépupes, puis des pupes, un stade qui dure 1 à 2 semaines. Durant cette période, elles ne mangent pas. Puis, les adultes remontent sur la végétation pour se nourrir et se reproduire. L’adulte ne vit pas longtemps: rarement plus d’un mois.
Il peut avoir jusqu’à 15 générations par an en plein air.
Plantes sujettes aux thrips
En général, les thrips préfèrent les plantes à feuilles ou pétales minces, mais il y a beaucoup d’exceptions. Voici quelques-unes de leurs plantes hôtes préférées.
Plantes d’intérieur: azalée, bégonia, croton, crassula, cyclamen, datura, dieffenbachia, ficus, fuchsia, gerbera, gloxinia, hibiscus, impatiens, orchidée, pélargonium, streptocarpus, violette africaine, yucca.
Plantes comestibles: ail, asperge, basilic, bleuetier, carotte, cerisier, chou, concombre, courge, fraise, framboise, haricot, maïs, oignon, poireau, poirier, pommier, poivron, pois, pomme de terre, tomate, vigne.
Annuelles, vivaces et bulbes: aster, chrysanthème, dahlia, glaïeul, hémérocalle, iris, lis, muflier, œillet, pélargonium, pétunia, pivoine, pois de senteur, verveine, zinnia.
Plantes ligneuses: agrumes, aralie, bouleau, érable, hydrangée, rosier, saule, tilleul, troène.
Les seuls groupes de plantes qui ne semblent jamais servir de hôtes aux thrips communs sont les fougères et les conifères.
Contrôle
Le contrôle des thrips est très difficile, car ils ne sont pas accessibles aux pesticides pendant tout leur cycle. À tout moment, il risque d’avoir une partie de la population bien à l’abri dans les tissus de la plante hôte sous forme d’œufs et une autre partie en pupaison dans le sol où l’insecticide ne peut pas non plus les atteindre. Donc, même si l’on vaporise adéquatement avec un produit approprié, il y a toujours deux générations qui n’ont pas été touchées et qui ressortiront dès qu’on a le dos tourné. Il faut donc répéter les traitements (savon insecticide, huile de neem, huile horticole, pyèthre, etc.) aux 5 à 7 jours… pendant parfois jusqu’à 3 mois!
On peut aussi utiliser des pièges collants pour attraper les adultes. Habituellement, ces pièges sont de couleur jaune, mais il se trouve que le thrips est encore davantage attiré par le bleu. Ainsi, on peut trouver, du moins en ligne et dans certaines jardineries, des pièges collants bleus conçus spécifiquement pour les thrips. Les thrips sont aussi attirés par la lumière et entrent volontiers dans les pièges à insectes lumineux. Il faut placer les pièges très près des plantes infestées: malgré ses ailes, les thrips ne sont pas portés à voler très loin.
Comme le thrips des fleurs (Frankliniella tritici) vit presque exclusivement dans les boutons floraux et les fleurs, on peut aussi l’éliminer assez efficacement en supprimant tout bouton ou fleur sur la plante infestée pendant trois mois.
Où pratiquer l’exclusion. Une couverture flottante, combinée avec une rotation de cultures, peut servir de barrière anti-thrips dans le jardin. Dans la maison, mettez de nouvelles plantes en isolement pendant 40 jours avant de les placer avec d’autres végétaux.
Recouvrir le sol d’une toile réfléchissante, habituellement une mince feuille de plastique ou de couleur argentée, grise ou blanche et à la surface luisante, semble aussi assez efficace pour éloigner les thrips si on la place d’abord et y perce des trous pour y repiquer les semis. Cette technique, d’esthétique assez douteuse, est habituellement réservée aux jardins où l’apparence a moins d’importance, comme un potager.
Certains thrips peuvent infester les bulbes entreposés dans la maison pendant l’hiver (notamment les cormes de glaïeul). Pour les contrôler, gardez les bulbes au froid, à entre 1 et 4 °C, pendant 6 à 8 semaines peut tuer les thrips en question, car ils ne tolèrent pas de longues périodes de froid.
Les ennemis de nos ennemis…
Dans nos jardins extérieurs, souvent les insectes bénéfiques viennent contrôler les thrips, surtout sur les plantes ornementales. (Ils arrivent rarement assez vite pour aider nos légumes, toutefois.) Les perce-oreilles, les chrysopes, les coccinelles et les punaises bénéfiques en raffolent ainsi que plusieurs acariens. Quant aux larves qui pénètrent dans le sol pour puper, il existe des nématodes bénéfiques qui peuvent s’en occuper s’ils sont présents. Si vous faites preuve d’un peu de tolérance, souvent un équilibre naturel s’établit et aucun traitement n’est alors nécessaire.
Il existe aussi des prédateurs de thrips qu’on peut libérer au jardin ou dans une serre comme contrôle, comme l’acarien bénéfique Amblyseius cucumeris, mais il est très difficile de les introduire avec succès dans les plantes d’intérieur, car l’air de nos maisons est généralement trop sec pour convenir à la plupart des bénéfiques.
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Le thrips: petit ennemi, mais souvent de grands dégâts!
bon à savoir mais ? (flippant!)
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Je pense qu’ils ont réduit ma saison de tomates de moitié, et ma récolte des deux tiers. Idem pour mon basilic. À moins que ce soit une bactérie ? J’espérais m’en débarrasser l’été prochain en renouvelant le contenu et le contenant de mes smart pots et en passant la galerie où se trouvent ces plantes à l’eau de javel. Pensez-vous que je perdrais mon temps?
Pas de garantis, parce qu’ils peuvent revenir d’un milieu naturel proche, mais oui, cela pourrait fonctionner. Aussi, l’été, rincez souvent le feuillage à l’eau, comme si c’était de la pluie.
[…] Pour en savoir davantage sur les thrips, lisez Le thrips: ennemi sournois de nos plantes. […]