Mon article du jour n’est pas très long, ni très informatif. C’est plutôt un encouragement à vous tous qui êtes aux prises avec des intrus rouges à pois… mes némésis… les COCCINELLES ASIATIQUES.
Quand l’envahisseur envahit
J’ai déjà parlé de l’équilibre qui s’installe dans ma maison entre les coccinelles et les thrips dans l’article Comment effrayer les thrips?
Mais, tôt au printemps, c’est LE moment de l’année où on m’entend jurer de manière toujours plus colorée. On ne parle pas d’équilibre à ce moment-ci, c’est une réelle INVASION.
Les fichues coccinelles… Argh!
Tout d’abord, d’où viennent-elles? Clairement pas de dehors, tout est encore gelé!
Elles ont passé l’hiver dans mes murs, à hiberner, à dormir paisiblement en bénéficiant de mon chauffage… Petites profiteuses!
Bien qu’elles dorment, elles ne peuvent pas survivre aux températures extrêmement froides et c’est la raison pour laquelle beaucoup trouvent un endroit relativement chaud à l’automne. Celles qui échouent meurent durant l’hiver (et je m’en réjouis).
Cependant, quand la température augmente au printemps, que le soleil chauffe les murs et que leur cachette douillette leur indique qu’il est temps de se mettre en chasse de nourriture, elles ne ressortent pas par où elles sont entrées. Pourquoi? Il fait encore bien trop froid dehors pour y retourner tout de suite. Mieux vaut rester à l’intérieur et embêter les humains!
Le jour où on ouvrira les murs de ma maison, on en trouvera certainement des milliers, mortes durant leur hibernation… Ça doit aider l’isolation d’une certaine façon!
Elles sortent donc de partout: des moulures, des luminaires, des plafonds. Je vous jure qu’il n’y a pas de trous où passer, mais elles en trouvent quand même. Et elles sortent… et sortent encore… à l’infini. Une fois, j’ai compté le nombre de ces fichus insectes que je ramassais à la balayeuse… du moins, j’ai essayé… j’ai lâché prise après 300…
Pourquoi il y en a autant et à quoi elles servent?
Il y en a autant parce que ce sont des DÉMONS!
Comme les hydres: on coupe une tête et il en pousse deux…
En fait, la vraie raison est dans l’écologie de la chose: comme c’est une espèce introduite, elle n’a pas encore de prédateurs au Québec. On comprend bien pourquoi leur nombre est si incroyablement élevé. En comparaison, les coccinelles québécoises sont moins portées à entrer dans les maisons, sont moins agressives, ET ont des prédateurs.
La question, maintenant qu’on a compris pourquoi il y en a tant, c’est : mais pourquoi diable a-t-on introduit cette foutue coccinelle asiatique?
Pour faire de la lutte biologique dans les champs.
De la quoi?
La lutte biologique, c’est le fait d’utiliser des amis ou ennemis naturels pour avantager nos cultures. Par exemple: planter les plantes préférées d’un insecte nuisible pour le diriger sur cette plante «sacrifiable», plutôt que sur notre culture principale. Ou encore, introduire des serpents dans les champs pour qu’ils mangent les souris (technique très utilisée aux États-Unis).
Les coccinelles sont d’excellents prédateurs de pucerons, c’est pourquoi elles ont été introduites. Est-ce mieux que de mettre des pesticides? C’est discutable. L’introduction d’espèce invasive est dans le top trois des pires menaces environnementales. Comme quoi, en écologie, rien n’est jamais facile…
Comment s’en débarrasser?
Hahaha! Elle est bonne celle-là!
S’en débarrasser? Impossible! Il existe toujours des exterminateurs, des pièges, de la farine de diatomée et des prières aux dieux coccinelles, mais honnêtement, elles reviendront. À moins que vous ne bouchiez le moindre petit trou de votre maison, mais encore là, je crois qu’elles peuvent se téléporter à l’intérieur…
C’est une espèce invasive, par définition: c’est envahissant et difficile de s’en débarrasser. À l’échelle d’une maison, c’est possible de mettre un baume une saison ou deux, mais le problème reviendra. À l’échelle du pays, on oublie ça, il est trop tard pour éliminer les coccinelles asiatiques.
La seule solution, c’est d’attendre qu’elles s’intègrent dans notre écosystème.
Parfois, une espèce envahit un habitat, et fait disparaître toutes les espèces indigènes (celles qui sont censées être là). Parfois, elle arrive à se trouver une place qui ne dérange pas trop les autres espèces. La bonne nouvelle, c’est que la coccinelle asiatique n’est pas une catastrophe risquant de détruire entièrement nos milieux naturels. Ouf! Il y a des espèces invasives pires que d’autres…
L’étape suivante, c’est que l’espèce problématique finit par faire partie de son environnement: elle se trouve un prédateur! Et ça, c’est le moment qu’on attend avec impatience. Est-ce que ça va les empêcher d’entrer chez moi? Non. Mais il y en aura beaucoup moins. C’est l’équilibre de la nature: ça prend un moment à s’adapter à une nouvelle condition, mais ça finit par arriver (et quand je dis un moment, ça peut être des décennies).
En rafale, quelques faits sur les coccinelles asiatiques:
- Elles peuvent mordre et ça fait mal. Étrangement, elles ne semblent pas mordre tout le monde: mon conjoint ne s’est jamais fait mordre, mais moi, elles viennent me mordre jusque sous mon pyjama la nuit!
- C’est un grand prédateur de pucerons, qui est donc bénéfique au jardin et dans vos plantes intérieures. Elles consomment plusieurs insectes nuisibles.
- Ça pue. Le liquide jaune qu’elles laissent sortir quand elles ont peur n’est pas de l’urine, comme on le prétendait quand on était jeunes. C’est un moyen de défense: le liquide pue et les prédateurs ne veulent pas manger ce qui pue (franchement, le feriez-vous?).
- Elles ont quatre ailes: deux pour voler et deux pour se protéger. Celles du dessus, les rouges à pois, servent en effet à la protection. Les autres ailes sont cachées dessous et sont pliées.
- Le nombre de points sur leur dos, ce n’est pas vrai que c’est leur âge.
- Les taches blanches ne sont pas les yeux. En fait, celles-ci ne sont même pas sur la tête! La tête est toute petite et un peu plus basse.