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Autosuffisance en légumes, et si vous essayiez?

Une partie du potager de Laurie Fourniaudou.

J’ai récemment reçu deux articles sur un sujet fascinant, l’autonomie alimentaire au potager, et les deux se complètent parfaitement! Chaque auteur a son propre champ d’intérêt, a vécu différentes expériences et a trouvé différents aspects du potager qui fonctionnent pour lui. De plus, l’une vient de France et décrit ses expériences dans les Pyrénées; l’autre jardine au Québec, non loin d’Ottawa. Et les deux ont beaucoup de succès avec leurs projets d’autosuffisance!

Donc, je vais publier les deux articles sur deux jours.

Voici le premier article: l’expérience de Laurie Fournaudou.

Bonne lecture!

Larry Hodgson

Par Laurie Fourniaudou

Atteindre l’autonomie en légumes n’est pas chose aisée. Se lancer dans un tel projet nécessite une préparation, de la réflexion et quelques connaissances au préalable. Cultiver un potager nourricier et autosuffisant demande beaucoup de travail. Mais c’est aussi une démarche qui réunit de plus en plus d’adeptes. Et j’en fais partie! Retour à une vie plus simple et authentique, désir d’indépendance, envie de manger sainement… Les raisons de ce choix sont nombreuses. Alors, pourquoi se lancer dans cette autonomie? Et comment y arriver? Découvrez dans cet article mes conseils pour démarrer un projet d’autosuffisance en légumes.

1-Viser l’autonomie en légumes: les raisons de se lancer

C’est lorsque j’ai déménagé dans les Pyrénées françaises que j’ai décidé de viser l’autonomie en légumes. C’était une évidence à mes yeux. D’ailleurs, sur mon propre blogue Le Potager d’Aillou, je vous offre le guide ultime pour viser l’autosuffisance en fruits et légumes.

Et maintenant, si je partageais avec vous les raisons qui m’ont conduite à prendre cette décision? 

Bien et mieux manger 

Les légumes maison ont bien meilleur goût!

La première raison qui m’a poussée à lancer ce projet est la plus évidente: bien et mieux manger. Serez-vous surpris si je vous annonce que les légumes cultivés dans son propre potager sont bien meilleurs que ceux du supermarché? J’en doute…

En cultivant vos propres plantes, vous connaissez leur «?parcours de vie?». Vous avez enrichi la terre avec du fumier, de la cendre, du marc de café ou des matières végétales. Puis, vous avez semé, planté, entretenu puis récolté vos jolis légumes. Pas de pesticides. Pas d’engrais chimiques. Tout est naturel. 

Vous n’avez pas à vous inquiéter de la qualité des produits. Elle est bien meilleure quand elle sort tout droit d’un potager nourri et bichonné. Viser l’autonomie en légumes est donc une façon de manger plus sainement, de rester en meilleure santé et de savourer des plats au goût incomparable…

Et puis… vous mangez bien, mieux et… local! Entre la cuisine et le potager, quelques pas suffisent pour récolter!

Préserver l’environnement

On peut jardiner sans crainte des effets des produits chimiques.

Consommer ses produits naturellement sans utiliser un quelconque engrais chimique permet de préserver l’environnement. À son échelle, bien entendu.

Aujourd’hui, le monde fonctionne grâce à un système d’import/export. Les voyages de marchandises polluent la planète. Et le gaspillage est un problème de grande envergure. Selon le site Planetoscope, ce ne sont pas moins de 41 200 kilos de denrées jetés par seconde. 

On appauvrit les sols, on détruit la nature pour répondre à une demande de consommation croissante, on jette et on perd de la nourriture très précieuse… C’est d’une tristesse infinie.

C’est pourquoi viser l’autonomie en légumes aide à protéger son environnement et à favoriser et préserver la biodiversité. C’est d’autant plus le cas si l’on suit un modèle de permaculture. Cela signifie que l’on est en accord avec la nature et que l’on produit en s’inspirant de son propre modèle de culture. Pour plus d’informations sur la définition de la permaculture, n’hésitez pas à consulter mon article à ce sujet en cliquant sur ce lien

Devenir indépendant et en faire profiter ses proches

Quand on a un surplus, on partage!

Je ne vais pas vous le cacher: viser l’autonomie en légumes permet de devenir indépendant. Certes, pas dans son alimentation globale (il faudrait fournir énormément de travail en plus pour y arriver). Mais vous ne dépendez plus de quiconque. Seulement de vous et du temps que vous y consacrez!

C’est une belle sensation de liberté. Une certaine fierté personnelle aussi. Devenir autonome en légumes, c’est être votre propre producteur. 

Cette indépendance nourricière est d’autant plus satisfaisante quand vous pouvez en faire profiter vos proches. Cela fait partie d’un des principes de la permaculture: l’échange et le partage. Lorsque vous avez une récolte trop abondante, vous en donnez une partie à votre entourage. Famille, amis, voisins… Vous les nourrissez de bons produits frais et locaux.

2-Comment créer un potager autosuffisant?

Maintenant que nous avons vu les raisons de viser l’autonomie en légumes, il est temps de savoir comment faire. Développer un potager autosuffisant n’est certes pas facile, mais pas impossible non plus. Il suffit de s’organiser et de réfléchir à certains points importants.

Estimer la bonne quantité de légumes à cultiver

Il faut bien calculer vos besoins en légumes pour ne pas avoir un grand surplus.

C’est pendant l’hiver que j’ai commencé à réfléchir à mon projet d’autonomie. Il fallait que je mette au point certaines choses avant de démarrer les cultures au mois de mars. Je suis aussi quelqu’un de très organisée. Impossible pour moi de partir à l’aveuglette! 

Je vous conseille donc tout d’abord de noter quelques informations à ce sujet: estimer ses besoins, la quantité de nourriture que vous consommez annuellement, le nombre de personnes à nourrir, etc. 

Je vous l’accorde, c’est une étape difficile à construire. Comment ai-je fait? Je me suis aidée de plusieurs livres, mais aussi et surtout de mon petit ami agriculteur. Il m’a conseillée concernant la quantité idéale de légumes à cultiver pour 2 à 4 personnes. Par exemple, pour les fèves (gourganes), j’ai repiqué plus de 90 plants en mars. 

Mais ce ne sont que des estimations. Bien que ce soit une étape importante, la pratique varie bien souvent. Il peut y avoir des pertes, des échecs, des erreurs, etc. C’est pour cette raison que je pense qu’atteindre l’autonomie en légumes peut prendre plusieurs années. La première étant surtout une année «?test?»: savoir là où l’on a réussi par rapport à ses estimations, ce que l’on recommencera, là où l’on s’est trompé, le manque de production ou au contraire un trop-plein… 

Je vais tout de même vous partager une idée de nos calculs quantitatifs concernant quelques légumes (pour nourrir 2 à 4 personnes). Cela pourrait vous aider. 

  • Oignons blancs: une centaine de plants.
  • Courgette: 4 à 5 plants.
  • Potimarron: 2 plants.
  • Chou-fleur: 15 plants.
  • Haricots verts: une cinquantaine de plants.
  • Tomate: une dizaine de plants.

Bien entendu, ce ne sont que nos évaluations et nos chiffres. Vous pouvez vous en servir comme base et les adapter selon votre situation.

Organiser le potager 

Les cultures verticales permettent de gagner de l’espace.

Il s’agit maintenant de réaliser un schéma de son futur potager. Ce croquis est un bon «?guide de jardinage?». Il aide à associer les bonnes plantes entre elles, à optimiser la surface entière et à choisir les méthodes de culture adéquates.

Optimiser votre potager vous fait gagner beaucoup de place. Privilégiez les cultures verticales et grimpantes. Associez les légumes à croissance lente et rapide. Serrez vos semis et plantations. Réduisez la taille des allées.

Concernant les méthodes de culture, il en existe quelques-unes, chacune ayant ses propres avantages:

  • La culture en planche (à plat ou surélevée);
  • La culture sur butte;
  • Le carré potager;
  • La culture hors-sol (très pratique si votre surface potagère n’est pas très grande).

Personnellement, j’ai réalisé un dessin de ma parcelle en indiquant:

  • Les endroits où je cultiverais tel ou tel légume (selon des associations logiques, l’envergure de chacun, la place nécessaire, le besoin d’ensoleillement, etc.).
  • Les méthodes de culture que j’allais utiliser.
  • La rotation des cultures selon les saisons (printemps; été; automne).

La pratique m’a amenée à modifier certaines idées (à cause d’un mauvais calcul ou d’une plantation plus importante que prévue). Mais ce croquis est essentiel et j’essaie de m’y tenir le plus possible. 

Cultiver des plantes pérennes et créer ses propres semences

Pour tendre vers l’autonomie, rien de mieux que de cultiver des légumes pérennes, appelées aussi légumes vivaces ou perpétuels. Il s’agit de légumes qui restent en terre plusieurs années tout en étant productifs. Grâce à cela, vous développez un potager nourricier, fécond et durable dans le temps. 

Cela nécessite du travail au départ, comme tout le reste: il faut semer/planter, entretenir puis récolter. Ensuite, vous passerez moins de temps à vous en occuper. Ils repoussent chaque année pour votre plus grand plaisir. 

Voici une petite liste de légumes pérennes à cultiver:

Légumes pérennes*
  • Poireau perpétuel, zones de rusticité 3-8;
  • Basilic, zones de rusticité 9-12;
  • Cardon, zones de rusticité 3-8;
  • Roquette vivace, zones de rusticité 5b-9;
  • Ail rocambole, zones de rusticité 3-9;
  • Ail des ours, zones de rusticité 3-8;
  • Rhubarbe, zones de rusticité 3-7;
  • Chou perpétuel de Daubenton, zones de rusticité 6-9;
  • Artichaut, zones de rusticité 6-8;
  • Livèche, zones de rusticité 3-8;
  • Oseille, zones de rusticité 3-7;
  • Topinambour, zones de rusticité 3-9;
  • Crosne, zones de rusticité 4-8.

*NDLR. J’ai ajouté les zones de rusticité pour chaque légume à l’intention des jardiniers canadiens, qui vivent sous un climat nettement plus froid que celui de la France et pour lesquels ces zones de rusticité sont très utiles. Elles donnent une idée quant à la capacité de la plante de survivre à l’hiver dans une région donnée. LH

Pour les légumes annuels ou bisannuels, une solution existe: produire ses propres semences. Réaliser ses graines. Bien sûr, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut du temps, de la patience et quelques connaissances. Mais vous pouvez déjà récupérer et conserver les graines de courges et de tomates. 

Installer une serre

Si vous avez suffisamment d’espace, installer une serre vous aide à devenir autonome en légumes en hiver. Vous pouvez cultiver à l’année dans un espace tempéré. Mais aussi préserver vos plants du froid et des prédateurs. 

Mon petit ami et moi n’en avons pas encore mis en place. Mais nous y comptons pour l’hiver prochain. Comme nous habitons à la montagne, nous vivons des hivers froids et rudes. Nous subissons également des gelées précoces et tardives. 

Une serre nous permettra donc de cultiver des légumes à l’année dans un espace plus chaud. De plus, nous pourrons y semer des plantes gourmandes en chaleur. Par exemple: les tomates, aubergines et poivrons. Nous avons essayé d’en faire pousser l’an dernier, sans grand succès.

3-Se nourrir à l’année: l’importance de la conservation

Pois mange-tout
Produisez assez de légumes pour la conservation.

L’autonomie en légumes, c’est bien joli. Et cela peut paraître simple à atteindre en été. C’est la saison où nous récoltons le plus. Mais qu’en est-il de l’hiver? Devons-nous nous passer de nos bons petits produits frais? Eh bien non, au contraire!

Et pour y arriver, un seul mot d’ordre: la conservation. Cette technique permet de garder les aliments consommables dans le temps. Elle empêche leur pourrissement ainsi que la prolifération des bactéries.

La première fois que j’ai conservé des légumes, c’était pendant l’été 2021. Avec mon petit ami, nous avons cuisiné des sauces tomates, avons congelé des haricots verts et préparé des plats (tian, lasagnes, chou-fleur en béchamel, etc.).

Voici donc quelques méthodes de conservation que vous pouvez réaliser:

  1. La conservation en frais 

Il s’agit tout simplement de la conservation des légumes naturellement, sans ajouter ou retirer quoi que ce soit. Il suffit de les garder dans une cave ou un garage, par exemple, à l’abri de la lumière et au sec. Exemples: pommes de terre, oignons, carottes, betteraves, courges.

2. La conservation par le sucre

Bien que notre article traite de l’autonomie en légumes, je tenais à vous partager cette technique qui concerne les fruits. Cette méthode permet de réaliser des sirops, des confitures, des gelées, etc. C’est le mélange du sucre et de l’eau qui stoppe le développement des micro-organismes.

3. La conservation dans l’huile

Tomate, aubergine, poivron ou encore piment sont souvent utilisés pour ce type de conservation. En les isolant de l’air (dans un bocal hermétique), l’huile évite la prolifération des bactéries de ces légumes.

4. La congélation

Cette méthode de conservation est très connue. Il est possible de congeler de différentes façons:

  • Les légumes tels quels: poivron, piment, brocoli, chou-fleur, etc.
  • Les légumes cuits: betterave, haricot, aubergine, etc. 
  • Cuisinés: gratin de pommes de terre, soupe, ragoût, etc.

Mon petit ami et moi avons eu une récolte de haricots très abondante à l’été 2021. Nous en avons profité pour en congeler une bonne partie. Résultat? Nous en avons eu tout l’hiver!

5. La stérilisation

Les aliments sont conservés dans un bocal en verre fermé avec de l’eau. Il suffit de faire chauffer le récipient, ce qui permet de détruire les bactéries et d’évaporer l’eau à l’intérieur. On utilise souvent des haricots, fèves, carottes et petits pois pour cela.

6. Déshydratation

Cette méthode consiste à éliminer l’eau des aliments. Comme pour toutes les autres, cela empêche la prolifération des micro-organismes. Vous pouvez opter pour la déshydratation au soleil ou dans un four. C’est selon ce que vous préférez. Au printemps, mon petit ami et moi partons cueillir des morilles. Nous en déshydratons une partie pour en avoir en automne ou en hiver, par exemple!


Mélange de légumes récoltés.
Profitez de vos connaissances pour essayer vous-même d’atteindre l’autosuffisance!

Maintenant que vous en savez plus sur l’autonomie en légumes, vous pouvez d’ores et déjà commencer votre projet! Mais si vous avez d’autres méthodes, astuces ou conseils à partager, n’hésitez pas à laisser un petit mot en commentaire.

Au sujet de l’auteure

Partie vivre dans les Pyrénées en France, Laurie Fourniaudou accompagne son petit ami dans le développement de son exploitation maraîchère. C’est pour ce projet qu’elle a créé le blogue Le Potager d’Aillou qui traite d’autosuffisance, de culture de fruits et légumes, mais aussi de leur vie aussi simple que naturelle à la montagne.

Photos de Laurie Fouriadou

Étiquettes + Autosuffisance en légumes, Autonommie en légumes, Potager nourricier


  1. Très intéressant quand on possède ou dispose d’un jardin près de son domicile.
    Une alternative aux topinambours : les héliantis, bien plus réguliers de forme et plus facile à préparer, et d’une culture aussi facile.

  2. Sans nécessairement penser à vivre l’autosuffisance alimentaire, je me suis procuré le livre québécois « Le jardin vivrier » de Marie Thévard. C’est une bible pour le potager. Il est divisé par mois, simple et en bonus des recettes pour cuisiner notre récolte. Je le recommande à tous. Merci pour beau travail !

  3. Une précaution: le botulisme causé par une bactérie qui pousse en l’absence d’oxygène (pot scellé ou dans l’huile). Faire bouillir une conserve ne la stérilise pas. D’autre part ce microbe ne pousse pas si le milieu est acide, comme le jus de tomates. Pour stériliser il faut monter la température à 120 C dans un «presto». À une certaine concentration, le sel, le vinaigre et le sucre préservent aussi. Le gouvernement fédéral a un site sur la conservation des aliments.

  4. Merci pour ce beau texte

  5. Comme moyen de conservation des aliments, peut-être essayer la lacto-fermentation en bocaux qui semble prometteuse ? Une dame sur son blog, que j’ai déjà citée ici, en parle très bien.
    https://www.quatremoineaux.be/2018/10/lactofermentation-courgettes-cyclantheres-tomates-vertes.html

  6. Bonsoir,

    Voir aussi chez Marie-Claire Frédéric : https://nicrunicuit.com/category/faire/fermenter/legumes/

    Bon appétit.