Le poireau se récolte à l’automne… et au printemps!
Normalement, nous récoltons nos légumes avant le premier gel d’automne, mais le poireau (Allium ampeloprasum var. porrum) est une exception. Il ne craint pas le gel et son goût s’améliore après une semaine ou deux de froid, car, sous l’effet du gel, les amidons présents dans son fût et ses feuilles commencent à se changer en sucres. D’ailleurs, dans les régions au climat relativement tempéré, ou jusqu’en zone 4 sous bon paillis, les jardiniers récoltent les «poireaux d’hiver» (variétés extrarustiques) pendant tout l’hiver, à mesure de leurs besoins, comme si le potager était un vaste réfrigérateur en plein air.
Récolte automnale et printanière
Dans les régions où la neige recouvrira le sol l’hiver, par contre, il n’est pas évident de récolter les poireaux entre décembre et mars, mais vous pouvez les cueillir jusqu’à tard à l’automne (traditionnellement jusqu’à l’Action de grâce américaine, soit le quatrième jeudi de novembre) ou encore, tôt au printemps, à la fonte des neiges. Dans ce dernier cas, paillez abondamment (utilisez 20 à 30 cm de paillis, habituellement des feuilles d’automne déchiquetées ou des aiguilles de pin) si vous n’avez pas une couverture de neige fiable dans votre région. Le poireau d’hiver ne craint peut-être pas le gel, mais il est préférable de le protéger contre les alternances de gel et de dégel qui peuvent l’abîmer: le paillis joue ici un rôle essentiel.
Par contre, il ne faut pas tarder à récolter votre poireau au printemps, car dès que les boutons floraux se formeront (et le poireau est une bisannuelle qui fleurira donc la 2e année), la plante deviendra coriace et perdra son goût.
Pour pérenniser le poireau
Enfin, il y a une troisième possibilité : vous pouvez aussi cultiver le poireau comme légume vivace, un peu à la manière de la rhubarbe. C’est en fait la méthode que nos ancêtres utilisaient pour cultiver le poireau, une méthode qui renaît avec l’intérêt accru pour la permaculture. On appelait à l’époque le poireau vivace « poireau perpétuel ».
Dans ce cas, ne récoltez pas le premier printemps, mais laissez la plante fleurir. Elle produira une haute tige florale portant une grosse boule de jolies fleurs blanches ou rose pâle (le poireau est cultivé comme plante ornementale dans plusieurs pays).
À la fin de la floraison, des rejets paraîtront au pied de la plante mère et il suffira alors de les laisser pousser; ainsi votre poireau formera une touffe qui grossira avec le temps, à la manière d’une hémérocalle. Vous pouvez récolter des plants à votre goût (été, automne, hiver ou printemps): d’où le nom «poireau perpétuel». Par contre, toutes les variétés ne se comportent pas comme de véritables vivaces: seules certaines lignées dites «poireaux perpétuels» (Allium ampeloprasum var. sectivum) se maintiennent indéfiniment par rejets. Pour vraiment pérenniser le poireau et le rendre permanent dans votre potager, il faut toujours permettre à 2 ou 3 rejets d’hiverner en pleine terre chaque année afin d’assurer la génération suivante.
Quelques poireaux d’hiver
Il existe de nombreuses lignées de poireau d’hiver (poireaux assez rustiques pour survivre aux grands froids, soit jusqu’en zone 4 ou, sous paillis, zone 3). En voici quelques unes :
‘Alaska’, ‘American Flag’, ‘Autumn Giant’, ‘Bandit’, ‘Belge d’Hiver’, ‘Blaugrüner Winter’ (‘Bluegreen Winter’), ‘Bleu de Solaise’ (‘Blue Solase’), ‘Carentan’, ‘Elephant’, ‘Musselburgh’ (‘Giant Musselburgh’, ‘Large Musselburgh’), ‘German Winter’, ‘Lancelot’, ‘Lexton’, ‘Neptune’, ‘Northern Lights’, ‘Overwinter’, ‘Poireau de Liege’, ‘Siegfried’, ‘Winter Atlanta’, ‘Zermatt’.
De nouvelles variétés hybrides, comme ‘Tadorna’, ‘Below Zero’ et ‘Duraton’, combinent rusticité et rendement élevé, offrant d’excellents résultats même dans les hivers rigoureux.
Ce texte a été publié pour la première fois sur ce blogue le 25 octobre 2015. Il a été révisé et sa mise en page a été adaptée.





 
                     
                     
                     
                    
D’après ce que je comprends de vos autres articles sur le poireau, on doit attendre au mois d’avril avant de faire quoi que se soit (dans ce cas-ci repiquer les jeunes plants). De plus , vous parlez de zone 3/4 alors que dans un autre article vous parlez de zone 2…
Cordialement, Luc Barbeau
Luc Barbeau: Tout dépend si vous en avez déjà dans le jardin. Sinon, oui, on sème ou repique (plants achetés) au printemps. Et merci pour l’avis: j’ai corrigé l’autre article. Zone 2 est un peu serrée.
Line Bertrand: Pas si on récolte les bulbes. Car il faut déterrer l’ail pour le récolter; avec le poireau, on n’a qu’à couper au sol, sans déranger les rejets. Si par contre vous voulez manger les feuilles d’ail ou les fleurs, vous pouvez les laisser se multiplier.
Peut -on faire la même chose avec de l’ail
Bonjour, mes poireaux « Chinook » n’ont pas grossi comme je m’attendais. Au 12 octobre, que dois-je faire pour qu’ils épaississent un peu. Merci
D’abord, vous savez que vous pouvez manger un poireau même s’il est mince. Car rendu à cette saison, il ne grossira pas beaucoup. Où laissez vos poireaux en terre pour une récolte l’automne prochain.
Petite question cher Larry : concernant la rotation des cultures, comme on peut laisser pousser les rejets et pérenniser le poireau, est-ce qu’on peut cultiver le poireau plusieurs années de suite au même endroit ?
On ne peut pas faire de rotation avec les légumes vivaces.
Je découvre que je peux donc avoir des poireaux perpétuels au Québec comme j’en avais en France ; merci pour cette information formidable car c’est un légume qui est beaucoup consommé à la maison, en soupe bien entendu, mais aussi en quiche, en fondue de poireaux à la crème, etc.
Dans un autre registre, je dois avouer que j’ai été sidérée de découvrir que la plupart des gens d’ici n’utilisent que le blanc des poireaux et jettent les feuilles vertes….!!! Quel gaspillage, alors que la partie verte est la plus riche en vitamines et antioxydants, et sont bien plus goûteuse que le blanc qui est relativement fade en comparaison !