Les petits iris à bulbes : mignons comme tout!
Si vous êtes sorti magasiner récemment, vous le savez déjà, mais pour les casaniers, je vous annonce que la «saison des bulbes» est en cours. Les jardineries, les grandes surfaces, même les supermarchés regorgent de jolis emballages de couleur contenant des bulbes à planter à l’automne. Si votre seule expérience du phénomène se résume aux maigres étalages des supermarchés et des grandes surfaces, cependant, allez voir ce qui se passe dans les jardineries: le choix est infernal!

Mais pourquoi maintenant, me dites-vous? C’est que les bulbes qu’on plante à l’automne donneront les premières fleurs du printemps prochain. Sans bulbes, nos plates-bandes seront vides ou presque pendant les 2 premiers mois du printemps. Avec un bon choix de bulbes, incluant des bulbes très hâtifs, hâtifs, mi-saison et tardifs, on s’assure cependant d’un feu roulant de couleurs d’avril à juin.
Les petits iris
Impossible de vous présenter tous les bulbes à fleurs qui sont présentement en vente. Allons à la place regarder une catégorie unique: les petits iris à bulbes.
Les jardiniers ont davantage l’habitude des grands iris de jardin. Avec leurs hautes tiges florales et leurs fleurs multicolores («iris» veut dire arc-en-ciel), ils embellissent nos aménagements au début de l’été, mais auparavant, bien auparavant, il y avait une autre sorte d’iris, de petits iris miniatures, à peine 15 cm de hauteur. Contrairement aux grands iris, qui poussent à partir de racines fibreuses ou de rhizomes, les petits iris du printemps sont des plantes à bulbe. Leurs petits bulbes ressemblent à des oignons miniatures. On les plante à l’automne, entre septembre et l’arrivée définitive de l’hiver, et ils fleurissent tôt au printemps, très tôt. Je ne peux pas vous donner de date précise, car tout dépend de l’hiver que nous avons, mais normalement ces petits iris sont en fleurs moins d’une semaine après la fonte des neiges. D’ailleurs, quand ils fleurissent, il y a souvent encore de la neige dans les parages!
Beaucoup de choix
Il y a des dizaines de variétés d’iris à bulbes, mais le choix en magasin n’est pas toujours très complet. Toutefois les jardineries devraient avoir au moins 1 ou 2 variétés. Par la poste, le choix est beaucoup plus vaste.
Il y a deux groupes de petits iris à bulbes: les «bleus» et les «jaunes».

Le groupe des bleus comprend surtout deux espèces qui se ressemblent beaucoup: l’iris réticulé (Iris reticulata), le plus commun, et l’iris histrioïdes (I. histrioides), ainsi que des hybrides entre les deux. Leur caractéristique principale est de faire des fleurs étonnamment grosses pour une si petite plante. Pour vous donner une idée, la plante ne mesure pas plus que 15 cm à la floraison alors que les fleurs mesurent 6-8 cm de diamètre! Elles se vendent dans les teintes de bleu et de pourpre, avec aussi quelques variétés à fleurs blanches. En plus de leur couleur de base, les fleurs sont toujours marquées de jaune et de blanc. Parmi les cultivars, on trouve ‘Harmony’ (bleu royal), ‘J.S. Dijt’ (rouge pourpre foncé) et ‘Cantab’, bleu centaurée. Les iris bleus sont de culture facile et reviennent fidèlement d’année en année. Avec le temps, le nombre de bulbes augmente et le nombre de fleurs aussi.
Chez l’iris jaune, il n’y a qu’une seule espèce couramment disponible, l’iris de Danford (I. danfordiae). La fleur est un peu plus petite. Aussi, les feuilles apparaissent après la floraison (chez les iris bleus, les feuilles se pointent pendant la floraison). Cette plante fleurit bien la première année, mais tend à disparaître après: il faut le voir comme un bulbe annuel.

Enfin il y a une petite catégorie de bulbes qui commence tout juste à pénétrer le marché: les hybrides entre les jaunes et les bleus. Cela donne une coloration unique, bleu vert avec des marques jaunes et noires. De ce groupe sélectif, on ne trouve guère que l’I. ‘Katharine Hodgkin’. Par contre, c’est probablement le meilleur de tous les iris à bulbes. Sa floraison augmente rapidement avec les années: une plantation de 10 bulbes peut donner, en 3 ou 4 ans, une masse de plus de 100 fleurs!
Ne pas se tromper d’iris!
Attention! Il y a un autre iris à bulbe qui est vendu au printemps: l’iris de Hollande (I. x hollandica). Il faut l’éviter, car ce bulbe de zone 6 ou 7 pousse difficilement chez nous. Parfois il survit à l’hiver, mais meurt peu après, généralement sans avoir fleuri. Je suis toujours étonné de voir les magasins de la région en vendre: ce n’est pas un service à rendre à leurs clients. À moins, bien sûr, de les vendre exclusivement pour le forçage à l’intérieur.
Comment distinguer entre les «bons iris» et les «mauvais»? D’abord par les noms: iris réticulé, iris histrioïdes et iris de Danford pour les bons; Iris de Hollande pour les mauvais. Mais vous n’avez même pas à retenir de noms si vous vous rappelez que les iris rustiques sont petits (environ 15 cm de hauteur) alors que les iris non rustiques sont grands (50 cm et plus). Cela est toujours indiqué sur l’étiquette.
Plantation et entretien des iris à bulbes
Rien de plus facile que de planter des bulbes d’iris. Dans un emplacement au sol bien drainé et qui est au soleil au printemps (les petits iris seront en dormance l’été et ne sont pas dérangés par l’ombre estivale), creusez un trou de 10 à 12 cm de profondeur. Placez-y les bulbes à environ 12 à 15 cm d’espacement, côté pointu vers le haut, fermez le trou et arrosez. Il n’y a pas à craindre que les animaux comme les écureuils ne les déterrent: ils n’aiment pas les bulbes d’iris!

Il n’y a rien de très spécial à faire lors de la floraison. Après la floraison, vous aurez la surprise de voir les feuilles étroites, courtes ou absentes durant la floraison, se lever à 25 à 30 cm de hauteur. Elles disparaissent après quelques semaines, car le bulbe entre en dormance pour l’été. Si vous avez à déplacer ou à diviser les bulbes d’iris, c’est le bon moment.
Des fleurs spectaculaires contre si peu d’efforts et si peu d’argent? Plantez-en, des petits iris à bulbes.
Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine dans Le Soleil le 30 septembre 2006.