Les araignées… ces mal-aimées
Rares sont les personnes qui aiment les araignées. Elles inspirent plutôt de la crainte et de la répulsion, tout comme les perce-oreilles, les cloportes et les mille-pattes. Il faut dire qu’elles sont souvent présentées de façon négative dans la culture populaire: elles sont associées à des lieux sombres ou à des scènes d’horreur dans les films ou encore à la sorcellerie comme lors de la fête d’Halloween.
On les croit dangereuses. Or, si toutes les araignées de la planète sont venimeuses parce qu’elles possèdent un venin qui sert à paralyser leurs proies, ce venin ne fonctionne pas sur les humains. Du moins pour la plupart des 52 000 espèces connues puisque seulement une douzaine possèdent un venin qui peut mener à une conséquence médicale. Ces quelques espèces ne se trouvent pas au Québec ni même au Canada. La crainte des araignées est très répandue, mais il ne faut pas confondre crainte et arachnophobie, qui elle est une réaction incontrôlable et démesurée, même à la vue d’une simple image.
Pour ma part, je n’ai pas de crainte des araignées car je sais qu’elles sont très utiles au jardin, mais je n’en veux pas dans ma maison et je ne les laisse pas encore courir sur moi. Or ma vision de ces petites bêtes a considérablement évolué depuis la visite chez moi de deux personnages inusités.
Des visiteurs très intéressants
Cet été, j’ai invité Gilles Arbour, naturaliste et photographe talentueux, à venir prendre des photos d’insectes dans mon vaste pré fleuri et il m’a demandé s’il pouvait venir avec son ami et partenaire chez Natureweb.com, Pierre Paquin, arachnologue réputé. Ils sont arrivés avec des équipements de récolte fait-maison très ingénieux. Le premier est un battoir, une sorte de parapluie renversé relié à un contenant qu’ils ont promené entre les fleurs et les buissons en frappant sur la végétation. Le deuxième est un tamis, qu’ils ont utilisé pour récolter des spécimens dans la litière forestière. Il s’agit d’un large tube de tissus, séparé au milieu par un filtre grossier pour séparer la litière de feuilles des petits organismes qui grouillent dans l’humus.
Ensuite, ils ont trié tout cela sur une pièce de tissu à même le sol et je les voyais prendre les petites bestioles dans les mains et les laisser courir sur leurs bras. Je n’en suis pas là, mais je réalise que la peur des araignées est surtout liée à un manque de connaissances et à de fausses croyances.
Quelques infos sur les araignées
Les araignées ont été une véritable découverte pour moi depuis cette visite. D’abord, j’ignorais complètement qu’il y en avait autant sur la planète: soit 52 228 espèces d’araignées décrites dans le monde réparties en 135 familles. Au Canada, il y a 1 413 espèces et 43 familles sont connues (Paquin et al. 2010b) et au Québec, la faune comprend 708 espèces réparties dans 34 familles (Paquin & Dupéré, in prep.). À titre comparatif, les mammifères comptent quelque 5000 espèces réparties dans 150 familles.
Le corps des araignées est divisé en deux parties: le céphalothorax pourvu de huit pattes et l’abdomen qui porte des filières à l’arrière. C’est par ces appendices qu’elles sécrètent de la soie qui sert à produire des fils qui permettent entre autres de se déplacer, de tisser une toile, d’enchevêtrer leurs proies ou de fabriquer des sacs dans lesquels elles pondent leurs œufs. Contrairement aux insectes, elles n’ont pas d’ailes ni d’antennes. Elles possèdent en général huit yeux, mais quelques espèces du Québec en possèdent six.
Quelques idées fausses au sujet des araignées:
- Elles ne piquent pas car elles ne possèdent pas de dard, mais toutes les espèces peuvent mordre avec leurs crochets (pièces buccales) puisque c’est de cette façon qu’elles attrapent leurs proies. La plupart de nos espèces sont cependant trop petites pour arriver à percer la peau.
- Elles mordent rarement, sauf si elles se sentent coincées, par une manipulation maladroite par exemple.
- Ce sont des prédateurs qui se nourrissent d’insectes, et non pas de sang de vertébrés.
- Avaler une araignée pendant la nuit est une légende urbaine qui fait beaucoup rigoler les arachnologues, surtout si on avance un nombre précis de spécimens ingérés en une année.
De précieuses alliées au jardin
Les araignées sont de précieuses alliées au jardin et nous aurions tout intérêt à les protéger. Elles ne causent aucun dommage aux plantes puisque ce sont des prédateurs, que ce soit au potager, au verger, au jardin d’ornement ou dans nos massifs de fleurs. Par contre, elles vont se révéler fort utiles pour lutter contre de véritables ravageurs des cultures car elles se nourrissent d’une grande variété d’insectes comme les moustiques, les mouches, les pucerons, les cochenilles, les aleurodes, les papillons et leur chenille (comme la piéride du chou), etc. Elles aident ainsi à réduire le besoin d’utiliser des insecticides.
Les araignées réagissent rapidement aux changements de leur environnement. Une augmentation soudaine de leur nombre peut indiquer une surpopulation d’insectes. Les araignées constituent elles-mêmes une source de nourriture pour d’autres animaux, comme les petits mammifères ou les oiseaux. De plus, l’araignée peut participer à la pollinisation des fleurs en se déplaçant de plante en plante pour chercher ses proies. La présence d’araignées fait partie des signes de bonne santé du jardin.
Comment favoriser la présence des araignées au jardin?
Pour encourager les araignées dans votre jardin, voici quelques gestes simples qui pourront les favoriser:
- Bannissez l’utilisation de tout produit chimique qui nuit à la biodiversité
- Gardez des zones en friche ou pratiquez la tonte différenciée dans votre pelouse
- Laissez les toiles d’araignées en place lorsque vous en voyez
- Couvrez le sol de paillis
- Laissez des tas de pierres ou de vieux murets en place
- Ne détruisez pas les sacs d’œufs qui abritent la future génération de prédateurs
- Cultivez une diversité de plantes mellifères, qui vont attirer les insectes butineurs… et des proies pour les araignées
Voici quelques belles araignées qui ont été récoltées chez moi ou qui sont communes dans nos jardins.
Pierre Paquin, biologiste et arachnologue, et Gilles Arbour, naturaliste et photographe, vous font découvrir sur le site Natureweb, la beauté, la richesse, l’ingéniosité et la complexité du monde vivant via la photographie, des articles de blogue et de recherche.
Pierre et Gilles gèrent aussi deux pages Facebook: l’une sur les araignées et l’autre sur les insectes. Vous pourrez y côtoyer d’autres amateurs et voir plein de magnifiques photos de ces sujets fascinants.
J’avais une orchidée qui était gravement infestée de cochenilles. J’ai essayé de nettoyer les feuilles à l’alcool, de l’asperger d’eau, mais ne sachant plus quoi faire, en dernier recours, je l’ai sortie sur la galerie. Après quelques jours, j’ai remarqué des toiles d’araignée dessus et les cochenilles avaient complètement disparu! La nature fait vraiment des miracles!
Depuis plusieurs année que j’observe les différentes araignées…..lorsque que j’en repères, a l:intérieur comme a l’extérieur, je les attrapent et redisposent dans mon jardin (j’utilise une perche avec un cercle pour récupérer leurs toiles ou une recipient transparent associer avec un carton plat pour les. Attraper sur surface plate) …..elles travail sans relâche, joue et nuit pour faire des toile qui font office de barrière contre les insectes nuisibles…..certaines types font leur toiles près des tiges (exellent pour les insectes rampant, fourmis, etc) ….j’ essais de construire des abris (pour me permettre de les conserver et de les relocaliser lors de changement dans le jardin …..
Article vraiment très intéressant !
Je me demandais s’il était possible de relocaliser à l’extérieur une araignée d’intérieur ou bien si chaque espèce avait un habitat de prédilection.
Si quelqu’un pouvait m’éclairer ?
Je crois que oui: il y a des araignées qui vivent plutôt à l’intérieur, mais le mieux est de questionner Pierre Paquin qui est LE grand spécialiste au Québec et même à l’international. Allez sur le site Natureweb pour le contacter ou sur la page FB des araignées (les liens sont dans mon texte)
Merci beaucoup pour votre réponse, Edith ! J’irai voir ça.
Je partage l’information trouvée sur le site natureweb :
« Les araignées des habitations?
Cette catégorie ne constitue pas une stratégie que certaines araignées utilisent pour vaincre les rigueurs de l’hiver, mais découle plutôt du fait que certaines espèces sont des synanthropes, c’est-à-dire qu’elles sont étroitement associées aux humains et à leurs habitations. Ces espèces bénéficient des conditions favorables de l’intérieur de nos habitations, mais il n’existe pas d’espèce qui effectue un changement d’habitat avec l’avènement de l’hiver, pas plus qu’il n’existe des araignées qui se trouvent uniquement dans les habitations humaines. De telles espèces spécialistes n’existent pas parce que les constructions humaines sont beaucoup trop récentes d’un point de vue évolutif, pour permettre une telle spécialisation. Toutes les espèces qui se trouvent dans nos maisons pendant l’hiver se trouvent également à l’extérieur, quelque part sur la planète. Paquin et al. (2022a) ont documenté la présence de 28 espèces de notre province qui démontrent des affinités particulières avec les humains et leurs habitations. »
Merci pour ces précieuses infos complémentaires Anne!
Ma voisine c’est fait piquer par une araignée. Elle est allé à la pharmacie c’est eux qui lui ont dit que c’était une araignée qui l’avait piqué, car elle avait 2 trous à l’endroit de sa piqûre. Il y avait une bonne enflure.
Les araignées ne piquent pas mais mordent, ce qui n’est pas plus rassurant ? sans doute, mais quand même juste si elles se sentent agressées.
Merci pour cet article mme. Smeesters fort intéressant et d’appoint en cette période de l’année.
Ma nouvelle voisine a aspergé sa maison d’un produit pour chasser les araignées. Je ne sais pas s’il y a un lien de cause à effet (les araignées ayant “déménagé” chez moi) ou si elles sont plus nombreuses cet été, mais il y a beaucoup plus de toiles cet été sur certains arbustes et sur la maison.. J’enlève les toiles autour de al porte car cela n’est pas très invitant.pour les visiteurs.
C’est vrai qu’il n’y a pas d’araignée dangereuse au Québec-la veuve noire du nord s’est répandue dans le sud de la province- mais sa morsure n’est pas dangereuse. Une seule exception: on retrouve à l’occasion la veuve noire que l’on craint vraiment, latrodectus mactans, dans les fruits que l’on importe des États Unis, particulièrement les raisins, et il y a eu plusieurs cas qui ont été vu dans les urgences, mais pas de décès.
très intéressant je me suis même inscrit au site natureweb j’avais peur dédain) des araignées mais maintenent je les apprécie et cette année j’en ai beaucoups partout.
Oh! Dieu, quel sujet particulier, ce matin ! J’ai beaucoup cheminé dans ma phobie des araignées, au cours des dernières années. Si je déteste toujours en voir, je ne les tue plus systématiquement ! Pourtant, une activité bisannuelle s’en vient sous peu : le lavage de mes fenêtres de sous-sol !!!!!! Et, misère, je souffre déjà ! D’ailleurs, depuis une couple de semaines, je pulvérise les contours extérieurs des fenêtres d’un produit anti-araignées, espérant qu’elles comprendront !!! Difficile à contrôler, cette phobie !!!! Hahaha !
Très intéressant votre article. J’avoue que je ne savais pas qu’il y avait tant d’espèces bien que je me doutais bien qu’il y en avait beaucoup. Bien que j’aime bien les regarder travailler (formation de leur toile, enrobage de victimes, etc.) je n’aime pas les toucher ou encore pire, les laisser circuler sur mon corps comme cela m’est arrivé une nuit, brrrr) mais je me soigne. Quand j’en vois une à l’intérieur, je l’attrape au moyen d’un petit verre (shooter) et une feuille de papier puis, ouste, dehors. Mais l’hiver, que faire? Jusqu’à présent je les laissais tranquilles jusqu’au printemps. Y a-t-il une autre solution en hiver?
Toute araignée mérite d’être rapporter à l’extérieur (erreur de sa part que d’être rentrée !).
Les observer en fin d’été car elles sont devenues énormes, extra.
Striées ou pas, jaune, brune, noire
On s’amuse à les regarder de près et changer le regard des gens sur elles. Apprendre à apprécier ces précieux prédateurs dans nos jardins.
J’ai eu une argiope dans le potager. Magnifique !
Désolée! Malgré l’intérêt de votre article je déteste encore les araignées, entre autres parce que ma fille et moi avons été mordues par l’une d’entre elles durant notre sommeil (diagnostic médical) avec pour résultat l’œil fermé au matin à cause de l’enflure générée par la morsure! Eurk!
Les araignées il y en a chez nous l’hiver dans la maison l’été dehors .Il y a des pholques à la salle d’eau du rez de chaussée , jamais les mêmes ,à ce jour cinq pholques tous mâles pas de femelles à abdomen arrondi , des arachnides d’extérieur entrent se faufilant vite derrière les meubles .Cet été avec le trop de chaleur je n’en ai pas vu beaucoup dans les friches ni sur les fleurs sauvages basses (thomises)Pour la première fois j’ai assisté à la mise en cocon dans un buisson bas par pisaure , des dizaines de petits plus certainement circulant dans leur abri temporaire. Un matin la marmaille était partie sans dire au revoir .
Merci!
Je n’ai pas peur des araignées et je les trouve très utile au jardin. J’en avais même relocalisée une pour me débarrasser des chenilles de la pieride du chou. A ma grande surprise, ça a fonctionné et je n’ai pas eu besoin d’utiliser un insecticide naturel. Je trouve aussi très drôle les brunes dans mon jardin qui se promènent avec leur sac blanc. Je leur dit: « Sauve- toi si tu ne veux pas perdre ta boule. ´´ Voila. Merci pour cet article très pertinent et intéressant. Clarisse