L’ortie: une plante comestible et un engrais
La grande ortie, ou ortie dioïque (Urtica dioica L.), est une plante herbacée vivace originaire d’Eurasie qui s’est répandue maintenant dans le monde entier. On trouve quelques espèces d’orties indigènes dans la région maritime du Saint-Laurent, mais l’ortie dioïque est plutôt rare au Québec alors qu’on en trouve sur tous les terrains en friche en Europe. Elle a assez mauvaise réputation, car c’est une plante envahissante et qui pique. En effet, les feuilles et les tiges sont recouvertes de poils urticants qui se brisent au moindre contact en injectant dans la peau une substance qui provoque une sensation de brûlure. Ces effets sont cependant de courte durée et peuvent être rapidement neutralisés par d’autres plantes appliquées sur la zone affectée, comme le plantain ou la menthe, entre autres.
Urtica dioica, communément appelée ortie, n’est généralement pas classée comme une espèce exotique envahissante au Canada ou aux États-Unis. Il y a une espèce indigène (Urtica gracilis) étant largement répandue en Amérique du Nord et ne pouvant être considérée comme envahissante. La sous-espèce européenne introduite (Urtica dioica subsp. dioica) est présente dans certaines régions mais ne présente généralement pas de comportement invasif qui déplace agressivement la flore indigène.
Cependant, elle est considérée comme problématique dans certaines régions. Au Canada, notamment en Colombie-Britannique, la sous-espèce introduite Urtica dioica subsp. dioica se trouve dans le sud-ouest de la province, y compris dans la région du Grand Vancouver, où elle peut se propager de manière agressive. Aux États-Unis, l’ortie dioïque est reconnue comme une plante envahissante de catégorie 3 en Virginie-Occidentale, où elle n’affecte généralement pas les processus écosystémiques, mais peut supplanter les plantes indigènes dans les zones fortement perturbées, se propageant lentement ou pas du tout à partir de ces sites.
Une plante comestible et médicinale
Malgré cette caractéristique déplaisante, c’est une plante comestible et médicinale aux multiples vertus qui sont connues depuis la nuit des temps. J’en dorlote une petite talle sur mon terrain et cela me donne de merveilleuses soupes dès le mois d’avril, bien avant que les légumes de mon potager ne soient prêts à récolter. Attention: ne plantez pas l’ortie dans votre potager, car c’est une plante très envahissante par ses rhizomes, mais on peut la contrôler en fauchant tout autour et en ne la laissant pas monter en graines.
L’ortie se cuisine comme des épinards et, lorsqu’elle est toute petite, elle ne pique même pas. Plus tard, je dois porter des gants et je ne récolte que les feuilles. L’ortie est très riche en protéines et contient, entre autres, des vitamines A et C et des sels minéraux comme le calcium, le potassium et la silice. C’est une plante très prisée par les herboristes, car elle a énormément de vertus médicinales, mais ce n’est pas ce dont je veux vous parler dans un blogue de jardinage!
Les purins d’orties: macération ou fermentation?
Après mes soupes printanières, j’utilise les orties pour en faire un purin dès le mois de juin. C’est un fertilisant très connu en Europe et il s’en vend même dans les jardineries! Il y a différentes façons de faire et même un peu de confusion si on prend le temps de visionner les différents vidéos sur internet. La plupart des jardiniers, comme moi, font de la macération d’orties.
En macération
Pour la macération, la recette est simple: je récolte 1 kg de plantes que je fais macérer dans 10 litres d’eau environ (on peut doubler ou tripler les quantités bien entendu). J’utilise un grand seau, avec un couvercle car la décomposition ne sent pas très bon et après quelques jours et cela fait des bulles! Je remue le tout quotidiennement avec un bâton et lorsque cela ne fait plus de bulles, c’est prêt à utiliser! Cela prend environ 10 jours à 20-25 °C à l’ombre. Ensuite, je filtre grossièrement la mixture à travers un sac en toile de jute et je dilue ce liquide dans un ratio de 1 part de macérat pour 10 parts d’eau avant d’arroser à la base des légumes les plus gourmands de mon potager, c’est-à-dire les tomates, les courges, les concombres, etc.
Ce fertilisant contient beaucoup d’azote et de potassium et doit être utilisé rapidement, car il ne se conserve pas plus d’une semaine. Il est quand même excellent au début de l’été sur les légumes en croissance, mais avant la fructification, car il va surtout encourager la production de feuillage.
En fermentation
Lorsqu’on cherche à en savoir plus sur internet, on s’aperçoit qu’il y a une autre méthode. En fait, pour obtenir un «vrai» purin d’orties qui ne sent pas mauvais, qu’on peut pulvériser sur les plantes en croissance et qui peut se conserver à long terme, il faut faire de la fermentation. Or la fermentation est un processus sans air (comme pour faire la choucroute) ce qui n’est pas le cas de la macération. Il faut donc avoir un contenant qu’on peut fermer hermétiquement après l’avoir rempli à ras bord du mélange d’orties et d’eau (toujours 1 kg de plantes pour 10 litres d’eau), et on laisse fermenter sans ouvrir. Après 15 jours à 20-25 °C, on obtient un liquide clair qui ne sent pas mauvais et qui peut se conserver jusqu’à 3 ans au frais et à l’obscurité. C’est probablement ce qui est vendu dans les commerces en Europe.
Bref, j’ai bien envie d’essayer ça l’été prochain! Nos lecteurs européens pourront sûrement nous en dire davantage et partager leur expérience?
En attendant, régalez-vous des orties fraîches pour faire de délicieuses soupes ou faites-les sécher pour en faire de la tisane durant l’hiver.
Très intéressant! Merci!
Encore un mythe horticole. Le purin d’ortie avant dilution= 0,05% d’azote (et en France) pour être considéré comme engrais, il faut qu’il y ait au moins 3% d’un des éléments !
Intéressant! Mais si ce n’était pas l’azote qui fortifie mes légumes? Est-ce que cela ne stimulerait pas plutôt la vie microbienne du sol? En tout cas, cela semble faire du bien à mes tomates.
Ici au Québec, on utilise régulièrement des engrais qui ont moins de 1% d’un des éléments principaux. Je pense notamment aux algues liquides. D’après mes recherches, l’usage d’un purin d’ortie aurait une influence sur croissance de certaines plantes et leur rendement. Une étude a montré que l’extrait d’ortie fonctionnait presque aussi bien que les engrais minéraux pour aider les plantes à pousser et à produire des haricots. Les extraits d’ortie ont également aidé les plantes à accumuler plus de fer dans leurs feuilles. Une autre a démontré peu de bénéfices dans la production de pommes de terre. Les études que j’ai lues utilisent le terme “fertilizer”. J’imagine qu’on pourrait faire un concentré de purin d’ortie si on souhaitait le commercialiser en France. Syngenta Isabión, composé d’ortie et de prêle, contient 10% d’azote, mais il est vendu comme biostimulant.
En fait, je n’aurais pas du utiliser le mot “engrais”. Le compost non plus ne contient pas beaucoup d’azote et pourtant il stimule vraiment la vie du sol. C’est un amendement et non un engrais bien sûr.
Très intéressant! Je vais essayer d’en cueillir mais comme j’ai l’impression d’être allergique, ça me rebute un peu…
Bonjour,
Quand j’habitais en Normandie, j’avais de l’ortie à profusion. J’ai commencé par faire du purin. Mes plantes ont dit merci. Puis ayant peu de temps et bcp de plantes, j’ai simplifié : plusieurs poignées d’orties grossièrement hachées dans le fonds du trou lors de toute plantation. Aussi orties grossièrement hachées en paillage autour des tomates, des rosiers… Très bond résultats.
J’habite à présent dans le sud-est de l’Ontario : très peu d’orties chez moi, j’en ai semé ce printemps! Je constate que mon ortie locale pique moins que la normande!
Bonjour,
Étant française, j ai toujours vu mon père utiliser l’hostie comme stimulant organique. Moi, je fais des macérations et je vaporise sur toute la plante ( tomate+ autres légumes attaqués par les insectes). Je m en sert comme répulsif cintre les attaques de pucerons et de Yves qui piquent mes tiges et feuilles de tomates) l an passé ( été très pluvieux, mes tomates s’en sont sorties sans maladie, ce qui était, selon mes sources, une exception…
Plante extrêmement utile et bienfaitrice pour tous les légumes. Merci de faire connaître cette plante si méconnue.