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Quand les rameaux noircissent, soupçonnez le feu… bactérien

Par Larry Hodgson

Le feu bactérien, appelé brûlure bactérienne au Canada, est une maladie qu’on voit sur les arbres et arbustes de la famille des Rosacées: cerisiers, pommiers, aubépines, pruniers, sorbiers, rosiers, cotonéasters, framboisiers, etc., mais aussi sur le lilas et certains autres arbres et arbustes. Il semble arriver de nulle part, en pleine période de croissance. Soudainement, les feuilles d’une ou deux branches noircissent et courbent vers le bas, mais sans tomber. Les fruits, s’il y en a, se momifient. Souvent, les feuilles et les fruits persistent sur l’arbre tout l’hiver. 

La deuxième année, d’autres branches sont touchées. La maladie s’étend rapidement, provoquant chancres, écoulements et décolorations de l’écorce sur les branches les plus importantes et la mort rapide des rameaux atteints. 

Répartition mondiale du feu bactérien (Erwinia amylovora). Ill. : W!B :, Wikimedia Commons

Cette maladie est causée, comme le nom le dit, par une bactérie (Erwinia amylovora dans le cas des Rosacées) qui est surtout transportée jusqu’à l’arbre par les abeilles ou d’autres insectes lors de la pollinisation, puis est répandue par la pluie ruisselant vers le bas de la plante. 

Sorbier souffrant de feu bactérien.
Sorbier souffrant de feu bactérien. Photo: extension.umn.edu

Dans bien des cas (chez les sorbiers et les cerisiers sauvages, notamment), c’est une maladie reliée à la sénescence. L’arbre est déjà sur le déclin ; la brûlure vient l’achever. Dans ces cas, il n’y a rien d’autre à faire que de couper et de brûler l’arbre atteint pour que la maladie ne s’étende pas à d’autres plantes des environs. 

Le feu bactérien du lilas, qui affecte aussi les rosiers, les forsythias et les chênes, entre autres, est causé par une autre bactérie: Pseudomonas syringae. Photo: Jerzy Opio?a, Wikimedia Commons

Tristement, la maladie touche aussi certains arbres et arbustes jusqu’alors en pleine santé, notamment les fruitiers, et peut alors mettre fin prématurément à leur production. 

L’effort pour sauver la plante demeure souvent vain 

Pommier atteint de feu bactérien.
Pommier atteint de feu bactérien. Photo: Robert L. Anderson, USDA Forest Service, Bugwood.org, Wikimedia Commons

Dites-vous bien que l’éradication véritable de cette maladie est très difficile. Habituellement, on investit beaucoup d’efforts pour sauver l’arbre malade, mais la maladie progresse tous les ans et on finit par s’admettre vaincu lorsque la dernière branche meurt. 

Devant un diagnostic de feu bactérien, il vaut souvent mieux éliminer le malade tout de suite, surtout s’il s’agit d’une «plante ornementale», car il cessera rapidement de jouer son rôle principal! 

Par contre, un fruitier atteint de la maladie peut encore produire de bonnes récoltes pendant plusieurs années et vous pouvez juger si le fait d’essayer de le maintenir en vie encore quelque temps vaut l’effort. 

Le traitement généralement recommandé 

Voici quoi faire pour traiter un arbre ou un arbuste atteint de brûlure bactérienne. 

Sécateur taillant un pommier.
C’est surtout par la suppression des branches atteintes du feu bactérien qu’on arrive à avoir un certain contrôle de la maladie. Photo: MaxPixel

Par temps sec, et dès que vous remarquez l’infestation, coupez les rameaux atteints entre 30 et 60 cm en dessous de la partie infectée et brûlez-les. Stérilisez les sécateurs entre chaque coupe avec de l’alcool isoprolique (à friction). Et croisez-vous les doigts! 

Parfois, les gens essaient des traitements aux fongicides, biologiques ou non, après avoir taillé les branches atteintes, mais la maladie est bactérienne et non pas fongique, par conséquent, les fongicides ne seront pas très efficaces. Il existe des bactéricides qui seraient parfois efficaces (la streptomycine, par exemple), mais aucun n’est disponible aux jardiniers amateurs.

Choisissez des variétés résistantes 

Il n’y a pas vraiment de traitement préventif contre la brûlure bactérienne… sauf d’éloigner des fleurs les abeilles et autres pollinisateurs qui transportent la maladie à l’origine. Mais alors, il n’y aura pas de fruits (un peu désolant si la plante à protéger est un fruitier comme c’est habituellement le cas !).

L’idéal, donc, c’est de planter, dès le début, une variété reconnue comme résistante à la brûlure bactérienne. On en trouve notamment chez les différentes variétés de fruitiers. Par exemple, vous trouvez une liste de pommiers résistants aux maladies (dont le feu bactérien) dans l’article Pommiers résistants aux maladies. Et de pommiers ornementaux (pommetiers) dans celui-ci: 50 pommetiers sans complications.

Livre





Article adapté du livre Les 1500 trucs du jardinier paresseux. 



Étiquettes + Brûlure bactérienne du pommier, Feu bactérien, Brûlure bactérienne, Ervwinia amylovora, Brûlure bactérienne du lilas, Pseudomonas syringae


commentaire sur "Quand les rameaux noircissent, soupçonnez le feu… bactérien"

  1. Bonjour,es ce que cette bactérie peut affecter des plants de tomates? Merci. Joanne Déziel

  2. Bonjour M. Hodgson,
    Merci pour vos chroniques. Celle d’aujourd’hui m’aide à comprendre cette « noirceur » qui s’est développée à un jeune plant de weigela semé cette année. Il était superbe, avec une belle croissance et… prometteur. Depuis environ trois semaines, nous avons noté que son centre s’obscurcit et je croyais qu’un animal des environs en avait fait sa cible favorite pour y déverser ses urines. Nous avons commencé par retirer les rameaux infectés et ensuite nous avons vaporisé un savon biologique. La maladie semble persévérer. Nous n’aurons donc peut-être pas le choix de l’éliminer si je comprends bien votre propos. Bonne journée !

  3. Bonjour, les feuilles de la majorité des branches de mon érable du japon (acer palmatum atropurpureum) sont mortes; est-ce que cette bactérie est la cause ? J’ai coupé toutes les branches mortes et les feuilles recommencent tranquillement à pousser. Est-ce que j’ai fait la bonne action ??

  4. Je me demande si cela peut aussi affecter des saules-crevettes? Le mien semble se battre avec une maladie similaire que j’avais associé à une infestation de scarabés japonais (dont il est aussi victime).

    • C’est plutôt la tavelure du saule, un champignon, qu’on peut donc traiter avec un fongicide comme la bouillie bordelaise. Habituellement, les pointes des branches brunissent, mais de nouvelles feuilles viennent rapidement tout cacher, et si oui, aucun traitement n’est vraiment nécessaire.

  5. Je pense avoir enfin diagnostiqué le problème de mon aubépine tortueuse. J’essaie de me débarrasser de ce fléau depuis 4-5ans. Sans grand succès. J’ai pensé m’en être débarrassée en coupant à peu près toutes les branches il y a 2 ans. Elle était vraiment pas pire l’an dernier. Et rebelote, cet été. Tellement décevant. Mon aubépine avait au moins 10-12 ans.

  6. Est-ce que ça peut atteindre une clématite?

  7. J’ai emménagé dans une nouvelle maison ce printemps et j’ai hérité d’un jardin magnifique. J’ai vu effectivement les feuilles d’un prunus devenir brunes en l’espace de quelques jours. J’ai cru que c’était peut-être les hydrangeas plantées autour de l’arbre, mais force est de constater que c’est plutôt une bactérie. Par contre, le tronc semble en bonne santé.

    Encore une fois, merci, vos chroniques arrivent toujou à point.

  8. cette année ce sont mes plants de tomates qui ont souffert je crois de cette maladie..taches brunes uis sècheresse des feuilles eet mort. Mais les fruits ne sont pas touchés et continue de mûrir. A moins que ce ne soit une autre maladie

  9. Merci beaucoup pour ces éclaircissements. Voilà deux ans que je remarque ce phénomène sur mes S. Philadelphus âgés de 21 ans, sur les branches du haut surtout. Les effets des canicules très tôt en mai dernier, donc sécheresse au moment de la croissance des feuilles, ou bien cette bactérie maudite? Cette année, ils ont encore fleuri et embaumé à profusion, mais dix jours plus tôt que normalement. Je ferai des coupes de branches atteintes bientôt en désinfectant les sécateurs comme vous l’expliquez. J’espère qu’ils me survivront!

  10. Marie-Noldine Benoit

    Très utile à savour cette information. Mes plants de tomates et de concombres subissent le même sort en ces temps-ci.

  11. Bonjour.
    Sur la dernière photo (celle avec le coupe branche),
    on voit que des lichens (???) grisâtres se sont développés sur l’arbuste.
    Je suppose qu’eux ne posent aucun problème ?

  12. Pour ma part, je venais tout juste de planter 11 sureaux dorés pour faire une haie sur mon terrain et ils ont tous commencé à avoir le bout des feuilles noircies. Je pensais justement à la brûlure bactérienne et en vous lisant, je pense que c’est ça. Possible pour des sureaux ? Sinon, existe-il des arbustes résistants que je pourrais utiliser pour les remplacer sans ce risque de maladie ? Merci à vous comme toujours

  13. Le livre Noms des maladies des plantes au Canada donne une quinzaine de plantes hôtes pour l’Erwinia amylovora, mais je soupçonne d’autres hôtes car ils sont soumis dans les centres de jardin. Le problème est que les entrées étudiées par le MAPAQ et des laboratoires de diagnostic dont des échantillons reçus via les conseillers agricoles du MAPAQ, les clubs d’encadrement technique, etc. Donc, un nouvel hôte présent sur une propriété privée va passer inaperçue pendant longtemps, à moins que le problème ne se manifeste aussi en pépinières, encore faille-t-il que l’inspecteur du MAPAQ y passe au bon moment..

  14. Bonjour, merci pour vos articles!
    J’ai un lilas jeune qui est malade, mais je n’arrive pas à dire si c’est le feu bactérien ou le blanc: les feuilles se recouvrent de blanc puis deviennent marron et flétrissent.
    Auriez-vous une idée?
    Merci beaucoup par avance!

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