Un insecte en or
Casside dorée (Charidotella sexpunctata). Photo: Ilona Loser, Wikimedia Commons
Sans doute l’insecte le plus brillant que vous ayez jamais vu, la casside dorée (Charidotella sexpunctata) semble vraiment faite en or. L’adulte du petit coléoptère ressemble à un bouclier bombé ovale transparent de 5 à 8 mm de longueur sous lequel il y a un insecte doré reluisant. Quand elle se sent menacée, elle se colle sur une feuille, retirant ses pattes et ses antennes sous le bouclier, comme une tortue effrayée se cache dans sa carapace. D’où le nom anglais: golden tortoise beetle.
L’effet de cet insecte est saisissant: on dirait une petite broche en or! Mais au cas où vous auriez l’idée de récolter la casside pour la porter comme bijou à votre prochain gala, sachez que, si vous la touchez, la dorure disparaît, révélant un coléoptère tout à fait ordinaire, orange rougeâtre avec six points noirs (le sens de sexpunctata). La couleur brillante vient d’une couche liquide qui s’amincit (révélant la vraie couleur de l’insecte) ou s’épaissit (lui redonnant sa dorure) selon les conditions et l’état d’esprit du coléoptère. Quand on lui fait trop peur, par exemple, elle s’amincit et la dorure disparaît.
Un insecte panaméricain
Mes lecteurs européens ne rencontreront pas cet insecte; il n’est pas présent sur leur continent. Mais la casside dorée est largement distribuée dans le Nouveau-Monde, de l’Argentine au Canada.
Et c’est surtout dans nos jardins qu’on la découvre, car son hôte préféré est l’ipomée (Ipomoea) et d’autres Convolvulacées. Donc, si vous trouvez les feuilles de vos patates douces ornementales (I. batatas) et gloires du matin (I. nil et autres) ponctuées de petits trous, c’est sans doute l’œuvre de la casside.
Elle vit aussi sur les Convolvulacées sauvages, notamment les liserons (Calystegia sepium et Convolvulus arvensis), ses hôtes préférés en début de saison quand les patates douces et les ipomées ornementales n’ont pas encore été plantées. Elle s’installe aussi parfois sur certaines mauvaises herbes (bardane, chardon, ortie, plantain, etc.), mais a quand même besoin de Convolvulacées pour compléter son cycle.
Cycle de vie
Les adultes hivernent dans les débris végétaux, sortant au printemps pour pondre leurs œufs en groupe sous les feuilles des liserons sauvages.
Dans le nord de son aire, les larves émergent vers la fin de mai ou le début de juin et se mettent à bouffer les feuilles par en dessous, ne laissant souvent que les nervures. Les larves ne sont pas dorées, mais brunes à jaunâtres, entourées de franges, et se couvrent de leurs peaux mortes et de leurs excréments pour se protéger des prédateurs.
Après quelques semaines, elles se convertissent en pupes, toujours fixées sous une feuille, et les adultes émergent environ une semaine plus tard. Les adultes, ailés, partent alors à la découverte de nos jardins.
Les adultes continuent de manger les feuilles, mais causent moins de dégâts que les larves, faisant bon nombre de trous, certes, mais réduisant rarement les feuilles en charpie. Ils se nourrissent ainsi tout l’été. Il n’y a qu’une génération par année.
Les contrôler
Il faut dire que, malgré les feuilles qu’elles trouent, les cassides ne semblent pas vraiment nuire sérieusement à leur plante-hôte, qui continue à pousser vigoureusement malgré la prédation, fleurissant normalement (ipomée et liserons) ou produisant des tubercules (patate douce) de bonne quantité. Donc, vous pouvez les laisser faire leur vie si les feuilles trouées ne vous dérangent pas outre mesure.
Sinon, réduisez leur nombre en éliminant les mauvaises herbes — et notamment les liserons — du secteur. Faites toujours une rotation de culture de 2 ans, évitant de planter des Convolvulacées au même endroit 2 années de suite. Pour la culture de patates douces en vue de la consommation, l’utilisation d’une couverture flottante comme barrière d’exclusion est très efficace, mais il n’est pas logique de couvrir les ipomées et les patates douces ornementales d’une toile, car à quoi bon cacher de vue une plante cultivée spécifiquement pour sa belle apparence?
Aussi, vous pouvez traiter les larves (au revers des feuilles) et les adultes en les vaporisant avec un insecticide au savon ou au pyrèthre ou en faisant tomber les cassides dans un bol d’eau savonneuse.
La casside dorée: un bijou d’insecte, fascinant à voir, mais qui a son lot de défauts, une belle preuve que tout ce qui brille n’est pas de l’or!
Bonjour merci de nous éclairer un peu plus chaque jour.
J’aurais grandement besoin de votre aide car j’ignore totalement qui fait se ravage et donc je ne sais comment l’arrêter. Les feuilles de mes petits érables, pimbinas, fèves d’Espagne et même basilic se font dévorer jusqu’à la nervure. Cela donne une très jolie dentelle mais ce n’est pas ce que je souhaite… peut-être pouvez-vous m’aider?
Merci et bonne journée.
Il s’agit sans doute de “problèmes” très différents. La plupart des ravageurs sont assez spécifiques, comme la galéruque de la viorne (https://jardinierparesseux.com/2016/06/14/des-viornes-aux-feuilles-dechiquetees/) sur le pimbina (qui est une viorne). Altises, limaces, maladies… la liste des possibilités est longue. Il faut quasiment prendre le coupable sur le fait pour savoir exactement quoi faire. Parfois une vaporisation au neem, qui a un effet immédiat, mais aussi répulsif, peut aider, ou l’application de terre de diatomées: deux traitements contre les “insectes en général”. Mais si le problème ne relève pas d’un insecte, ses produits ne fonctionneront pas.
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J’essaie de trouver comment. Dès que j’apprends comment, je vous désabonne.
Merci, cher Jardinier, d’avoir parlé de cette magnifique casside. La première fois que j’en ai vu une, je croyais à une hallucination! Elles semblent plutôt rares dans mon patelin, j’en ai vu quatre ou cinq en 20 ans (près de Sorel-Tracy), mais chaque fois j’en suis fascinée; c’est trop joli!
Bonsoir, en cherchant à identifier un petit insecte plutôt doré sur une feuille de patate douce (trouée exactement comme le montre cet article) dans mon potager je suis tombé sur cet article de blog. J’ai été agréablement surpris de découvrir que c’est le blog du jardinier paresseux dont je regarde les vidéos depuis peu 😉
Par contre j’ai été surpris de lire que je n’étais pas sensé en trouve dans mon jardin puisque j’habite dans le sud est de la France et qu’il est mentionné dans l’article qu’ils ne vivent qu’en Amérique du Nord.
Existe t’il un insecte dans nos contrées très ressemblant à la description faite ici ?
Au passage merci Didier je vais parcourir ce blog que je découvre à l’instant en plus de tes vidéos !!
Au temps pour moi, sur la petite photo je vous ai confondu avec Didier du potager du paresseux qui sévit sur YouTube (allez voir si vous ne connaissez pas, c’est intéressant)
Cependant ma question précédente est toujours valable et je serais intéressé d’avoir votre point de vue.
Probablement que l’insecte est nouvellement introduit. Malheureusement, cela arrive tout le temps.