Quand le blanc s’attaque aux feuilles
Tout allait pour le mieux. Vos vivaces fleurissaient, vos arbustes et arbres avaient de belles feuilles, vos légumes donnaient une bonne récolte, etc. Puis tout d’un coup, vous le remarquez, fin d’août, début de septembre. Il y a comme une mince poudre blanche sur le feuillage de certaines plantes, comme si elles étaient saupoudrées de sucre à glacer. Cette «poudre» se forme souvent sur les feuilles inférieures pour s’étendre par la suite vers les feuilles supérieures. Avec le temps, elle devient plus dense et plus épaisse. Éventuellement, ce n’est plus seulement une poudre anodine, la feuille atteinte commence à noircir, à se recroqueviller, ce n’est pas très beau à voir.
Vos plantes «saupoudrées de sucre à glacer» sont malades. Elles ont le blanc, aussi appelé maladie du blanc ou mildiou poudreux. Certains jardiniers qui aiment utiliser des noms pseudo-scientifiques diront même oïdium, mais en fait, le blanc n’est pas seulement causé par le champignon Oidium, mais aussi, selon l’espèce atteinte, par l’Erysiphe, le Microsphaera, le Phyllactinia, le Podosphaera, le Sphaerotheca et l’Uncinula.
Le blanc est une maladie fongique, causée par des spores qui sont transportées de plante en plante par la voie des airs. Cette maladie est surtout évidente en fin de saison, parce qu’elle se développe sous les conditions de fraîcheur et de grande humidité. Or, à la fin de l’été, les nuits redeviennent fraîches et la rosée est abondante: exactement les conditions qu’il faut au blanc pour bien se développer.
Cette maladie a une nette prédilection pour les plantes stressées. Vous remarquerez que le blanc est beaucoup moins courant lorsque l’été est pluvieux et que les plantes sont alors bien arrosées et en bonne forme à l’automne, mais est beaucoup plus évident quand l’été est sec, une cause importante de stress chez les plantes. Mais certaines plantes très sujettes au blanc, comme certains phlox des jardins (Phlox paniculata), font du blanc peu importe si la plante a été stressée ou non.
Une maladie qui défigure, mais qui ne tue pas nécessairement
Le blanc est souvent plus une maladie esthétique que mortelle. Comme il survient tard en saison, les plantes vivaces et ligneuses affectées ont déjà fait leurs réserves pour l’hiver et seront toujours là au printemps, fidèles au poste, comme si de rien n’était. Si la maladie ne tue pas les plantes plus permanentes, elle peut toutefois tuer les annuelles et les légumes…
Mais encore une fois, elle frappe généralement en fin de saison, après que la plante a déjà produit les graines pour l’année suivante. C’est pourquoi si peu de plantes ont développé des défenses contre le blanc: c’est une maladie défigurante, peut-être, mais qui n’empêche pas la plante de suivre son cycle naturel.
Pour prévenir le blanc
Quand vous voyez les feuilles blanchir, il est déjà trop tard pour agir. Ce blanchissement est la dernière étape de la maladie. Déjà, le champignon est à l’œuvre à l’intérieur des feuilles atteintes depuis des semaines, soutirant ses sucres et minéraux à ses propres fins. L’apparence d’une «poudre blanche» en surface est signe que le champignon est à maturité, car cette poudre consiste en fait de sporanges, organes qui produisent les spores de la prochaine génération.
Sans doute que le traitement le plus efficace consiste à ne pas permettre aux plantes de manquer d’eau! Quand le sol est toujours également humide, le blanc se manifeste rarement. Un bon paillis pour réduire l’évaporation et des arrosages à point, sans mouiller le feuillage (utilisez un tuyau suintant) et sans exagération peuvent donc faire beaucoup pour prévenir la maladie.
On dit aussi que le blanc est moins problématique là où il y a une bonne circulation d’air. Cela est discutable, car on voit aussi des plantes très atteintes dans des emplacements bien aérés, mais peut-être que planter les plantes plus susceptibles dans un emplacement très venteux pourrait aider dans certains cas.
Est-ce que couper et brûler le feuillage des plantes malades, un remède souvent recommandé, peut prévenir le problème? Si vous êtes la seule personne dans votre région qui cultive le phlox, la monarde, la courge ou toute autre plante sujette à la maladie, cela peut peut-être fonctionner (le blanc est très spécifique: la forme qui frappe les phox n’est pas la même souche que celle qui touche les monardes et celle des courges ne dérange ni les phlox ni les monardes, etc.), mais autrement vous perdez votre temps, car la maladie est transmise par le vent et comment contrôler le vent? Votre plante sera donc vite infestée à partir d’une autre source.
Les deux méthodes du jardinier paresseux
Comme le blanc n’est pas mortel, qu’il n’empêche ni la floraison ni la fructification, beaucoup de jardiniers paresseux ont appris à ne pas trop s’inquiéter du blanc. Il suffit de souvent de placer la plante sujette au blanc plus au fond de la plate-bande, de façon à ne pas voir son feuillage blanchir, mais où ses fleurs demeurent visibles et ses fruits, accessibles. Problème réglé!
L’autre truc, c’est tout simplement de planter des plantes résistantes au blanc. Pourquoi cultiver des phlox, des monardes, des courges, des physocarpes, etc. qui font du blanc quand il existe tant de cultivars qui n’en font pas? Et d’ailleurs, pourquoi les jardineries persistent-elles à nous vendre des variétés sujettes à cette maladie?
Les catalogues de semences le soulignent inévitablement quand une variété qu’ils offrent est résistante au blanc. Et quant aux plantes vivaces et ligneuses sujettes au blanc, voici un truc utile: plutôt que de les acheter au printemps, quand toutes les plantes sont belles, achetez-les plutôt en août ou septembre, quand les plantes qui sont sujettes à la maladie en porteront des symptômes. Vous n’avez alors qu’à choisir les cultivars dont le feuillage est encore bien vert, car les plantes résistantes à la maladie en pépinière le seront aussi au jardin!
Donc, aujourd’hui, après avoir terminé la lecture ce blogue, levez-vous de votre divan et aller en jardinerie à la recherche de phlox, de monardes, de lilas, de physocarpes et d’autres plantes qui sont libres de blanc. Puis, de retour à la maison, arrachez les plantes malades et remplacez-les par des plantes en santé.
La vie de jardinier est si facile quand on élimine les «plantes à problèmes!»