Les maladies foliaires ne sont pas universelles
J’entends régulièrement les jardiniers s’inquiéter des maladies foliaires qui attaquent leurs plantes: blanc (oïdium), tache noire, mildiou, etc. Leur crainte principale semble être que la maladie s’étende d’une plante à tout ce qu’ils cultivent. D’où cette croyance qu’il fait traiter rapidement ou même éliminer la plante malade avant que la maladie ne se généralise.
Évidemment, cela est plutôt vrai si vous cultivez d’autres plantes de la même espèce : oui, il y a une bonne chance qu’une maladie qui attaque un plant de pomme de terre s’étende sur d’autres plants de pomme de terre… mais pas aux fuchsias, aux pommiers, aux tagètes ou à d’autres plantes qui ne sont pas apparentées.
C’est que la plupart des maladies foliaires sont spécifiques: elles ont une plante hôte et n’iront que sur cette plante ou, parfois, sur des plantes génétiquement similaires.
La maladie du blanc
Prenez la maladie du blanc par exemple.
Le blanc, aussi appelé oïdium, n’est pas une maladie, mais une série de maladies fongiques dans une vaste gamme de genres : Oidium, Erysiphe, Sphaerotheca, Uncinula, Podosphaera, Leveillula, etc. Chacun de ces genres contient plusieurs espèces et même chaque espèce de blanc se décline en plusieurs souches. Chaque souche (et il en a des milliers!) a son hôte préféré. Ce que toutes ces maladies ont en commun est que, à un moment donné de leur développement, le feuillage de plante atteinte se couvre de ce qui semble être une poudre blanche (en fait, des sporanges, l’étape ultime de la maladie). Mais ce sont des maladies différentes néanmoins.
Donc, quand votre phlox est atteint de blanc, vous avez peut-être à craindre que la maladie s’étende éventuellement à d’autres phlox, mais pas aux monardes, aux lilas, aux tomates, aux courges, etc. Chacune de ces plantes peut être touchée par sa propre forme de blanc, mais pas par le blanc d’une autre espèce.
Traiter ou ne pas traiter
Sachant ce détail peut énormément influencer votre façon de réagir.
Si vous ne cultivez qu’un seul physocarpe et qu’il montre des symptômes de blanc, vous n’avez même pas nécessairement à réagir. La maladie n’ira pas plus loin et n’est, de toute façon, qu’esthétique : elle ne mine pas la santé de la plante. S’il fait un peu de blanc en fin de saison, qu’est-ce que cela change vraiment à votre vie? Du moins, c’est mon attitude envers les maladies peu nuisibles. J’apprends à les tolérer, tout simplement.
Vous tenez à traiter quand même? Voici un blogue sur les traitements maison contre le blanc.
Les autres maladies
Et il en va de même pour presque toutes les maladies foliaires. La tache noire du rosier (Marssonina rosae) ne s’attaque qu’aux rosiers, par exemple; le mildiou de la tomate (Phytophthora infestans), qu’aux tomates (mais il y a une autre souche de Phytophthora infestans qui infeste les pommes de terre), la tavelure qu’aux pommiers et pommetiers, et la liste continue.
Même dans le compost
Personnellement, je ne me gêne pas pour mettre des «feuilles malades» dans le compost. D’abord, le compostage détruit la plupart des spores de maladie, mais même si quelques spores devaient s’échapper à la destruction causée par la décomposition, les chances que ce compost soit utilisé au pied d’une plante sensible à cette souche particulière de maladie sont réellement minimes.
Variétés résistantes
D’ailleurs, on peut éviter la majorité des maladies foliaires en plantant des variétés résistantes. Il existe des phlox résistants au blanc, des rosiers résistants à la tache noire, des tomates résistantes au mildiou, des pommiers résistants à la tavelure, etc. Quand on cherche un peu, on trouve assez facilement des variétés résistantes. Reste à les planter. C’est ce que je fais depuis de nombreuses années et ainsi je peux jardinier dans la paix la plus totale.
J’ai lu quelque part qu’il ne faut pas mettre des feuilles ou branches coupées de plantes malades au compost. Est ce par mesure de précaution excessive ou est-ce juste d’agir ainsi (de sélectionner la qualité des feuilles qui vont au compost et donc c’est moins ‘naturel’) ?
C’est plus une précaution, au cas où des spores survivent lors de la décomposition. Un facteur à considérer quand il y a une maladie des racines surtout. Personnellement, je composte tout ce qui est compostable, point.
Merci pour ces précisions. Je ne saurais pas distinguer ces maladies mais je suivrai vis conseils en faisant confiance aussi au labeur des vers de terre
Je suis toujours inquiète lorsque je lis “qu’il existe des variétés (dans les espèces sujettes à ces maladies) qui y sont insensibles ; n’est-ce pas en effet le résutlat de manipulations généntiques ?
J’ai planté des rosiers de la série 49e parallèle. Ils sont supposément résistants à la maladie dont la tache noire. Or, quelques semaines à peine depuis leur plantation et les voilà couverts de taches noires. Ils sont pratiquement défoliés. Que faire? Laisser aller, traiter, changer d’emplacement, couper et jeter? Merci pour vos conseils.
J’aurais tendance à leur donner une deuxième chance, étant donné les conditions anormalement humides cet été, propice aux maladies. Ils sont réputés “résistants” aux maladies, pas immunes.
Merci pour votre réponse. Je vais retirer les feuilles atteintes sur le plan de même que celles qui sont au sol, puis je vais laisser aller. On verra!
[…] Commencer par la rotation des cultures dans le potager est une solution. Les spores des maladies hivernent dans le sol, mais si on plante des tomates à un autre endroit l’année suivante, pas de problème! Et les courges qui seront mises à la place des tomates ne seront pas affectées, car plupart des maladies sont spécifiques à leurs hôtes. […]