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Redonnez vie au terreau de vos bacs et contenants

Si vous êtes comme moi, vous jardinez en contenants: sur une terrasse, sur un balcon ou dans une section du terrain qui ne permet pas la culture en pleine terre. Dans mon cas, c’est simplement parce que je n’ai pas de terrain. Parfois, c’est parce que le sol est contaminé ou tout simplement parce qu’on souhaite ajouter de la verdure sur une surface pavée. Et pour d’autres, ce sont des raisons de santé ou d’accessibilité qui rendent les bacs surélevés, les pots ou les sacs de culture plus pratiques.

Photo: 321Pics/Getty Images

On est nombreux à cultiver en contenants… et c’est une approche différente de celle du jardinage en pleine terre.

Culture en pleine terre versus en contenant

Dans un potager en pleine terre, le sol est vivant: il contient des minéraux, des insectes, des micro-organismes, des vers… et tout ce beau monde travaille ensemble pour aérer la terre, drainer l’eau et décomposer la matière organique. En contenant, le terreau est un milieu beaucoup plus pauvre en vie biologique.

Aussi, les nutriments qu’on y retrouve au départ – ou qu’on y ajoute – peuvent facilement être lessivés, contrairement à ceux d’un sol bien structuré. Même s’il est d’origine organique, le terreau reste un substrat artificiel, qui s’épuise rapidement. Il faut donc l’entretenir différemment.

Photo: eurobanks

D’ailleurs, la culture en contenant – que ce soit pour les semis, les plantes d’intérieur ou les cultures extérieures en pots ou en sacs – est l’une des rares situations où j’utilise de l’engrais. C’est pour compenser la faible activité microbienne et la perte rapide de nutriments. Sinon, je me contente de compost et de paillis organique.

Que faire avec le terreau de l’année précédente?

Une question qui revient souvent au printemps: qu’est-ce qu’on fait avec le terreau de l’année précédente? Est-ce qu’on doit tout jeter et recommencer à zéro? Rassurez-vous: non! Ce serait un énorme gaspillage de matière organique… et d’argent! Heureusement, on peut reconditionner le terreau, c’est-à-dire le remettre dans un état propice à la culture.

Photo: AwakenedEye

Au départ, la plupart des terreaux vendus au Québec sont faits à base de mousse de tourbe de sphaigne, parfois de fibre de coco, avec l’ajout de perlite ou de vermiculite pour alléger le mélange et améliorer le drainage. On y retrouve aussi, à l’occasion, un peu de compost et d’engrais. Comme la tourbe est naturellement acide, on ajoute généralement un peu de chaux pour équilibrer le pH.

Mais avec le temps, plusieurs choses se produisent: le terreau se décompose, se compacte et perd sa structure. Les nutriments s’épuisent ou sont lessivés par la pluie, et le pH peut redevenir acide. Bref, ce n’est plus du tout le même terreau qu’au moment de l’achat.

Préparez-vous

Le meilleur moment pour reconditionner votre terreau, c’est au printemps, quelques semaines avant vos semis ou transplantations. Cela permet d’être bien prêt à accueillir les vos petits nouveaux.

Voici ce dont vous aurez besoin:

  • Un peu de terreau neuf, pour redonner du volume, de la légèreté et de la structure au mélange. Personnellement, j’utilise un terreau à empoter tout usage – le même pour mes plantes d’intérieur, mes semis et mes contenants extérieurs. Cela dit, il existe aussi des mélanges spécialisés pour chaque usage, si vous préférez.
  • Du compost bien décomposé, riche en micro-organismes et en nutriments, pour réactiver la vie biologique dans le contenant. Si vous l’achetez, privilégiez un compost sans mousse de tourbe dans les ingrédients. Du compost pur, c’est ce qu’on veut!
  • Un engrais biologique à libération lente, qui nourrira vos cultures pendant plusieurs mois.
  • Des outils pour brasser le tout: une pelle, une fourche ou simplement vos mains selon la quantité de terreau à mélanger.

Inspectez votre terreau

Avant de repartir pour une nouvelle saison, prenez le temps de vérifier l’état de votre terreau. On doit vérifier la compaction, la rétention de l’humidité, le drainage, et la présence de sels minéraux.

Photo: RobMattingley

Compaction

Utilisez une petite pelle à main (ou transplantoir) et insérez-la dans le terreau. Vos doigts ne vont pas assez loin pour bien juger. Si la pelle résiste, c’est un signe que le terreau s’est compacté. Ça devrait être assez facile en y mettant un peu de poids. Dans ce cas, il faudra le brasser en profondeur, ajouter du compost ou un peu de terreau neuf, et retirer 10 à 30 % du vieux terreau si nécessaire pour alléger le tout.

Drainage

Arrosez normalement et observez. Si l’eau reste longtemps à la surface ou met du temps à traverser le pot, le drainage est insuffisant.

Accumulation de sels minéraux

Il est possible qu’il y ait une croûte blanchâtre ou grise sur la surface du terreau, souvent visible au printemps, ce qui indique une accumulation de sels minéraux – résidus d’engrais solubles ou d’arrosages irréguliers (il y a des minéraux dans l’eau). Grattez et retirez la couche de surface (environ 2 à 3 cm), puis un bon rinçage à l’eau aidera à éliminer ce qui reste.

Acidité

Pour mesurer le pH, il serait un peu absurde de faire une analyse de sol en laboratoire pour chaque contenant. Il est plus simple d’utiliser un testeur électronique ou une trousse de test chimique. Le testeur électronique (ou sonde de pH) s’insère directement dans un terreau légèrement humide et donne une lecture rapide, bien que la précision varie selon la qualité de l’appareil. La trousse chimique, quant à elle, consiste à mélanger un échantillon de terreau avec de l’eau distillée, puis à ajouter une solution indicatrice et comparer la couleur obtenue à un tableau. Cette méthode est un peu plus longue, mais souvent plus fiable que les sondes bon marché.

Photo: Teona Swift

Reconditionner son terreau

Que votre terreau soit compacté ou ait un mauvais drainage, la solution est la même: retirez de 10 à 30% du terreau. Ce terreau usé peut être mis au compost ou simplement étendu au jardin, directement sur le sol. Ensuite, ajoutez un mélange d’environ 1 part de compost pour 5 parts de terreau, mélangez bien, puis incorporez un engrais biologique à libération lente. Terminez en humidifiant le tout. Et voilà, votre terreau est reconditionné!

Si votre test révèle un pH trop acide (inférieur à 6), vous pouvez corriger le tir en ajoutant une petite quantité de chaux dolomitique (ou de calcaire broyé), en suivant les recommandations du fabricant. La poudre de crabe, riche en calcium, peut aussi être utilisée pour corriger l’acidité du terreau, tout en stimulant la vie microbienne grâce à sa teneur en chitine. Cela aidera à ramener le pH vers la neutralité.

Après vos plantations, vous pouvez aussi couvrir le terreau avec un paillis: feuilles déchiquetées, paille, bois raméal fragmenté, etc. Cela aide à conserver l’humidité, à protéger la surface du sol et à limiter les mauvaises herbes. J’aime particulièrement utiliser des feuilles déchiquetées que je récolte à l’automne. Je les dépose directement à la surface du terreau dans mes contenants. Habituellement, d’ici l’automne suivant, elles se sont en grande partie décomposées… juste à temps pour en ajouter une nouvelle couche!

Quoi faire si j’ai des vivaces ou arbustes dans mon contenant?

Si vous cultivez des vivaces ou des arbustes en pot, un entretien régulier du terreau est aussi important. Chaque printemps, inspectez vos contenants. Au besoin, retirez environ 5 à 10 cm de terreau en surface (sans déranger les racines profondes), remplacez-le par un mélange de compost et de terreau neuf, ajoutez un engrais biologique à libération lente, puis paillez et arrosez généreusement. Tous les 3 à 5 ans, il est possible que vous ayez à faire un rempotage partiel ou complet pour améliorer le drainage et redonner de l’espace aux racines, un peu comme on fait avec les plantes d’intérieur.

Photo: Getty Images

Et après?

Pendant la saison, continuez à surveiller la rétention d’eau, le drainage et l’apparition éventuelle de sels à la surface. Pour les plantes gourmandes (tomates, courges, etc.), vous pouvez ajouter un peu d’engrais à la mi-saison. Observez aussi la santé des plantes: une plante affaiblie ou malade peut être le signe d’un terreau appauvri.

Bref, pas besoin de tout recommencer chaque printemps ni de racheter des sacs de terreau. Avec un peu d’attention, vous pouvez redonner vie à votre substrat… et à vos récoltes!


  1. Merci de la grande sagesse de vos conseils vous donnez le goût de continuer à jardiner local,!!

  2. Grand merci pour ces précieux trucs et conseils, Mathieu! Ton article arrive à point. L’an passé, comme j’avais eu une maladie quelconque dans mes plants de tomates que je cultive en pots, j’ai tout jeté (étendu sur le terrain) mes sacs de terreau pour recommencer à neuf cette année. Je me disais que j’étais due de toute façon car je cultive dans ce terreau depuis plusieurs années déjà. Pour mes fleurs, fèves, laitues, fines herbes et autres, que je cultive aussi en contenants, je vais suivre tes conseils pour ravigoter leur terreau. Merci encore!

  3. Merci, vous devriez avoir des chroniques dans La Presse. Vos articles sont tellement utiles. J’ai commencé à mettre une bonne couche de feuilles mortes et autres ‘débris’ dans mes bacs pour éviter trop de lessivage. Je mets aussi une planche pour certains, surtout avec toute la neige qu’on a eu ,,,
    J’ai jamais autant mis de feuilles mortes dans mes plates bandes, ce printemps j’ai pris une partie de mes feuilles mortes d’en avant et les ai mises en arrières en dessous de mes arbustes. J’ai jamais eu autant d’oiseaux cette semaine mangeant les insectes dans les feuilles; grives solitaires, bruants à gorges blanches et quiscales bronzées sans compter ceux que je n’ai pas vu ! J’habite à Longueuil et les voisins ne m’aiment pas car je les laissent mes feuilles mortes. S’ils savaient …. Erreur, ils savent mais ne veulent pas, car c’est ‘salle’. hehehe

  4. J’ai bien aimé votre article cependant comme mes contenants sont remplis de racines très compactes à la fin de la belle saison, je dois acheter du terreau neuf à chaque année pour les remplir.

  5. Question
    Si je cultive des tomates en.pot, dois-je quand même repartir zéro avec de la nouvelle terre étant les nombreuses maladies chez les tomates et en principe je devrais faire des rotations de culture !
    Merci

  6. Bonjour Mathieu, cultivant en planches avec le contour faits d´arbres morts. Je cultive également dans des bacs et même des boîtes de carton sur les planches plus minces avec des trous au fond pour le passage des racines et vers de terre. Économisant ainsi du sol et le carton se decomposera. À l´automne je vide mes bacs sur les planches et utilisé du sol neuf au printemps. La terre en gros sacs est plus chère que le vrac, mais je connais ses teneurs nutritives alors que le vrac…. mets le compost au printemps et ajoute le bois déchiqueté une fois les cultures parties. Ce bois gratuit d´un émondeur pour l´hydro. La pile devrait durer un bon 3 ans et une couleuvre y a fait son jardin d´hiver.
    Bonnes cultures à tous

  7. Bonjour, Quel engrais privilégiez vous pour le terreau reconditionné ?

  8. Merci pour cet article! Il répond parfaitement à mes questions car je cultive en bac également.

  9. Pourriez-vous me suggérer une ou deux marque d’engrais organique à libération lente, tel que mentionné dans votre article qui d’ailleurs est très pertinent ! merci !

  10. bonjour
    il m arrive de depoter certaines plantes et de me retrouver avec une terre usee a l aspect de sable
    pour la retention c est rate
    je la melange avec du crottin de cheval, du coup j ai de la paille et de l engrais et c est reparti pour un tour
    le crottin est disponible dans des ecuries et je n ai jamais brule les plantes par un exces vu qu il n est pas tres fort
    et voila!

  11. J’ai réparti mes bulbes en pot le 14 avril dernier et je me questionnais à ce sujet. Maintenant je vais pouvoir rebooster la terre de mes callas que je rentre l’automne dans leur pot. Et pour mes bulbes, c’est génial. Grâce à vos conseils je vais préparer leur terreau avec moins de terreau neuf à acheter. Merci!

  12. Merci Mathieu, tes explications pour le jardinage sont très importantes. Souvent le dessus de mes pots intérieurs, le dessus de la terre devient blanc à la longue. Je croyais que c’était de ma faute, parce que j’avais trop arrosé. Je finissais par tout mettre à la poubelle. Maintenant je sais ce que je vais faire. En passant, pour vérifier le PH de la terre, peut-on utiliser le testeur de l’eau de piscine?
    Merci pour ton aide!

  13. Bonjour, est-il possible de permettre un mode impression sans image? Plus économique et me permet de conservé certains articles dans mon cahier.
    Merci