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La maudite garnotte dans la pelouse, qu’est-ce qu’on fait avec ça?

Dans Surprise! La neige peut fondre sans votre aide, Larry Hodgson exprimait sa frustration envers les pelleteux du printemps qui poussent la neige de leurs terrains sur la voie publique. Pourtant, cette neige est bénéfique pour la pelouse: elle l’isole des gels du début du printemps et fournit de l’eau précieuse à la nappe phréatique, qui remontera ensuite par capillarité au fil de la saison.

Ce qu’il n’a pas mentionné, par contre, c’est la maudite garnotte qui s’accumule le long des rues, sur la pelouse, quand la neige fond. Un beau cadeau des souffleuses municipales…

Ne transformez pas le trottoir en patinoire!

Au Canada, il est généralement interdit de déposer la neige sur la voie publique, bien que certaines municipalités offrent des exceptions sous conditions. Il est donc préférable de consulter les règlements municipaux pour connaître les règles applicables chez vous.

Projeter la neige dans la rue ou sur le trottoir peut nuire à la circulation des piétons, des cyclistes et des automobilistes. Cela peut aussi bloquer les puisards, les traverses piétonnières ou les voies réservées. Si la neige fond puis regèle, elle forme des plaques de glace qui posent un risque pour la sécurité publique et sont difficiles à enlever.

Dans les zones urbaines, où l’espace est limité, la neige est généralement ramassée à l’aide de souffleuses et de camions, puis transportée vers un dépôt à neige. Cette méthode est efficace, mais coûteuse et énergivore.

En banlieue ou dans les secteurs plus dégagés, la neige est souvent soufflée en bordure des terrains privés. Cette stratégie permet de réduire les coûts, de préserver la capacité des dépôts à neige et de limiter les gaz à effet de serre liés au transport.

Pourquoi utilise-t-on du gravier fin et du sable plutôt que du sel?

Le sel de voirie, généralement du chlorure de sodium, est efficace pour faire fondre la glace lorsque la température se situe entre 0 °C et -15 °C. En dessous de cette plage, il perd rapidement en efficacité. On utilise alors des abrasifs comme du gravier fin (2 à 5 mm) ou du sable pour améliorer l’adhérence sur les surfaces glacées, sans nécessairement faire fondre la glace.

Gravier fin.
Sable.

En plus de cette limite d’efficacité, le sel a des effets néfastes sur l’environnement, notamment sur les sols et la végétation. Il peut altérer la structure du sol en diminuant sa perméabilité et son aération – deux conditions essentielles à la santé des plantes. Le sel peut aussi modifier le pH du sol et, en grande quantité, former une croûte saline en surface. L’activité des micro-organismes bénéfiques du sol est également affectée, ce qui nuit à l’équilibre biologique du sol.

Certains ions présents dans le sel sont toxiques pour les plantes. Ils peuvent perturber l’absorption des nutriments, ralentir la croissance des végétaux, ou même entraîner leur mort. Les conifères, dont le métabolisme demeure actif pendant l’hiver, sont particulièrement sensibles aux embruns salins.

À long terme, l’accumulation de sel dans les sols peut favoriser l’établissement d’espèces végétales tolérantes au sel, dont des espèces exotiques envahissantes comme le roseau commun (Phragmites australis), moins intéressantes sur le plan écologique. Cela se fait au détriment des espèces indigènes plus sensibles, ce qui entraîne une réduction de la biodiversité.

De plus, la majorité des chlorures provenant des sels de voirie s’infiltrent dans les eaux souterraines, tandis que le reste aboutit dans les eaux de surface. Cette accumulation peut rendre l’eau plus salée que l’eau de mer à certains endroits, ce qui a des répercussions importantes sur les écosystèmes aquatiques et la qualité de l’eau potable.

Effets néfastes du sable et du gravier sur nos terrains

Alors, on s’entend qu’on est pas mal pris avec le sable et le gravier, non? Mais il faut savoir que ces produits ne sont pas sans effet néfaste sur nos terrains et nos plantations.

Avec le temps, l’accumulation de sable et de gravier sur ou dans le sol modifie sa composition. Les végétaux déjà en place – souvent de la pelouse – peuvent ne plus être adaptés à ce nouveau type de sol et en souffrir. Plus il y a de sable ou de gravier, moins il y a de matière organique, ce qui nuit à la fertilité et à la santé du sol.

Photo: Joh Reghs

On pourrait croire que le sable et le gravier améliorent le drainage, mais c’est souvent le contraire. En s’imbriquant avec les particules du sol existant, surtout l’argile, ces matériaux peuvent former une croûte compacte en surface. Cette croûte réduit l’infiltration de l’eau et de l’air, pourtant essentielle aux plantes et aux organismes du sol qui vivent en symbiose avec elles.

Ce type de sol rend aussi la germination plus difficile et freine l’enracinement des jeunes plants. En prime, le sable et le gravier peuvent accumuler la chaleur du soleil, causant un échauffement excessif du sol en été.

Bref, on se retrouve avec un sol plus sec, plus compact… et parfois presque stérile.

Prévenir, entretenir, ou s’adapter

Je ne connais pas de solution miracle au problème d’accumulation de sable et de gravier. Ils ne disparaîtront pas par magie ni en fermant les yeux. À mes yeux, trois options s’offrent à nous: prévenir les accumulations, entretenir les espaces affectés, ou adapter notre terrain à cette nouvelle réalité.

Cela dit, ne vous sentez pas obligés d’agir s’il n’y a pas de problème ou si l’accumulation est minime. Dans certains endroits, il n’y a peut-être rien à faire, et c’est bien comme ça. Je ne cherche pas à vous ajouter du travail chaque printemps, au contraire! L’idée, c’est d’agir seulement au besoin, là où ça en vaut la peine.

Attention! J’ai remarqué que les toiles de protection semblaient se multiplier dans certains secteurs. Comme si, une fois qu’une personne en installait une, elles se reproduisaient et envahissaient les terrains voisins! Un phénomène mystérieux… 

Prévenir

Je dois vous avouer quelque chose. Vous voyez les fameuses toiles de protection pour pelouse, ces grandes toiles vertes qui se multiplient à l’automne sur le bord des terrains, le long des rues? Eh bien… je trouve ça terriblement laid! Voilà c’est dit! Je m’excuse aux adeptes des toiles de protection, mais c’est plus fort que moi. D’une certaine façon, j’aimerais presque que ça ne fonctionne pas pour qu’on arrête de les utiliser… mais je dois reconnaître que c’est plutôt efficace.

Leur utilisation est assez simple: on les installe à l’automne, lorsque la pelouse a cessé de pousser, juste avant les premières neiges. Il est préférable de tondre une dernière fois, puis de ramasser les résidus (juste cette fois-là!) pour les composter ou les utiliser comme paillis. Ensuite, il suffit de dérouler la toile sur la zone à protéger et de la fixer solidement avec des agrafes à pelouse, des piquets ou des pierres pour éviter qu’elle ne s’envole ou ne bouge sous le poids de la neige.

Il est important de retirer la toile dès que la neige est fondue au printemps, afin d’éviter que la pelouse ne s’étouffe et pour prévenir les maladies fongiques.

Oui, ça demande un peu de travail (trop, à mon goût!), mais en retirant la toile au printemps, on enlève en même temps le sable et le gravier accumulés pendant l’hiver, ce qui nous évite la corvée de nettoyage.

Mise en garde

Petite mise en garde: assurez-vous d’utiliser un géotextile tissé ou une toile non tissée perméable, qui laisse passer l’air et l’eau. Évitez les toiles imperméables ou les bâches, qui risquent d’étouffer le sol, de retenir l’humidité et de favoriser la pourriture.

Et s’il vous plaît… si vous utilisez une toile, choisissez une couleur verte. C’est déjà assez laid comme ça!

Si vous avez des plates-bandes en bordure de rue, pensez plutôt à utiliser un paillis organique et décomposable: ça aide à réduire l’effet de minéralisation causé par les abrasifs et les débris de l’hiver.

Entretenir

Si vous préférez ne pas utiliser de toile de protection, l’autre option est de nettoyer les accumulations de sable et de gravier une fois le printemps venu. L’idéal est d’attendre quelques semaines après la fonte des neiges, lorsque le sol n’est plus détrempé (pour éviter de le compacter), mais avant que la pelouse ne recommence à pousser activement.

À ce moment-là, deux approches s’offrent à vous: le nettoyage manuel ou le nettoyage mécanique.

Nettoyage manuel

La méthode la plus simple consiste souvent à utiliser un balai à feuilles ou à pelouse, que vous possédez probablement déjà, et un peu de jus de bras pour rassembler les débris vers la rue ou en bordure. Assurez-vous d’utiliser un outil souple pour ne pas abîmer les jeunes pousses de gazon.

Nettoyage mécanique

Photo: DAPA Images

Si vous souhaitez aller plus vite, il existe plusieurs outils mécaniques qui peuvent rendre le travail plus facile – dont bon nombre sont disponibles en location dans les centres spécialisés. Que ce soit un balai mécanique rotatif, un aspirateur à feuilles ou un souffleur, tous ces outils sont efficaces à condition de laisser le sol sécher au préalable. Un sol trop humide serait non seulement difficile à travailler, mais risquerait aussi d’être compacté. Et bien sûr, portez des lunettes de sécurité!

Un aspirateur d’atelier peut aussi faire l’affaire si la surface à nettoyer est petite.

Cela dit, ces outils sont souvent bruyants et certains peuvent abîmer la pelouse. Le balai mécanique rotatif peut être difficile à manier pour certaines personnes. Dans certains cas, il serait préférable de faire appel à un professionnel.

Peu importe la méthode utilisée, il faut savoir que ce type de nettoyage entraîne souvent la perte de matière organique, voire même un peu de terre. Pour compenser, il est recommandé d’ajouter une fine couche de compost après le nettoyage, afin de nourrir le sol et soutenir la reprise de la pelouse.

À venir

La semaine prochaine, on pousse l’idée un peu plus loin: je vous présenterai des stratégies de plantations pour bordures de rue, avec des exemples concrets pour transformer ces zones ingrates en petits bijoux… paresseux, bien sûr!


  1. Merci ! Je vais attendre un peu avant d’enlever le gravier.

  2. Bonjour,
    l’utilisation du râteau est donc déconseillée ? Merci

  3. J’ai hâte de voir vos suggestions la semaine prochaine!

  4. Huguette St-Germain

    Demeurant en banlieue, en toute fin de saison lorsque tout risque d’épandage est écarté,
    avec une petite pelle, j’enlève une mince couche de neige, un ou deux cm, juste assez pour ramasser le plus de gravier possible.

  5. Toujours très interessant de vous lire! Merciii

  6. Bonjour, merci de votre article, mais que faire lorsqu’il n’y a plus de pelouse ? Je n’ai rien trouvé d’autre que de mettre des bâches, même si j’en conviens, c’est très
    laid. Avez-vous une autre solution ?

  7. Vos conseils et vos vérification sont appréciés et donnent une approche simplifiée du jardin.
    Merci

  8. Moi je passe avec l’aspirateur d’atelier et à chaque fois il y a au moins un passant qui s’arrête et me regarde en se demandant si je suis cinglé… Ça m’est arrivé de leurs dire que « y’a rien comme un gazon bien propre » 🙂

  9. ahhhhh enfin quelqu’un qui le dit haut et fort….
    Les bâches c’est horrible. Tout comme les abris tempo d’ailleurs !

  10. excellente article , explications très intéressantes et très éclairante sur les méthodes à utiliser. Il reste que ce sont toujours les bras qui sont utilisées.

  11. les bâches c’est laid mais très pratique…à chaque année, je ramasse en moyenne 8-10 chaudières pleins de roches, sables et cailloux…sur ma toile et non dans le gazon…

  12. Je pense comme Agnès. Les bâches sont très pratiques pour ramasser la garnotte laissée par le déneigement. Je retiens aussi l’idée géniale de passer l’aspirateur d’atelier sur les espaces qui n’ont pas été recouverts par les bâches!