Categories

Recherche

Surprise! La neige peut fondre sans votre aide

Je reviens de ma marche quotidienne, une activité normalement agréable… sauf à cette période de l’année où certains citoyens, que l’on pourrait surnommer les pelleteurs pressés du printemps, s’adonnent à un rituel bien particulier: projeter leur neige résiduelle sur la chaussée. Aujourd’hui, j’ai même dû demander à l’un d’eux de suspendre son élan une seconde, sous peine de recevoir une belle pelletée de neige compactée en plein visage.

Eh oui, la neige peut fondre par elle-même. Photo: maljalen

Qui sont ces gens qui lancent la neige dans la rue? Peut-être des impatients du printemps, convaincus qu’un petit coup de pelle bien placé accélérera l’arrivée des beaux jours. Peut-être des pragmatiques qui ne savent plus où empiler leur neige. Quoi qu’il en soit, leur enthousiasme débordant a un effet bien réel: transformer la chaussée en un parcours du combattant pour les passants et les automobilistes.

Il faut dire que cette pratique est non seulement gênante, mais aussi illégale. Pourtant, rares sont les contraventions distribuées pour ces petits dépôts saisonniers. Il y a bien des années, un de mes parents a eu une contravention à cet égard et il était carrément offusqué. C’est le seul cas que je connaisse où cette loi a été appliquée. Sans doute qu’il y en a d’autres, mais pas assez pour décourager les autres contrevenants. Parfois, je pense appeler la police quand je vois des voisins violer cette loi, mais qui veut créer du mauvais sang avec ses voisins? Alors je me tais… et la neige, elle, continue d’envahir la rue en toute impunité.

Pour le bien de la pelouse?

Je me demande parfois ce qui motive ces grands stratèges de la fonte des neiges. Ont-ils vraiment peur que ces bancs de neige persistent jusqu’en juillet si personne n’intervient? À voir leur acharnement, on pourrait presque le croire…

Certains semblent croire que c’est pour le bien de leur gazon. Pourtant, marcher sur un gazon détrempé, encore gorgé d’eau de fonte, c’est un peu comme vouloir aérer un soufflé en sautant dessus. Le sol se compacte, les racines suffoquent, et les traces de pas laissées dans la boue créent des empreintes qui ne s’effacent plus.

Photo: Valery Yarasov

Ironiquement, les pelouses des plus fervents pelleteurs sont souvent les plus mal en point du quartier. Si l’objectif est de transformer son terrain en champ de pissenlits, il n’y a pas meilleure méthode! La reprise sera lente, très lente, et il faudra s’habituer à voir des plaques dégarnies colonisées par des herbes moins capricieuses que le gazon.

De plus, la neige est carrément bonne pour le gazon. Plus elle dure, plus le gazon sera beau par la suite. Il arrive parfois de gros froids en avril (non, l’hiver n’est pas terminé!) et un gazon dénudé peut être sérieusement endommagé. Un gazon encore couvert de neige est protégé du froid et sera alors en bien meilleur état l’été suivant. La fonte lente de la neige pénètre le sol peu à peu et lui assure une charge d’eau qui l’aidera par la suite à mieux affronter de potentielles sécheresses des mois plus tard. Si on enlève la neige tôt dans la saison, le gazon est beaucoup plus sujet à souffrir des sécheresses estivales.

Pour un gazon en bon état…

La meilleure chose qu’on peut faire pour un gazon tôt au printemps est… rien. Laissez la neige fondre. Ne la touchez pas. Oui, elle fondra, et toute seule. Une fois que le gazon est libre de neige, que le sol s’est asséché, qu’on peut marcher sur le gazon sans s’enfoncer, soit probablement pas tellement avant la fin d’avril ou même le mois de mai, on peut passer rapidement sur le gazon avec un râteau à feuilles, question d’enlever toute saleté dérangeante.

Photo: VIDOK

Après, si vous doutez qu’il y ait encore du calcium ou d’autres produits déglaçants sur le gazon (cela peut notamment être le cas si le printemps a été très sec, car si le printemps a été pluvieux, Dame nature s’est déjà chargée de les faire disparaître), arrosez bien la partie la plus près de la rue. L’eau fraîche, en ruisselant à travers les racines du gazon, emportera le sel loin dans le sol, au-delà de la zone des racines du gazon, et ainsi il ne brûlera pas. On appelle cette technique facile un «lessivage». Il demande bien moins de force physique que le pelletage et n’importune personne.

Peut-être ces passionnés du pelletage cherchent-ils simplement un moyen de bouger un peu après un long hiver ? Si oui, je leur suggère la marche… une fois que leurs amis pelleteux arrêtent de bloquer et de salir le chemin…


Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Ce texte a été publié à l’origine dans Le Soleil le 31 mars 2007.


  1. Tellement vrai! La vérité simple et toute pure. Pourquoi embêter la nature?

  2. J’ai troujours cru qu’ils le faisait pour éviter une trop grande concentration de minéraux (sels et autres produit épandu par les villes) à un même endroit.

  3. J’ai également vu des impatients arroser leur banc de neige pour le faire fondre… ? Je comprends l’appel du printemps ?, mais plutôt que d’abîmer l’écosystème qui se réveille doucement ??, mieux vaut utiliser votre surplus d’énergie pour embellir votre plate-bande en compagnie de Mathieu ????. Avec une plate-bande bien planifiée ???, vous gagnerez beaucoup de temps lorsque le moment sera venu !?? Je rappel le lien pour vous inscrire: https://training.tisanji.com/defi/pimpe-ta-plate-bande/inscription-au-defi/?t=5

  4. Civisme et écologie vont de pair ! Merci pour ce petit article plein de bon sens!

  5. Je demeure dans le bas d’une pente, et on souffle sur mon terrain des tonnes de petits cailloux, je ramasse en moyenne 8 grosses chaudières pleins de cailloux.
    Année après année, toutes ces roches ne peuvent pénétrer dans le sol, oui je pelte de la neige seulement en surface pour me débarrasser de ces tonnes de cailloux . Le reste de la neige font lentenent dans le sol. Hourra, vive le printemps

  6. Ha oui, jeconnais bien cette habitude. Chez nous (rive-sud de Québec), on appelait ça ‘faire descendre le banc de neige’.
    C’est une habitude que j’ai encore, même si je suis maintenant à Montréal et que je suis la seule sur la rue à le faire. Je dois dire que je ne lance pas la neige dans la rue. Au pire, c’est sur la chaîne de rue (pas de trottoir chez moi) ou dans mon entrée de voiture. En mars, je ne suis juste plus capable de voir la neige, il faut qu’elle disparaisse au plus vite. Le pire c’est que ça ne change pas le moment de libération de la neige de beaucoup, une petite semaine peut-être. N’empêche, ça fait du bien de se débarasser de la neige sale.