De grandes leçons au cœur de la nature
Dans Quand vieillesse doit rimer avec paresse, mais surtout avec sagesse!, j’ai parlé du sérieux sujet de la perte de capacité physique avec l’âge, qui oblige très souvent les amateurs de jardinage à faire des choix. Parfois, ces choix sont déchirants, car on doit calmer nos ardeurs dans tous les projets d’aménagement ou de jardinage qui bouillonnent encore dans notre tête… mais la passion, elle, ne vieillit pas!
Mes observations
Mon texte L’entretien d’un jardin; l’ennemi numéro un d’un jardinier de moins en moins jeune! vous a introduit les grands principes environnementaux qui permettent aux végétaux d’être autonomes dans la nature. J’ai pris conscience de ceux-ci un peu avant les années 2000, après de nombreuses années à pratiquer l’horticulture et le jardinage comme je l’avais appris à l’école et dans le milieu horticole à l’époque. Par observation, je me suis rendu compte que plusieurs pratiques ne tenaient pas compte de la logique environnementale que je remarquais dans la nature.

Je vous donne un exemple: il fut un temps (les lecteurs de ma génération se souviennent sûrement) où la mode était de faire un aménagement en couvrant la surface d’un géotextile sur lequel on mettait de la pierre blanche ou d’une autre couleur. À cette même époque, une tendance plus écolo recommandait aux amateurs d’horticulture d’utiliser du compost pour améliorer la structure et la fertilité du sol. Alors moi, paysagiste et propriétaire d’un centre jardin, comment pouvais-je recommander de mettre du compost quand je venais de bloquer l’accès au sol d’un aménagement chez le client avec un géotextile et de la pierre concassée? Franchement, sur le plan de la logique environnementale, cette méthode d’aménagement était ridicule.
Je me rendais compte que c’étaient des techniques horticoles qui, s’éloignant ou ne tenant pas compte de la logique environnementale, m’apportaient une foule de tâches, car je devais gérer les problèmes un par un au lieu de gérer la solution pour que mes végétaux puissent, comme dans la nature, prospérer par eux-mêmes!
Alors voici ce que j’ai reconnu en observant la nature et, depuis, jardiner est devenu plus facile pour moi.
Pâté chinois naturel
Le grand principe du «Pâté chinois naturel», est la structure fondamentale du règne végétal. Le sol ou le roc soutient les végétaux et fournit eau et minéraux, l’humus riche en nutriments abrite la vie du sol, et le paillis ou couvre-sol protège et nourrit l’écosystème. Cette structure permet une harmonisation de tous les règnes (minéral, végétal et animal). Toute la vie peut y trouver son compte de cette façon. Cette structure, toujours constituée dans le même ordre, sera fabriquée différemment selon le type de végétal. Le pâté chinois naturel diffère que l’on se trouve dans un milieu de conifères, de feuillus ou de plantes herbacées. Ce sont trois écosystèmes différents et les acteurs de ces écosystèmes diffèrent, mais toujours la structure, les trois couches du pâté chinois sont présentes et dans le même ordre.
Les vêtements de la terre
Le deuxième grand principe que j’ai reconnu est celui qui s’occupe de gérer la couche supérieure du pâté chinois naturel. Cette couche est d’ailleurs fondamentale et permet d’initier tout le reste de l’écosystème. Je l’ai nommé «Les vêtements de la terre». Il s’agit de la couche de protection du sol et de la vie. De plus, cette couche est la source de nourriture de tout l’écosystème qui habite le sol. Si cette couche est inexistante ou inadéquate, vous aurez une foule de travaux d’entretien, récurrents et éreintants. Ce grand principe m’a fait comprendre que si je ne protège pas le sol avec des végétaux de mon choix, la nature va le faire inévitablement avec des végétaux de son choix.
Désherbage, binage, sarclage, arrosage fréquent, stress de température du sol, érosion par la pluie et le vent, etc., sont toutes des tâches qui naissent du fait de ne pas comprendre ce grand principe et surtout de faire fi de celui-ci. Ce grand principe, hyper important à comprendre, est bien détaillé dans le livre Zéro mauvaise herbe, c’est possible, (De Mortagne, 2009) et aussi dans Potager, faire plus avec moins (Pratico Éditions, 2023).

Souvent, les gens se retrouvent avec des tâches de désherbage. Cela vient du fait que, lors de la création d’une plate-bande ou d’un jardin, les herbes vivaces déjà implantées n’ont pas été éliminées complètement au départ et empêchées de revenir. Ces herbes vivaces deviennent alors des mauvaises herbes puisqu’elles ne sont pas désirées. Quoi de plus éreintant que de constamment devoir enlever ces mauvaises herbes au travers de nos bonnes plantes dans le jardin ou les aménagements!
Les plantes vivaces et les mauvaises herbes
Il faut faire la différence entre des plantes vivaces déjà présentes sur le terrain et des mauvaises herbes qui germent. Ces deux formes ne se gèrent pas de la même façon. La méthode la plus facile pour éliminer la forme déjà implantée est la méthode d’occultation. Quatre mois dans la saison de croissance sont nécessaires pour faire mourir par occultation chiendent, pissenlit, plantain, lierre terrestre, trèfle, vesce Jargeau ou toutes autres plantes occupant l’espace convoité. Cette méthode valorise les mauvaises herbes en permettant à l’écosystème et au travail des insectes de les transformer en compost, décompactant le sol. Pour éviter la contamination par les plantes vivaces entourant votre espace à aménager, il faut au préalable installer une barrière verticale souterraine. Ainsi, les plantes à rhizomes ne pourront pas traverser et graduellement contaminer le jardin ou l’aménagement.

Après quatre mois dans la saison de croissance, lorsque vous enlevez la toile d’occultation, vous avez une surface exempte de plantes vivaces et un sol riche et aéré grâce au travail de l’écosystème. Il ne vous reste qu’à planter ou à semer et surtout de couvrir le sol avec un paillis adéquat, sans quoi, mère Nature ne tolérant pas un sol dénudé aura tôt fait de faire germer des graines et vous couvrir le sol de mauvaises herbes. Si vous ne suivez pas cette recette, n’espérez pas diminuer les efforts consacrés au désherbage!
La lampe à l’huile
Le troisième grand principe est en lien avec les besoins en eau du sol et des végétaux. Je l’ai nommé: «La lampe à l’huile». Il s’agit du phénomène de capillarité qui permet à l’eau souterraine de remonter vers la surface afin d’irriguer les racines des végétaux. Si vous n’êtes pas familier ou familière avec ce principe naturel, voici des exemples qui vous aideront à bien comprendre que celui-ci est présent et essentiel à la vie végétale. Lorsque vous arrosez une potée fleurie en mettant l’eau dans la soucoupe, qu’arrive-t-il à cette eau? Elle est imbibée par le terreau et humecte la motte de bas en haut.
Restons avec une potée fleurie ou une plante en pot dans la maison, remarquez-vous qu’il apparaît à la longue des sels blanchâtres ou jaunâtres à la surface? Comment font-ils pour s’accumuler de la sorte en surface du terreau? C’est dû à la capillarité du sol. L’eau cherche à remonter constamment et comme il y a des engrais qui sont dissous dans le terreau, l’eau qui arrive en surface par capillarité s’évapore et laisse les résidus d’engrais qui se cristallisent et s’accumulent en surface.

Une des preuves les plus évidentes de l’apport en eau des végétaux par la remontée de l’eau souterraine par capillarité est de constater comment on doit arroser beaucoup plus lorsqu’on cultive en bacs surélevés et en pots. Le fait d’être totalement privé de la source naturelle oblige à combler à 100% par des arrosages, alors qu’une plante en pleine terre verra ses besoins en eau comblés généralement à plus de 80% par l’eau souterraine qui remonte par capillarité.
La capillarité
La capillarité est la capacité d’un liquide de pouvoir monter dans un matériau poreux en passant d’une particule à l’autre grâce à la tension superficielle que possède ce liquide. La tension superficielle est ce qui fait que les molécules d’eau (H2O) s’attirent et se retiennent ensemble. C’est pourquoi l’eau forme des gouttes et s’il y a un matériel microporeux et humide, comme le sol, l’eau peut ainsi s’imbiber vers le haut et en largeur. Retenez que plus le sol possède des particules fines, meilleure sera la capillarité, donc la remontée de l’eau souterraine. Un sol argileux possède une forte capillarité comparativement à un sol sablonneux. C’est pourquoi un sol argileux prendra plus de temps à se réchauffer au printemps qu’un sol sablonneux du fait qu’il y a plus d’eau qui remonte du sous-sol et, évidemment, celle-ci est froide puisqu’il s’agit de l’eau de la fonte des neiges.
Deux règles à respecter
Cette eau du sous-sol est gratuite et ne nécessite pas d’effort pour en profiter. Il s’agit simplement de respecter ces deux règles:
- Toujours couvrir le sol en permanence avec des végétaux morts (paillis) ou vivants (couvre-sol) afin d’éviter l’évaporation de l’eau qui remonte en surface;
- Encourager l’approvisionnement en eau de vos végétaux en arrosant sous la terre afin de ne pas stresser vos végétaux et aussi éviter le gaspillage d’eau qui vous oblige à arroser plus souvent, donc de devoir fournir plus d’effort pour gérer les problèmes que cela apporte.
Lorsque viennent les canicules et aussi lorsque nos plantations sont en pleine croissance et en production de fleurs et de fruits, la consommation d’eau finit par dépasser la quantité d’eau qui peut venir du sous-sol par capillarité. C’est à ce moment que le sol s’assèche. La capillarité peut moins se faire, car il faut que les particules de sol soient humides pour que les molécules d’eau puissent se connecter l’une à l’autre. Malheureusement, l’habitude d’arroser en surface n’induit pas cette capillarité, car jamais un arrosage de surface ne donne assez d’eau pour se rendre à la profondeur critique du sol où la capillarité est ralentie. Les racines de vos plantes n’ont plus la possibilité de s’abreuver efficacement et ce n’est pas l’eau mise en surface qui le fera.
Logissol-O, utile et écologique
Dans un contexte où l’on souhaite se simplifier la vie, ce n’est pas en arrosant en surface qu’on sera gagnant. Disons que je l’ai assez vite compris lorsque j’ai reconnu la loi de la «Lampe à l’huile». Donc, depuis, j’arrose sous la terre et je me suis fait un système qui me facilite la vie. Après des années à essayer différentes façons, différentes patentes pour apporter l’eau sous la terre avec simplicité, avec efficacité, tout en ayant une installation esthétique, mais simple, j’en suis arrivé au système Logissol-O.
Fini les heures à passer à arroser! Fini le gaspillage d’eau potable ou d’eau de pluie! Fini les problèmes de culture dus à trop d’humidité en surface et bienvenue aux rendements optimaux dans le potager et l’abondance de fleurs dans les aménagements! De plus, il n’y a pas plus écolo que ce système!

Arroser ne doit pas remplacer l’approvisionnement naturel des végétaux par capillarité! Mis à part les bacs surélevés et les pots, l’arrosage ne doit jouer le rôle que de réamorcer la capillarité, sans quoi vous augmentez vos tâches! L’eau de votre arrosage doit être comme l’allumette qui allume le poêle à bois. L’allumette initie le feu qui réchauffera la maison. Votre arrosage doit donc servir à réamorcer la mèche qui permettra à l’eau souterraine de rejoindre à nouveau les racines de vos plantes. C’est ce que fait un système de type Logissol-O. Il ne prend que très peu d’eau, mais il la met à la bonne place!
Jardiner sans effort
Moins d’effort pour l’arrosage, moins de consommation d’eau, plus de temps libre entre les arrosages, plus de rendement, moins de maladies et de limaces, moins de désherbage, car le sol restera sec en surface, quoi demander de plus pour jardiner sans effort! Est-ce ça un jardinier paresseux?
Dans un prochain texte, je vais vous présenter les autres principes naturels qui facilitent le jardinage lorsqu’on les comprend et surtout lorsqu’on les applique.
Bon jardinage, chers passionnés jeunes de cœur!
Il me semble que je suis inscrit pour la troisième fois
Merci pour cet autre très intéressant et instructif enseignement, M. Fortier! Merci surtout de nous faire profiter de vos apprentissages et expériences antérieurs.
De mon côté, je cultive mon petit jardin en bacs surélevés et en pots, vu les limitations de mon minuscule terrain de ville. J’utilise depuis quelques années, un système d’arrosage goutte à goutte, qui fonctionne bien pour moi… même si j’étais un peu septique au début. J’étais un peu incrédule qu’une simple goutte qui s’écoule toujours au même endroit dans un pot réussisse à humidifier toute la motte de la plante. Mais il semble bien que oui. Parle-t’on ici du même phénomène d’arrosage par capilarité, même si la plante ne pousse pas en pleine terre? J’imagine que oui, n’est-ce pas?
Merci encore!
On peut créer le même phénomène de capillarité si, comme je disais dans le texte, vous apportez l’eau par le fond. Certains bac s et pots sont conçus de la sorte et cela rend les cultures plus autonomes au point de vue arrosage.
Merci de votre réponse, M. Fortier.
Mes bacs et pots sont « normaux », c-à-d pas spécialement conçus pour un arrosage par le fond. Alors, je présume qu’à force de laisser égoutter l’eau peu à peu, elle finit par se rendre dans le fond de mes pots et à humidier la motte de racines. Peu importe la raison technique, ça fait le travail et mes plantes semblent heureuses et en santé. 😉 Merci encore!
Vraiment très intéressant comme information. Merci de partager ces connaissances
Bienvenue Gérard!
Quelle richesse votre texte.
Merci Nicole!
Question. Avec votre système, vous dites que la surface du sol est sèche mais qu’il y a de l’eau en-dessous pour les plantes. Alors, comment savoir si les plantes ont vraiment l’eau dont elles ont besoin si la surface du sol est sèche?
Je serais porté à vous répondre avec la même question à l’inverse: Comment faites-vous pour savoir si vous avez atteint les racines lorsque vous arrosez en surface?
Il faut comprendre qu’avec un tel système, vos plantes cessent de compter sur votre arrosage pour s’approvisionner en eau car l’eau mise sous la terre sert à repartir la capillarité et c’est cette capillarité qui assure le rendement de vos plantes. Au début, il peut paraître stressant de voir le dessus du sol sec lorsqu’on est habitué de le mouiller. Mais on se rend compte assez vite que vos plantes se porteront super bien car votre travail d’arrosage se limite à remettre en marche la capillarité du sol, cette eau qui ne coûte rien et ne nécessite pas d’effort.
Pour les gens qui commencent à l’utiliser et qui fatiguent de voir le dessus du sol sec et d’utiliser si peu d’eau (650 ml / plant, au 3 à 5 jours), qu’ils ne s’empêchent pas de dormir la nuit, pour les rassurer, qu’ils remplissent une deuxième fois le pot. Il n’y a pas de risque de noyer la plante et ils auront tôt faits de se rendre compte qu’un seul remplissage est suffisant. Preuve à l’appui avec 20 années d’utilisation.
A quel heure a l universités Laval Alphonse Desjardins le 1 ‘´´´2. Mars sur le potager
SAMEDI 9h30 à 16h30 | DIMANCHE 10h00 à 16h00 https://urbainculteurs.org/projets/fete-des-semences-et-de-lagriculture-urbaine/