Élégance et ingéniosité des fleurs d’orchidées
Avez-vous déjà succombé au charme d’une fleur d’orchidée? Si oui, c’est tout à fait normal. La coloration spectaculaire et l’élégance raffinée de ces fleurs touchent immanquablement les amateurs de plantes. Dans cette chronique sur les orchidées, nous allons essayer de comprendre pourquoi elles sont aussi envoûtantes.
Les orchidées ne fleurissent pas vraiment pour nous plaire, à nous les humains. Elles cherchent plutôt à attirer l’attention des insectes de façon à être fertilisées et ainsi assurer la survie de l’espèce. Ce n’est pas une mince affaire puisque le pollen des orchidées est lourd et collant. Il doit être transporté vers d’autres fleurs par un vecteur de pollinisation qui est généralement un insecte pollinisateur, mais qui peut aussi être occasionnellement un colibri, une chauve-souris…
Pour attirer les vecteurs de pollinisation, les orchidées ont développé toutes sortes de stratagèmes de séduction comme des couleurs attrayantes, des fleurs de grandes dimensions visibles de loin, des parfums envoûtants, des réserves de nectar pour récompenser les pollinisateurs, etc.
Pour illustrer mon propos, je vous propose deux orchidées terrestres indigènes du sud du Québec.
La séductrice platanthère

Parmi mes coups de cœur personnels, voici l’exceptionnelle platanthère grandiflore (Platanthera grandiflora). La délicatesse raffinée de cette fleur est vraiment saisissante. Si j’étais un petit insecte, je voudrais certainement m’y poser pour en admirer tous les détails et en apprécier le délicat parfum.

Quoique la fleur soit de petite taille (2 cm x 3 cm environ), elle pousse en grappe bien colorée sur une tige florale assez longue pour émerger de la végétation environnante. Au nord de la ville de Québec (où ces photos ont été prises), la floraison survient dans les premières semaines de juillet, c’est-à-dire durant la période où les insectes pollinisateurs abondent.
L’ingénieux cypripède

Si vous avez de la chance, vous rencontrerez peut-être le cypripède soulier (Cypripedium parviflorum) dont la couleur jaune est vraiment accrocheuse. La pochette creuse (appelée labelle par les botanistes) présente une ouverture invitante pour l’insecte pollinisateur qui cherchera probablement à y trouver refuge. Une fois à l’intérieur, le visiteur découvrira que la capsule florale est tapissée de poils très fins contraignant sa progression et l’obligeant à sortir par le côté supérieur de la fleur. C’est en s’extirpant de la fleur qu’une pollinie bien collante s’attachera à lui pour profiter d’un transport gratuit jusqu’à la prochaine fleur. Ingénieux n’est-ce pas?
L’accès au petit antre floral est moins évident chez le cypripède acaule (Cypripedium acaule) puisqu’il s’agit ici d’une fente flexible qui se refermera après le passage de l’insecte. Cette fente conduit elle aussi à un mini labyrinthe au bout duquel la pollinie jaunâtre attend sagement de se coller à son insecte transporteur. En examinant la photo de cypripède rose ci-dessus, on peut facilement reconnaître la fente d’entrée (au bas de la bulle florale) et l’étroite sortie au sommet de la fleur d’où s’extirpera l’insecte en cueillant la pollinie au passage. La couleur du cypripède acaule est très variable: du rouge au blanc pur en passant par toute la gamme de rose.
Il y aurait cinq espèces différentes au Québec. Les plus connues sont le cypripède acaule et le parviflorum que les Amérindiens surnommaient affectueusement «les petits mocassins roses» ou «les petits mocassins jaunes».
Quelques conseils pratiques pour l’amateur d’orchidées sauvages
Les cypripèdes sont généralement en fleur à la fin de juin pour une période assez longue de 2 à 3 semaines. On peut les voir dans les sous-bois humides et riches en matière organique en décomposition.
Il est recommandé d’éviter le piétinement autour des orchidées sauvages puisque leurs racines sont très fragiles. De plus, les orchidées terrestres que l’on retrouve dans nos sous-bois vivent en symbiose avec certains champignons encore plus fragiles que les racines elles-mêmes. Ces orchidées sont protégées par différentes réglementations. On ne doit pas les prélever en nature. Bref, approchez-les avec beaucoup de précautions et avec le plus grand respect. Souvenez-vous que le cypripède jaune peut avoir besoin de 5 à 7 ans de croissance avant de produire sa première fleur! Le cypripède acaule prendra souvent le double du temps, soit 10 à 15 ans avant de produire sa première inflorescence.
Ces fleurs sont de véritables petits trésors botaniques. Si vous en rencontrez lors de vos promenades en forêt, arrêtez-vous quelques instants pour les admirer et/ou les photographier. Il suffit d’un petit moment d’attention pour en apprécier toute leur élégance et leur raffinement.

Merci pour cet article. Ça m’a permis d’en apprendre davantage sur ces magnifiques plantes et je comprends mieux pourquoi ces fleurs sont si rares! À chaque année j’ai toujours hâte de retourner dans les sentiers pour les voir fleurir .
S’émerveiller devant les fleurs indigènes fait partie de mes plaisirs de randonnée! Merci!
J’ignorais que nous avions d’aussi belles orchidées chez nous. Dès le printemps prochain je pars à leur recherche. Merci de nous les faire découvrir!
Des ciprypèdes acaule poussaient des les boisés dans mon enfance puis avec les nouvelles constructions, elles ont disparues.
Puis plus tard dans des boisés très peu achalandés, j’ai vu des cypripèdes souliers.
Elles poussent au même endroit à chaque année, dans un vieux boisé au-dessus des chutes Montmorency. C’est merveilleux de voir ces fleurs. Et aujourd’hui j’apprends que ça fait parti des orchidées, elles pouvaient bien me paraître si belles.
Je voudrais photographier ces beautés de la nature, je voudrais savoir si vous pourriez m’indiquer où les découvrir au Saguenay. En retour je pourrais vous partager mes photos.
Nous en avions des tonnes sur la terre familiale que nous avons dû vendre cette année au lac Sport dans le coin de Mont-Laurier…