Voir les mauvaises herbes sous un angle environnemental
On a pris l’habitude de nommer «mauvaise herbe» une plante étrangère à la culture que nous faisons. Puisque c’est une plante non désirée, on la qualifie de «mauvaise», cependant est-elle si mauvaise en soi? Dans le domaine horticole et agronomique, on appelle ces plantes qui poussent là où on n’en veut pas des «adventices».
Sur le plan environnemental, il n’y a rien qui est laissé au hasard! Si une plante s’établit d’elle-même à un endroit donné, c’est qu’il y a une raison. Cette raison est d’ailleurs toujours la même; c’est qu’elle répond à une grande loi environnementale que je nomme «Les vêtements de la terre».
Les vêtements de la terre
La nature ne laisse jamais un sol à nu. Elle ne laissera pas non plus votre jardin sur la terre nue. La loi des «Vêtements de la terre » m’a fait comprendre que si je ne protège pas mon sol avec des végétaux de mon choix, la nature le fera inévitablement avec des végétaux de son choix, qui ne sont malheureusement pas ceux que je souhaite et qu’on nomme «mauvaises herbes». Alors, puis-je en vouloir à la nature d’effectuer son travail et de protéger sa terre comme elle le fait depuis des millénaires? Son objectif est simple: protéger l’écosystème du sol afin de permettre à ce sol de rester fertile pour que les végétaux puissent prospérer. La nature ne fait pas ça pour nous faire suer! Bien au contraire, elle nous montre ce qu’il faut faire pour garder un sol fertile afin que les végétaux qui s’y implantent soient autonomes.
Rien n’est laissé au hasard dans la nature! Autant les végétaux ont besoin d’une terre fertile pour bien pousser, autant la terre a besoin des végétaux pour rester fertile! N’est-ce pas là un bel exemple d’altruisme?
Assurance-sol
La nature a merveilleusement bien pourvu le sol d’innombrables semences qui n’attendent que l’ordre de germer là où il le faut et quand il le faut. Chaque saison, les plantes produisent des semences et les confient à la nature. Ces semences sont dispersées aléatoirement partout où le vent, la pluie, les oiseaux et autres animaux les portent. Une grande majorité de ces semences alimenteront les vies qui s’en nourrissent. Dans sa générosité, la nature en a produit amplement pour qu’il en reste pour germer là où il le faut et quand il le faut afin de répondre à la grande loi de protection des sols «Les vêtements de la terre» et ainsi assurer la pérennité des espèces qui en sont à l’origine.
Vues sous l’angle environnemental, les semences de «mauvaises herbes» sont donc une assurance protection de sol. Cependant, avoir une assurance ne veut pas dire qu’il faille l’utiliser à tout prix! On paie une assurance contre le feu pour notre maison, mais souhaitons-nous vraiment l’utiliser un jour? On espère que non! Alors on prend les moyens pour ne pas avoir à s’en servir. C’est la même chose concernant l’assurance protection de sol que sont lesdites mauvaises herbes!
En ne comprenant pas la loi des «Vêtements de la terre», on joue avec le feu! Le feu se déclare dans nos jardins et la nature doit se servir des semences et des végétaux qu’elle a de disponibles pour éteindre le feu, c’est-à-dire protéger l’écosystème du sol afin que la vie se continue.
S’affranchir du désherbage
C’est bien beau tout ça, cependant, que pouvons-nous faire contre cette loi immuable qu’est «Les vêtements de la terre»? D’abord, j’ai compris que se battre contre la nature est peine perdue. Travailler avec la nature et comprendre ses lois pour les mettre à notre avantage, ça, c’est gagnant! Voici donc, brièvement, comment je m’y prends pour m’harmoniser avec cette loi et m’affranchir de la tâche ardue qu’est le désherbage, et que je détaille dans mes livres.
D’abord, il faut différencier une mauvaise herbe déjà implantée d’une semence qui germe. Si l’espace que vous désirez cultiver est déjà occupé par des plantes vivaces, elles compétitionneront toujours avec vos plantations et auront même le dessus sur elles, car c’est le choix judicieux que la nature a pris pour protéger son sol. N’oubliez pas que le seul objectif de la nature est de protéger son sol le plus rapidement possible et de la façon la plus durable possible. Ce sont rarement les végétaux que nous choisissons qui peuvent le faire, du moins, au moment où on les implante.
Commencer sans «mauvaises herbes»
Il faut donc éliminer complètement les mauvaises herbes vivaces déjà implantées et voir à ce qu’elles ne puissent pas revenir dans l’espace de culture. Je vous propose ces deux gestes qui sont complémentaires et dans l’ordre d’exécution:
- Poser ce que je nomme des barrières verticales afin de bloquer les rhizomes des mauvaises herbes qui pourraient provenir de l’extérieur de la zone à cultiver;
- Pratiquer la méthode d’occultation sur la future surface à cultiver. Il faut 4 mois dans la saison de croissance pour que tous les rhizomes des mauvaises herbes soient morts. Les mauvaises herbes qui étaient une nuisance seront devenues du compost et l’écosystème du sol sera amélioré.
Cette méthode est à la fois la plus simple, la plus efficace, la moins forçante et la plus durable. Si vous prenez le temps de bien faire ces deux étapes et si ce qui suit est bien fait, vous n’aurez plus jamais besoin de la répéter de toute la vie de votre jardin ou de votre plate-bande!
Continuer sans «mauvaises herbes»
Ayant éliminé les plantes indésirables qui étaient présentes, le sol sera à nu et la nature voudra à nouveau le protéger. Ce qui lui reste comme moyen, c’est son assurance protection de sol, toutes les semences présentes et à venir. C’est pour contrer cette germination massive qu’entre en jeu l’utilisation de paillis, car jamais vous ne pourrez implanter quoi que ce soit assez rapidement pour cacher le sol adéquatement avant que la nature s’en mêle. Que ce soit dans un potager ou un aménagement paysager, l’utilisation d’un paillis adéquat vous assurera un contrôle quasi total des adventices.
Depuis que j’ai compris cette grande loi et que j’ai adapté mes pratiques de jardinage en ce sens, fini les tâches de désherbage! De plus, avec l’utilisation de paillis adéquats, pas n’importe lesquels, j’obtiens encore plus de bénéfices avec moins d’effort!
De la paresse? Plus que ça! De la sagesse!
En savoir plus sur Jardinier paresseux
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Bon article, bien expliqué merci! Les ’’vêtements de la terre’’, c’est sympa.
Très bon article, merci. J’ai utilisé la méthode de paillis et effectivement les dites ‘’mauvaises herbes’’ ne poussaient plus. Par contre j’ai un érable de Norvège sur mon terrain, gracieuseté de ma ville, qui produit une quantité phénoménale de samarres. Celles-ci poussent même dans le paillis. Je ne sais plus comment gérer la situation.
Vous pourriez ramasser les samares avant que’elles aient le temps de germer.
Effectivement, dans le gazon je peux passer le râteau, mais dans la plate-bande j’enlèverais le paillis. À la main c’est impossible. Cette année et ceci seulement sur mon terrain devant la maison, j’ai ramassé 2 gros sacs.
Wow! C’est énorme! L’érable de Norvège est une espèce floristique exotique envahissante prioritaire, au Québec. Idéalement, on devrait les remplacer par des arbres indigènes , mais les municipalités sont réticentes de le faire.
Bonjour, qu’est-ce que vous appeler un paillis adéquat? Et donc à l’automne, au lieu de mettre feuilles mortes et restes de pelouse on pose uniquement la toile noire sur notre sol?
Bonjour Marie!
Ce sera le sujet du prochain article.
Très belle rencontre avec vous ce matin! Je vais me remémorer ce que sont « les vêtements de la terre » , partager cette façon de porter un regard positif sur ce qui pousse spontanément et recommencer à pailler mon potager, pratique que j’avais, disons, négligée. Merci!
Bienvenue jacinthe!
Et vous aurez la suite sur les paillis dans le prochain article.
Bon jardinage!
Est-ce que vous permettez que je fasse suivre cet article aux membres de notre jardin communautaire?
Ces infos sont des notions que tous devraient savoir! Les lois environnementales, comme celle expliquée dans cet article, devraient être enseignées dès l’école primaire. De nos jours, c’est primordial de comprendre notre environnement si on veut poser les bons gestes et cesser de gérer des problèmes. Alors, oui, partagez l’information!
Un gros merci, les jardiniers vont en bénéficier.
WOW, la nature c’est quand même bien fait. Je n’ai jamais pensé que la nature veut se couvrir pour se protéger et se nourrir et pour ce faire, elle se couvre «Vêtements de la terre». Quelle belle sagesse! Si nous ne sommes pas satisfait de sa couverture naturelle (mauvaise herbe), nous devons trouver un moyen pour le faire. C’est vrai que le paillis, couvre le sol et empêche que la nature choisisse sa couverture de sol. Merci Serge pour cette chronique!
Bienvenue Diane!
Je suis heureux que cela vous donne une nouvelle perspective de notre environnement.
Bon jardinage!
Bonjour et merci pour cet article très intéressant. J’aimerais savoir quelle est la sorte de paillis et à quel endroit on peut se le procurer. Merci.
Bonjour Guylaine!
Ce sera le prochain sujet de chronique. Restez à l’affût! 🙂
Merci pour votre article! Le désherbage excessif peut être un véritable frein au jardinage, merci de partager vos trucs pour mieux comprendre le rôle des adventices. Si je peux ajouter, comme l’explique et l’expérimente depuis des annnées Charles Dowding (voir sur You Tube), le compost en soit est un excellent paillis qui recouvre le sol et nourrit les micro-organismes! Sa technique du «No-dig» en utilisant du carton+compost a été une véritable révélation! Cela pourrait être une idée pour un prochain article 😉
Ce fut très intéressant à lire.Continuez vos belles chroniques,Merci.
Bonjour Frédérique!
Dans la logique environnementale, le compost est la couche centrale de la structure d’un sol que je nomme “le pâté chinois naturel”. Si le compost n’est pas protégé par une couche de végétaux morts (paillis ou de couvre-sol, celui-ci se dégrade et n’apporte pas toute la valeur qu’il possède. Cela oblige à utiliser trop de matière pour jouer un rôle qu’il n’a pas à jouer, celui de protéger le sol. Ce n’est le rôle du compost de protéger le sol! C’est donc une pratique ou une technique qui transgresse la logique environnementale.
Une approche écologique qui respecte un réel développement durable est une approche qui permettrait à tout le monde de la pratiquer! Imaginez si tout le monde se met à pratiquer le paillage avec du compost, désolé mais il va rapidement manquer de compost. La nature ne laisse jamais un compost en surface car il n’y aurait pu de nature si c’était le cas. Alors pourquoi vouloir réinventer la roue par des techniques qui contredisent ces vérités?
L’été dernier (2023), j’ai adopté ce conseil récurrent des chroniques financières : ”S’abonner à une bonne infolettre… et s’y tenir”. La meilleure Infolettre que j’ai trouvée traite de sujets bien plus important, permanent et vital, à mon avis, que les simples finances. C’est celle du Jardinier paresseux. J’y trouve tout ce dont j’ai besoin, pour comprendre le jardinage, la nature, donc la vie. Je ne perds pas mon temps à décortiquer les contradictions, modes et points de vue de dizaines d’experts. Après mes idoles du jardinage Lili Michaud et Édith Smeesters, je vois mon sage ami Serge Fortier se joindre à l’équipe du jardinier paresseux. Je suis comblée.
Mille mercis plus un.
Monique Rondeau
Saint-Bruno-de-Montarville
Bonjour Monique!
Merci à toi pour ces commentaires!
Comprendre l’environnement nous aide à passer à l’action et de dénoncer les pratiques malsaines comme dans le dossier des GDS qui nous a fait connaître.
Bonjours,Nous avons de la visite depuis quelques jours dans notre cour un tamia rayé
spécial tête blanche ventre et bout de queue blanc.
Connaissez-vous le nom je peux vous envoyer une photo.
Merci,de votre réponse.
C.m.
Belle approche très inspirante: merci !!!
La toile d’occultation serait-elle efficace pour limiter les pétasites? J’ai essayé avec une toile géotextile anti-végétation et ça fonctionne plus ou moins. Merci!
La première étape serait la pose de barrières verticales si cela est possible afin d’éviter que la plante continue sa progression souterraine là ou vous n’en voulez pas. la méthode d’occultation est efficace contre tous les végétaux. C’est la durée d’occultation qui va changé selon le type de plante. Certaines envahissantes ont des réserves de nourriture très grandes dans leurs rhizomes, ce qui fait qu’on doit occulter plus longtemps. Il faut aussi (et cela est primordial) tout couvrir le massif ou délimiter avec une barrière verticale la zone à faire mourir, sinon c’est peine perdue. Beaucoup de gens croient que la méthode d’occultation n’est pas efficace et c’est parce qu’ils négligent cette étape primordiale.
L’espace de mon ancien jardin, Dame nature l’a remplie de toutes sortes de végétaux que nous n’avons pas dans le cartier. Le plus grave c’est qu’il y a 3 arbres qui y pousse. Mon mari s’astime à les couper au printemps, tout ce remet en place pendant l’été et il doit tout recommencer encore une autre fois en automne. Je lui ai expliqué comment faire mais il refuse et dit que c’est lui qui a raison. Où puis-je commander cette toile pour mettre sur la terre pour empêcher que les arbres et mauvaises plantes puissent pousser de nouveau? Au secour, j’ai besoin de votre aide.
https://semencesduportage.com/products/toile-doccultante-blanc-noir-ou-bache?sca_ref=5338596.0mBHiFZrEG
On peut acheter ces toiles, mais tout matériaux opaques qu’on a déjà dans l’environnement et qui deviendra un déchet fera le travail. Toile de fond de piscine, bâche qui recouvre les piles de bois dans les quincailleries (ils vont vous les donner car ils les jettent), vieux tapis, même des toiles semi opaques ou transparentes peuvent faire en ajoutant par dessus une couche de paillis. Quand on enlève la toile, on peut récupérer celle-ci et le paillis pour une prochaine utilisation. Cette façon de faire, en plus de rendre plus accessible des matériaux déjà présents dans l’environnement, cela vous permet que ce soit plus esthétique durant le temps que l’opération d’occultation se fait et le paillis stabilise votre toile contre le vent.