Piper crocatum: origine, variétés et conseils de culture
Le Piper crocatum occupe une place particulière dans mon cœur et je suis très content de vous le présenter comme plante du mois. Tout d’abord, ses couleurs sont absolument époustouflantes: je vous mets au défi de trouver dans la nature une autre plante qui allie aussi bien le vert olive avec le rose (peut-être un cultivar de calathéa?). C’est aussi la première de mes plantes d’intérieur que je n’ai pas trouvée dans le livre de Larry Hodgson: en effet, il s’agit d’une plante qui est arrivée récemment sur le commerce comme plante d’intérieur. On n’en trouve aucune mention sur le blogue. J’ai donc eu le très grand privilège de lui attribuer moi-même sa difficulté: une grande première!
Origine
Le Piper crocatum est originaire du Pérou, mais on en trouve également dans d’autres régions d’Amérique du Sud. C’est une espèce du genre Piper, qui contient entre 1000 et 2000 espèces (c’est précis), dont certaines nous permettent de tirer l’épice aromatique tant prisée: Piper nigra (poivre noir) et Piper longum (poivre long). Piper crocatum, en revanche, ne produit pas de grains de poivre.
Bien que ce ne soit pas le sujet de l’article, il est possible de cultiver comme plante d’intérieur son Piper nigrum, la vigne qui produit le poivre noir. Vous trouverez toutes les informations requises, et beaucoup plus d’informations sur le poivre, dans l’article D’où vient le poivre?.
Le genre Piper fait partie de la famille des Pipéracées, dont on cultive également les peperomias dans nos intérieurs. Le National Garden Bureau a d’ailleurs nommé le peperomia la plante d’intérieur de l’année 2022. À quand le Piper crocatum? (sans doute longtemps!)
Description
Comme les autres poivriers, P. crocatum est une vigne souple qui grimpe grâce à ses racines adventives. Les tiges et les pétioles sont de couleur rouge cuivrée; les pétioles portent des feuilles alternes, cordiformes ou deltoïdes, avec un apex (la pointe) bien prononcé. Les feuilles sont d’un vert olivâtre foncé, avec des veines vivement contrastantes d’une teinte lilas. Puisque les feuilles sont luisantes, la venaison peut paraître argentée sous une lumière vive.
Ils ne fleurissent habituellement pas à l’intérieur et je trouve peu d’informations à leur sujet même en culture extérieure; les fleurs ressemblent probablement à celles du poivre, qui ne sont franchement pas très ornementales, comme une grappe sertie de minuscules fleurs à trois ou cinq pétales.
Une particularité du Piper crocatum est visible sous les feuilles d’une belle teinte bordeaux qui laisse à peine passer la lumière: les nouvelles feuilles se recouvrent systématiquement de petits cristaux qui, avec le temps, finissent par devenir de petites boules noires. C’est la manière dont la plante se débarrasse du sel calcique et de l’excès de sucres dont elle n’a pas besoin et c’est parfaitement normal, même inévitable. Attention de ne pas croire qu’il s’agisse d’œufs ou de petits insectes!
Piper crocatum ou Piper ornatum?
Tant P. crocatum que P. ornatum sont de jolies vignes de la famille des Pipéracées qui se cultivent comme plantes d’intérieur. Elles se ressemblent tant qu’il est difficile de les distinguer; plusieurs sites les listent comme la même plante. Il semblerait cependant que P. ornatum ne soit pas originaire du Pérou comme son cousin, mais endémique en Indonésie. Une manière de les distinguer est le dessous de leurs feuilles, qui est bordeaux chez P. crocatum et vert chez P. ornatum… mais, si cette information m’apparaît probable, je n’ai pas pu la vérifier avec d’autres sources. C’est simple: presque personne ne parle de ces magnifiques plantes! Quel dommage!
Variétés
Il n’existe qu’un seul et unique P. crocatum… pour l’instant!
Par contre, on peut cultiver d’autres pipers à l’intérieur, tels que P. porphyrophyllum, P. sylvaticum ou P. methysticum. Cela étant dit, si les informations sur P. crocatum, une plante légèrement plus populaire, sont relativement rares, je vous souhaite bonne chance pour trouver les conseils de cultures des autres.
Conseils de culture
Lumière
Dans la jungle, Piper crocatum ne pousse guère très haut et dépasse rarement la canopée; si le soleil plus doux du matin peut lui être bénéfique, le soleil direct du zénith est à éviter. En général, votre Piper se portera très bien sous une lumière moyenne à vive.
Arrosage
Piper crocatum a peu de tolérance au manque d’eau. Il vaut mieux, en période de croissance, de garder le terreau humide; durant les mois de faible luminosité, on peut laisser le terreau s’assécher très légèrement, pour de courtes périodes.
Quand Piper crocatum manque d’eau, ses pétioles se courbent et semblent soutenir plus difficilement les feuilles. En cas de manque d’humidité, il tend à perdre plusieurs feuilles d’un coup.
Humidité atmosphérique
Piper crocatum a besoin d’une humidité atmosphérique relativement élevée. Un minimum de 40% d’humidité dans l’air est nécessaire à sa survie, ce qui est facilement facile à obtenir sans trop d’efforts, mais il préfère 50% ou plus pour prospérer. En revanche, il peut souffrir du manque d’humidité, surtout l’hiver quand le chauffage central est parti. On peut alors démarrer l’humidificateur ou simplement l’entourer d’autres plantes.
Terreau et rempotage
Un terreau traditionnel pour plantes d’intérieur conviendra parfaitement.
Engrais
Même si plusieurs sites (toujours une source… plus ou moins fiable) disent qu’on peut le fertiliser durant la dose de croissance à la dose recommandée, je serais plus prudent. Après tout, la plante se débarrasse des excès de sel et de sucre en dessous de ses feuilles, ce qui pourrait signifier que ses besoins en engrais sont moindres. Puisqu’il est rare qu’une plante meure en manquant d’engrais, j’utiliserais la moitié de la dose recommandée sans vergogne!
Température
Il est mieux de garder la plante entre 15 °C et 35 °C en tout temps.
Multiplication
On peut multiplier ce poivrier par boutures de tiges. Certaines sources suggèrent que le taux de succès est limité (des conditions de serre sont alors absolument nécessaires). Comme les boutures de terre sont plus efficaces, pourquoi ne pas l’essayer; personnellement, je n’ai testé que les boutures dans l’eau et le tout s’est fait sans anicroche. Toutefois, lors du passage de l’eau à la terre, j’ai mis les boutures dans un sac de plastique pour augmenter l’humidité.
Entretien
Aucun entretien n’est réellement nécessaire pour P. crocatum. Elle perd ses feuilles plutôt lentement et on peut la laver une fois de temps en temps (je ne laverais pas le dessous des feuilles en raison des cristaux).
P. crocactum pousse en longueur, sans réelle ramification. Pour donner à la plante une apparence plus touffue, plus buissonnante, il est impératif de la bouturer et de planter plusieurs poivriers dans le même pot.
Toxicité
Pas de réponse définitive! Certains sites disent que le Piper crocatum est sécuritaire, d’autres qu’il peut causer de l’irritation. La prudence prévaut dans ce cas.
Problèmes
- Les pétioles tombants: si le terreau est légèrement sec, la plante manque d’eau. Si elle ne reprend pas rapidement après l’arrosage, c’est que ses racines ont pourri: mieux vaut la bouturer.
- Le bout des feuilles qui sèche: manque d’humidité atmosphérique. Cela arrive souvent l’hiver.
- De petites taches noires sur le dessous des feuilles: c’est tout à fait normal, voir plus haut dans l’article. De petits cristaux blancs sont aussi normaux.
- Insectes: cochenilles, tétranyques. Point positif: durant la grande invasion de thrips de 2020 qui perturba ma nation de plantes, le piper n’a jamais été affecté. (Je ne dis pas que c’est impossible que les thrips soient intéressés, mais ils semblent moins l’être que pour d’autres plantes.)
- Beaucoup de sites de vente préviennent que la plante ne voyage pas bien; il est possible que les changements drastiques (de lumière, d’endroit, de courants d’air) causent la chute des feuilles, comme c’est le cas pour les ficus et les crotons.
Comment évaluer la difficulté d’une plante d’intérieur?
La difficulté des plantes est relativement subjective, avec quelques constances.
Les plantes «très faciles» seront les plantes qui tolèrent les mauvais traitements: on peut oublier de les arroser et elles s’en remettent, on peut les négliger et elles restent belles… bref, des plantes sans souci! Exemples: Sansevieria, Epipremnum aureum, etc.
Les plantes «faciles» ne posent également pas trop de problèmes et leurs besoins sont généralement très raisonnables, mais peuvent causer légèrement plus de soucis. Un bel exemple est le lis de la paix, dont on doit certes surveiller l’arrosage, mais qui n’a pas d’autre caprice de culture.
Les plantes «moyenne» sont des plantes qui survivront généralement dans la maison avec un peu de soin, mais qu’on ne recommanderait pas à un novice pour autant. L’Aeschynanthus représente bien cette catégorie: les soins sont standards, mais la marge d’erreur est beaucoup plus mince qu’avec la sansevière!
On met aussi dans cette catégorie les plantes qui demandent des soins très particuliers, mais dont on peut s’occuper facilement une fois qu’on sait comment faire, comme la plante ombrelle (papyrus) ou les orchidées.
Les plantes «exigeantes» sont des plantes qu’on ne peut pas faire vivre à l’intérieur sans un humidificateur ou qui sont particulièrement capricieuses. Exemple: les calathéas
Finalement, les plantes «très exigeantes» sont pas mal impossibles à garder en vie à l’intérieur sauf pour les experts. Mentionnons ces très chères plantes carnivores qui meurent souvent… avant même d’être présentées pour la vente!
Où classer Piper crocatum, alors? Eh bien, selon mon expérience, c’est une plante facile. Elle a perdu plusieurs feuilles quand j’ai oublié de l’arroser quelques jours, ce qui est finalement le prix à payer pour mon erreur. Une fois la chute finie, elle a repris sa croissance sans plus de dommages.
Toutefois, je sais que je réussis bien les plantes qu’il faut garder constamment humides: je n’ai aucun problème avec les lis de la paix, les violettes africaines et mon énorme Radermachera sinica, tandis que beaucoup de personnes trouvent ces plantes, qui pardonnent beaucoup moins les oublis, difficiles à garder vivantes.
J’ai vu beaucoup de personnes en ligne, durant mes recherches, parler de leurs problèmes avec P. crocatum et la qualifier de «capricieuse». Ce n’est certainement pas mon cas, mais je vais honorer leur expérience. C’est pourquoi je me dis que P. crocatum pourrait être de difficulté «moyenne»: ce n’est pas la plante la plus facile, surtout pour les arrosages, mais pour le reste elle se débrouille très bien et n’est pas trop exigeante question lumière, rempotage ou bouturage.
Conclusion
Le piper crocatum est une magnifique plante d’intérieur un peu capricieuse. Mais si vous évitez de la déplacer et que vous l’arrosez régulièrement, elle ne devrait pas causer de problèmes. J’espère que vous aurez autant de succès que moi avec la petite nouvelle des collectionneurs de plantes d’intérieur!
Matin après matin je m’installe pour vous lire et pour m’inspirer de vos conseils. Mais je dois faire face à chaque mat8n à un site qui m’invite en anglais à faire des commentaires. Un site qui me dirige en anglais. Si ceux ou celles qui dessinent le site ne peuvent le faire que dans une langue, il y a un problème et vous devriez leur imposer qu’au moins les deux langues devraient paraître….ou, au Québec le français, puisque c’est notre langue officielle.
J’ose espérer que cet affront à la langue française sera corrigé très rapidement.
Merci
Merci de toutes ces infos utiles pour nous faire découvrir cette plante!
J’adore vous lire ainsi que les plantes que vous nous présenter qui sont un peu plus rares!