Catégories

Recherche

Nos partenaires

Mes petites primeurs du printemps

Chaque automne, quand arrive le gel et que mon marché fermier annonce sa fermeture pour l’hiver, je tombe en dépression légumière. Fini les bons légumes frais et locaux. C’est le retour dans mon assiette du légume pâle et ratatiné de l’épicerie en grande surface. Ma mission: survivre jusqu’au printemps!

Bien sûr, je me ravitaille en verdure en faisant pousser des micropousses et des germinations. Je fais même des petits mescluns. Mais il n’y a rien comme une belle plante comestible cultivée sous les vrais rayons du soleil!

Mon kit de survie aux affres de l’hiver inclut quelques barquettes de micropousses et quelques bocaux de germinations. Photo: Julie Boudreau

Ainsi, dès que la neige fond et que réapparaît l’espoir d’un renouveau de verdure, je me précipite au jardin pour voir et attendre… Attendre qu’apparaissent enfin les premières pousses qui formeront mes premières salades fraîches de l’année!

J’attends quoi?

Parmi les premières verdures comestibles à faire leur apparition se trouve l’oseille (Rumex acetosa). Cette plante vivace commence sa croissance dès que le sol commence à peine à se réchauffer. Chaque matin je sors et je tire pratiquement sur les feuilles pour qu’elles poussent plus vite! À peine longues de 5 cm que les voilà dérobées et englouties par la «junkie» du comestible que je suis!

L’oseille est une des premières plantes que je grignote tôt au printemps. Mon premier légume frais! Photo: Julie Boudreau

Dès que je peux creuser un sillon de 5 cm dans un sol encore gelé en profondeur, je commence mes semis de ce que j’appelle mes petites primeurs du printemps. Ce sont des légumes de climat froid et à la croissance rapide. Ainsi, je sème des rangs de laitues en mélange, des épinards et même des pois.

La laitue est bien résistante au froid. C’est un légume que l’on peut semer dès qu’il est possible de creuser un petit sillon. Même chose pour les épinards et les pois. Photo: Julie Boudreau

Puis, je rampe à quatre pattes, à la recherche des premiers pissenlits (Taraxacum officinalis). Les jeunes feuilles sont moins amères et feront aussi le saut dans mon assiette.

Ainsi, mes premières salades sont une belle composition de toutes ces choses, gorgées de vitamines et de soleil.

Enfin, je fais aussi la tournée des grosses talles d’hémérocalles (Hemerocallis spp.) et d’hostas (Hosta spp.) pour récolter quelques jeunes pousses que je ferai blanchir et griller en attendant les premières asperges.

Mon amour inconditionnel pour les petits pois remonte à la nuit des temps. Je les sème en quantité, car c’est un des premiers légumes à manger qui n’est pas une feuille. Oh! Il y a aussi les radis, mais entre les deux… je vote pour la petite bille verte! Photo: Julie Boudreau

Trouve ton point chaud!

Il y a quelques années de cela, je me suis lancé dans la réflexion que mes premiers légumes n’étaient pas assez hâtifs. Bien sûr, si j’avais une serre, la question ne se poserait pas. J’ai aussi déjà fait des cultures hâtives dans une couche froide, mais ces temps-ci, mon jardin n’en est pas doté.

Et c’est ainsi que j’ai porté plus d’attention aux points chauds de mon jardin. Je m’explique. Chaque printemps, la neige fond toujours un peu plus vite à certains endroits que d’autres. Chez moi, le mur extérieur de la cour arrière est au plein sud et c’est le long de la maison que j’aperçois les premières taches de sol. Au fond de la cour, il y a toujours 60 cm de neige, mais là, près de la maison… plus rien!

Par un beau printemps, j’ai décidé d’exploiter mon îlot de chaleur. J’ai désherbé une petite zone, j’ai amendé de compost puis, j’y ai semé mes primeurs. Résultat: j’ai pu consommer de jeunes feuilles de laitue une semaine avant celles de mon potager! Il n’en fallait pas plus. Le printemps suivant, j’ai transplanté quelques plants d’oseille et de la rhubarbe dans ce point chaud et j’ai agrandi la zone de semis.

C’est une toute petite zone que j’exploite au maximum en début de saison, mais que j’abandonne dès que le sol est meuble dans le potager.

Quoi qu’il en soit, je profite pleinement de ces quelques jours supplémentaires que m’offre mon nouveau jardin des primeurs. Il vient ainsi prolonger la durée de ma phase verte. Dans quelques semaines, vous me trouverez à quatre pattes à tirer sur les feuilles d’oseille et les feuilles de pissenlits, à faire la tournée de mes talles de têtes de violon (Onoclea struthiopteris, anciennement Matteuccia struthiopteris), à commencer ma récolte de fleurs de tussilages et de feuilles de molène. Oui, avec le printemps revient la vie et la bonne verdure comestible!


commentaire sur "Mes petites primeurs du printemps"

  1. Nancy Laplante dit :

    Merci de nous partager cette façon de récolter des verdures rapidement au printemps. J’analyse cela ce printemps!

  2. Manon (de Lanaudière) dit :

    Bonjour Julie!
    Très intéressant votre article et j’aimerais bien en profiter aussi, mais étant donné que la nourriture est rare pour les animaux, je n’aurais pas le temps de les déguster! Dindons sauvages, bernaches, loutres, moufettes sans compter les taupes et les écureuils…. Ils auront le temps de tout bouffer avant que je sorte de la maison… 🙁 Les micro pousses sont ma solution! Merci beaucoup pour votre texte! Bonne journée! 🙂

  3. Benoit dit :

    Merci de me rappeler ces primeurs printanières. Pour ma part, afin de contourner les prédations de nos amis animaux, j’opterai pour repiquer ces espèces en bacs surélevés près de la maison.

  4. Oh! Bien chouette ,cet article tout à fait printanier qui révèle du vert tendre en ” glow in the dark”…
    Ça me donne envie de plonger de plus près mon regard au sol .Par contre, il n’y a pas beaucoup de point sur mon très petit terrain , et il faut faire des choix!!!??
    Merci pour cet article.

  5. Isabelle dit :

    Merci beaucoup pour ces bons conseils. Ça me donne le goût d’essayer la salade plus tôt ce printemps.

  6. Dave dit :

    Toujours agréable de vous lire

  7. Francine dit :

    Quelle bonne idée de semer d la salade aussi tôt ?

  8. Sylvie dit :

    Oui, que de bonnes idées pour se régaler le plus tôt possible. Très intéressant. Merci !

  9. Linda dit :

    J aimerais que tu donnes plus de détails sur l hosta ou l hemerocalle svp merci

  10. Bettina Van Hassel dit :

    C’est bien inspirant tout ça. La fièvre du printemps est puissante après un long hiver!

  11. Bettina Van Hassel dit :

    Parmi toutes ces plantes pritanières hâtives, je scrute l’apparition des premières pousses d’ortie! Mais c’est aussi le bon moment pour ceuillir les racines de bardane, topinambour et apios quand on en a. J’ai aussi hâte aux pousses de sapin que je laisse macérer dans le miel pour l’automne. J’aurais cependant peur de manger les feuilles de molène à cause des petits poils urticants. La faites-vous cuire avant de la consommer?

  12. France Renaud dit :

    Merci pour ces infos si joyeuses. J’aimerais des détails sur les parties qu’on mange et comment les apprêter chez l’hémérocalle (toutes les espèces sont comestibles?), l’hosta (toutes, même les bleues aux feuilles épaisses?) et surtout la molène (la grande aux feuilles veloutées ?). Merci!

Inscrivez-vous au blogue du Jardinier paresseux et recevez ses articles dans votre boîte de courriel à tous les matins!