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Les enrouleuses: visibles, mais pas très nuisibles

Par Larry Hodgson

Est-ce que vous avez des plantes chez vous — vivaces, arbustes, arbres, etc. — qui prĂ©sentent une anomalie curieuse: certaines feuilles demeurent enroulĂ©es alors que les autres se dĂ©ploient normalement? C’est tout probablement l’œuvre d’une enrouleuse.

Larve d'enrobeuse à l'intérieur d'une feuille.
La coupable: une petite chenille! Photo: Beatriz Moisset, Wikimedia Commons

Pour Ăªtre bien sĂ»r, dĂ©roulez une feuille qui est atteinte. Si c’est une enrouleuse, vous trouverez Ă  l’intĂ©rieur une petite larve, genre «petite chenille», habituellement de couleur discrète: vert ou brun. Et souvent aussi la feuille aura Ă©tĂ© mangĂ©e «par en dedans», dans lequel cas vous trouverez aussi de petits excrĂ©ments. 

Il s’agit, pour la plupart, de larves de papillons de nuit de la famille des Torticidés. Il en existe plus de 11 000 espèces, présentes dans le monde entier à l’exception de l’Antarctique. Certaines enrouleuses sont spécifiques à un seul genre ou famille de plantes. D’autres sont polyphages: cela signifie qu’elles se nourrissent d’un large éventail d’hôtes.

Cycle de vie

Les Å“ufs, pondus Ă  la fin de l’étĂ© prĂ©cĂ©dent, Ă©closent au printemps. Dans certains cas, la larve Ă©clot Ă  l’automne et hiverne dans le sol sous cette forme, se tissant parfois un abri de soie. Dans les deux cas, la larve monte sur sa plante hĂ´te au moment oĂ¹ ses feuilles sont en train de s’épanouir. Elle se place sur une feuille et sĂ©crète un genre de soie collante qui la retient. Ainsi, elle l’empĂªche de s’ouvrir. Ce faisant, la larve se crĂ©e un abri très pratique oĂ¹ ses ennemis ne peuvent pas l’atteindre. Et d’ailleurs, les pesticides des humains non plus. Ainsi, elle peut faire tout son cycle sans Ăªtre dĂ©rangĂ©e. 

Papillon d'enrouleuse brune.
L’enrouleuse adulte est un petit papillon de nuit assez anodin. Photo: Katja Schulz, Flickr

La plupart des enrouleuses continuent de se nourrir dans leur feuille-abri pendant 3 ou 4 semaines, puis passent 3 ou 4 semaines sous forme de pupes, toujours dans leur abri. Vers le mois de juillet, les adultes sortent et s’accouplent, puis, Ă  la fin de l’étĂ©, les femelles pondent leurs Å“ufs Ă  la base de la plante hĂ´te ou dans le sol Ă  son pied. Et puis, le cycle recommence.

Il n’y a qu’une génération par année.

Que faire?

HonnĂªtement, il n’y a que très peu de choses que vous pouvez faire, surtout une fois que les abris sont visibles. Comme mentionnĂ©, les insecticides couramment disponibles (savons, huiles, pyrèthre, etc.) ne peuvent pĂ©nĂ©trer l’abri, alors que les insecticides systĂ©miques, qui sont absorbĂ©s par la plante et qui la rendent toxique, ont presque tous Ă©tĂ© retirĂ©s du marchĂ©. Et de toute façon, voulez-vous vraiment rendre vos plantes toxiques?

Pour les espèces qui hivernent Ă  la base des branches, un traitement Ă  l’huile au stade dormant, donc avant l’épanouissement des feuilles, peut Ăªtre efficace comme prĂ©vention. L’huile Ă©touffe les Å“ufs, prĂ©venant leur Ă©closion. Mais seulement Ă  condition de savoir sur quelle plante l’appliquer… et les enrouleuses sont très sporadiques. Il y en a en bon nombre certaines annĂ©es, mais pas du tout d’autres.

Si vous Ăªtes assez rapide, vous pouvez appliquer du BTK (Bacillus thuringiensis kurstakii), une bactĂ©rie spĂ©cifique aux chenilles, sur la plante au moment oĂ¹ les feuilles se forment. Mais comme le BTK est vite tuĂ© par les rayons du soleil et instantanĂ©ment lavĂ© des feuilles par la pluie, il faut l’appliquer la journĂ©e mĂªme oĂ¹ la petite larve monte sur la plante. Les chances de rĂ©ussir sont alors très minces.

De plus, les adultes sont très discrets… et difficiles à distinguer des centaines d’autres petits papillons de nuit aux couleurs ternes qui vivent dans nos jardins.

En fait, la meilleure chose à faire est… de ne rien faire du tout! Il y a rarement assez d’enrouleuses sur une plante pour lui causer des dommages sérieux. Si leur présence vous dérange vraiment, arrachez et détruisez les feuilles atteintes, voilà tout. C’est ce que j’appelle un «cas 15 pas». Reculez de 15 cas. Si vous ne voyez pas le problème, il n’y a pas de problème.

Plieuses et lieuses

Feuilles d’hydrangée arborescente liées ensemble par la lieuse de l’hydrangée.
Feuilles d’hydrangée arborescente liées ensemble par la lieuse de l’hydrangée. Photo: jardinierparesseux.com

Très similaires sont les plieuses et les lieuses. Les plieuses, vous l’aurez compris, n’enroulent pas les feuilles pour former leur abri, mais les plient. Les lieuses collent 2 feuilles ensemble. Dans les deux cas, la larve est alors Ă  l’abri. Le traitement (ou l’absence de traitement) est le mĂªme.

Vous trouverez plus de dĂ©tails sur la lieuse de l’hydrangĂ©e dans le billet Qu’est-ce qui colle les feuilles d’hydrangĂ©e ensemble?.

Conseil pratique

Une leçon pour les enfants

Si vous Ăªtes en contact avec des enfants, montrez-leur ce phĂ©nomène bizarre. Laissez-les ouvrir une feuille, examiner la larve, etc. Expliquez-leur que, mĂªme si cela se passe devant leurs yeux, la plupart des adultes ne savent mĂªme pas que des enrouleuses existent. Ainsi, peut-Ăªtre rĂ©ussirez-vous Ă  instaurer chez eux une curiositĂ© de la nature qui durera toute leur vie.

Étiquettes + Enrouleuses, Plieuses, Lieuses, Feuilles enroulées


commentaire sur "Les enrouleuses: visibles, mais pas très nuisibles"

  1. Louise dit :

    La curiositĂ© est une grande amie du jardin. đŸ™‚
    Bonne journée!

  2. Anonyme dit :

    Bonjour m.Hodgson d’abord j’aimerais vous remercier pour votre grande générosité à partager vos connaissances. Vos conseils me permettent d’apprécier encore plus le jardinage et de le faire dans une saine cohabitation avec la nature. Entre autre, la technique des 15 pas est très utile pour moi. Concernant l’article d’aujourd’hui j’ai beaucoup aimé votre rappel de transmettre cet amour et ce respect de la nature à nos enfants. Depuis toujours, je jardine et je profite des beautés de la campagne et de ses nombreux habitants avec mon fils. Maintenant adulte, il partage cette passion dans son rôle de biologiste. Comme quoi un loisirs peu devenir un mode de vie contagieux. Merci de l’enrichir chaque matin avec vos chroniques.

  3. Ce petit papillon de nuit insignifiant ne serait t’il pas pollinisateur ?

  4. Ghislaine Godbout dit :

    Je n’aime pas Ăªtre obligĂ©e de traiter les plantes de mon jardin, alors j’adore cette chronique sur les enrouleuses… je vais les laisser faire ?
    Merci de vos précieux conseils M Hodgson… et bonne journée! Prenez soin de vous…

  5. Anonyme dit :

    De mon côté c’est les ours.

  6. racoquille dit :

    Merci beaucoup de m’Ă©clairer sur certaine difficultĂ© que j’ai avec mon grand cerisier. Mais j’ai dĂ©couvert au dos des feuilles se cachent des points noirs et on voit bien que la feuille est malade. Que me proposez-vous pour les faire disparaĂ®tre ou bien je les laisse lĂ  ? Peut-Ăªtre est-ce une maladie, car c’est la grosseur d’une pointe d’une aiguille ? Je vous remercie, vous Ăªtes une encyclopĂ©die herboriste vivante. Bonne journĂ©e et continuitĂ©

  7. Mélanie dit :

    Reculer de 15 pas me semble un judicieux conseil dans votre cas…

  8. Anonyme dit :

    Merci pour cet article …Dure annĂ©e pour nos 2 Celtis Occidentalis qu’on pensait en fin de vie…Enfin une rĂ©ponse qui confirme …Seule une horticultrice de PĂ©pinière Auclair Ă  Mont-St-Hilaire avait vu juste…Merci Larry !

  9. janpigo dit :

    Bonjour, encore et toujours merci pour vos articles clairs et précis.

    Je suis d’accord avec vous sur les enrouleuses jusqu’Ă  cette annĂ©e.J’avais constatĂ© les dĂ©gĂ¢ts infligĂ©s aux fruitiers les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes sans trop m’en inquiĂ©ter parce que les arbres continuaient de bourgeonner après leur passage et rĂ©cupĂ©raient très bien.
    Cette annĂ©e je ne leur ai donc pas prĂªtĂ© trop d’attention. Comme d’habitude.

    Erreur fatale. Comme vous dites elles sont tout Ă  coup beaucoup plus nombreuses. En Bretagne comme au QuĂ©bec. Tellement nombreuses qu’elles ont attaquĂ© les fruits Ă  peine formĂ©s, les poires surtout, les prunes un peu moins. Tous mes fruits sont lĂ©preux parfois mĂªme complètement dĂ©pecĂ©s. Pas très ragoĂ»tant. Je suis certains que les enrouleuses sont les coupables. Aucun autre prĂ©dateur en vue. Les oiseaux ni les limaces n’attaquent les fruits Ă  ce stade minuscule.

    Les bourgeons de feuilles ont tout de mĂªme repris. Maintenant les pucerons s’y mettent.

    Autre sujet d’inquiĂ©tude. Si les enrouleuses Ă©taient plus nombreuses cette annĂ©e, qu’en sera-t-il l’annĂ©e prochaine?

    A suivre

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