À chaque mois sa plante, juin 2021 : le dieffenbachia
Par Larry Hodgson
Le dieffenbachia: malgré sa prononciation un peu barbare, c’est un nom familier à beaucoup de gens, un nom que bien des personnes autrement hésitantes avec les noms botaniques savent prononcer. Peut-être que nos grands-parents en avaient un quand nous étions enfants ou qu’il y en avait un grand dans le coin le plus sombre de l’école ou de l’église que nous fréquentions. C’est une plante que nous connaissons.
Et d’ailleurs, c’est l’une des plantes d’intérieur les plus anciennes, car Dieffenbachia seguine a été introduite en Europe en 1759, bien avant qu’il ne soit courant de cultiver des plantes autrement qu’en plein air!
Le dieffenbachia demeure à ce jour l’une des plantes d’intérieur les plus populaires, non seulement en ce qui concerne la vente en jardinerie, mais aussi en tant que plante patrimoniale que l’on se passe de jardinier en jardinier, car cette plante d’intérieur difficile à tuer est fréquemment transmise de génération en génération dans la même famille.
Origine
Le genre Dieffenbachia doit son nom à Joseph Dieffenbach (1796–1863), jardinier en chef du Jardin botanique au château de Schönbrunn, à Vienne.
Le genre Dieffenbachia (prononcé dee-fen-BAA-kee-ah) est originaire d’Amérique centrale et du Sud, du Mexique et des Antilles jusqu’à l’Argentine.
Il appartient à la famille des Aracées, et est donc un proche parent d’autres plantes d’intérieur populaires telles que le philodendron, le monstera, l’anthurium et le lys de la paix (Spathiphyllum).
Le dieffenbachia ressemble beaucoup à l’aglaonéma (Aglaonema spp.), une plante de la même famille, mais venant de l’autre extrémité du monde: de l’Asie tropicale. Les deux ont évolué indépendamment, mais en sont venus à occuper une niche similaire dans la nature et, comme c’est souvent le cas dans une telle situation, ont adopté plusieurs des mêmes caractéristiques. C’est donc un cas d’évolution convergente. En général, les dieffenbachias sont des plantes plus grandes et à croissance plus rapide que les aglaonémas et ont des feuilles plus larges, mais moins nombreuses. Également, ils montrent souvent une tige nue assez longue à sa base alors que la partie inférieure de l’aglaonéma demeure généralement couverte de feuilles longtemps et ne se dénude ainsi que très, très lentement.
Environ 55 espèces de Dieffenbachia sont actuellement reconnues, mais, d’après les experts, il en reste encore plus du double qui attendent une confirmation taxonomique, sans parler des quelque 150 cultivars issus de l’hybridation ou de mutations spontanées. Étant donné que les tiges et les feuilles de dieffenbachia, très chargées d’eau, ne sèchent pas facilement, il n’est pas facile de les conserver convenablement dans un herbarium, habituellement la référence utilisée pour l’identification. Comme résultat, leur identification est très difficile.
En général, les dieffenbachias sont des plantes de sous-étage dans la forêt tropicale humide à très humide: en d’autres termes, ce sont des plantes de la jungle. Dans la nature, ils sont souvent très abondants et évidents, facilement reconnaissables même pour les jardiniers débutants en raison de leurs grandes feuilles si typiques. Ils ont tendance à former de vastes colonies par clonage : toutes les plantes individuelles du groupe étant issues du marcottage et du bouturage naturel d’un seul spécimen originel.
Les dieffenbachias ne poussent presque jamais en plein soleil à l’état sauvage, mais plutôt à la mi-ombre ou même à l’ombre profonde. Ils sont particulièrement abondants dans les sols humides, voire dans des conditions marécageuses, bien qu’ils puissent quand même survivre aux sécheresses saisonnières.
Port
Les dieffenbachias sont des plantes herbacées pérennes avec une tige épaisse et dressée, souvent rigidement droite, parfois appelée canne, et de grandes feuilles elliptiques pointues atteignant jusqu’à 1 m de long, le plus souvent marbrées à des degrés divers de marques blanches, jaune clair ou vert pâle ou avec des nervures de couleur contrastante. Les feuilles poussent en spirale et sont portées sur un pétiole épais qui engaine la tige à sa base.
Bien que la tige puisse ressembler à un tronc, il n’y a ni écorce ni lignine (bois). Elle est clairement marquée de nœuds indiquant l’emplacement d’anciennes feuilles et est généralement verte ou panachée. Dans le cas des espèces à tige relativement mince, la plante atteint environ 1 m de hauteur, alors que les espèces à tiges épaisses parviennent souvent à 3,5 m. Quand la tige est trop haute pour supporter son poids, elle se ploie et quand elle touche le sol, elle se marcotte, prenant racine et devenant éventuellement une plante indépendante. Aussi, ces tiges maintenant prostrées sont souvent brisées en morceaux par les animaux et alors chaque segment produit à son tour une nouvelle plante par bouturage. Cette combinaison de marcottage et de bouturage naturels est le principal moyen de multiplication du dieffenbachia dans la nature.
À l’intérieur, là où il n’y a pas de vent pour les renverser, certains spécimens peuvent atteindre jusqu’à 8 m de haut… mais en général, leur croissance verticale est limitée bien avant cela par la hauteur bien moindre du plafond de la pièce.
La floraison est généralement discrète, tellement d’ailleurs que plusieurs confondent l’inflorescence, presque toujours verte, avec une feuille qui n’a pas réussi à s’épanouir complètement. Cette ‘feuille’ est en fait une spathe et c’est à l’intérieur de cette spathe que se trouve le spadice tubulaire qui contient les minuscules fleurs. Chez la plupart des espèces, seule la partie supérieure de la spathe se déroule complètement, ainsi seule la pointe supérieure du spadice est exposée.
En décortiquant une inflorescence de dieffenbachia, vous découvririez que la partie supérieure du spadice est uniquement composée de fleurs mâles alors que les fleurs femelles sont dans la partie inférieure du spadice, bien emmitouflées à l’intérieur de la spathe. Une section de spadice sans aucune fleur sépare souvent les deux.
L’inflorescence n’est généralement viable que pendant 24 heures, période pendant laquelle elle dégage de la chaleur et émet une odeur musquée, deux effets qui attirent les coléoptères pollinisateurs. Étant donné l’absence d’insectes pollinisateurs appropriés dans la plupart des demeures, aucune semence viable n’est habituellement produite en culture.
La floraison peut avoir lieu à différents moments de l’année, selon les espèces.
La toxicité des dieffenbachias
Le fait que les dieffenbachias sont toxiques est bien connu. D’ailleurs, ils tirent leur nom commun «canne de muet» du fait que l’oxalate de calcium toxique qu’ils contiennent peut provoquer un enflement de la gorge en cas d’ingestion, empêchant la victime de parler temporairement. Mordre dans une feuille provoque une réaction douloureuse immédiate des lèvres, de la langue et des gencives, de sorte que la victime la recrache généralement instantanément. C’est peut-être pour cette raison que les dieffenbachias provoquent si rarement des intoxications graves. Une étude a révélé que sur 188 patients qui ont subi une intoxication, tous les cas furent mineurs et ont guéri sans traitement ou avec un traitement léger. Fait révélateur, 70% concernaient des enfants de moins de cinq ans.
La plupart des cas d’empoisonnement chez les adultes proviennent de personnes qui voulaient confirmer si c’était vrai que mâcher une feuille de «canne de muet» peut effectivement vous rendre muet… pour découvrir que ce n’est pas un mythe. Et que c’est très douloureux aussi… et que l’effet peut durer plusieurs jours. Je vous enjoins de me croire sur parole à ce sujet!
Les dieffenbachias sont également toxiques pour la plupart des animaux de compagnie, bien qu’une fois encore, il n’y a presque jamais de cas d’intoxication grave. De toute évidence, cependant, il faut tenir cette plante hors de portée des enfants et des animaux domestiques!
L’odeur musquée nauséabonde libérée lorsque les tissus de dieffenbachia sont endommagés est probablement un avertissement pour les animaux que consommer cette plante n’est pas une très bonne idée!
Assortiment
Il y a une confusion considérable dans la dénomination des dieffenbachias. De nombreuses espèces ont changé de nom au fil des ans, parfois plusieurs fois, et peuvent être vendues sous différents noms, et je ne peux pas non plus prétendre que j’ai réussi à redresser complètement la nomenclature dans le texte ci-dessous. J’espère que je suis assez près du consensus taxonomique!
Il existe essentiellement deux catégories de dieffenbachias dans le commerce:
- Les variétés arborescentes, avec une tige très épaisse qui pousse vers le haut et ne forme pas volontiers des rejets à la base. Même quand on les rabat, elles forment rarement plus d’une ou deux tiges de remplacement et reprennent rapidement un port arborescent de nouveau. Ce sont souvent des variétés plus anciennes.
- Les variétés compactes, généralement relativement modernes, qui poussent facilement en touffe et offrent ainsi une apparence plus dense. Elles ne sont pas aussi robustes que les grandes variétés et ont notamment des feuilles plus minces qui ne résistent pas aussi bien à l’air sec.
Voici quelques-unes des espèces et cultivars les plus couramment cultivés:
Dieffenbachia seguine: Sous ce nom, j’inclus toute une série de dieffenbachias souvent vendus dans le commerce horticole sous des noms tels que D. amoena, D. maculatum et D. picta, mais maintenant regroupés sous ce nom, un regroupement largement basé sur des études de Thomas B. Croat du Jardin botanique du Missouri. D. seguine fut le premier dieffenbachia cultivé il y a 250 ans et, sous ses différentes formes, demeure probablement le plus populaire en culture. On le trouve à l’état sauvage dans le nord de l’Amérique du Sud et dans les Antilles. Des espèces similaires, comme D. oerstedii, le remplacent en Amérique centrale.
C’est une espèce de grande taille, atteignant fréquemment 180 cm ou plus, avec de grandes feuilles épaisses diversement marbrées de crème et de jaune verdâtre de chaque côté d’une épaisse veine centrale. Comme la plupart des espèces de grande taille, D. seguine n’est pas porté à produire des repousses à la base.
D. seguine ‘Amoena’: Autrefois considéré comme une espèce à part entière, il est classifé par le Dr Croat comme une variante de D. seguine. Chose certaine, il ressemble beaucoup à ce dernier, bien qu’il présente une panachure plus dominante.
D. seguine ‘Tropic Snow’: Probablement encore plus populaire aujourd’hui que son parent dont c’est une version plus colorée grâce à une panachure plus saisissante.
D. ‘Camille’: Cultivar populaire à feuilles jaune-crème pâlissant à blanc au centre et entourées d’une marge verte. Habitude nettement touffue.
D. ‘Camouflage’: Variété poussant en touffe à grandes feuilles, principalement jaune-verdâtre avec des taches occasionnelles de vert foncé et de vert gris.
D. ‘Carina’: Variété plus grande à feuilles vert moyen tachetées de vert clair avec des points vert plus foncé. Croissance en touffe.
D. ‘Compacta’: C’est l’une des premières variétés touffues. Feuilles vert moyen, fortement marbrées de jaune crème sauf sur les bords.
D. ‘Delilah’: Feuilles saisissantes blanc crème, longues et assez étroites, bordées de vert foncé.
D. ‘Honeydew’: Cette variété plus grande est de couleur variable, avec des feuilles jaune doré ourlées d’une marge verte souvent très mince.
D. ‘Mary’: Variété à croissance rapide avec des feuilles vert clair plutôt étroites munies de marbrures vert foncé et vert crème.
D. ‘Memoria Corsii’: Une sélection de grande taille avec des feuilles vert foncé rehaussées de gris argent et des taches blanches irrégulières.
D. ‘Nelly’: petite variété qui se ramifie facilement. À croissance lente, elle est parfois utilisée, jeune, dans les terrariums et petits jardins en pot. Panachure crème et vert.
D. ‘Rebecca’: Variété compacte et touffue avec des feuilles jaune-vert vif, un bord vert moyen et quelques points verts.
D. ‘Sarah’: Surtout blanc crème à vert crème, selon l’éclairage, avec des taches vert moyen assez grandes.
D. ‘Neige’: une grande variété, avec des feuilles vert très foncé recouvertes de taches vert argenté et blanc crème.
D. ‘Sparkles’: Feuilles vert clair éclaboussées de vert foncé et de blanc sur une plante touffue de taille restreinte.
D. ‘Sterling’: Une variété inhabituelle, car elle ne porte pas la panachure marbrée que nous attendons d’un dieffenbachia. À la place, les feuilles vert foncé sont mises en valeur par une épaisse nervure médiane blanche et des veines secondaires de la même couleur. D’assez bonne taille, mais à croissance lente.
D. ‘Star Bright’: Feuilles assez étroites de couleur jaune doré avec une fine bordure verte et de petites taches vertes.
D. ‘Tiki’: Un grand dieffenbachia avec des feuilles originales en raison de leur bord ondulé. Elles sont vert moyen tacheté de gris, de vert et de blanc.
D. ‘Triumph’: D’assez grandes feuilles de couleur blanc crème avec une marge foncée et une nervure centrale blanche.
D. ‘Tropica Marianne’: Variété de taille moyenne avec de grandes feuilles blanc crème et une marge verte étroite.
Culture des dieffenbachias
Les dieffenbachias ont la réputation d’être des plantes d’entretien minimal et en effet, elles répondent largement à cette attente.
Lumière: Malgré la réputation des dieffenbachias d’être adaptés à une faible luminosité, ils se débrouillent mieux sous un éclairage moyen ou même une lumière vive et tolèrent très bien un peu de soleil direct. Ils s’adaptent au plein soleil dans nos demeures, mais brûlent à l’extérieur sous cette même condition. Les meilleures variétés pour un placement faiblement éclairé sont les grands dieffenbachias comme D. seguine et ses variétés: on voit parfois des spécimens cultivés depuis des décennies dans des emplacements si sombres qu’on peut difficilement imaginer comment ils font pour survivre!
N’oubliez pas de donner régulièrement à votre dieffenbachia un quart de tour pour qu’il reçoive la lumière de tous les côtés; sinon, il se penchera vers la source de lumière. Non seulement cela enlève-t-il son attrait, mais s’il penche trop, il risque de tomber par terre!
Arrosage: Maintenez le terreau relativement humide, arrosant bien lorsqu’il commence à sécher. Le dieffenbachia peut tolérer une certaine sécheresse, mais perd alors des feuilles. La plante pousse plus lentement en hiver et nécessite alors des arrosages moins fréquents, mais il reste quand même qu’il vaut mieux ne pas le stresser en le laissant trop sécher.
Humidité: Les dieffenbachias venant d’une forêt tropicale humide, logiquement ils préfèrent une humidité atmosphérique élevée. Cela dit, sachez que les variétés aux feuilles les plus épaisses s’adaptent quand même bien à une humidité aussi faible que 40%.
Engrais: Ne gaspillez pas votre argent en fertilisant abondamment ces plantes: elles répondent très peu à la fertilisation qui n’accélère pas leur croissance et n’améliore pas leur apparence à un degré appréciable. (Si vous voulez une croissance plus rapide, donnez-leur plus de lumière!) Ils se débrouilleront d’ailleurs très bien sans aucun engrais, en particulier D. seguine et ses sélections, mais un peu de fertilisation en douceur au printemps et en été, peut-être à 1/8 de la dose recommandée, leur fera quand même du bien.
Température: Les dieffenbachias n’ont aucune résistance au froid et doivent être maintenus au chaud en tout temps, même en hiver, idéalement au-dessus de 62 °C (17 °C). Déjà, certaines variétés sont gravement endommagées aux températures inférieures à 50 °C (10 °C). Évidemment, ils ne tolèrent aucun gel.
Nettoyage: Après un certain temps, les dieffenbachias semblent atteindre une sorte d’équilibre dans leur croissance: bien qu’ils continuent de croître en hauteur, à chaque nouvelle feuille produite, une plus vieille jaunit et meurt. Il suffit alors d’enlever celle qui agonise et de la déposer au composteur (non, les feuilles de dieffenbachia ne rendront pas le compost toxique!) Si de nombreuses feuilles inférieures jaunissent à la fois, c’est peut-être que la plante a récemment été déplacée vers un emplacement à l’éclairage plus faible et s’adapte alors au changement. Encore, cela peut aussi être un symptôme d’un arrosage insuffisant… ou excessif!
Vous pouvez supprimer les fleurs si vous le souhaitez: elles ajoutent peu à l’aspect de la plante.
Rempotage: Les dieffenbachias ont généralement une croissance lente à très lente, mais auront quand même besoin de plus d’espace pour leurs racines avec le temps et donc d’un rempotage. Un changement de terreau tous les deux ou trois ans est généralement bien suffisant.
Vous pouvez rempoter à tout moment pendant la saison de croissance, essentiellement de la fin de l’hiver au début de l’automne. Un terreau d’empotage standard convient parfaitement à cette plante si facile à satisfaire. N’importe quel pot muni de trous de drainage fera l’affaire, idéalement un pot environ 5 cm plus large que le précédent. Si la plante devient lourde du haut, il peut être judicieux d’employer un pot plus lourd pour aider à la tenir debout: un pot en terre cuite, céramique ou béton, par exemple.
Si vous ne pouvez pas rempoter — et une fois que le vôtre a atteint une taille considérable ou a été planté dans un très grand pot, le rempotage devient gênant, voire impossible —, essayez alors le surfaçage: grattez et enlevez le terreau en surface sur environ 3 cm et remplacez-le par un terreau frais. Faites-le chaque année pour empêcher les sels minéraux de s’accumuler à des niveaux dangereux dans le terreau.
Lors de la taille des dieffenbachias, il est préférable de porter des gants et des lunettes de protection. Non pas que la sève toxique du dieffenbachia brûle la peau (rincez-la simplement lorsque vous avez terminé), mais vous ne voulez pas qu’elle entre en contact avec vos yeux ou vos muqueuses.
Taille: Les dieffenbachias n’arrêtent pas de grandir quand ils atteignent la taille que vous jugez idéale. Ils ne cesseront pas de s’allonger, vous laissant avec une plante dégingandée, avec tout le feuillage au sommet d’une haute tige aux trois quarts nue. Lorsqu’ils ne peuvent même plus rester debout, surtout, il est temps d’envisager de leur donner une bonne taille de réduction.
De nombreux jardiniers semblent avoir peur de tailler leur dieffenbachia. On voit souvent des dieffenbachias hauts, courbés, appuyés sur un mur ou fixés à un tuteur avec de la corde, ou même allongés contre le plafond à la tête, et l’effet est loin d’être attrayant. Il n’y a vraiment aucune raison de tolérer cela alors que le problème est si facilement résolu : il suffit de rabattre la plante qui repoussera relativement rapidement.
Le rabattage stimulera le développement d’une nouvelle tige abondamment feuillue et rendra votre plante à nouveau attrayante. Si le vôtre a plusieurs tiges, vous pouvez même échelonner la taille, en supprimant une tige environ tous les deux mois, ce qui aura pour effet de le rajeunir peu à peu sans jamais le laisser sans feuillage.
La tête coupée peut également servir de bouture (voir Multiplication ci-dessous). Ou vous pouvez faire un marcottage aérien, faisant enraciner la plante avant de la découper, ce qui lui permettra une transition tout en douceur.
On voit souvent des gens simplement couper la tête de la plante assez près du plafond, laissant une haute tige nue à partir de laquelle une nouvelle pousse apparaîtra bientôt… mais avec le résultat qu’elle sera bientôt aussi lourde et disgracieuse qu’auparavant. Il est préférable de rabattre sévèrement ces plantes dégarnies pour les forcer à repousser plus près de leur base.
Taillez la plante à environ 10 à 20 cm du terreau, à environ 0,5 cm au-dessus d’un nœud (marque qui indique l’endroit où une feuille était autrefois attachée), faisant la coupe à angle droit. Oui, cela laissera une plante avec une apparence bien ordinaire pendant quelque temps, mais… elle recommencera bientôt à pousser et viendra se regarnir plus vite que vous ne le pensez.
Vous pouvez faire ce traitement encore et encore. Certaines familles ont des dieffenbachias qu’elles entretiennent ainsi depuis trois générations!
Multiplication: En pépinière, les dieffenbachias sont presque toujours cultivés par culture in vitro (micropropagation): des spécialistes récoltent quelques cellules du méristème et les cultivent dans un flacon de laboratoire, puis utilisent des hormones pour stimuler la production de milliers de spécimens identiques. Ainsi nos dieffenbachias sont de véritables bébés-éprouvettes! Mais cette méthode n’est pas pratique à la maison et la culture à partir de semences non plus, car des graines viables ne sont presque jamais disponibles à moins que vous ayez des dieffenbachias qui poussent en plein air dans un climat tropical et qui sont visités par des coléoptères pollinisateurs appropriés.
Au lieu de cela, dans nos demeures, les dieffenbachias sont généralement multipliés de trois façons : par marcottage aérien, par boutures de tige terminale ou par boutures de sections de tige.
Toutes ces techniques se réalisent en presque tout temps, plus rapidement au printemps.
Le marcottage aérien consiste à faire une petite incision dans la tige, à envelopper la blessure dans de la mousse de sphaigne humide et ensuite dans une pellicule de plastique, puis à attendre que les racines apparaissent avant de couper la tête désormais enracinée et de l’empoter dans son propre pot. Voici un article sur le marcottage aérien qui explique la procédure étape par étape: Comment réussir un marcottage aérien.
Cela dit, un marcottage aérien n’est pas vraiment obligatoire, car les dieffenbachias s’enracinent si facilement à partir de simples boutures de tige.
Pour y procéder, coupez la tête de la plante à environ 15 cm sous la feuille la plus basse et insérez la tige nue dans un pot de terreau humide. Aucune hormone d’enracinement n’est nécessaire. Scellez le pot entier dans un grand sac en plastique (ne vous inquiétez pas, la bouture pourra respirer!) et placez-le sous un éclairage modéré.
Après environ deux mois, ouvrez le sac et tirez doucement. Si vous sentez de la résistance, la tige est enracinée et est officiellement devenue une plante indépendante. Acclimatez alors la plante à l’air ambiant plus sec en ouvrant le sac petit à petit pendant quelques jours, puis retirez-la entièrement et placez votre nouvelle plante là où vous le souhaitez.
Vous pouvez également bouturer une tige de dieffenbachia dans un verre d’eau, bien que cela puisse être un peu compliqué avec des variétés plus grandes, car elles sont lourdes et tendent à basculer. Aussi, dès que les racines commencent à apparaître, empotez la bouture, car les racines restées trop longtemps dans un milieu aquatique s’adaptent mal au repiquage dans du terreau.
Maintenant, si vous venez de couper le haut de votre dieffenbachia pour l’enraciner, cela vous laissera avec une longue section de tige nue… que vous pouvez également utiliser comme boutures de sections de tige.
Coupez la tige dégarnie en sections, chacune ayant au moins 3 nœuds, donc d’une longueur d’environ 7 à 20 cm, selon la variété, car certaines ont des entre-nœuds serrés, d’autres larges. Ces boutures de sections de tige ressemblent à autant de petites bûches vertes, mais s’enracinent bien, quoique un peu lentement. Il est important de se souvenir quel côté va vers le haut si vous voulez les placer verticalement, car une bouture plantée à l’envers ne s’enracinera pas. Mais vous pouvez également planter les boutures de tige à l’horizontale, enterrant la moitié inférieure dans un sol humide, mais laissant la partie supérieure exposée. Même à partir de sa position couchée, les hormones produites par la tige lui permettront de diriger de nouvelles racines vers le bas et la nouvelle tige vers le haut! Avec le temps, chaque section de tige produira une nouvelle plante.
Et maintenant, vous avez un autre problème: qu’allez-vous faire de tous les dieffenbachias que vous venez de produire?
Cultiver des dieffenbachias en plein air
Bien que le sujet de cet article soit le dieffenbachia cultivé comme plante d’intérieur, il est clair que les dieffenbachias peuvent également pousser à l’extérieur, soit pendant l’été dans les climats tempérés (une fois que l’air s’est bien réchauffé), soit toute l’année dans les régions tropicales (zones de rusticité 10 à 12). À l’extérieur, ils auront certainement besoin d’une protection contre le plein soleil; il est d’ailleurs préférable de les cultiver sous un éclairage filtré ou à l’ombre modérée à profonde. Une protection contre le vent aidera à prévenir les dommages aux feuilles.
Problèmes
En plus de traiter les dieffenbachias devenus hauts et inélégants (lisez Nettoyage ci-dessus pour des solutions à ce problème), il existe d’autres complications que vous aurez peut-être à gérer.
Maladies: Il existe diverses maladies qui peuvent attaquer les dieffenbachias, mais la plupart se répandent surtout dans les situations d’humidité extrême, comme dans une serre de production, et sont peu susceptibles de se propager dans des conditions domestiques moyennes. Cependant, inspectez néanmoins soigneusement les nouvelles plantes avant de les acheter: si vous voyez des signes de pourriture, de tissus mous ou de cercles décolorés sur le feuillage, n’achetez tout simplement pas la plante. Et isolez les plantes après l’achat pendant au moins 40 jours avant de les mettre à proximité de vos autres plantes au cas où qu’elles transporteraient une maladie encore asymptomatique au moment de l’achat.
La pourriture, qui survient généralement au niveau des racines ou sur la tige inférieure, est la seule maladie qui semble apparaître spontanément même dans des conditions typiques d’une maison moyenne et est généralement liée à un arrosage excessif ou à un terreau maintenu trop humide, surtout en hiver. Vous devrez peut-être redémarrer une plante qui pourrit à la base par bouturage… et à l’avenir, garder le terreau un peu plus sec pour que cela ne se reproduise plus.
Ravageurs: Vérifiez également la présence d’insectes sur les nouvelles plantes avant de les acheter et isolez-les lorsque vous les ramenez à la maison.
Les pucerons sont des ravageurs occasionnels et peuvent généralement être contrôlés en pulvérisant les parties atteintes de savon insecticide, tout comme les tétranyques (araignées rouges), ces derniers étant surtout un problème lorsque l’air est sec.
Cependant, les cochenilles farineuses et les cochenilles à carapace ne sont pas aussi faciles à contrôler. Elles peuvent facilement se cacher dans l’interstice à la base des feuilles de la plante et donc juste au moment où vous pensez que vous les avez éradiquées, elles réapparaissent! Essayez la technique suivante pour vous en débarrasser:
Coupez la plante courte, à peut-être 20 cm de hauteur, comme expliqué dans Taille ci-dessus, débarrassant ainsi la plante de la principale cachette des insectes: l’aisselle des feuilles. Maintenant, essuyez soigneusement le talon restant de la plante ainsi que toutes les parties exposées du pot avec un chiffon trempé dans de l’eau savonneuse pour anéantir toute cochenille qui pourrait s’y cacher… et mettez la plante en quarantaine. Quand la plante repoussera, les chances sont excellentes que ce sera sans cochenilles!
Guttation: Enfin, sachez que le dieffenbachia laisse parfois couler de la sève de la pointe de ses feuilles, sève qui peut tomber goutte par goutte sur le plancher ou sur la table en dessous. Ce phénomène s’appelle guttation et est généralement lié à un terreau maintenu trop humide: c’est un des moyens que la plante utilise pour se débarrasser de l’excès d’humidité. Essayez de laisser le terreau de la plante sécher un peu plus avant d’arroser et le problème devrait disparaître.
Les dieffenbachias: des plantes vertes résistantes, attrayantes et faciles à entretenir. Ils sont peut-être exactement ce dont votre décor a besoin!
Toxique dans toutes ses parties…je l’ai éliminé définitivement après une alerte avec un enfant qui s’était mis du latex sur les mains…dommange car de jolis cultivars…
Vous avez réussi à me rendre presque sympathique cette plante que je ne peux plus voir en peinture pour avoir trop vu de longs “cotons” dénudés avec quelques feuilles pâlottes au bout, tout en haut près du plafond. Un spectacle désolant, il faut bien le dire.
Comme toujours, j’en ai appris beaucoup en lisant votre article. Ainsi la façon de pousser des feuilles, en spirale, sur un tige non ligneuse qui est en fait constituée des gaines des pétioles des feuilles est semblable à celle du palmier, dont les feuilles s’appellent des “palmes” et la tige un “stipe”. Deux monocotylédones.
Très intéressante aussi la comparaison des Dieffenbachias et des Aglaonémas, de la même famille, mais ayant connu des évolutions differentes, l’une en Amérique du Sud et l’autre en Asie tropicale.
A voir la photo d’un magnifique Dieffenbachia poussant en Colombie sous un arbre, je me dis qu’il faudrait souhaiter qu’on en plante plus souvent ici dans les parterres ombragés par de grands arbres. Avec des fougères, ils seraient du plus bel effet. Mais il faudrait penser à les rentrer à l’automne.
Merci de cet article éclairant!
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À tous les 2 ou 3 ans je coupe la tête et je la plante directement dans la terre, pas de sac, pas d’hormone, et ça reprend tout seul. 3e génération et toujours bien vivante c’est pas tuable!
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Bonjour, je découvre votre blog. Quel plaisir ! vous avez répondu à toutes les questions que je me pose depuis longtemps sur mon dieffenbachia. (Et j’ai pas mal arpenté le net). Merci ! Je m’en vais lire les autres articles XD
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Bonjour monsieur Hodgson, pouvez-vous m’indiquer comment faire pour éliminer des taches de guttation de mon dieffenbechia sur une table de verre svp ?
Merci beaucoup