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Cultivons la cerise de terre

20170312ALa cerise de terre (Physalis pruinosa) fait encore effet de nouveauté dans nos jardins. Pourtant, elle est probablement plus facile à cultiver que tout autre Solanacée et est très utile en cuisine aussi, non pas uniquement comme garniture comme on nous la présente au restaurant, mais aussi en confiture, en coulis et même dans l’assiette, servie à la manière d’une petite tomate.

Bien sûr, cette plante annuelle à croissance rapide n’est nullement apparentée aux véritables cerises (Prunus spp.) qui poussent sur des arbres et des arbustes de la famille des Rosacées.

Description

Cerise de terre (Physalis pruinosa)

C’est une belle plante dressée aux feuilles elliptiques ou cordiformes et aux fleurs en clochette jaunes marquées de taches brunes. Ces dernières donnent des capsules papyracées vertes non dénuées d’attrait. D’ailleurs la beauté de la cerise de terre fait qu’elle mérite autant une place dans la plate-bande que dans le potager.

À l’intérieur de la capsule il y a un fruit qui deviendra jaune ou orangé à maturité. Attendez que les capsules deviennent beiges et qu’elles tombent avec le fruit à l’intérieur: c’est signe que le fruit est pleinement mûr. D’ailleurs, c’est le fait que le fruit chute au sol à maturité qui a mérité à la plante le nom de cerise de terre. Pour ne pas que les calices se salissent, vous pouvez placez un linge sur le sol tout autour de la plante au moment de la récolte.

Il existe quelques variétés, comme ‘Aunt Molly’s’, ‘Cossack Pineapple’, ‘Goldie’ et ‘Golden Husk’, mais beaucoup de semenciers vendent des graines sans indiquer le nom de cultivar.

Comment la cultiver

Semez cette plante lente à mûrir dans la maison, 8 à 9 semaines avant le dernier gel. Recouvrez les graines de 0,6 cm de terreau. Éclaircissez ou repiquez les plants quand les deux premières vraies feuilles se sont formées. Comme ils poussent assez rapidement, mieux vaut les repiquer tout de suite dans un pot ou godet de 10 cm.

Transplantez les plants en pleine terre quand il n’y a plus de risque de gel et que la température s’est réchauffée, espaçant les plants d’environ 45 cm. Dans les régions aux étés frais, comme au Saguenay, il peut être nécessaire de la cultiver sous abri au moins une partie de l’été, bien qu’elle soit plus tolérante du froid que sa cousine, la tomate.

Plante de cerise de terre. Source: Diógenes el Filósofo, Wikimedia Commons

Elle préfère le plein soleil et un sol riche et bien drainé. Arrosez au besoin, car les périodes de sécheresse réduisent la quantité et la qualité des fruits récoltés.

La cerise de terre a peu d’ennemis. Assurez-vous cependant de ramasser tous les fruits tombés, car elle peut se semer spontanément un peu trop abondamment. Les semences sont d’ailleurs faciles à extraire du fruit et à sécher pour l’année suivante et peuvent rester viables pendant jusqu’à 10 ans.

Toxicité

Comme presque toutes les Solanacées (tomates, pommes de terre, aubergines, etc.), les feuilles, les tiges, les fleurs et même la capsule qui entoure le fruit de la cerise de terre sont toxiques. Il ne faut pas les ingérer. C’est la même chose pour tous les Physalis.

Pour en savoir plus sur la cerise de terre, consultez mon livre Les idées du jardinier paresseux: Potager.

Trois proches parentes

Groseiller du Cap (P. peruviana)

Groseillier du Cap (Physalis peruviana)

Le groseillier du Cap est très semblable à la cerise de terre et il y a beaucoup de confusion entre les deux. C’est une plante plus grande (90 cm et parfois même 180 cm) à maturation plus lente qui donne des fruits similaires, mais plus gros. On le cultive de la même manière que la cerise de terre, mais, à cause de sa lenteur à mûrir, il est rarement cultivé dans les régions septentrionales. Bien qu’il soit généralement traité comme annuelle, le groseillier du Cap est pérenne dans les régions aux hivers doux

L’appellation «du Cap» vient du fait qu’il est souvent cultivé en Afrique, bien qu’il vienne de l’Amérique du Sud à l’origine.

Tomatille (P. ixocarpa et P. philadelphica)

Tomatille (Physalis ixocarpa)

Deux espèces différentes mais très apparentées portent le nom tomatille. P. ixocarpa donne des fruits jaune pâle à maturité; P. philadelphica, des fruits pourpres. Par contre, les distinguer est difficile, car habituellement on récolte les fruits quand ils sont encore verts (c’est l’ingrédient principale de la célèbre «salsa verde» mexicaine), avant donc qu’ils ne changent de couleur, car à maturité les fruits ont un goût insipide et sont pleins de graines.

Le fruit de la tomatille ressemble vraiment à une tomate verte!

Les deux produisent des fruits nettement plus gros que la cerise de terre, mesurant 2,5 à 5 cm de diamètre, donc, de la taille d’une petite tomate… d’où d’ailleurs le nom tomatille qui veut dire justement petite tomate. Le fruit remplit sa capsule à maturité au point de le faire éclater et c’est à ce moment, et quand la capsule passe de vert à beige, qu’on le récolte.

La tomatille est une grande plante de 90 à 120 cm et ses tiges lâches ont parfois besoin de support (une cage à tomates, par exemple). Elle préfère de longs étés chauds et peut être difficile à rendre à maturité dans les régions septentrionales à moins de la cultiver sous abri.

Il faut toujours cultiver au moins deux plantes de tomatille à proximité, car, contrairement aux autres Physalis décrits ici, qui peuvent tous s’autopollinser, la tomatille exige une pollinisation croisée. Autrement dit, une abeille ou un autre pollinisateur doit apporter du pollen venant d’une autre plante de la même espèce à la fleur pour assurer la fécondation et donc la formation d’un fruit.

Lanterne chinoise (P. alkekengi)

Lanterne chinoise (Physalis alkekengi)

Cette plante porte plusieurs noms communs, dont amour-en-cage et coqueret. C’est une vivace rustique (zone 3) qui est surtout cultivée pour ses grosses capsules enflées orange qui sèchent très bien et qui servent dans les arrangements floraux. Contrairement aux autres physalis, aux fleurs jaunes tachetées de brun pourprée assez voyantes, ses fleurs crème sont plutôt discrètes.

Malgré la croyance populaire qui veut que les fruits de la lanterne chinoise soient toxiques, ils sont en fait comestibles et peuvent servir aux mêmes fins et de la même façon que les fruits de la cerise de terre. Les fruits sont comestibles à tout stade de leur développement, mais il faut attendre leur pleine maturité (quand le capsule brunit et que le fruit est bien rouge, soit très tard à l’automne) pour profiter du meilleur goût.

C’est une plante très envahissante à cause de ses rhizomes qui courent partout: mieux vaut la planter dans un endroit où sa nature agressive ne causera pas de problème. Attention aux limaces en début de saison: elles l’aiment bien!


Voilà quelques détails sur un légume méconnu. Peut-être fera-il partie de votre répertoire cet été!

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