Que de confusion entre deux amandes, la châtaigne et le marron… et entre leurs deux arbres respectifs, le châtaigner (Castanea) et le marronnier (Aesculus). Beaucoup de gens prennent l’un pour l’autre ou pensent qu’il s’agit d’une seule et même espèce. Essayons d’y voir clair.
Deux arbres, deux familles
D’abord, les deux arbres ne sont nullement apparentés. Le châtaignier appartient aux Fagacées, soit la famille des hêtres et des chênes. Le marronnier appartient (depuis peu) aux Sapindacées, une famille récemment beaucoup agrandie, et qui comprend entre autres les érables. Mais les amandes (graines) des châtaigniers et des marronniers se ressemblent, d’où la confusion.
Et la confusion s’intensifient suite à l’utilisation du mot «marron» pour le fruit des deux. En effet, en Europe, on appelle les petites châtaignes sauvages châtaignes, mais les plus gros, de taille commerciale, marrons. Et on appelle le fruit du marronnier «marron», bien logiquement, puisqu’il vient d’un marronnier.
Il y a donc deux arbres différents, le châtaigner (Castanea) et le marronnier (Aesculus) qui produisent tous les deux des amandes appelées «marrons».
Comestible ou toxique?
Vendeur de marrons chauds.
Pour rendre la confusion encore plus déroutante, le marron du châtaignier, qui est en fait une châtaigne, est comestible: on en fait des «marrons» grillés, de la crème de «marron», de la farce aux «marrons», etc., alors que le marron qui est le fruit du marronnier, Aesculus, est toxique aux humains (mais pas aux écureuils ni aux cerfs). On ne l’utilise pas en cuisine, fort heureusement, mais parfois on en tire des médicaments.
Voici une recette pour un gâteau à la crème de marron.
Dans votre jardin
Le châtaignier (ici Castanea sativa) est rarement cultivé comme arbre ornemental.
Les jardiniers québécois ont la vie plus facile en ce qui concerne cette confusion: il y a peu de châtaigniers (Castanea spp.) chez nous. La seule espèce assez rustique pour notre climat, le chataignier d’Amérique (C. dentata), zone 4b, a presque été anéanti par une maladie, le chancre du châtaigner (Cryphonectria parasitica), introduit par accident de l’Asie au début du 20e siècle et est très rarement cultivée. Si vous avez un «marronnier» chez vous, c’est sans doute un véritable marronnier (Aesculus spp.), celui dont les amandes sont toxiques.
Grâce à sa floraison spectaculaire, le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum) est devenu un arbre d’ornement populaire.
Les Québécois trouveront donc surtout des marrons en épicerie, presque jamais sur leur terrain.
En Europe, cette distinction n’est pas du tout aussi valable: en plus du châtaigner commun (C. sativa), indigène dans la partie sud et centrale du continent, plusieurs autres espèces de châtaignier y sont cultivées et aussi plusieurs espèces de marronnier. Tout probablement, cependant, si vous avez un jardin en ville, votre marronnier est un Aesculus, car le marronnier est considéré nettement plus ornemental.
Pour les distinguer rapidement
Il est facile de distinguer deux rapidement entre les deux. Voici un guide visuel pour rendre la distinction facile :
(Castanea sativa)
Feuille alterne simple dentée
Inflorescence composée de multiples épis blanc crème.
Bogue (capsule) hérissée d’épines.
(Aesculus hippocastanum)
Feuille composée de 5 à 7 lobes
Inflorescence formant un grand épi dressé très voyant.
Capsule aux épines courtes bien espacées (ou sans épine pour certaines espèces).