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Trop hot, les piments forts!

Par Julie Boudreau

Ça titille, ça picote, ça brûle, ça enflamme. On transpire, la face rouge comme un homard. On souffre un peu, même. Qu’à cela ne tienne. On est déjà prêt à recommencer. Après tout, c’est comme ça qu’on les aime, les piments forts.

Le piment ‘Bhut Jolokia’ aussi connu sous le nom de piment ‘Ghost’. Photo: Chella p sur Wikimedia Commons

Sournois comme pas un, le piment fort, sous ses allures de mignon petit fruit rouge, gagne chaque année de plus en plus d’adeptes auprès des amateurs de sensations fortes. Représentant un défi pour certains, symbole de gratification sociale pour d’autres, la dégustation des piments forts en est aussi une de découverte des différentes et subtiles saveurs qui se cachent derrière l’irritabilité des papilles.

Car on peut aisément associer une dizaine de piments forts à leurs cuisines typiques. Le piment Tabasco et sa célèbre sauce arrivent vite à l’esprit. Celui-ci se distingue largement du goût pimenté d’un chili texan, d’un mole poblano mexicain, d’une sauce pimento brésilienne, d’un tandoori indien, d’un jerk des Caraïbes, d’un harissa tunisien ou d’une soupe thaïe.

Les piments de type «Aji» comme ces piments ‘Aji Dolce’ entrent dans la composition de plusieurs mets cubains, portoricains et dominicains. Celui-ci est un ingrédient essentiel du pabellón criollo, typique du Vénézuéla.

Un point de départ commun pour tous les piments du monde

Étonnamment, tous les piments forts sont originaires du Mexique et de l’Amérique du Sud, principalement du Brésil, de la Bolivie, de la Colombie, du Chili et du Pérou. Avant la conquête de l’Amérique, les piments forts étaient inexistants ailleurs dans le monde. Il est étonnant de voir à quel point différentes cultures asiatiques, africaines et européennes ont rapidement intégré le piment fort dans leur alimentation, au point d’en faire un élément typique de leurs cuisines locales respectives. Une belle appropriation, certes. Il faut aussi noter que ce sont les pays à proximité de l’équateur qui l’ont plus facilement adopté. Combattre le chaud par le chaud, c’est bien connu.

La taxonomie des piments forts

Les piments forts sont principalement répartis dans cinq espèces botaniques du genre Capsicum. Le plus prolifique en matière de piments épicés est le Capsicum annuum, chez qui on trouve aussi le poivron doux. Dans ce groupe se classent les plus doux des plus forts: piment d’Espelette, Jalapeño, Serrano, Poblano, etc. À l’autre extrême, les cultivars issus de Capsicum chinense, non originaire de Chine, faut-il le rappeler, sont parmi les plus poignants. Ici se rassemblent les piments de type Habanero, mais surtout le piment le plus fort au monde, le ‘Pepper X’ qui a déclassé le ‘Carolina Reaper’ en 2023 et son rival, le piment ‘Komodo Dragon’, suivi par le célèbre ‘Bhut Jolokia’, aussi appelé le piment ‘Ghost’. Quant au piment de Cayenne et au piment Tabasco, ils appartiennent au genre Capsicum frutescens.

Le piment ‘Trinidad Scorpion Yellow’ fait partie des piments les plus forts de tous. Les piments scorpions portent ce nom en raison de la petite pointe à leur extrémité. Photo: Julie Boudreau

Réussir la culture des piments forts

L’élément le plus important à retenir pour réussir la culture des piments forts est que ce sont des plantes de climat chaud. Tout ce qui peut leur rappeler leurs origines dans les pays arides leur est favorable. C’est à des températures situées entre 18 °C et 35 °C qu’ils poussent le mieux. Ainsi, on favorise la production de fruits en cultivant les piments forts dans un endroit à l’abri du vent ou en positionnant les plants tout près d’un mur de brique ou de béton, captateur d’énergie solaire passive. Les piments forts sont parfaitement heureux dans des contenants de terre cuite, puisque la chaleur captée par le pot se diffuse dans le terreau.

Avoir chaud veut aussi dire avoir soif. En cultivant les piments forts dans leurs conditions optimales, on vient aussi d’ajouter à nos responsabilités celle d’un arrosage plus constant. Les piments forts aiment la chaleur, mais pas la sécheresse. Quand on réussit bien la culture des piments forts, on excelle également dans la culture des aubergines qui ont sensiblement les mêmes exigences de culture.

Les piments forts sont des plantes de plein soleil. En pleine terre, ils affectionnent les sols légèrement acides et bien enrichis de compost de feuilles. Lorsque les fruits commencent à se former, on peut fertiliser avec une macération de compost ou de fumier.

La plupart des piments forts passent par toute une palette de coloris avant d’atteindre leur teinte finale. Certains passent du vert au orangé, au rouge vif. D’autres commencent violet foncé pour tendre vers l’écarlate. Si on peut récolter les piments dès qu’ils ont atteint leur taille adulte, c’est bien sûr lorsqu’ils ont atteint leur coloris final qu’ils sont les meilleurs du point de vue du goût et de l’intensité. C’est aussi à ce stade de maturité qu’on peut récolter les piments pour les faire sécher ou pour en récolter les semences.

Pour obtenir des variétés uniques, il faudra probablement procéder par semis, car rares sont les entreprises qui commercialisent des piments forts autres que le Jalapeño ou des sosies du piment d’Espelette. On sème tôt, vers la mi-mars, et les graines prennent entre trois et quatre semaines pour germer. Petite mention, pour ceux qui récoltent leurs semences d’année en année, les piments et les poivrons se croisent très facilement et le gène dominant est celui du piquant. Bonne nouvelle pour certains.

Il y a quelques années, le Jardin botanique de Montréal avait organisé une journée de découverte et de dégustation de piments forts. Même si je ne me suis pas rendue bien loin dans l’ascension vers l’intensité, j’y ai découvert une impressionnante palette de saveurs différentes et uniques. Photo: Julie Boudreau

Une impression de brûlure, une sensation de bonheur

L’effet enflammé des piments forts est attribuable à la capsaïcine, un composé chimique qui se développe près du pédoncule. Les graines et la chair blanche à l’intérieur d’un piment sont les parties où les concentrations sont les plus élevées. Au contact de la capsaïcine, le récepteur, souvent la langue, envoie un message de brûlure et de douleur au cerveau. Tout se passe dans la tête.

Pour contrebalancer la sensation de brûlure, le cerveau sécrète de l’endorphine, un composé similaire à la morphine, qui soulage la fausse douleur et qui procure une sensation de bien-être. Montagnes russes/piments forts: même résultat.

C’est ce qui explique cette étrange sensation de bien-être et de détente qui s’installe lorsque l’impression de douleur se dissipe. C’est aussi ce qui explique ce besoin inexplicable de recommencer.

Un baume sur la souffrance

De nombreuses croyances sont véhiculées concernant les méthodes à utiliser pour atténuer l’intensité d’un piment un peu trop fort. D’abord, l’eau n’est d’aucun secours. La capsaïcine étant une molécule insoluble, boire la pinte n’a aucun effet réparateur. Par contre, le lait, la crème fraîche et le yogourt neutralisent l’effet des piments forts. On dit aussi que l’acidité d’un citron ou d’une orange est bénéfique et on peut même se laver les mains avec ces agrumes après avoir manipulé ces fruits épicés.

Que l’expérience gustative d’une rare intensité ne vienne en rien obscurcir la grande beauté d’un plant de piments forts, tout fourni et rempli de fruits colorés. Dans un beau contenant de terre cuite aux accents sud-américains ou dans une plate-bande mixte, en compagnie d’annuelles et de vivaces colorées, les fruits multicolores des piments forts ont un attrait esthétique certain. Même si l’on préfère les piments plus doux, il ne faudrait pas s’en passer pour autant.

Je lève mon piment fort à Wilbur
Wilbur Scoville, en 1912, a eu la brillante idée d’évaluer l’intensité de cette sensation piquante. Bien que sa démarche en soit une de perception, sa célèbre échelle de Scoville est encore aujourd’hui une référence fort consultée par les amateurs de piments forts. Le fameux ‘Pepper X’ obtient une moyenne de 3 180 000 sur l’échelle de Scoville. À titre indicatif, le piment ‘Jalapeno’ oscille entre 4 000 et 8 000.

J’aime beaucoup cet étalage qui illustre bien l’échelle de Scoville. Photo: pmonaghan sur Flickr

Étiquettes + Capsicum


  1. Merci! Intéressant et instructif.

  2. Bonjour.
    L’an dernier nous avons entré notre plan de habanero dans la maison pour l’hiver et nous l’avons sorti ce printemps. Il va très bien. Nous sommes situés en plein sud. Combien d’années peut-il vivre comme cela?

    • Monique, rive-sud Mtl

      Pour avoir lu que les piments sont vivaces, j’ai depuis 2 ans entré à l’intérieur à l’automne un plant de piment végétarien et un plant de piment Aji. L’avantage est qu’ils sont prêts à produire sitôt qu’on les sort au début de l’été. l’un a 2 ans et l’autre 1 an. Mais je ne sais pas combien d’années ils peuvent vivre ainsi.

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