Refleurir ses orchidées; patience et savoir-faire
Dès que notre orchidée a cessé de fleurir, on recommence à espérer…
Mais l’arrivée de la prochaine floraison se fait souvent attendre. Pour vous aider à patienter, je vous propose d’examiner les deux principes fondamentaux qui régissent la floraison des orchidées. Une meilleure compréhension du fonctionnement de vos plantes vous permettra d’optimiser vos conditions de culture et ainsi d’améliorer vos chances de succès.
Première exigence: l’accumulation de réserves suffisantes pour alimenter la mise en fleur.
Comme nous l’expliquions dans une chronique précédente, les orchidées sont généralement cycliques, c’est-à-dire qu’elles poussent en suivant le cycle naturel des saisons. En général, elles commencent leur année de croissance par la production de nouvelles racines, puis construisent et déploient de nouvelles feuilles. Renforcée par ces nouveaux tissus à la fois jeunes et performants, l’orchidée pourra augmenter sa production de glucides par photosynthèse et emmagasiner des réserves de sucres. Au besoin, je vous invite à relire ma chronique sur la photosynthèse.
Ce n’est que lorsque les réserves seront suffisantes et qu’il restera assez de temps dans son cycle annuel que l’orchidée pourra s’engager dans l’exigeant processus de floraison. Faute de temps et/ou de réserves, elle s’abstiendra de fleurir – préférant attendre un futur cycle où les chances de succès seront meilleures.
En pratique, si les conditions de culture ne sont pas assez stimulantes, vos orchidées réussiront à peine à produire des racines et du feuillage et elles manqueront de temps pour construire une hampe florale et pour confectionner les fleurs. En d’autres mots, il faudra de très bonnes conditions de culture pour atteindre un niveau suffisant de réserves et ce, assez rapidement pour compléter la mise en fleur dans le cycle courant!

La formation de réserves suffisantes pour la mise en fleur est donc la première exigence. Cela ne peut être obtenu que par plusieurs mois de photosynthèse vigoureuse et une croissance rapide permettant de compléter la mise en fleur bien avant la fin du cycle annuel.
Deuxième exigence: le déclenchement de la floraison par certains facteurs environnementaux.
Cette exigence est un peu plus subtile et elle est souvent celle que les amateurs d’orchidées ont tendance à négliger.
En effet, plusieurs espèces d’orchidées attendent un stimulus environnemental spécifique avant de fleurir, et ce, même si leurs réserves en sucre sont abondantes. Les biologistes qui ont étudié la question pensent que certaines plantes tentent ainsi de se synchroniser entre elles et de se synchroniser avec leur insecte pollinisateur. Cette synchronisation entre plantes et pollinisateurs améliorerait grandement les chances de fécondation et conséquemment la survie de l’espèce botanique dans son habitat.
Le stimulus déclencheur peut varier grandement d’une espèce à l’autre. Assez souvent, ce sera:
- soit une variation de température particulière (par exemple une baisse de température comme dans le cas de certaines Vandas et de plusieurs Cymbidiums),
- soit une modulation hydrique (par exemple une période de forte humidité comme dans le cas de plusieurs Bulbophyllums)
- soit par une variation de la longueur de la journée (durée de l’éclairage comme pour plusieurs Cattleyas).
Chez plusieurs hybrides, on observe toutefois une certaine désensibilisation aux stimuli de floraison puisque le croisement de plants aux besoins différents atténuera la réaction apparente de leur progéniture. De surcroît, les spécialistes de l’hybridation vont souvent privilégier ces croisements «désensibilisants» pour simplifier la mise en fleur des hybrides et la rendre possible à différents moments de l’année.

Voici quelques suggestions pratiques pour faire fleurir vos orchidées
Je vous suggère d’adopter une approche progressive pour favoriser la floraison de vos plantes. Si la première méthode ne fonctionne pas, passez à la deuxième, puis à la suivante jusqu’à obtenir le résultat désiré. Comme vous le constaterez, les interventions proposées sont de plus en plus radicales et correspondent au désespoir croissant que beaucoup d’amateurs d’orchidée finissent par éprouver:
1 – D’abord, ne faites rien, du moins pour quelque temps.
Il faut laisser à la plante le temps de s’adapter à vos conditions de culture, qui sont bien différentes de celles des environnements de production industrielle. Avec le passage des saisons, l’orchidée devrait trouver ses repères climatiques et s’y synchroniser.
2 – Réexaminez vos conditions de culture de façon rationnelle et critique.
Souvent, nos environnements de culture domestique sont déficients en lumière, ce qui entraîne une réduction de la photosynthèse et une faible construction de réserves. La différence de température entre le jour et la nuit est souvent très déterminante pour la mise en fleur. Comme chaque espèce a ses propres exigences, il vous faudra consulter des références fiables et pertinentes pour vérifier si vos conditions de culture sont bien adaptées.
3 – Sortez vos plantes à l’extérieur pendant l’été pour les stimuler avec des conditions de culture plus naturelles.
Cela devrait grandement revigorer vos orchidées. La diversité climatique extérieure s’avère souvent être le meilleur déclencheur de floraison qui soit. Une chronique sur le séjour au jardin des orchidées paraîtra prochainement sur le blogue du Jardinier paresseux.
4 – Pratiquez la taille des rhizomes sur les orchidées sympodiales pour stimuler la production de jeunes tissus.
Il s’agit d’une technique un peu plus avancée qui fera l’objet d’une chronique ultérieurement sur ce blogue. En résumé, on taille le rhizome de l’orchidée sympodiale pour éliminer le tissu végétal qui a plus de 2 ans d’âge (les vieilles feuilles, les vieux pseudobulbes et les vieilles racines). La taille doitse faire en période de dormance, c’est-à-dire avant la production de nouvelles racines. La taille des rhizomes devrait provoquer une vigoureuse poussée de croissance et ainsi prédisposer l’orchidée à fleurir sur la pousse annuelle.
5 – Rendu à ce niveau de désespoir, on peut tenter de provoquer la floraison avec des additifs chimiques.
En effet, certains produits chimiques peuvent être utilisés par des professionnels pour déclencher la floraison. L’acide gibbérellique serait souvent utilisé dans la production industrielle des Phalaenopsis, mais ce produit n’est pas disponible en vente libre au Canada. Sur internet, il existe de nombreuses recettes «miracles» pour provoquer la floraison comme l’ajout de bicarbonate de soude, d’ail écrasé dans de la mélasse, de paprika ou d’autres additifs tout aussi farfelus. Sur YouTube, on trouve des vidéos très divertissantes sur le sujet, dont une qui recommande de dissoudre un comprimé de Viagra dans un litre d’eau. Selon ce «gourou de la floraison», la plante aurait une érection d’enfer dans les jours qui suivront… Si vous choisissez d’en tenter l’expérience, n’en parlez pas à votre conjoint(e) qui pourrait en rester plutôt perplexe!
À ma connaissance, il n’existe qu’un seul produit hormonal grand public autorisé au Canada. Il est commercialisé sous le nom «SuperThrive» et il stimulerait la croissance générale des orchidées, mais la floraison n’est pas garantie. Si vous le souhaitez, essayez-le et faites-vous votre propre opinion. Notez que ces stimulations hormonales sont efficaces seulement si elles sont administrées au bon moment de l’année, de la bonne manière et sur une plante bien cultivée qui a accumulé assez de réserves.
6 – Enfin, débarrassez-vous des plantes qui ne fleurissent jamais.
Elles ne conviennent probablement pas à vos conditions de culture, qui sont peut-être trop éloignées des conditions tropicales d’où elles sont originaires. Il se peut également qui vous ayez acheté un hybride dont la génétique de déclenchement est tellement complexe qu’il devient quasiment impossible de recréer ses stimuli de floraison en culture domestique. Désolé de vous briser le cœur, mais ne perdez pas votre temps avec des canards boiteux. Il existe tellement d’espèces et d’hybrides d’orchidées qui sont faciles à faire fleurir qu’il vaut mieux ne pas perdre son temps avec des variétés capricieuses.
Les chroniques de M. Charpentier sur les orchidées sont publiées sur le site du Jardinier paresseux dans un modèle légal de type «Copyleft». Les sociétés horticoles qui le souhaitent peuvent intégrer ses chroniques dans leur journal technique ou simplement diffuser le lien internet auprès de leurs membres. Veuillez toutefois inclure la mention suivante:
Cet article a initialement été publié en français sur le site internet du jardinierparesseux.com et en version anglaise sur le blogue LaidBackGardener.
Pourquoi certaines de mes orchidées ont les feuilles molles et flétries?
Il faudrait examiner les racines pour voir si elles sont en bon état. Souvent, elles pourrissent à cause d’un excès d’eau (i.e. asphyxie des racines) et le feuillage se retrouve en manque d’eau et de nutriments puisque la chaine d’approvisionnement est dysfonctionnelle. Si c’est le cas, je vous suggère de remplacer le substrat et d’éliminer toutes les racines en mauvais état au moment du rempotage. Avec un peu de chance, l’orchidée produira des nouvelles racines (en santé) et pourra repartir après quelques mois de convalescence. Au besoin, relire la chronique sur la double personnalité des racines d’orchidée (https://jardinierparesseux.com/2025/02/11/la-double-personnalite-racines-orchidees/) où l’on trouve une explication plus complète. Bonne chance !
Un gros merci. Je vais essayer ça dès demain.
C’est une belle surprise, M. Charpentier, de vous lire sur le « Jardinier Paresseux » !
Merci de partager vos connaissances avec nous; c’est vraiment très apprécié et ça m’aide à mieux comprendre les besoins spécifiques de ces magnifiques végétaux que sont les orchidées.
Je suis tout aussi content de te retrouver ici.
Nous essayons d’inclure une chronique par mois – sur les orchidées – normalement le 2 ième mardi de chaque mois.
Il y a déjà quelques publications disponibles sur le blogue .
Bonne lecture et n’hésites pas à commenter. Amicalement. !
Oui, j’ai remarqué et j’ai toujours hâte que la publication du mois suivant arrive!
Merci
Je vais toutes les nettoyer
Mais comment refaire le substrat
Svp
Vous trouverez du substrat à orchidées dans les magasins où vous achetez du terreau pour vos plantes. Ça ressemble à des petits morceaux d’écorces.
Je vous suggère de faire une petite recherche sur ce blogue (fenêtre en haut à droite) en utilisant les mots-clés « rempotage orchidée ». Vous trouverez ainsi quelques publications antérieures sur le sujet – qui sont encore aujourd’hui très claires et très pertinentes.
J’aimerais savoir ce qui influence la longueur de la tige florale.
Au magasin, elles sont si longues et chez moi, elles sont beaucoup plus courtes.
Merci
C’est d’abord la génétique de la plante qui détermine sa morphologie. Toutefois, on peut influencer le développement des tiges à fleurs en contrôlant l’orientation et l’intensité de la lumière incidente. Les tiges à fleur sont (dans un certaine mesure) sujettes au phototropisme et elles devraient pointer vers la source lumineuse en cours de développement . Les professionnels utiliseront aussi de techniques de tuteurage pour optimiser l’esthétique de la floraison et certains additifs chimiques pour en maximiser la masse florale. Si vous avez des fleurs régulièrement – même plus petites – c’est que vous cultivez bien vos orchidées. Bravo !
Je possède quelques orchidées de type phalaenopsis…Je n’ai pas grand mérite, elles fleurissent toutes seules sans soi. Particulier…6 variétés côté ouest…Fleurit presque 10 mois par année et ce, depuis presque 15 ans…ma plus vieille à 4 hampes florales avec 42 fleurs au total…magnifique..elle est en fleur depuis fin août 2024….
J’ai aussi un cattleya. Qui Fleurit 2 fois par année…
Je suis dû pour un essai d’une nouvelle variété…