L’orchidée – florifère en cycle!
La majorité des plantes que nous cultivons sont cycliques, ce qui n’a rien de surprenant puisqu’elles doivent composer avec le cycle des saisons et avec l’alternance jour/nuit de l’environnement où elles se développent. La séquence de transformations qui amène l’orchidée tropicale à fleurir est significativement différente de celle de nos plantes indigènes (plus nordiques). En effet, les jours sont plus constants et les saisons moins radicalement contrastées sous les tropiques que sous nos latitudes. Tout cela aura donc un effet direct sur les conditions de culture qu’il nous faudra recréer.
D’abord, l’espèce botanique dans son milieu naturel
Au fil de leur longue évolution botanique, les orchidées ont su s’adapter aux conditions environnementales qui les entourent. Elles se sont progressivement «spécialisées» dans leur niche écologique, ce qui les rend relativement uniques en termes de besoins de culture. Certaines se sont adaptées aux conditions froides des montagnes tandis que d’autres ont appris à croître dans des conditions chaudes et humides comme en bord de mer, par exemple. La luminosité requise pour leur croissance peut aussi varier considérablement en fonction du milieu naturel où elles sont adaptées.
Identifier leurs besoins de croissance
Ce sera donc le premier défi à relever pour quiconque souhaite faire fleurir des orchidées: identifier précisément leurs besoins de croissance. Comme il existe des dizaines de milliers d’espèces botaniques sur terre, il faudra se référer à de bonnes sources pour s’y retrouver.

La majorité des espèces d’orchidées qui viennent de leur milieu naturel (ce que l’on appelle une espèce botanique) ont un cycle de croissance et de floraison assez strict, étroitement lié à leur environnement d’origine. Le cycle redémarre normalement au moment où les journées s’allongent (hiver et printemps), d’abord par la production de nouvelles racines qui est généralement suivie de la production de nouveau feuillage. Lorsque les journées commencent à raccourcir (été et automne), la plante modifie sa chimie pour commencer la maturation des tissus. Dans de bonnes conditions de culture, cette maturation devrait normalement engendrer la production d’inflorescence, la floraison et finalement la production de graines le cas échéant.

La situation est moins claire quand il s’agit d’orchidée hybride
La majorité des orchidées que l’on trouve dans le commerce sont toutefois des hybrides, c’est-à-dire le résultat des croisements d’espèces. Les hybrides présentent toutefois beaucoup d’avantages en termes de qualité et de quantité de floraisons. Leur cycle de croissance est toutefois moins clair et moins strict. Plusieurs spécialistes de l’hybridation introduisent délibérément des plantes peu cycliques dans leur programme de croisement pour permettre des floraisons multiples au cours d’une même année et ainsi commercialiser des orchidées «en fleur» à plusieurs périodes de l’année, comme à Noël, à la Saint-Valentin, à Pâques, pour la fête de Mères, etc.
Le phalaenopsis hybride
C’est notamment le cas du phalaenopsis hybride dont la production industrielle permet maintenant sa commercialisation à longueur d’année. Les phalaenopsis conservent toutefois une certaine périodicité qui se «synchronisera» avec le temps à vos conditions de culture domestique. Il faudra découvrir cette périodicité en observant sa croissance et sa floraison sur une période de quelques années.
Ne soyez pas surpris de voir de nouvelles racines émerger pendant 6 à 8 mois et/ou de voir la floraison se produire à un moment très différent de celui où vous l’avez achetée en fleur. Les environnements de production industrielle peuvent être radicalement différents de votre domicile, surtout si les plantes ont été produites en Asie. Ne vous inquiétez pas, avec de «bons soins horticoles», elles s’adapteront et reprendront leur croissance naturelle une fois qu’elles auront trouvé leurs «repères climatiques».
Certaines orchidées de la grande famille des Oncidiums présentent quant à elles un cycle déroutant dans lequel la production de nouveau feuillage précède l’émergence des nouvelles racines. Je cherche toujours une explication à cette anomalie botanique. Si un lecteur peut m’éclairer sur ce sujet, je lui serais reconnaissant de bien vouloir m’en faire part dans la section «commentaires» de ce blogue.

Les soins horticoles doivent également être synchronisés au cycle
En pratique, il est essentiel de connaître le degré d’avancement de l’orchidée dans son cycle pour bien la cultiver. Chaque saison de croissance requiert des soins spécifiques que l’on s’efforcera de combler.
Voici quelques exemples.
En saison de production racinaire:
- on augmentera l’arrosage;
- on recommencera la fertilisation;
- on veillera à ce que la lumière soit suffisamment intense;
- on rempotera la plante si son substrat est dégradé.
En saison de production de feuillage:
- on maintiendra le niveau d’arrosage et de fertilisation;
- on surveillera l’émergence d’insectes;
- on redressera les nouvelles pousses au besoin.
En saison de maturation:
- on surveillera l’émergence de l’inflorescence;
- on pourra réduire la fertilisation azotée (trop stimulante).
En saison de floraison:
- on redressera les inflorescences mal orientées;
- on soutiendra les inflorescences qui s’alourdiront;
- on mettra la plante plus en évidence pour en profiter;
- on peut aussi réduire le niveau d’ensoleillement.
Après la floraison, on donne normalement un temps de repos à l’orchidée en réduisant l’arrosage et en arrêtant toute fertilisation. C’est souvent le meilleur moment pour tailler la plante et éliminer d’anciennes pousses moribondes (vieilles feuilles jaunies, vieilles racines noircies et vieux pseudobulbes brunis).
Après quelques semaines, vous verrez apparaître de nouvelles racines ce qui confirmera qu’un nouveau cycle de croissance est en train de s’amorcer.
Voici quelques conseils pratiques
Les propriétaires de grandes collections peuvent avoir du mal à se souvenir des besoins de culture spécifiques de chacune de leurs plantes. Certains noteront dans un «journal de culture» les périodes de l’année où les nouvelles racines émergent, où les inflorescences se forment et, bien évidemment, la période de floraison normale.
Personnellement, je préfère coller une petite étiquette sur chacun de mes pots qui résume succinctement le cycle de la plante. On y retrouve d’abord le nom de la plante et la date du dernier rempotage précédée de la lettre «P:» (pour mise en pot). Sur une deuxième ligne (ou une deuxième étiquette), j’inscris un «R» pour nouvelle racine, un «i» pour l’émergence d’inflorescence et un «F» pour floraison à côté de mois de l’année où j’ai observé l’événement. C’est clair, facile à lire et très pratique pour ajuster mes traitements horticoles.

Note de l’éditeur
Les chroniques de M. Charpentier sur les orchidées sont publiées sur le site du Jardinier Paresseux dans un modèle légal de type «Copyleft». Les sociétés horticoles qui le souhaitent peuvent simplement diffuser le lien internet auprès de leurs membres ou intégrer ses chroniques dans leur journal. Veuillez toutefois inclure la mention suivante:
Cet article a initialement été publié en français sur le site internet du jardinierparesseux.com et en version anglaise sur le blogue LaidBackGardener.
Je ne peux répondre à votre interrogation mais ma petite orchidée que j’ai depuis 4 ans est en floraison multiple depuis 2 mois! J’adore cette plante dont il faut avoir la patience pour l’apprécier. Merci pour votre article je vais regarder plus attentivement les »étapes de croissance »: feuille, racines et tige florale.
J’ai 6 orchidées de 4 espèces différentes. Elles fleurissent assez régulièrement, un peu par hasard car je ne suis pas une experte. Votre article est une révélation. Il y aura donc moins de hasard à partir de maintenant car je vais vraiment surveiller leur cycle. Merci beaucoup.
Je suis ravi d’avoir des orchidées, elles vont très bien, mais j’ai de la cochenille et c’est un vrai problème, pouvez-vous m’aider ?
bonsoir Valérie,
Les cochenilles apparaissent occasionnellement dans les collections d’orchidées. En général, nous les importons dans nos espaces de culture quand on achète une nouvelle plante contaminée ou quand on accepte une plante porteuse de cochenilles offerte par un ami. Certains mélanges de terre peuvent aussi en contenir.
Voici ce que je fais dans ce cas :
1- je nettoie toutes les cochenilles visibles sur le feuillage avec une lingette Lysol (ou Clorox) bien imbibée d’eau. On peut aussi utiliser un tampon de démaquillage imbibé d’alcool 70% mais c’et nettement plus toxique; Les lingettes Lysol ne sont pas toxiques pour les orchidées ni pour les orchidophiles 😉
2- je saupoudre en surface du substrat de la terre diatomée qui est un abrasif naturel qui empêche les larves de cochenilles de se déplacer vers le feuillage. Ainsi, on évitera la ré-infestation d’une plante pour quelques semaines – normalement assez longtemps pour éliminer efficacement l’envahisseur. Voir la rubrique de Larry au:
https://jardinierparesseux.com/2016/07/09/un-pesticide-barriere-la-terre-de-diatomees/
3- Inspecter toutes vos plantes soigneusement pour vous assurer que les cochenilles ne sont pas allées se réfugier ailleurs dans la maison; Si oui, nettoyer et saupoudrer les autres plantes porteuses de cochenilles;
4- À l’avenir, inspecter toutes vos nouvelles acquisitions et isoler-les de votre collection principale pour quelques semaines. Il peut être judicieux de vaporiser toutes vos nouvelles acquisitions avec un savon insecticide que l’on trouve dans les jardineries. Le savon noir est réputé être le moins toxique pour les humains et les animaux domestiques mais j’utilise du savon Murphy que je trouve tout aussi efficace, plus facile à trouver et nettement moins coûteux.
Avec un peu de rigueur et de patience, vous devriez reprendre le contrôle sur votre infestation en quelques semaines.
Larry a publié quelques articles sur le sujet au cours de 10 dernières années. Je vous suggère de faire une recherche sur le site du Jardinier Paresseux en utilisant la fenêtre de recherche – en haut de la page à droite – et en y inscrivant le mot-clé « cochenille » . Bonne chance !
Bonjour Robert,
Merci de votre article intéressant. Une question:
Savon Murphy’s? Celui pour le bois? C’est la première fois que j’en entend parler pour les plantes. Je vois qu’il est 99% de source naturelle, mais les ingrédients ne seraient-ils pas toxiques pour les plantes?
Vous vous en servez à quelle dilution? L’avez-vous utilisé pour d’autres plantes?
Bonjour Maggy,
5 ml par litre d’eau – Oui c’est bien le savon Murphy à huile qu’on utilise pour le cuir et le bois
Ultra économique et très efficace s’il atteint l’insecte. Pulvériser et laisser sécher.
Répéter le traitement une fois par semaine pendant 1 mois pour une éradication complète.
La majorité des plantes tolère très bien ce savon à l’huile naturelle. Dans le doute, on identifie une ou 2 feuilles avec un ruban de couleur. On traite et on observe les quelques feuilles identifiées. La plante vous « dira » si elle n’apprécie pas.
J’ai 2 cattlyas, (hybrides) en plein forme mais j’en ai jamais eu de fleurs. Je les ai eu en « test-tube » a peine 1cm chaque il y a plus que 30ans!