Quelques graminées ornementales à découvrir
Il n’y a pas si longtemps, les seules graminées que l’on voyait couramment sur les terrains étaient celles qui composaient la pelouse. Mais aujourd’hui, les graminées ornementales ont la cote. On les voit dans les aménagements professionnels et amateurs de tout acabit et elles sont devenues des plantes très désirables. Peut-être que votre terrain aussi profitera de la présence de quelques-unes de ces belles plantes?
Qu’est-ce une graminée?
D’un point de vue botanique, une graminée est une plante qui appartient à la famille des Poacées. Elles ont des tiges minces et cylindriques portant des nœuds et des feuilles étroites à nervures parallèles qui engainent la tige à sa base. Les fleurs sont petites et regroupées, formant généralement un épi mince ou une panicule plumeuse. On connaît bien les graminées «utiles»: en plus des graminées de gazon, les céréales (blé, orge, seigle, etc.) sont des graminées. Les champs agricoles regorgent de graminées fourragères et les prés sauvages sont en large partie composés de graminées.
On peut diviser les graminées en deux catégories principales: les graminées poussant en touffes qui restent fidèlement à leur place (bien que la touffe puisse dans certains cas devenir très large avec le temps et demander une division) et les graminées à rhizomes traçants qui ont tendance à être envahissantes. Dans ce texte, je vais me concentrer sur les graminées ornementales poussant en touffe.
Voilà pour la botanique. Du point de vue du jardinier, par contre, toute autre plante qui ressemble à une graminée est appelée une graminée. Les plantes des familles des Cypéracées (laîches [Carex], scirpes, etc.), des Joncacées (jonc, luzules, etc.), des Typhacées (quenouilles) et d’autres familles encore sont traitées comme des graminées.
Calamagrostide à fleurs étroites (Calamagrostis x acutiflora)
Cette graminée hybride est très populaire auprès des architectes paysagers qui admirent sa linéarité parfaite. En effet, à partir d’une touffe de feuilles très étroites se dressent des tiges parfaitement érigées coiffées d’épis étroits, vertes au début, puis beiges, ce qui donne un effet colonnaire intéressant, utile dans les haies estivales et en fond de scène… ou dans les plates-bandes étroites. Il atteint environ 1,5 à 2 m de hauteur et ses tiges et plumeux restent généralement debout l’hiver. Il préfère les sols humides et le plein soleil, mais tolère les emplacements plus secs et la mi-ombre. On va rabattre la plante au printemps pour éliminer les vieilles feuilles, mais c’est le seul entretien nécessaire. Multiplication par division (facile à faire). Zone 3.
Le cultivar habituel est ‘Karl Foerster’, à feuillage vert, mais on voit aussi assez souvent des cultivars panachés, comme ‘Overdam’ ou ‘Avalanche’.
Avoine bleue (Helectotrichon sempervirens)
Cette graminée surprend par la coloration bleutée de ses feuilles étroites qui forment un dôme hérissé très symétrique. Les épis floraux très fins sont peu apparents chez cette espèce: ils sont argentés au début, puis beiges, mais c’est plutôt son port arrondi et son feuillage bleu qui captent l’attention. Les feuilles sont persistantes, donc jolies en toute saison: ainsi il n’y a aucun besoin de tailler cette plante. Le feuillage atteint environ 50-60 cm de hauteur, les épis un peu plus.
L’avoine bleue préfère le plein soleil et un sol bien drainé. Tolérant des embruns salins, on peut le planter en bordure de route ou de la mer. On le multiplie par semences ou division. Zone 3.
Pennisétum soyeux rouge (Pennisetum setaceum ‘Rubrum’)

Cette graminée n’est pas rustique dans nos régions: il faut la cultiver comme annuelle ou encore, la rentrer dans la maison à l’automne, mais cela n’enlève rien à sa beauté. Ses feuilles rubanées arquées sont pourpres foncées et elle produit, dès le milieu de l’été, des épis plumeux arqués en forme de queue de renard. Les épis sont roses au début, puis argentés et bougent joliment au vent. Le pennisétum soyeux rouge atteint environ 90 cm de hauteur (parfois un peu plus) et préfère le plein soleil ou la mi-ombre et un sol bien drainé. On peut le cultiver en pot, ce qui facilite le transfert à l’intérieur en fin de saison.
Il existe aussi des variétés panachées de pennisétum soyeux, dont ‘Skyrocket’, au feuillage vert et blanc, sans le moindre rouge, qui est une Exceptionnelle 2012.
Luzule des bois (Luzula sylvatica)

La plupart des graminées demandent passablement de soleil, mais quelques-unes tolèrent très bien l’ombre. C’est le cas de la luzule des bois, qui pousse mieux à l’ombre et à la mi-ombre. Elle pousse à merveille même dans les secteurs où les racines d’arbre sont très denses et superficielles. C’est en fait une fausse graminée, apparentant non pas à la famille des Poacées, mais à celles des Joncacées. Il s’agit d’une plante basse de type couvre-sol, au feuillage généralement persistant dans nos régions (il peut toutefois brunir si l’hiver est sans neige). Les fleurs brunes sont discrètes: on la cultive surtout pour son feuillage toujours vert. Plantez cette plante basse (30-45 cm) à environ 40 cm d’espacement si vous voulez créer un effet de tapis ou à 60 cm si vous voulez qu’on distingue bien les plants individuels. Tout sol bien drainé convient. Zone 3.
Et voilà! Quelques graminées merveilleuses à découvrir. Essayez-les ou d’autres graminées ornementales pour créer un bel effet presque toute l’année dans votre aménagement!
Larry Hodgson a publié des milliers d’articles et 65 livres au cours de sa carrière, en français et en anglais. Son fils, Mathieu, s’est donné pour mission de rendre les écrits de son père accessibles au public. Le texte a été publié à l’origine dans Le Soleil le 26 mai 2005.
Merci pour ces très belles suggestions qui arrivent au bon moment 😀
Beau & bon printemps !
J’adore la graminée Karl Foster….. j’aime son allure en plein hiver à regarder de ma fenêtre du salon….
Bel artcle… Comme toujours! Mais …
Bémol : zéro pollen pour les polinisateurs. À mélanger avec des fleurs à pollen.