Par Julie Boudreau
17 août 2024

Les liatris: prêts pour l’avenir!

Par Julie Boudreau

Les liatris (Liatris spp.) sont des plantes vivaces que l’on cultive au jardin depuis la nuit des temps… ou presque. J’aimerais attirer votre attention sur cette plante aujourd’hui, parce qu’elle a de grandes chances de perdurer et d’être une grande vedette des jardins de demain!

Avec leur floraison en forme de brosse à bouteille, les liatris sont très faciles à reconnaître. Ils ont aussi cette particularité unique de fleurir du haut vers le bas. Même si cette plante fait partie de l’immense famille des Astéracées, les fleurs sont bien loin d’adopter le look marguerite. Elles arborent plutôt une variante du look pissenlit! Au final, cela donne à chaque capitule l’allure d’une petite tête échevelée de couleur mauve.

Petit portrait des liatris

Dans leur expression naturelle, les liatris sont des plantes exclusivement nord-américaines et leur répartition vers l’ouest s’arrête aux montagnes Rocheuses. Du nord au sud, on dénombre 42 espèces, incluant les croisements fréquents chez ce genre. Au Canada, on trouve en Ontario un des ancêtres de la plupart de cultivars actuellement commercialisés, soit le liatris à épi (L. spicata). L’Ontario abrite également le liatris rugueux (P. aspera) et le liatris cylindrique (L. cylindracea). Quant à l’Alberta, à la Saskatchewan et au Manitoba, ils sont les hôtes du liatris ponctué (L. punctata), mais aussi du liatris à style ligulé (L. ligulistylis), qui est aussi commercialisé.

Dans leur habitat naturel, ce sont des plantes qui poussent dans les prairies ouvertes et bien exposées au soleil!

Au jardin, on cultive aussi bien des espèces naturelles que des hybrides. En général, la plante atteint entre 45 et 120 cm de haut et entre 45 et 60 cm de largeur. Pour la floraison, c’est fort simple, on a le choix entre des fleurs mauves ou blanches.

On peut planter les liatris en tout temps, mais le printemps et l’automne sont les meilleures saisons pour procéder. Ils ont une préférence pour les sols moyennement riches, légèrement acides et bien drainés. Cela dit, et c’est une des belles qualités des liatris, ils sont très tolérants à plusieurs conditions de culture. La seule chose à éviter est un sol qui reste détrempé à la fonte des neiges. Le manque de drainage est source de cheminement vers une mort certaine chez les liatris.

Étant des plantes issues des champs ensoleillés, il va de soi que c’est au plein soleil que l’on plante les liatris. Oui, ils peuvent se débrouiller avec un peu moins de soleil, mais cela donne des plants moins florifères.

Il est parfois nécessaire de tuteurer les liatris, surtout dans le cas des variétés hautes. Cela dit, ce manque de rigidité est souvent attribuable à une surfertilisation. La plante est très peu gourmande en engrais.

Côté insectes et maladies, ils sont quasi inexistants! En général, si on rencontre des problématiques, ce sera des problèmes de maladies, comme l’oïdium, les taches foliaires ou la flétrissure et dans tous les cas, ces dernières se manifestent quand il y a des problèmes de drainage et de circulation d’air.

Déjà, on peut constater qu’on est en Cadillac quand on ajoute des liatris à son jardin, mais c’est encore mieux…

Sécheresses extrêmes? Pas de problème!

Les liatris ont plus d’une fois prouvé leur incroyable tolérance aux longues périodes exemptes de pluie. Et ils fleurissent en plus! Quand on pense aux plantes tolérantes à la sécheresse, on pense à de petites plantes à feuillage épais, comme des sedums ou des joubarbes (Sempervivum spp.). Ainsi, les longs épis mauves des liatris deviennent fort intéressants pour ces jardins qui devront affronter de longues périodes de chaleur et de sécheresse entrecoupées d’averses.

Encourager la biodiversité! Deux fois plutôt qu’une!

Sans affirmer qu’il y a perte de biodiversité, on est à même de constater qu’il faut œuvrer à sauvegarder la diversité des espèces, la diversité des habitats et la diversité génétique de tous les organismes vivants.

En ce sens, les liatris sont de merveilleux fournisseurs de nectar à de nombreux insectes pollinisateurs et plusieurs espèces de papillons. C’est donc une espèce fabuleuse pour assurer la survie de cette catégorie d’insecte assez vitale.

Aussi, en laissant la hampe florale en place après la floraison, on encourage la production de semences. Quand les conditions sont favorables, les liatris peuvent se ressemer librement. Rien de bien envahissant, je vous rassure. Mais cette particularité la fait apparaître à des endroits souvent satisfaisants. Et ainsi, la plante assure elle-même sa propre évolution génétique!

Toit vert? Présente!

Avec sa bonne tolérance à la sécheresse et sa grande passion pour le plein soleil, les liatris sont parfaitement adaptés à la culture sur les toits verts, qu’ils soient intensifs (plus de 30 cm d’épaisseur de sol) ou extensifs (moins de 15 cm de sol). Ajoutons dans l’équation la capacité de certaines variétés à ressemer et on a une plante idéale pour un aménagement dans une approche plus naturaliste.

Ils accompagnent bien les échinacées (Echinacea spp.), les rudbeckies (Rudbeckia spp.), les sedums d’automne (Hylotelephium spectabile).

Pré fleuri? Oh que oui!

Étant son habitant naturel, il est évident que tout ce qui constitue une prairie fleurie ou un pré naturalisé est en plein dans les cordes des liatris. En plus des plantes mentionnées ci-haut pour les toits verts, ajoutons à la liste des bonnes compagnes la verge d’or (Solidago spp.), la grande véronique (Veronicastrum virginicum), le vernonia (Vernonia spp.), la sauge vivace (Salvia nemorosa), la véronique à épis (Veronica spicata) et pratiquement toutes les graminées ornementales.

Et partout ailleurs! Partout, partout, des liatris!

À une plus petite échelle, on pourrait considérer les liatris dans les jardins de cottage. Imaginez-les aux côtés des petits pavots (Papaver rhoeas) flottants ou de scabieuses (Scabiosa spp.) délicates!

Cela dit, les liatris demeurent aussi d’excellents alliés des aménagements plus ordonnés! Son port très vertical est très intéressant dans tout aménagement paysager.

Peu de variétés

Comme mentionné précédemment, la floraison des liatris est souvent mauve et parfois blanche, mais rarement rose ou d’une autre couleur. Ce sont pratiquement les mêmes variétés qui sont présentes sur le marché depuis des lustres. Une des variétés très populaires est ‘Kobold’ (H.: 50 cm) qui est plus courte et compacte que l’espèce «pure» (L. spicata) qui peut atteindre 90 cm de hauteur. La variété ‘Floristan Violet’ est aussi de grande taille, à 90 cm de haut, et elle existe aussi en blanc, sous l’appellation de ‘Floristan White’. La version compacte à fleurs blanches porte le nom de ‘White Stripe’ et elle atteint 30 cm de hauteur.

Pour ceux qui recherchent une forme originale, le liatris à style ligulé (L. ligulistylis) s’élève à 120 cm de hauteur avec une floraison plus espacée le long de l’épi. C’est une variété très intéressante à découvrir et à cultiver davantage.

Dans tous les cas, l’espacement entre les plants est d’environ 45 cm et ils sont tous très rustiques en zone 3!

Ainsi, nous voilà prêts à affronter l’avenir avec une plante qui a toutes les capacités de s’adapter aux fluctuations des aléas climatiques!

Julie Boudreau

Julie Boudreau est horticultrice, diplômée de l’ITA de Saint-Hyacinthe. Elle œuvre dans le domaine l’horticulture depuis plus de 25 ans. Elle a publié une dizaine de livres et participé à de nombreuses émissions de télévision et de radio. Elle est enseignante au Centre de formation horticole de Laval. Passionnée de son métier, Julie Boudreau se consacre à promouvoir le jardinage, le design de jardin, la botanique et l'écologie, sous toutes ses formes. Un peu grano, écolo depuis toujours, gourmande et essayeuse, Julie est une épicurieuse avec un fort penchant pour tout ce qui se prononce en latin.

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